Warmania Forum

Version complète : Premier Sang
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Nous y voilà. Certains se souviendrons probablement de moi pour avoir déjà publié dans cette section (voir par ici: http://www.warmaniaforum.com/index.php?showtopic=33654). Hé bien j'avais promis de récidiver avec la suite des aventures de notre apprentie sorcière, et c'est chose en train de se faire. Je livres déjà les deux premiers chapitres de cette nouvelle histoire, et la suite c'est pour bientôt.


[@ Ingos Strakh: oui, c'est bien Tzeentch et non Tzeench. (J'espère ne pas avoir fait de faute à Khorne, mais là, ce serait le pompon.)]




Chapitre 1: Le serviteur de Khorne

Il était impossible de savoir depuis combien de temps il était parti de son fjord natal pour répondre à l'appel de son dieu. Dans l'ombre du Chaos, nombreux sont ceux qui répondent à l'appel de leurs sombres divinités, vaste flot d'anonymes dont peu reviennent. Certains y demeurent pendant des mois ou des années, d'autres encore pendant des siècles avant de réapparaitre. Ainsi en était-il de Shragald, fidèle serviteur de Khorne, maitre du meurtre et seigneur de la cohorte rouge. Pour ses guerriers et lui, c'est comme si une éternité de bataille s'était déroulé, emportant bon nombre d'entre eux, leurs crânes ayant rejoint le trône de leur dieu tutélaire. Mais Khorne se soucie peu de quel camp vient le sang versé, tant qu'il coule en son nom.


Shragald avait acquis durant son odyssée dans les royaumes du Chaos un besoin insatiable de faire honneur à son dieu, aussi décida-t-il de tuer le premier habitant de son village d'origine lorsqu'il en aurait franchi l'entrée, peu importe l'âge ou la consistance de cette victime. Mais alors que ses guerriers élus et lui-même pénétraient dans le village, il vit que tous les habitants étaient à terre, comme s'ils étaient morts, terrassés par un quelconque fléau. En arrivant sur la place principale, ils découvrirent qui avait privé Khorne de son dû. Il se tenait là, au centre de la place, avachi au pied de l'autel sacrificiel noirci de sang, silhouette encapuchonnée dans un manteau bleu pâle dont les bordures arboraient un liseré mauve marqué du noir parlé. Un sorcier s'était invité dans le village et avait jeté un sort sur ses habitants.


« Cela va faire des heures que je t'attends, Shragald, seigneur de la cohorte rouge. Tu aurais pu te dépêcher un peu. »


Shragald ne pu s'empêcher de pousser un rugissement qui aurait glacé le sang de n'importe quel mortel. Il empoigna son épée et se résolut d'aller offrir le crâne de cet importun à Khorne. Le sorcier se mit à rire doucement, et un mur de flammes irisées se format autour de lui alors qu'il tendit la main. C'était un serviteur de Tzeentch, maitre de la magie, frère et ennemi de Khorne. Ainsi protégé, il se remit à parler:


« -- Tu ne penses tout de même pas tenter quoi que ce soit alors que je suis venu te faire une proposition ? Après tout, faire couler le sang au nom de ton dieu est ta préoccupation de tous les jours n'est-ce pas ?


-- Dans ce cas, je me contenterai de t'éventrer sur cet autel, sorcier, et de t'arracher la tête de mes mains!


-- Allons, allons. Penses-tu sincèrement qu'il est suffisant de tuer un seul sorcier, alors que je t'en proposerais bien un autre, et avec lui toute une armée ? »


Bien que Shragald haïssait la magie sous toutes ses formes (si ce ne sont les armes que forgeaient Khorne pour ses fidèles afin de répandre plus de sang), il fallait tout de même reconnaître qu'une armée entière en offrande au dieu du sang, cela ne se refusait pas à la légère.


« -- Expliques toi. Quelle est ta proposition ? Et tu as intérêt à ce qu'elle soit très intéressante, pour Khorne comme pour moi.


-- Ma proposition ? Elle est très simple. Je t'offres la possibilité de débarrasser de la vue des vrais dieux l'un des plus grands symboles vivants de l'usurpateur Sigmar. »


La simple mention de ce nom arracha à Shragald un grognement de mécontentement. Sigmar était considéré par de nombreux hommes du Vieux Monde comme un dieu à part entière. Il était même considéré comme leur divinité tutélaire. Une insulte aux yeux des dieux sombres.


« -- Je suis en mesure de déterminer où il se rendra et quand. Ce sera à ce moment là qu'il faudra frapper.


-- Et toi, qu'as-tu à y gagner ?


--Moi ? Ça ne te concerne pas. Mais si j'arrive à atteindre mes propres buts, alors je serais en mesure de t'assurer la victoire, et tu pourras répandre d'avantage de sang au nom de Khorne. »


Shragald avait toujours envie de tuer cet insolent, même si sa proposition était tentante. C'est à contrecœur qu'il rengaina son épée, qui émit un grondement de frustration. Le casque du seigneur de guerre avait été façonné par les vents du Chaos pour qu'il puisse l'enlever ou le mettre sans que ses cornes ne le gênent, aussi l'enleva-t-il pour dévoiler son visage bestial. Il avait la peau gris pâle et les yeux d'un noir de jais. Il montra les crocs.


« -- Intéressant. Dis moi quand pourrons nous faire couler le sang.


-- Oh, bien assez tôt, rassures toi. Lorsque ton armée sera complètement levée. Après tout, je doute que ta cohorte rouge soit en état de combattre seule les serviteurs de l'usurpateur. »


Cette remarque relevait pour les élus de Khorne de l'insulte, mais le sorcier n'en eut cure.


« -- D'ici trois jours, la chevauchée d'airain et les guerriers du crâne devraient arriver. Il faudra les accueillir comme il se doit. Tu ne devrais avoir aucun mal non plus à convaincre ces villageois de te suivre. Tu auras alors une armée suffisante. Une fois qu'ils seront arrivés, ne perdez pas de temps et prenez la mer plein sud. Vous accosterez sur les rives de l'Empire des hommes et passerez au fil de l'épée tous les habitants du premier village que vous verrez. Ça suffira pour les attirer jusqu'à vous. »


C'est alors que le sorcier se leva, et partit à l'opposé de la troupe.


« Qu'est-ce qui peut me faire croire que tu ne nous joue pas un mauvais tour ? »


Pour toute réponse, le mur de flammes disparut. Et le sorcier continua d'avancer vers la sortie du village.


Les habitants se demandaient comment ils avaient pu tous perdre connaissance, mais la vue de guerriers élus de Khorne leur fit oublier cette question. Shragald regarda autour de lui et posa son regard sur un homme d'âge assez avancé, à la carrure imposante, même si comparé au seigneur de guerre il paraissait frêle. Le maître du meurtre s'avança alors vers lui d'un pas rapide, dégaina son épée, et éventra le malheureux villageois. L'arme , qui renfermait l'âme d'un buveur de sang, se mit à grogner de satisfaction. Shragald eut à peine le temps de la retirer qu'il jeta sa victime encore vivante sur l'autel. Il n'avait pas oublié qu'il voulait offrir un crâne au dieu du sang, lever un contingent de maraudeurs attendrait un peu.


<i>Mais que c'est-il passé ? Comment en suis-je arrivée là ? Ce sang... Tout ce sang... Sur ma lame. Sur mes mains... C'est moi ? Dans ma colère ?... C'est moi qui ait fait çà ?</i>




Chapitre 2: Quatre ans plus tard

Le Collège gris... L'un des huit ordres de sorcellerie de l'Empire. Le plus secret de tous. Et probablement le plus redouté par la populace. Ses membres, les umbramanciens, sont réputés pour utiliser une magie faite de brumes et de dissimulation, de duperie et de peur, de secrets et de mort sournoise. Ils sont appelés tour-à-tour « trompeurs gris », « illusionnistes », ou encore « sorciers fourbes », et de bien d'autres appellations traduisant cette méfiance. Ces sorciers roublards se nomment eux même les « sorciers gris », ou les « gris protecteurs », tentant ainsi d'atténuer cette triste réputation. En réalité, on ne sait que peu de chose sur les membres de cet ordre, et la plupart des information que l'on peut en tirer ne sont pas aisément vérifiables.


