Les primarques : Mortarion, Magnus et Lorgar

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Après ceux-là, il n'en restera plus que trois.




 




<b>Mortarion – Primarque de la XIVème légion « Death Guard », l’idéaliste frustré</b>




 




<b>1/ Origine et analyse du nom</b>




 




Mors en latin (qui se décline mortem, mortis ou encore mortibus) signifie mort.  Attendu que Mortarion commande la Death Guard et vu le style du bonhomme, le lien semble assez basique et évident.  On prend le mot latin pour mort, on le bricole un peu et c’est bon, comme pour tant d’autres primarques (Ferrus, Sanguinius).




 




L’ajout en « -ion » sur la fin est en réalité plus intéressant à creuser selon moi.  Le son est originaire de Grèce (mer Ionienne, etc) et désigne un peuple et une région.   Et même si on le sait moins, Ion est aussi un personnage mythique.  Abandonné par sa mère qui a été engrossée par Apollon, chose qui se faisait beaucoup à l’époque, il devient gardien du temple d’Apollon à Delphe  et de la Pyhie qui y réside.  Il sera ensuite adopté par le roi d’Athènes qui a entretemps épousé la mère d’Ion (ta gueule c’est magique grec). 




 




Etonnamment, l’histoire d’Ion connait une fin heureuse : son père adoptif est sympa et sa mère finit par le reconnaître comme son fils.  Après avoir tente de l’empoisonner quand même, ignorant que c’était son fils et voyant d’un mauvais œil son mari adopter un gniard qu’elle n’a pas elle-même mis au monde (croit-elle).




 




Donc je reprends : fils d’un dieu, abandonné à la naissance, adopté par un roi, une histoire de poison et un caractère borné (cfr Ion, pièce de théâtre d’Euripide).  Je ne dis pas que c’est volontaire de la part des auteurs car fils de dieu et poisons sont monnaies courantes dans les tragédies grecques.  Mais çà colle pas trop mal, sauf pour la fin heureuse.




 




On peut aussi se dire que les auteurs aimaient bien le son « ion », qu’ils ont abondamment utilisé pour nommer des personnages dans leurs univers, surtout des elfes tels que Tyrion ou Eltharion.  En adjoingant un « ion » pour eux très elfique, les auteurs ont peut-être voulu connoter le personnage d’une touche d’esthétique peu évidente de prime abord.




 




Bref, Mortarion, c’est la mort plus un « -ion » aux origines potentielles multiples.




 




<b>2/ Analyse de la personnalité</b>




 




Revenons d’abord à l’histoire de Motarion.  Elevé par un potentat local sur Barbarus, il grandit à l’écart des humains.  Il devient ensuite un héros sur sa planète et protège la population des seigneurs de guerre qui y font régulièrement quelques massacres.  Il finit même par se fâcher avec son père adoptif (un seigneur de guerre donc).  Juste avant que Mortarion « libère » définitivement son peuple, papy arrive et prive Mortarion de cette victoire finale.  Déjà, la relation avec papy commence mal car Mortarion a combattu des années pour créer un âge nouveau sur son monde, il est à deux doigts d’y parvenir, il ne reste qu’un seigneur de guerre (le père adoptif évidemment, ta gueule c’est magiquegrec … 40k) et papy vient foutre la merde. 




 




Passons maintenant au temps de l’hérésie.  Horus n’a pas besoin de corrompre Mortarion  par un biais magique ou autre.  Il se contente de lui démontrer que l’Empereur n’est qu’un tyran du même type que ceux de Barbarus, du même genre que le père adoptif qu’il a jadis combattu.  En gros, c’est la même histoire qui se répète : un père décevant et un fils idéaliste qui se retourne contre lui.




