Guntar poussa un long soupir et jeta un coup d’oeil énervé vers on vieil ami, Albert.
- Putain, on peut dire que tu l’as pas loupé… t’avais besoin d’un nouveau morceau ou quoi ?
Le golem de chair baissa les yeux, l’air contrit, sur le cadavre à ses pieds.
- beeeeen… non. Mais j’ai juste un peu tapé. Un coup de masse et voilà…
Le loup-garou, se détournant des excuses vaseuses de son comparse, se reconcentra sur le macchabée à ses pieds et dont la tête se réduisait à une vague bouillie sanglante. Le caporal Marmite avait été clair, exploration discrète de la forêt, collecte d’informations relatives à l’ennemi, pas de contact et retour au campement. Lui et Albert avaient prudemment fouillé le sous-bois mais étaient tombés sur ce soldat esseulé, perdu en fait supposait Guntar, plus qu’un élément d’une quelconque avant-garde... pas de chance pour lui, le troufion avait surgi devant le golem et ramassé l’équivalent d’un tronc d’arbre lancé à la vitesse d’un cheval au galop en pleine gueule. Albert avait été surpris, le coup était parti tout seul, limite un accident con... Résigné, le loup-garou s’approcha du mort et commença à renifler. Rapidement, il fronça les sourcils.
- Y’a comme une drôle d’odeur...
- Il s’est chié dessus quand je l’ai frappé, je crois.
- Non, Albert, une odeur un peu plus discrète…
- Il était derrière un arbre, il pissait peut-être.
Guntar renonça à répondre. Soudain, une petite lueur s’alluma au fond de son cerveau. Le genre d’idée qui une fois ancrée dans votre tronche grandit, tourne comme un moulin par grand vent tout en jouant du tambour et finit par prendre toute la place, un peu comme la perspective pour Guntar d’un bon gros steak saignant ou d’une nuit de pleine lune. C’était là, telle une évidence et rien ne pouvait le retirer de votre tête. Guntar déglutit, se redressa lentement, les sens aux aguets, les yeux fouillant la forêt sombre qui tout d’un coup ne lui paraissait plus aussi protectrice que deux minutes auparavant.
Il fit volte-face, choppa Albert par le bras et entreprit de se replier le plus rapidement que monstrueusement possible et donc sans aucune dignité, vers le campement.
- On se tire, mon gros, fissa !