L'un d'entre eux se nommait Sigismund Heldegard. Il était le professeur de quelqu'un qui ne se reconnaissait plus aussi facilement. Erika se regarda longuement dans la bassine d'eau dans laquelle elle s'était lavé le visage, et même si elle reconnaissait ses cheveux noirs emmêlés, ses pommettes creuses et ses yeux bruns brillants, elle se surprit à penser qu'elle possédait désormais la beauté d'un chat sauvage, avec des griffes prêtes à jaillir au moindre besoin. Cela faisait quatre ans à présent qu'elle avait décidé de finalement rejoindre les rangs du Collège gris, quatre ans qu'elle était l'apprentie d'Heldegard. Et durant tout ce temps, elle n'avait pratiquement jamais cessé d'être en déplacement dans tout l'Empire, guidés qu'ils étaient, son mentor et elle par la curiosité de celui-ci. Elle n'avait pas non plu cessé d'en apprendre un peu plus chaque jour, jusqu'à être capable de percevoir et reconnaître chacun des huit vents de magie, d'être maitresse de la dissimulation et du déguisement, d'apprendre les notions de justice, d'ordre et de chaos, et récemment de lancer pour la première fois des sortilèges de façon autonome. Un apprenti ordinaire aurait mis deux fois plus de temps pour pouvoir maitriser l'enseignement magique pratique, mais Erika était différente. Depuis sa naissance, elle possédait un lien particulier avec le vent de magie Ulgu, dont les umbramanciens tirent leurs pouvoirs, ce qui faisait d'elle une candidate de choix pour le Collège gris.


« Erika! Dépêches toi un peu, nous devons partir! J'ai déjà réglé la note à l'aubergiste. »


j'aurai mis le temps, mais voilà la suite (je m'étais rendu compte que plus j'écrivais, plus mes chapitres étaient courts, d'où une petite rallonge pour cette fois). Alors bonne lecture et à bientôt.




Chapitre 3 : Des imprévus, et un indésirable.

Elle était partie pour une nouvelle journée de voyage. Les trajets pouvaient aussi bien avoir lieu le jour que la nuit, cette dernière solution étant justifiée par le besoin de discrétion, comme lorsqu'une mission était clairement définie par l'Ordre gris.


-- Où nous dirigeons nous à présent professeur ? demanda Erika.


-- Vers les régions du nord de l'Empire, répondit celui-ci. Nous partons à Gruyden dans le Hochland. Là bas se trouve la plus impressionnante concentration de temples de tout l'Empire. C'est l'endroit idéal pour parfaire tes connaissances en matière de théologie. »


Même si la théologie n'était pas la matière préférée de l'apprentie, elle savait que c'était indispensable. La religion constituait selon le patriarche du Collège gris un facteur d'unité très important pour l'Empire, or il y existait plusieurs cultes différents, et des tensions existaient entre les différents clergés, l'exemple le plus flagrant étant celui opposant le culte d'Ulric aux sigmarites. L'un des rôles du Collège était de traquer dans l'ombre de la société impériale les faux fidèles qui favorisaient l'expansion des cultes chaotiques. Pour ça, il fallait avoir une connaissance des cultes impériaux, afin d'identifier ceux qui déforment les concepts pour plonger leurs interlocuteurs dans la damnation.


-- Ce sera également l'occasion pour toi de découvrir des religions d'ailleurs comme celle de la Bretonnie, mais surtout, d'en apprendre plus sur ce que nous combattons.


-- Que voulez-vous dire ?


-- Au risque de me répéter, nous arrivons dans les régions du nord de l'Empire. Là où s'est récemment abattue la Tempête du Chaos. »


Il ne fallut guère plus d'explications à Erika. Tout le monde dans l'Empire était au courant de l'invasion chaotique qui fut menée par Archaon. Elle était chargée par son mentor de missions de renseignements et de vols à Altdorf, dans l'intention de démanteler une secte dédiée à Slaanesh. Ce fut pour elle une période de mise à l'épreuve durant laquelle elle a pu mettre en application ses acquis.


« Si tous se passe bien, nous devrions arriver à Gruyden d'ici la fin de la semaine. »


Ils y seraient, même si le voyage leurs laisserait quelques surprises...


Le Talabecland, la région que traversaient Erika et Heldegard était essentiellement, comme la plupart de l'Empire, recouverte par de la forêt. Les risques de se faire attaquer par des hommes-bêtes étaient relativement élevés : la plus grande prudence était de mise. La nuit commençerait à tomber d'ici quelques heures, et les deux sorciers comprirent que quelque chose d'anormal se passait. Leurs sens aethyriques leur permirent de constater que les vents magiques commencèrent à souffler de façon bizarre, comme lors de l'utilisation de sortilèges.


« Nous devrions aller voir ce qui se passe de plus près. » dit le vieux sorcier.


Ils arrivèrent alors en bordure d'une clairière. Ce fut là qu'ils obtinrent la réponse à leur mystère. Dissimulés derrière les arbres, ils voyaient un sorcier, un pyromancien au vu des sa tenue rouge, les symboles de clefs dont elle était ornée, et surtout des flammes qu'il faisait jaillir sur ses assaillants. Des gors*, créature massives ressemblant à des boucs se tenant sur leur pattes arrière et aux mains humaines tenant des haches et des massues, et des ungors, plus chétifs et aux cornes moins longues, armés de lances, tombèrent les uns après les autres brulés vifs. La bande était dirigée par un chaman qui tentait de dissiper les sorts de son adversaire. Si la situation continuait ainsi, alors le sorcier flamboyant ne tarderait pas à être submergé.


-- Tu restes ici et tu ne bouges pas. Dit Heldegard à Erika.


-- Mais, professeur...


-- Fais ce que je te dis ! Ici tu ne risques rien. Je m'en sortirai sans problème.


Comme pour confirmer ses dires, il lança un sort qui projeta des cordes, lesquelles allèrent étrangler le ungor le plus proche. L'attention du chaman, dont la sensibilité aux vents de magie était extraordinaire compte-tenu de sa nature chaotique, se reporta sur ce nouvel ennemi. Il rugit son défi et tendit son bâton noueux vers le vieil umbramancien, mais ce fut son dernier acte. Une sphère incandescente s'abattit sur lui et le transforma en torche hurlante, puis il s'effondra sur le sol. Privé de ce soutien, la suite des évènements fut une véritable tuerie à base de flammes et de strangulations. Les quelques survivants se ruèrent le plus loin possible de ces ensorceleurs, devenus synonymes de mort.


Erika put sortir de sa cachette et rejoindre son mentor. Le pyromancien, probablement trentenaire, à la crinière rousse éclatante assortie d'un bouc en pointe, laissa exploser sa joie.


-- Merci à vous ! s'exclama le sorcier inconnu. Sans votre aide, je ne m'en serais probablement pas sorti.


-- Il est inutile de nous remercier. Vous auriez fait la même chose pour moi ou pour mon apprentie.


-- Allons, allons, ne soyez pas modeste ! Quand j'y repense, il...


Sa phrase fut interrompue par une vive lumière accompagnée par le bruit d'une petite explosion : la dépouille du chaman avait été dispersée en fragments noirâtres et un livre se trouvait à présent à son emplacement.


-- Ça m'étonnerait que les homme-bêtes, même chaman, s'adonnent à la lecture. remarqua Erika.


-- Bah ! lança le mystérieux sorcier. Si ça se trouve, il se servait des pages pour un usage plus... naturel. Voyons ça.


-- N'approchez pas ! l'interrompit Heldegard.


Le livre dégageait des volutes de fumée noire, mais celle-ci n'était pas due à d'éventuels restes du chaman. C'était de toute évidence un objet de magie noire.


« Erika, les parchemins consacrés. »


L'apprentie sortit précautionneusement des parchemins et de la cire de son sac. Ils avaient reçu des textes saints et avaient été bénis par un prêtre de Sigmar afin de s'en servir pour emballer et transporter des objets d'essence maléfique ou démoniaque sans être contaminé par l'influence du Chaos. Elle prit soin d'envelopper le livre sans le toucher, et utilisa la cire pour cacheter le paquet. Heldeg ard le lui prît et le rangea dans sa propre besace.