 




Mortarion est donc à la base un idéaliste qui rêve sincèrement d’un monde meilleur.  Et qui se voit bien dans le rôle du sauveur permettant l’avènement de cette ère nouvelle.  L’Empereur le prive de ce rôle sur Barbarus et ensuite ne lui confie qu’un rôle très secondaire dans une croisade à laquelle Mortarion ne croit pas vraiment de toute façon.  Mortarion accumule énormément de frustrations, (ce qui le rapproche de Fulgrim et Perturabo) et possède un côté très humain dans son idéalisme (point commun avec Horus).  Horus et Fulgrim sont d’ailleurs les deux seuls primarques avec qui Mortarion s’entend. 




 




La corruption de Mortarion par Nurgle est sans doute la dernière ironie de l’histoire.  Idéaliste et croyant en un monde meilleur, il finit par devenir l’instrument du dieu du Chaos qui est l’opposé même de cette croyance.  Et c’est un phénomène bien connu en psychologie, si une croyance est trop longtemps frustrée, il n’est pas rare de voir le sujet basculer totalement dans la croyance contraire, rejetant en bloc son ancienne croyance.




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<b>Magnus le rouge – Primarque de la XVème légion « Thousand Sons », la tragédie du gars qui croyait bien faire </b>




 




<b>1/ Origine et analyse du nom</b>




 




Magnus signifie tout simplement « le grand » en latin.  Et rouge, vu qu’il était rouquin, il ne faut sans doute pas chercher plus loin.




Pour aller un poil plus loin, Magnus se traduit également au sens « important » ou « qui surpasse ses contemporains ».  Comme dans « Alexandre le Grand » ou Carolus Magnus (Charlemagne en VO). 




 




<b>2/ Analyse de la personnalité</b>




 




Magnus est sans doute le primarque qui a eu la destinée la plus tragique parmi les renégats (avec Alpharius peut-être).  Qu’il ait été fidèle à l’Empereur ne fait pas de doute, même après le concile de Nikae*.  Qu’il ait refusé d’écouter les conseils de l’Empereur est tout aussi évident.  Magnus était convaincu que l’avenir de l’humanité était intimement lié à une maîtrise de l’Empyrean.  Après l’Empereur, Magnus était sans doute le plus puissant psyker impérial de l’époque.  Il ne présente pour autant pas de trouble mental sévère.  Il est orgueilleux certes mais pas plus que d’autres primarques, d’autant que cet orgueil est « justifié » car il est le seul à voir venir l’Hérésie et à disposer de capacité mentales aussi puissantes. 




 




Je ne lui trouve pas de pathologie sérieuse et on peut légitimement s’interroger sur la « sagesse » de l’Empereur concernant le traitement qu’il réserve à Magnus.  Autrement dit, l’Empereur est le premier responsable de la corruption de Magnus.




 




Reprenons brièvement cette affaire complexe :




 




Acte 1 : Magnus sort du Concile de Nikae avec ordre de cesser ses manipulations du warp.  Il n’écoutera pas cet ordre, conscient des dangers que le Warp fait peser sur l’humanité.  L’Empereur de son côté se retire sur Terra, s’isole derrière une énorme barrière  psychique  pour tripoter la Toile eldar.  Son projet était manifestement de pouvoir utiliser la Toile, affranchissant ainsi l’humanité des périlleux voyages via le Warp.




 




Acte 2 : Magnus tente de « sauver » Horus lorsque les puissances du Warp le manipulent.  Il échouera.




 




Acte 3 : Magnus veut prévenir l’Empereur concernant l’Hérésie.  Pour se faire, il défonce toutes les protections psychiques mises en place par l’Empereur et de ce fait, se condamne lui-même car la colère de l’Empereur, sous la forme d’une arme Space Wolf (avec un peu de Custodes et de sistas), sera sans pitié.




