Film Dune

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Le livre laisse le flou quand à la position de Jessica sur la raison d'avoir engendré un fils.
Elle l'a fait par amour pour Leto, mais ça c'est sa position "intérieure". Extérieurement, elle laisse sa patronne l'engueuler sur son arrogance, mais elle ne confirme - ni n'infirme - rien à ce moment là. Tout au plus elle laisse planer le doute.
Il me semble que dans le bouquin (que je n'ai pas relu exprès avant de voir le film) elle espère quand même secrètement donner naissance au KH, non ?
(04-10-2021, 20:06)latribuneludique a écrit : Il me semble que dans le bouquin (que je n'ai pas relu exprès avant de voir le film) elle espère quand même secrètement donner naissance au KH, non ?

Je ne m en souviens pas.
Du coup, mon souvenir n'est pas si mauvais.
Le film passe complètement à côté de cet aspect pour ne voir que le regard des BG : Jessica a tenté de mettre au monde le KH.
C'est étonnant alors que, d'un autre côté, il insiste bien sur l'héritage de la lignée Atréide.
En fait, ça confirme ce que je pense sur le "ratage" du personnage de Jessica. C'est bien la seule ombre au tableau pour moi.
On a pas mal de scène ou elle est dans les bras de Leto. Le côté espionne finalement amoureuse de celui qu'elle devait manipuler était la pour moi.
(Modification du message : 04-10-2021, 23:10 par Marduck.)
(04-10-2021, 20:06)latribuneludique a écrit : Il me semble que dans le bouquin (que je n'ai pas relu exprès avant de voir le film) elle espère quand même secrètement donner naissance au KH, non ?

Je crois même qu'avant leur arrivée sur Arrakis et les événements qui s'ensuivent, elle est convaincue que Paul est le KH, rapport à ses (légers) dons de prescience avant même qu'il soit exposé au Mélange.
Il faudrait que je relise le livre Wink .
Pour être en plein dedans, ça me semble être simplement par amour qu'elle a fait un héritier mâle au Duc Leto. Après effectivement elle semble se dire qu'il est peut-être l'élu, mais ça ne semblait pas être le but recherché. Il y a un passage où la fille de l'Empereur dit que sa mère n'a pas fait d'héritier mâle à ce dernier alors que lui aussi souhaitait perpétué la lignée et elle s'interroge sur laquelle a été "faible" ou "forte", laissant entendre qu'en suivant sa pulsion amoureuse, Jessica avait fait le bon choix.
J'ai attaqué la relecture du livre, et dès les premiers chapitres, lors d'un entretien entre Jessica et la Révérende Mère, cette dernière dit à Jessica "dans ton orgueil, tu voulais engendrer le Kwisatz Haderach!" et Jessica lui répond un truc du genre "et pourquoi pas!".

Mais y a bien l'amour qu'elle porte au duc qui est le motif principal.
Je me rends compte que je vais le relire dès ce soir...
He beh, je n'ai pas été aussi enthousiaste que vous. Peut-être parce que je connais trop bien les livres et que j'en fais une lecture différente, au-delà du conflit Atréides-Harkonnens-Empereur.

Alors Dune, le film, est beau, c'est sûr. Presque trop d'ailleurs, chaque plan ou presque semble taillé pour que la salle fasse "waaaa" et du coup çà m'en filé une indigestion car les plans vraiment mémorables sont noyés dans cette avalanche de plans fait pour impressionner.

La musique, c'est pompeux, pompeux et pompeux. Là aussi, le mieux est l'ennemi du bien et finalement cette pompe continue ou presque fait perdre de sa saveur à la musique.

Le film est lent, c'est un fait. Mais ça ne me gêne pas, Dune est une longue histoire complexe du coup une certaine lenteur est assez logique. On pourrait chipoter sur quelques plans inutiles mais rien de méchant.

Jusque là, ce ne serait pas bien grave en fait et le film pourrait rester bon.

Je passe sur la surexposition du personnage de Chani (personnage totalement secondaire dans les livres), l'écologiste impérial qui a changé de genre et qu'on a fait black pour être dans l'ère du temps, les mentats qui sont au mieux décoratifs, le retournement du docteur compacté à l'extrême, etc. A l'exception de Paul, Jessica et peut-être Duncan, les personnages sont au final fades à l'écran, leurs rôles, motivations et intérêt étant réduits à la portion congrue. Le film de Lynch arrivait, en moins de temps, à poser bien mieux les personnages. Mais ce n'est pas encore le plus gênant.

C'est bien dans la retranscription cinématographique du coeur de Dune que le bât blesse selon moi. Dune (livre) est avant toute chose une histoire de politique. Un univers dans lequel la Guilde et le Bene Gesserit, les deux vrais groupes dominants, manipulent les individus (l'Empereur, les nobles, etc) et les masses. Les deux organisations sont par ailleurs dotées de capacités surnaturelles (préscience et mémoire seconde surtout) qui les font agir bien en amont des évènements pour tenter de les altérer selon leurs objectifs respectifs.

Et c'est là le drame du film, la Guilde, la plus puissante organisation de l'univers connu, capable de faire et défaire les empereurs est réduite à un fan-club des Daft Punk qui passe 2 minutes à l'écran (sans rien dire en plus). Un spectateur ne connaissant pas l'univers ne percevra donc rien de l'importance de la Guilde. Pour le Bene Gesserit, on a droit à une courte explication sur l'eugénisme millénaire de la secte. Et leur objectif est "un monde meilleur". Euh... non, là c'est pas possible. L'objectif du Bene Gesserit, comme de la Guilde, c'est le pouvoir. Le Kwisatz Haderach n'est pensé que comme un outil de pouvoir qu'elle entendent évidemment contrôler.

Bref, Dune 2021 passe selon moi largement à côté du propos central du Dune (le livre) qui traite de l'usage de la politique (dans ce que le terme a de plus sale et immoral). Le film fait l'erreur de montrer les Maisons et (un peu) l'Empereur comme étant les joueurs de la partie alors que ce ne sont que des pions. On est donc dans une structure classique de guerre des clans, enfin ici des Maisons, là où Dune (les livres) expose toute la subtilité du pouvoir de la Guilde et du Bene Gesserit. Encore une fois, Lynch parvenait en quelques courtes scènes à faire passer ce message (la Guilde qui impose sa volonté à l'Empereur dés l'ouverture du film entre autres).

Au final, je laisse quand même au film le bénéfice du doute, peut-être la suite montrera-t-elle ce qu'est réellement l'âme de Dune en tant qu'oeuvre littéraire auquel cas ce premier film serait une vaste opération d'enfumage du public en lui faisant croire qu'il a compris les enjeux alors qu'il se met le doigt dans l'oeil jusqu'à l'os. Si tel est le cas, je pourrais même applaudir le concept, l'enfumage des masses étant une thématique largement développée dans les romans.