-- Il est temps de reprendre notre route. Conclut le vieux sorcier.


-- Attendez ! Et si nous faisions un peu de route ensemble ? Je me dirige vers l'Ostland à propos d'une histoire d'attaques de nordiques.


-- Aux dernières nouvelles, répliqua Heldegard, il vous suffit de suivre directement vers le nord, or nous, nous nous dirigeons vers Gruyden, dans le Hochland.


-- Ah mais justement ! reprit l'inconnu. Car des troupes partiront prochainement de Talabheim en direction de Gruyden, où d'autres troupes, du Hochland cette fois, doivent se rassembler avant de rejoindre l'Ostland.


-- Attendez, cela voudrait dire qu'il y aurait en fait une petite armée de nordiques? demanda Erika. Sinon il n'y aurait pas autant de soldats mobilisés.


-- En effet. Cette armée est suffisamment importante pour causer de graves problèmes. Si ce que j'en ai entendu est vrai, l'Ostland est menacé. Il se pourrait même que le nord de l'Empire ne s'en remette pas.


-- Pensez-vous vraiment que ce que vous dites soit justifié ? répliqua Heldegard. Je vous rappelle que la Tempête du Chaos a mobilisé la plus grande concentration de maraudeurs et de guerriers du Chaos que l'on ait connu depuis la Grande Guerre sous le règne de Magnus le Pieux. Les nordiques n'auraient pas pu lever une armée pour attaquer alors que les restes de la Tempête sont dispersés.


-- Vous pensez ? demanda le pyromancien. Moi je préfère, si cela s'avère vrai, ne pas prendre le risque de laisser des pillards saccager des régions déjà très affaiblies par la Tempête. On ne peut pas ignorer ce genre de rumeurs, vous savez.


-- Je suis désolé, mais nous ne serions d'aucune utilité ni pour vous, ni pour ces soldats.


-- Professeur. J'aimerais parler avec vous en privé, si vous n'y voyez pas d'objection.


Le vieux sorcier lui lança un regard accompagné d'un léger pincement de lèvres. Il n'était pas question de dire un mot de travers, car même si c'était rare, elle se souvenait des punitions qu'il lui avait données. Ils se mirent à l'écart du sorcier inconnu et baissèrent la voix :


-- Bon, je t'écoute. Qu'as-tu à dire ?


-- Hé bien en fait, étant donné que nous n'allons plus tarder à arriver à Talabheim, il serait plus facile de le laisser avec les troupes prêtes à partir, tandis que nous, nous n'aurions qu'à nous éclipser et partir à la première occasion. Il nous suffirait alors de rejoindre directement Gruyden en voyageant de nuit, par voie aérienne grâce au sort du destrier d'ombre.


-- Mon enfant, j'aimerais que tu réfléchisse un court instant. Pourquoi à ton avis est-ce que je cherche à me débarrasser de ce type là ?


-- Parce que moi non plus je ne pense que les hommes-bêtes connaissent l'utilité du papier toilette. Surtout lorsque l'on se rend compte que le livre est intact. Même si j'en doute, il pourrait essayer de le récupérer à la première occasion, à moins que nous restions vigilants et que nous l'abandonnions à Talabheim. A votre avis, quand arriverons nous là bas ?


Le mentor d'Erika prit quelques instants de réflexions. Celle-ci avait confiance en elle, mais elle gardait apparemment toute sa tête.


-- Si nous voyageons de nuit, je dirais d'ici l'aube. Tu pense pouvoir tenir une nuit de randonnée ?


-- Sans problème, si nous prenons un instant pour nous reposer.


-- Bien. Alors parlons en à notre... compagnon de route.


* J'ai préféré mettre une brève description pour ceux qui ne connaissent pas les bêtes du Chaos.


Chapitre 4 : Sacrifice



Tancrède regarda Shragald offrir un nouveau trophée à Khorne. Son épée n'avait pas cessé de trancher des têtes depuis qu'ils avaient rasé ce village, le deuxième en fait à avoir été attaqué par leurs soins. Hommes, femmes, enfants, vieillards, aucun d'entre eux n'était épargné. Les plus valeureux d'entre eux avaient tenté de fuir ou avaient fini leur existence en souillant leurs chausses, il n'était donc pas intéressant de leurs proposer de se battre en duel en guise de dernier combat.

Tancrède était le fils du chef du fjord. Âgé d'une vingtaine d'étés, il était grand et musclé, comme il se devait pour un nordique. Il arborait une chevelure noire qui encadrait son visage anguleux et portait un casque à cornes caractéristique des tribus de maraudeurs. Ses épaules étaient recouvertes de la fourrure d'un loup, qui avait autrefois servi de monture à un hobgobelin. Tancrède n'avait que quatorze ans lorsqu'il l'avait abattu, ainsi que son cavalier, et sa maitrise de la hache n'avait cessé depuis de s'améliorer. Il portait également des braies de couleur brune et une paire de bottes de cuir.

Son père s'approcha de lui. Ce dernier arborait sur son corps de nombreuses cicatrices qui témoignaient de son passé de combats et de pillages. Il portait également une barbe courte et broussailleuse qui commençait à blanchir, mais en dehors de ça, il ressemblait vraiment à son fils. Atteindre son âge était un exploit dans les désolations nordiques, et Thorn, car ainsi s'appelait-il, comptait bien continuer à se battre encore pendant quelques années. Tancrède, l'air visiblement contrarié, demanda à son père :

« -- Pourquoi serait-il le seul à avoir droit de rendre hommage à Khorne ? Moi aussi j'aimerais lui offrir du sang et des crânes.

-- Saches, mon fils, qu'il est parfois préférable de ne pas contrarier un serviteur du seigneur des crânes, car c'est le tiens qu'il pourrait alors lui offrir. » Thorn n'eut alors pour toute réponse qu'un grognement de son fils.

L'un des membres de la cohorte rouge apporta une femme à Shragald. Celle-ci implora alors son bourreau : « Pitié seigneur. » Shragald lui répondit simplement par un grognement mauvais. « Pitié. Je vous demande d'épargner ma vie. »

Le seigneur du chaos se mit alors à la fixer des yeux, puis son regard balaya les environs et s'arrêta sur Tancrède. Sous son casque se dessina alors un sourire mauvais.

« Si telle est ta demande, dit-il, alors soit. Je vais t'épargner. » Sa phrase fit tomber un silence de stupéfaction sur le camp, qui fut presque immédiatement coupé par les remerciements de la femme. Shragald désigna alors Tancrède et lui fit signe d'approcher. Ce dernier hésita, puis obéit.

« -- Quel est ton nom ? demanda le seigneur du chaos.

-- Tancrède, fils de Thorn.

-- Bien, Tancrède. Serais-tu prêt à obéir sans hésiter à un serviteur de Khorne ?

-- Oui. »

Le sourire sous le casque de Shragald s'élargit alors d'avantage. Il désigna du doigt la victime qu'il avait épargnée.

« Si tu veux te montrer digne de porter la marque de Khorne, alors prouve lui ta dévotion. Récupère son crâne et répands son sang. »

Des rires malsains se mirent alors à fuser dans l'assemblée tandis que la femme se mit alors à hurler en lamentations et en implorant de nouveau pitié. Mais Tancrède ne laisserait pas passer une telle occasion. Il dégaina alors sa hache de sa ceinture et saisit sa victime par les cheveux. Il la tira vers lui tandis que les guerriers rassemblés se mirent à scander en choeur : « Du sang ! Du sang ! » Et Tancrède exposa sa nuque.

« Du sang... » Puis il leva son arme. « Pour le dieu du SANG ! »

Bon, cette fois c'est sûr, la taille réduite des chapitres laisse indiquer certaines choses :


1* Je perds de ma motivation et des idées à finir cette histoire ;


2* C'est effectivement la période de révisions avant les exams, je ne risque pas d'écrire avant un moment (de l'ordre de deux mois) ;


3* C'est lié au petit 2, faut que je fasse une pause dans l'écriture, ce qui me permettrait de me ressourcer et structurer la fin que je veux faire.


En attendant, je vous livre ce nouveau chapitre, avec la participation exceptionnelle d'un invité de marque qui possède un rôle à la hauteur de sa réputation dans cette histoire. Bonne lecture à vous.




Chapitre 5 : Des croyants pas très orthodoxes

Gruyden était un village assez important, localisé au milieu d'une région boisée et où l'on pouvait voir s'élever par endroits des clochers et des dômes, dépassant les maisons alentours. Les dévots Auerbach, qui dirigeaient Gruyden, n'avaient pas fait les choses à moitié pour financer la construction des édifices religieux. Pierres précieuses et semi précieuses, feuilles d'or, marbre, vitraux magnifiques... Chaque temple était un véritable joyau à part entière, bien que deux d'entre-eux dépassaient tous les autres en taille : les temples de Sigmar et de Rhya, déesse de la nature. Les habitants ne semblaient pas mécontents que les dévots aient dépensé autant dans ces ouvrages, ce qui devait s'expliquer par le fait qu'ils étaient payés pour les entretenir. C'était donc sans surprise que le village était devenu le plus important lieu de pèlerinage de l'Empire, ce qui signifie que les fonds pour entretenir les temples viennent essentiellement des donations des visiteurs.


La leçon du jour pour Erika était une initiation sur le culte de Myrmidia, divinité d'origine arabienne essentiellement vénérée par les chevaliers de l'ordre du Soleil Flamboyant. Son temple était à l'image de tous les autres : spacieux et richement décoré, bien que vide à cette heure-ci de l'après-midi. Puisqu'il n'y avait, hormis l'autel sur lequel il n'était certainement pas question d'écrire, aucun support pour pouvoir noter, la leçon fut assez brève. Il serait de toute façon temps de prendre des notes plus tard. Erika apprit ainsi comment, après une campagne menée en Arabie par l'ordre du Soleil Flamboyant, ce dernier était revenu dans l'Empire afin d'y fonder le premier temple impérial qui lui était consacré, et que contrairement aux prêtres guerriers de Sigmar qui attisaient la foi par des sermons enflammés pour redonner force et courage aux hommes (et par des actes héroïques sur le champ de bataille), le culte de Myrmidia demande un apprentissage de la science militaire.


C'est en sortant discrètement du temple que les deux sorciers aperçurent deux enfants courir vers la place principale, suivis de peu par un jeune homme un peu niais puis d'une adolescente. Ils se rendirent alors compte que ces gens étaient attirés par des cris, apparemment une manifestation de pèlerins particulièrement bruyants.


« Quel genre de pèlerins se mettrait à faire pareil tapage ? » se plaignit Heldegard.


C'est alors que le vieux sorcier et son apprentie se dirigèrent eux aussi vers la place où c'était déjà accumulée une foule assez impressionnante, il fut donc difficile de voir grand chose à travers eux. Erika avançait plus vite que son mentor. Ce dernier vit alors par dessus les têtes de la foule celle d'un cavalier, que son apprentie n'avait pas remarqué. C'est en le voyant qu'il compris tout.


« Erika ! Reviens ! »


Mais elle commençait déjà à s'enfoncer parmi la foule pour voir de plus près ces mystérieux pèlerins. Elle n'eut aucun mal à atteindre le premier rang des spectateurs, mais elle risquerait peut-être de le regretter.


Les pèlerins qu'elle voyaient semblaient sortis tout droit d'un asile de fous. Ils portaient des hardes en lambeaux pour la plupart, si ce n'était simplement un pagne. Quelques uns avaient les yeux bandés, un autre était coiffé d'un brasero, il y en avait même un dont les mains avaient été amputées et remplacées par des espèces de marionnettes, l'une représentant un guerrier impérial en armure de plates et armé d'un marteau, l'autre un genre de guerrier qu'Erika n'avait jamais vu auparavant, arborant une armure noire et un casque à cornes. Tous arboraient des mutilations, récentes ou anciennes, qui pouvaient tout à fait être de leurs propres soins comme de ceux d'agresseurs, mais la plupart d'entre eux arboraient ainsi l'inscription « REPENT ». Certains étaient armés de fléaux cloutés qu'ils utilisaient par moments pour flageller le dos ou les épaules de ceux qui les précédaient, lesquels accueillaient ces coups comme autant de bénédictions. Au milieu de cette horde de fous se trouvait un cavalier, dont le crâne rasé surmonté d'un cercle d'argent, le lourd marteau qui reposait sur son épaule ainsi que les vêtements rouges dépassant de son armure ne laissaient aucun doute sur son identité : c'était un prêtre guerrier de Sigmar. Celui-ci avait également une cicatrice à l'œil, dont les reflets laiteux suggéraient qu'il en avait perdu l'usage.


« -- REPENTEZ-VOUS ! hurla l'un de ces fanatiques à la face d'Erika.


-- La fin des temps est arrivée !


-- Profitez du temps qu'il vous reste, avant que tout ne disparaisse ! »


Erika se sentit tirée en arrière par la manche alors que défilaient les tristes bannières de cette escorte : des pendus issus du groupe, des livres cloués sur des bâtons...


« -- Je crois que tu en a assez vu pour le moment mon enfant. lui chuchota une voix qu'elle connaissait bien.


-- Qu'est-ce que c'est professeur ? Qui sont ces gens ? »


Heldegard marqua une pose avant de lui répondre : « Les flagellants de Luthor Huss. »


J'arrive enfin à mettre en place les derniers éléments avant le plus intéressant de l'histoire. Il ne me manque plus qu'un chapitre encore afin de mettre en place l'échiquier (oui, ce n'est pas encore terminé, mais ça viendra). En attendant, je vous livre un chapitre pour vous faire patienter, je dois travailler le plus dur à présent (et corriger quelques fautes d'orthographes qui perdurent dans les précédents chapitres depuis trop longtemps). Si vous avez relu depuis le début ou si vous avez bonne mémoire, vous aurez alors une petite idée de ce que je vous réserve pour la suite.


Sur ce, bonne lecture.




Chapitre 6 : Promenade nocturne

Erika se remettait difficilement de ses émotions tandis que son mentor et elle s'éloignaient de la foule. Elle n'aurait jamais soupçonné que des personnes puissent se comporter de la sorte.


« -- Qu'est qu'il a bien pu leurs arriver pour qu'ils se comportent ainsi. Comment en sont-ils arrivés là ?


-- Ce sont des victimes, répondit Heldegard, des victimes de la guerre et des épidémies. Ils ont été contraints de quitter leurs demeures pour fuir le malheur. Ces malheureux finissent par perdre la raison à cause du désespoir, et en viennent à penser que la fin des temps est proche. C'est alors qu'ils arpentent l'Empire pour trouver d'autres preuves de ce qu'ils avancent, et ils participent ainsi à de nombreuses batailles. Lorsqu'ils rencontrent un prêtre de Sigmar, soit ils le suivent en pensant qu'il constitue leur seul espoir, soit ils sont convaincus par celui-ci de le suivre jusqu'au prochain champ de bataille.


-- Luthor Huss, c'est bien le nom du prêtre que nous venons de voir ?


-- Oui mon enfant, c'est bien lui. »


Erika était native d'Altdorf, et elle connaissait déjà le scandale qui avait poussé Huss à quitter la capitale pour se diriger vers le nord de l'Empire. Furieux que les prêtres de Sigmar d'Altdorf se préoccupaient plus de la politique que de la religion, il avait été poussé jusqu'à les critiquer et à ne pas s'excuser, malgré les demandes de ses supérieurs. Depuis, il avait arpenté le nord impérial pour s'opposer aux forces du Chaos, et s'est à chercher le signe du retour de Sigmar, qu'il trouva en la personne de Valten.


Comme si un malheur devait en accompagner un autre, ils eurent une bien mauvaise surprise en revenant sur leurs pas : une connaissance les avait aperçus et se dirigeait vers eux en s'exclamant :


« -- Tiens donc ! Mais ne seraient-ce pas mes sauveurs de l'autre jour ? Je crois me souvenir que nous ne nous sommes pas présentés au fait.


-- Et il vaudrait mieux en rester là je pense. répliqua Heldegard.


-- Hé bien dites donc, vous avez l'air très jouasses tous les deux. Vous sortez de funérailles ? »


Il ne lui fallut pas longtemps pour remarquer la foule amassée derrière les umbramanciens, la tête et les épaules de Luthor Huss et les macabres bannières des flagellants, à la vue de quoi il fit la moue et dit :


« -- Mouais. Quoique des funérailles seraient préférables en fait. En tout cas maintenant, je comprends mieux pourquoi nous n'avons pas eu un si bon accueil de notre côté.


-- Combien de troupes sont parties de Talabheim avec vous au fait ? demanda Erika


-- Une unité d'épéistes, et une de chevaliers du cercle intérieur de l'ordre du Soleil Flamboyant. Quant aux troupes du Hochland qui vont nous accompagner... Un groupe de franc-archers, une unité d'arquebusiers et quelques membres de franche-compagnie.


-- Je suis surpris que vous ne soyez pas avec eux en ce moment même, remarqua Heldegard. Vous prenez un peu de bon temps je suppose ? »


Cette remarque fut lancée sur un ton qui suggérait le reproche.


« -- Si je suis ici, ce n'est pas pour faire du tourisme dans les temples, répondit l'intéressé sur le même ton, mais pour aller voir d'un peu plus près le fameux devin de Gruyden. Pensez ce que vous voulez, mais je ne vais pas manquer une occasion comme celle-là pour essayer de connaître un peu ce que nous réserve le futur, surtout avec la bataille qui s'annonce.


-- Un devin ? demanda Erika.


-- Oui, un devin, lui répondit l'intéressé. Pas un astromancien qui a étudié dans un collège de magie, mais quelqu'un qui aurait un don naturel de voyance. J'espère juste que c'est mon jour de chance.


-- Pourquoi dites-vous çà ? s'étonna la jeune fille.


-- On raconte qu'il est un peu cinglé, et qu'un paysan aurait autant de chances qu'un comte électeur d'avoir une audience au près de lui. Mais bon, apparemment, quelqu'un, souligna le sorcier flamboyant en regardant Huss disparaître derrière une maison faisant l'angle, semble déjà vouloir lui en demander une.


-- Luthor Huss, demander une audience à un devin ? lança Heldegard, fort surpris. Vous croyez sincèrement ce que vous pensez ?


-- Pourquoi pas ? Même s'il est un prêtre guerrier, et qu'il pense que Sigmar le protègera, je suis sûr que la curiosité va le titiller suffisamment pour qu'il aille le voir.


-- Si ce devin est fameux comme vous le dites, alors pourquoi n'en avons nous pas entendu parler ? demanda l'apprentie. »


Heldegard se garda de lui répondre, ce dont le pyromancien ne se priva pas :


« -- Probablement parce qu'il vit à l'extérieur du village.


-- Vous nous excuserez, l'interrompit finalement Heldegard, mais je pense que les villageois ne vont pas tarder à reprendre leurs activités, et un sorcier impérial qui discute avec deux mendiants itinérants va forcément attirer l'attention. »


Des mendiants. C'était ainsi que se faisaient passer les deux umbramanciens pour passer inaperçus dans le village, car ainsi ils se faisaient plus facilement discrets. Ils s'en retournèrent alors à leur campement, caché à proximité de l'entrée sud du village.


Erika avait, sous prétexte de revoir ses notes, obtenu le premier tour de garde. C'est ainsi que son mentor commença à se laisser conquérir par le sommeil. Et Erika attendit près d'une heure ainsi, pour être sûre qu'il dorme suffisamment profondément pour pouvoir s'éclipser.


« Un devin à moitié cinglé. » pensa-t-elle. « A l'extérieur du village. »


Elle invoqua le destrier d'ombre une fois qu'elle s'était assurée de s'être suffisamment éloigner de son mentor, puis se mit à survoler les bords du village pour repérer la cabane de l'ermite. Une fois la localisation terminée, elle se mit à descendre dans la forêt environnante.


« Voilà qui est intéressant. »


La cabane du devin offrait un contraste saisissant avec la richesse du village : c'était une vieille cabane faite de planches en bois, à moitié délabrée, qui n'avait qu'une porte et une fenêtre. A peine Erika eu-t-elle le temps d'arriver en bordure de la maison, que des vapeurs grises se formaient : le vent d'Ulgu, dont elle tirait ses pouvoirs, l'avertissait que quelqu'un venait dans sa direction. Elle eut juste le temps de se dissimuler derrière un arbre pour voir une silhouette venir du village et se diriger vers la cabane. Celle-ci eut à peine le temps d'arriver devant celle-ci que la porte s'ouvrit immédiatement.


« Dépêches-toi de rentrer l'ami. lui lança la voix d'un vieil homme apparemment impatient. J'ai certaines choses à te dire ce soir. »


C'était visiblement le soir de chance de l'ombre, qui hésita avant de répondre à l'invitation. Une fois qu'elle eut pénétré les lieux, Erika s'approcha discrètement de la fenêtre et se mit à écouter des voix qui s'en échappaient.


Bonjour,


Je trouve ça cool: c'est bien écrit et l'univers de warhammer ressort bien, tu fais apparaître des persos importants, ça me fais apprendre des choses.


Juste une question: y'aura de la baston? des viscères qui volent? du sang qui gicle? (Khorne, sort de mon corps!! ^^)


Voilà, bonne chance pour la suite!


@+


Detedor


Citation :Je trouve ça cool: c'est bien écrit et l'univers de warhammer ressort bien, tu fais apparaître des persos importants, ça me fais apprendre des choses.
Juste une question: y'aura de la baston? des viscères qui volent? du sang qui gicle? (Khorne, sort de mon corps!! ^^)

Ha, ça fait plaisir à lire des commentaires comme çà ! C'est vrai que j'essaie de rester fidèle à l'historique de l'univers de Warhammer, et pour cela, les livres du jeu de rôle restent la meilleure source d'inspiration avec les livres d'armée.


Pour savoir si il y aura de la baston, il faudra attendre la suite (quel bon conteur vous livre la fin de son histoire avant de l'avoir écrite ? Et puis j'ai laissé des indices dans le texte qui laissent à suggérer non ?).


<i>Wait, and see...</i>, disait l'autre.


Après un certains temps d'attente (mazette ! Presque deux mois), j'ai enfin fait quelque chose de potable pour la suite de cette histoire. L'échiquier est en place, et les pièces vont bouger enfin. Ca n'a pas été simple, et je me demande si j'aurai pu faire mieux. Mais je suis déjà satisfait de ce que j'ai fait. Et puis, comme une histoire sur les oubliés du Terminus Est a commencé à germer en moi, il faut bien que je fasse ce que disait Louis XIV : "L'esprit achève ses propres pensées en les mettant en dehors." Sur ce, je vous laisse lire. L'action débutera sérieusement au prochain chapitre.




Chapitre 7 : Klaus Homstedt

« -- Je vous prie de m'excuser, commença la voix d'un homme qui paraissait familière à Erika, mais en fait je...


-- Ne dites rien ! ordonna de façon autoritaire la voix du vieillard. Je sais que vous êtes venu parce que vous êtes inquiet.


-- Inquiet ? Êtes-vous certains de...


-- Silence ! »


Le vieil homme marqua une pause avant de reprendre :


« -- Oui, c'est une bien étrange nuit. J'avais senti que quelque chose de particulier se préparait, mais je ne m'attendais pas à quelque chose de ce genre.


-- Que voulez-vous dire ? lui demanda la voix.


-- Ce que je veux dire, c'est que vous êtes ici pour une raison bien précise, même si ce n'est pas celle que vous souhaiteriez. Mais avant de vous en dire plus, je voudrais que la personne qui nous écoute depuis la fenêtre nous rejoigne. »


La jeune fille était surprise. Presque personne jusqu'à présent ne l'avait jamais remarquée quand elle ne le désirait pas. Elle n'eut pas le temps de réagir, que la porte s'était déjà ouverte, et que la voix familière lui parlait :


« Je me disais bien que tu viendrais par ici »


Erika eut à peine le temps de se retourner qu'elle se trouva nez-à-nez avec son mentor, qui avait l'air contrarié.


L'intérieur de la cabane de l'ermite était sale et sentait fort mauvais. Une paillasse se situait dans un coin et un foyer était aménagé au centre, un chaudron de petite taille était suspendu au dessus du feu au moyens de chaines reliées au plafond. Personne ne semblait se soucier de venir rendre visite à ce devin, et Erika commençait à douter de la popularité de celui-ci.


« -- Bon, dit le devin. Je pense qu'il vaut mieux ne pas s'attarder et vous parlez plus en détail de votre avenir.


-- Je pense plutôt, coupa Heldegard, que nous allons partir.


-- Je crains cependant que nous n'ayons guère le choix, repris le devin. Vous avez le projet de rester ici, à Gruyden, mais des évènements se déroulant dans le nord et ici même remettent en cause vos projets.


-- Encore cette histoire de raid nordique. » Heldegard semblait en avoir un peu marre de réécouter cette histoire là.


« -- Pas un simple raid nordique. répondit l'ermite. Il s'agit de forces qui ont été isolées et qui n'auraient jamais dues être réveillées et regroupées. J'ai vu l'arrivée de l'ennemi il y a déjà presque un mois.


-- Comment cela ? demanda Erika.


-- Un être, d'une cruauté caractéristique au fidèles du Dieu du meurtre, est revenu des Désolations du nord. Et il a été guidé par une main néfaste, afin de lever une armée suffisante pour provoquer de graves problèmes. Cette main qui l'a guidé l'a fait en suivant ses propres buts.


-- Et qu'est ce qui justifie notre présence ici ? » demanda Heldegard, bien que la réponse lui semblait évidente.


« Vous devez aider les troupes impériales. Car vous êtes les seuls à pouvoir frapper le véritable ennemi. »


Le devin marqua une pose avant de reprendre :


« Oui. Sans vous, même si les soldats envoyés sont très capables, ils sont déjà perdus. L'ennemi, le vrai, va frapper là où il n'est pas attendu, et son coup sera le plus terrible. Et c'est à vous que revient le devoir de l'arrêter. »


Cette dernière remarque s'adressait à Erika.


« --Vous, reprit l'ermite en désignant Heldegard, votre aide sera très précieuse aux hommes sur le front. N'oubliez pas qu'ils affronteront un mal qui n'aurait jamais du être réveillé.


--Êtes-vous sur que c'est la seule manière d'agir ?


-- Ne soyez pas sot. Vous savez que nous avons toujours le choix. Le votre sera soit de rester, soit d'aller affronter l'ennemi, mais si il parvient à vaincre, alors les troupes qui poursuivent les restes e la Tempête du Chaos ne pourront pas revenir à temps pour arrêter la horde maléfique qui nous menacera. »


Un lourd silence s'installa, seulement coupé par le crépitement des flammes et et le vent qui soufflait au dehors. Puis Heldegard reprit la parole :


« Nous n'avons donc pas le choix. Nous devons partir avec les troupes pour l'Ostland. »


Il commença alors à partir. Erika se préparait à le suivre, mais ne put alors s'empêcher de poser une question :


« -- Qui êtes-vous au juste ?


-- Moi, je suis juste un humain, un humain désigné par les dieux pour guider et conseiller les hommes. Je m'appelle Klaus Homstedt. »


Erika finit par suivre son mentor après avoir jeter un dernier regard à cet être étrange.


<i>Mais que c'est-il passé? Comment en suis-je arrivée là? Ce sang... Tout ce sang...</i>


Les visions avaient commencé à assaillir de nouveau le devin.


« Pauvre enfant, dit Klaus pour lui même. Si tu savais ce que tu va découvrir sur ce champ de bataille... »


Avec mes divers projets, et ma demi-flemme chronique, je prends pas mal de retard, mais cette fois, les différents éléments et les passages difficiles sont tous mis sur papier écran. Je vous laisse profiter, car bientôt, le fracas des armes résonnera et les têtes éclateront comme des fruits trop mûrs. (Mwahahahahahaha ! Hum ! Bonne lecture et au prochain chapitre).




Chapitre 8 : L'imposteur est démasqué

Le retour au campement se fit sans un mot entre Erika et son mentor. Homstedt avait laissé comme un vide en eux. Pour Erika, c'était du à l'étrange expression qu'avait pris le devin avant qu'ils ne le quittent, pour Heldegard, c'était l'approche maintenant inéluctable du combat. Mais d'autres soucis allaient les préoccuper.


Lorsqu'il atteignirent leur bivouac, Erika nota un détail qui la surprenait fort : Heldegard dormait encore devant le feu, comme si de rien n'était. Et elle se voyait elle-même à son tour de garde. Elle se tourna vers le Heldegard qui se tenait debout à côté d'elle, et celui-ci lui dit en souriant : « Voilà un sort que tu devrais pouvoir maîtriser après quelques années de pratique. » Sur, ce, il leva la main en direction du bivouac, et le feu n'était plus que braises, tandis que l'Heldegard endormi laissait place à des couvertures froissées. C'était un sort d'illusion très puissant, car même la chaleur du feu et le son de ses crépitements ont été recréés. Mais il y avait quelque chose d'autre qui avait changé : leurs sacs avaient été déplacés.


« -- Professeur, est-ce que c'est vous qui avez déplacé nos affaires avant de venir chez l'ermite ?


-- Pas le moins du monde. »


Un rapide inventaire permit de comprendre que seul le livre emballé du chaman avait été dérobé.


« Vous pensez que le pyromancien... ? » commença Erika.


« -- C'est fort probable. Il va falloir le retrouver avant qu'il ne fasse des dégâts, et vite.


-- Si c'est lui, il aura peut-être rejoint les troupes de Talabheim.


-- S'il l'a volé pour la curiosité, peut-être, mais s'il sert l'ennemi, alors il s'est probablement déjà enfui. Tu vas aller voir du côté de la garnison. Moi, je fouille les environs. »


Par précaution, Heldegard remit à son apprentie un parchemin de dissipation. Erika se dirigea alors droit vers le campement de l'armée, installé au sud de Gruyden. Les abords étaient bien gardés, mais il fallait autre chose pour stopper une umbramancienne. Elle n'eut aucun mal à pénétrer dans le campement sans se faire remarquer grâce aux quelques sorts qu'elle connaissait. Elle eut alors une pensée soudaine : étant donné qu'elle possédait une assez bonne maîtrise des sorts de base, cela signifiait qu'elle approchait peu à peu du rang de compagnon sorcier, ce qui lui permettrait de voyager dans l'Empire de façon indépendante, sans son mentor.


« Eh, c'était quoi ça ? »


Erika venait de se prendre les pieds dans un sac de provisions. Elle n'eut aucun mal à éviter les ennuis, mais maintenant les gardes seraient davantage sur leurs gardes. Elle s'écarta pour tomber sur la zone où logeaient Luhor Huss et ses flagellants, lesquels avaient entonné une funèbre litanie. Elle était finalement arrivée à l'extrémité est du campement, où les chevaliers du Soleil Flamboyant côtoyaient les épéistes de Talabheim. Elle savait que, comme les gens avaient tendance à se méfier des sorciers, ces derniers prenaient alors l'habitude de dormir à l'orée d'un campement pour rester relativement tranquilles. Elle n'avait alors qu'à se laisser guider par Ulgu pour trouver la trace du pyromancien.


Elle laissa son âme déborder de son corps et se mêler lentement au vent gris de magie. Une telle entreprise est toujours risquée, car le vents de magie sont parfois capricieux, et peuvent altérer l'esprit de façon irréversible. Erika pourrait alors basculer dans la folie et s'abandonner au Chaos, mais elle savait ce qu'elle faisait. C'est alors que le vent gris lui fit signe. Elle leva les yeux et vit que la magie était à l'œuvre : un vortex se formait dans le ciel, et s'agrandissait peu à peu. Sa source provenait des arbres, à l'extérieur du campement. Les paroles de l'ermite revinrent alors à l'esprit de la jeune sorcière : « L'ennemi, le vrai, va frapper là où il n'est pas attendu, et son coup sera le plus terrible. »


Erika ignorait ce qu'il risquait de se passer, mais elle ne voulait pas le savoir. Elle sentait qu'elle devait agir vite. Elle saisit le parchemin que lui avait laissé son mentor et se mit à le réciter. Elle commença par un murmure, avant de hausser la voix en dirigeant sa main vers le vortex, qui se referma finalement, et le parchemin entre ses mains tomba en poussière.


« INTRUS ! Un intrus dans le camp ! »


Erika aperçut un homme équipé d'une armure de plates laquée en noir, avec les bordures dorées. Il tenait une épée à la main, et un garde équipé d'une arquebuse se précipita et mit son arme en joue, prêt à tirer. Il portait la livrée rouge et verte du Hochland.


« -- Identifiez-vous sur le champ, ou j'ouvre le feu !


-- Mille excuses messieurs... »


Ne jamais révéler son identité a toujours été une règle chez les sorciers gris, mais se garder de dire que l'on était un sorcier ou une sorcière l'était encore plus du fait qu'un tir d'arquebuse ou un passage au bûcher pouvait en être la conclusion.


« -- Je ne suis qu'une mendiante. Je cherchais seulement...


-- Pas la peine de gaspiller ta salive sorcière, le coupa le chevalier. Je t'ai vu à l'œuvre. Tu as récité une formule sur un parchemin qui est tombé en poussière. »


Erika était mal partie. Il lui fallait gagner du temps pour trouver une solution.


« -- Comment es tu entrée dans ce campement ? Parle !


-- Je pense que vous souhaiteriez plutôt savoir ce que j'ai fait avec ce parchemin. » répliqua Erika avec une assurance qui suggérait quelque chose d'inquiétant. Elle devait gagner du temps, et déstabiliser ces hommes pourrait lui permettre de s'en sortir avec plus de facilité. Cela semblait marcher car les deux soldats marquèrent un instant d'hésitation avant de reprendre :


« -- N'essaie pas de jouer à ça avec nous. Qui es-tu ? Réponds !


-- Vous ne voulez vraiment pas savoir ?


-- Dernière sommation : dis-nous qui tu es ou j'ouvre le feu ! »


Et comme pour confirmer ses dires, Erika entendit le déclic de l'arme qui signifiait que l'arquebusier n'avait plus qu'à appuyer sur la détente. Sur le coup, c'était Erika qui se mit à s'inquiéter, car l'arquebusier ne bluffait certainement pas. Elle n'avait plus qu'un seul choix : mentir.


« -- Je m'appelle... Hannah. Hannah Heldegard.


-- Bien, lui répondit le tireur. Et maintenant, Frau Heldegard, vous allez me dire comment vous avez pu entré ici sans vous faire repérer par les gardes.


-- C'est très simple, répondit la jeune fille. Vos gardes ne sont pas toujours très attentifs, il me suffit alors d'un petit tour de passe-passe et j'arrive à traverser ce camp, ni vue, ni connue.


-- Et maintenant, enchaina le guerrier en armure, vous allez nous dire ce que vous avez lancé comme sortilège. Parlez !


-- Ha ! Vous voulez donc bien savoir ce que j'ai fait ? Et bien... »


Mais elle s'interrompit, car elle sentit comme une brusque absorption d'air dans son dos, ce qui la fit sursauter et se retourner. Elle était persuadée qu'Ulgu avait réagi à une incantation, et la vue d'un sorcier en robe écarlate projetée à ses pieds, puis plus loin d'Heldegard, confirma ses pensées. Son mentor avança tout en maintenant son regard sur le sorcier à terre, la main levée prête à lancer un nouveau sort, au cas où.


« Qui êtes-vous ? Répondez ou je tire. »


La nervosité était palpable dans l'intonation de l'arquebusier.


« Je suis votre sauveur, répondit Heldegard. Et je vous présente un serviteur de la Grande Ennemie. »


Le chevalier et l'arquebusier, ne sachant ce qu'il convenait de faire, ne purent que manifester leur purprise. La Grande Ennemie était une façon de nommer le Chaos. Le serviteur n'était autre que le pyromancien qu'Erika et Heldegard avaient déjà rencontré auparavant. Sa peau semblait s'être parcheminée, et de son bouc, il ne restait que quelques poils blanchâtres, et ses vêtements amarantes avaient laissé place à d'autres. Un manteau bleu pâle arborait sur ses bordures un liseré mauve, sur lequel semblait être tracé des motifs. Erika, en s'approchant précautionneusement, pensa qu'il s'agissait d'écritures dans une langue runique. Il semblerait qu'il se soit servi de magie pour dissimuler sa véritable apparence, et que l'attaque d'Heldegard ait dissipé ce déguisement. Il s'agissait donc d'un sorcier affilié à Tzeentch, le dieu du Chaos que l'on appelait aussi l'Architecte du Changement. L'imposteur ainsi démasqué avait le visage défiguré par une grimace, qui pouvait aussi bien marquer la colère que la douleur. Il était ventre à terre, et l'un de ses bras était placé sous son corps.


« Lâchez ça, ordonna Heldegard au sorcier chaotique, ou je n'hésiterai pas à vous tuez. »


L'intéressé respira deux fois de suite, comme s'il fournissait un effort, puis répondit :


« Vous voulez que je le lâche ? Alors soit ! »


Mais il se permit de jeter au visage d'Heldegard un objet sombre, que ce dernier évita de justesse avant qu'il ne reçoive la charge d'épaule de son adversaire. Le tireur ne perdit pas de temps et se remit en joue rapidement. Il envoya une balle qui effleura l'épaule du sorcier maléfique. Ce dernier disparut alors dans les ténèbres de la forêt.


La détonation attira d'autres gardes, et même un groupe de flagellants, dont un membre au crâne orné de clous commença à accuser les umbramanciens d'avoir tenté d'attaquer le chevalier et l'arquebusier, avant de prendre une pierre dans l'intention de la leur lancer. Ce geste fut interrompu par la poigne de fer d'un homme que tous reconnurent : Luthor Huss.


« Au nom de Sigmar, dites moi ce qu'il s'est passé ici. »


Nous arrivons enfin à la veille de la bataille. Pour la prochaine fois, promis, il y aura du sang, des larmes, et des crânes pour le trône des crânes. Je vous publie donc un chapitre qui, selon certains, pourrait être peu intéressant. Prochainement, de la violence tout ce qu'on aime [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_wub.png[/img] (Palapa-papaaa ! [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_happy.png[/img] )




Chapitre 9 : Marche à travers l'Ostermark

L'ambiance était lourde le lendemain matin dans le temple de Sigmar. Alors que Huss présidait la messe, tous les soldats réunis dans la nef gardèrent le silence. Seuls les chevaliers du Soleil Flamboyant n'étaient pas présents, puisqu'ils se trouvaient dans le temple de leur divinité Myrmidia. Au fond, assis sur un banc à l'écart, se trouvaient Heldegard et Erika, qui ressentaient aussi la tension générale.


Erika connaissait à présent ce que pouvait ressentir un soldat avant que ne survienne la bataille. Elle trouvait cet état à présent si évident que le fait que cela ne lui soit jamais venu à l'esprit lui donnait le sentiment d'avoir été naïve.


« Ils savent qu'ils ne reviendront peut-être jamais. pensa-t-elle. C'est normal d'avoir peur en ce moment... Moi aussi j'ai peur. »


Heldegard gardait serré contre lui sa propre besace. Maintenant que le livre du chaman avait été récupéré, il ne voulait surtout pas que le sorcier de Tzeentch le récupère. Il en allait de la survie et du succès des troupes en Ostermark.


Jonas Lebhaftauge, le tireur d'élite qui avait maintenu Erika en joue la veille, avait déjà participé à de nombreuses escarmouches contre les bêtes du chaos qui sévissaient dans la région et dans le sud de l'Ostermark. Il était habitué à ce sentiment qui accompagne les soldats partant en guerre. Peut lui importait s'il reviendrait ou non : il avait déjà protégé son village à plusieurs reprises, et il savait que de toute façon, un homme qui naissait un jour était destiné à finir dans les jardins de Morr. Il était déjà d'un âge assez avancé, comme en témoignaient ses cheveux gris-blancs, secs et tombants , mais son bras ne tremblait jamais au combat.


Dans le temple de Myrmidia, Konrad Stahlblick priait avec ses frères d'armes. Même s'il allait partager le même champ de bataille avec d'autres hommes d'armes, il priait une divinité qui leur était étrangère. A une époque, il aurait souhaité partager ces moments avec ceux qui partageraient probablement sa mort bientôt. Mais il avait fini par se faire à cet écart, car il savait que la victoire, elle, se partageait avec tous les hommes victorieux, et que les morts goûteraient au même repos.


Devant l'autel de Sigmar, Luthor Huss prononça son ultime litanie, rappelant le sang des innocents versés au nom des cruelles divinités des barbares nordiques, que ces innocents avaient choisi la paix, et n'avaient eu droit au final qu'au malheur. Il leurs rappela le devoir sacré de les venger, et de protéger ceux qui pourraient subir le même sort funèbre. Il leur rappela aussi l'importance de rester unis, quelque furent les différences qui les séparaient. Il fit cette dernière réplique en posant les yeux sur Heldegard, avec lequel il avait discuté la veille, à la suite de l'incident avec le sorcier de Tzeentch. Les umbramanciens, malgré leur sinistre réputation, n'en étaient pas moins considérés comme des ascètes qui étaient recherchés par certains généraux en tant que conseillers. Avoir un tel élément dans les rangs impériaux était toujours un plus, ce qui était encore plus vrai maintenant que la menace de la sorcellerie chaotique planait au dessus de leurs forces.


« Et n'oubliez pas, termina Huss, que Sigmar peut envoyer une aide au moment où nous ne nous attendons pas toujours, comme ce fut déjà le cas en maintes occasions. »


L'armée impériale, désormais sous les ordres de Huss, se mit en route en début d'après-midi, en marche forcée. Erika et son mentor avaient une fois de plus fait appel au sort du destrier d'ombre pour pouvoir suivre les troupes, ce qui suscitait évidemment le malaise des soldats les plus proches. Erika chevauchait avec les chevaliers du cercle intérieur, et avait finalement entamé une discussion avec Konrad. Ce dernier avait un visage marqué par les années de services, et laissa transparaître de l'assurance et du sérieux. Il possédait un regard vif et sombre. Son menton carré se terminait par une barbiche noire coupée court, tandis que sa peau tannée par le soleil de dizaines de batailles arborait quelques cicatrices témoignant de la rudesse du métier d'arme. Même s'il s'était révélé agressif le soir où ils s'étaient rencontrés, il était plus ouvert aujourd'hui à communiquer avec Erika, ce qui n'était pas pour déplaire à l'apprentie.


Ils atteignirent la frontière de l'Ostermark à la tombée de la nuit, et le lendemain, la marche reprit. L'arrivée à Wolfenburg eu lieu à la mi-journée, et bien qu'il ne fut pas question de s'y arrêter, Luthor Huss et Heldegard y allèrent pour pouvoir avoir des nouvelles du nord. A leur retour, ils avaient la mine grave, et Erika fut la première avec une poignée de soldats à être sur eux. Le vieux sorcier prît son apprentie à part pour lui exposer la situation :


« Les forces chaotiques ne se sont pas contentées d'attaquer les villages côtiers. Elles se sont mises à se déplacer dans la Forêt des Ombres, en direction du sud. Nous devrons donc nous diriger vers l'est à grande vitesse pour les intercepter. Nous pouvons nous estimer heureux que la ville la plus importante dans la région, Salkalten, ait été ignorée. »


D'autres troupes avaient déjà quitté Wolfenburg pour se diriger vers l'est. Elles étaient dirigées par un certain Marius Schwarzblitz, réputé pour son tempérament ardent et sa résolution à ne jamais reculer devant l'ennemi, ce qui était cependant un trait commun à tous les habitants de l'Ostermark.


La marche reprit une heure plus tard, le temps entre autre d'un repas frugal. Leur destination était une vaste clairière où les forces du Chaos semblaient se diriger. Les soldats de Wolfenburg en avaient pris la direction quelques heures plus tôt, ce qui signifiait qu'il serait dur de les rattraper avant le début de la nuit. Après une longue marche ponctuée de courtes pauses, le soleil laissa sa place dans le ciel à la lueur pâle de Mannshlieb, et celle plus inquiétante de Morshlieb, la lune du Chaos. Erika et son mentor, qui avaient l'habitude des ténèbres et qui étaient partis en éclaireurs, purent localiser le campement des ostermarkers et y guider les troupes sous les ordres de Huss.


Les soldats de Wolfenburg étaient étrangement en proportions assez réduites, mais l'explication fut donnée par Kurt Schwarblitz, le frère du défunt Marius :


« Nous avons été attaqué par des hommes bêtes. Ils étaient dirigés par un guerrier du Chaos. Pour en avoir combattu à plusieurs reprises, je dirais que c'était une alliance temporaire entre différentes hordes de taille réduite. Mais quoiqu'il en soit, les résultats sont les mêmes : de nombreux soldats sont tombés, et mon frère parmi eux. »


Malgré toute sa retenue, il ne lui était pas facile de masquer sa tristesse. La perte d'un être cher ne peut laisser que des plaies, qui peuvent faire souffrir pendant de nombreuses années.


« -- Nous pensions ne plus être en mesure de stopper les nordiques, jusqu'à ce que vous arriviez.


-- Sache, fils de Sigmar, lui lança Huss, qu'Il nous enverra toujours une aide lorsque nous en aurons le plus besoin. Vous avez fait au mieux, et nous sommes malgré tout assez nombreux pour les repousser. Demain, nous laverons dans le sang l'affront fait à nos terres, et nous vengerons les innocents victimes des nordiques. »


Les survivants de l'attaque des hommes bêtes comprenaient deux groupes de lanciers, qui pouvaient constituer un régiment complet, ainsi qu'à un détachement d'arbalétriers, un autre de hallebardiers, au porteur de la Bannière du Griffon Kurt Schwarblitz, et également à deux grands canons. Les servants de ces pièces étaient sous les ordres d'un ingénieur qui avait péri lors de l'attaque. Son long fusil du Hochland fut laissé au tireur d'élite hochlander Jonas. Ce dernier transcrit alors une prière sur un parchemin qu'il cacheta sur l'arme, et la fit bénir par Huss, afin qu'elle puisse prélever la vie d'autant de nordiques que possible lors de la bataille qui s'annonçait.


Heldegard prit son apprentie à part, afin de lui parler de ce qu'il avait prévu :


« -- Écoute-moi mon enfant. Demain nous engagerons les nordiques. Ce qui va se passer est au delà de ce que tu peux supporter. C'est pourquoi je te demande de me faire une faveur : reste au campement.


-- Mais, professeur...


-- Écoute-moi bien. J'aimerais que tu restes au camp, et que tu veilles sur le grimoire. Si jamais la bataille devait mal tourner, il te faudrait l'emporter au Collège gris à Altdorf et avertir les éventuels umbramanciens qui s'y trouveraient de ce qui c'est passé. L'un d'entre eux pourra s'occuper du grimoire et terminer ton enseignement si jamais je ne revenais pas.


-- Pourquoi dites-vous ça ? Il n'est pas dit que la bataille tourne mal.


-- Mais il pourrait en être ainsi mon enfant. C'est aussi ça la guerre. »


Depuis la fois où Heldegard avait combattu le sorcier de Tzeentch Sebastian Romm, Erika n'avait plus autant senti que son mentor pouvait y laisser la vie. Cette pensée fit remonter l'inquiétude qu'elle avait ressenti dans le temple de Sigmar le jour précédent. Les choses pouvaient très mal tourner, mais le vieil umbramancien faisait en sorte à ce qu'Erika s'en sorte le mieux possible. L'apprentie accepta donc, même si elle commençait à se demander si Heldegard n'était pas, comme souvent d'ailleurs, un peu trop paternaliste. Elle fut cependant ravie d'apprendre que Konrad serait aussi affecté à la garde du campement, ainsi qu'une poignée de soldats ostermarkers.


Le lendemain, à l'aurore, Erika fut réveillée par le son de cors en airain. La bataille allait commencer.

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