 




Il y a véritablement quelque chose de tragique dans cette histoire car Magnus et l’Empereur ont finalement le même objectif : protéger l’humanité du Warp.  Le premier pense qu’il peut « maitriser » le warp alors que le second cherche plutôt à tarir le warp.  La voie de l’Empereur paraît plus sûre et il sait sans doute que l’on ne peut véritablement maîtriser l’Empyrean.  Devait-il pour autant se conduire de la sorte avec Magnus ?  Ne pouvait-il pas expliquer sa démarche et écouter l’avertissement de Magnus ? On touche là au défaut majeur de l’Empereur : son énorme suffisance.  Il estime ne pas avoir à s’expliquer sur ses choix car ceux-ci sont les meilleurs pour l’humanité.  L’Empereur malgré toute sa sagesse et sa puissance n’est pas pédagogue pour un sou et on se demande vraiment pourquoi il s’est entouré de tant de fils alors qu’il est incapable de les éduquer. 




 




*Moment culture gratuit : ce concile est inspiré du concile historique de Nicée en 325 ap. JC qui nous a laissé l’expression « ne pas varier d’un iota » (et qui a décidé de la nature divine de Jésus au passage).




 




 




<b>Lorgar Aurelian – Primarque de la XVIIème légion « Word Bearers » - L’Angoissé</b>




 




<b>1/ Origine et analyse du nom</b>




 




Une fois encore, on peut chercher dans les langues anciennes l’origine du nom de Lorgar.  Logos en grec se traduit par parole ou discours.  En théologie, logos désigne également l’ultime porteur de la parole de Dieu (Jésus donc dans la tradition chrétienne).<span>  Je cite wikipedia : « Pour les catholiques, Logos désigne le rapport de Dieu à l’homme via un discours rationnel, cohérent et appuyé par une démarche philosophique ».
</span> En somme la position exacte que Lorgar souhaitait occuper pour l’Empereur mais que ce dernier lui a refusé.




 




Une autre théorie évoque un jeu de mot avec le mot anglais « Lore » (connaissance).  Je n’y crois pas beaucoup car les jeux de mots tordus ne sont pas la norme dans la dénomination des primarques alors que les références aux langues classiques (latin et grec) sont très présentes.  Pour ma part, je considère donc la première hypothèse comme très crédible.




 




Son nom ne prête lui pas à confusion : Aurélian (Aurélien en français), empereur romain qui a pavé la voie de l’hégémonie chrétienne en occident.  On lui doit Noël le 25 décembre par exemple, le repos du dimanche jour de Dieu et plein d’autres choses.  Bien qu’il ne fut pas chrétien, le culte du Sol Invictus qu’il mettra en place ouvrira pleinement la voie à la christianisation de l’occident quelques années plus tard avec l’empereur Constantin.  Le culte du Sol Invictus est surtout adopté par les militaires et se voulait un culte rassembleur capable d’absorber par syncrétisme les autres cultes.  Bref, le lien est tellement gros que le doute n’est pas permis.




 




<b>2/ Analyse de la personnalité</b>




 




La personnalité de Lorgar est en fait très simple : il est le plus humain des primarques dans sa faiblesse.  Parce que la faiblesse de Lorgar est la plus commune du monde : c’est un angoissé.  Et plus spécifiquement, il symbolise l’angoisse de vie et de mort que nous éprouvons tous à divers degré.  Tout être vivant et pensant autrement dit tout être humain est naturellement angoissé par cette question « pourquoi je vis / meurt ? ».  C’est la question première de l’humanité.  Donner un sens à la vie est donc indispensable pour apporter une réponse dont l’esprit peut se satisfaire.  Et c’est la fonction centrale de toutes les religions du monde : donner un sens à la vie et donc automatiquement à la mort, cette dernière étant indissociable de la vie.  L’humanité s’invente des dieux depuis des milliers d’années pour contrôler cette angoisse de vie.




 




Lorgar est donc un grand angoissé qui éprouve un énorme besoin de donner un sens à sa vie.  Sans une réponse simple et claire à cette question, il panique totalement et tombe dans un état dépressif sévère.   Son premier mouvement est bien entendu de faire de papy un dieu.  C’est naturel, çà tombe sous le sens et çà lui plaît bien.  De plus comme tout bon religieux le sait, être celui qui apporte « la Réponse » aux autres octroie un grand pouvoir temporel.  Lorgar peut ainsi faire taire ses angoisses et s’assurer une place de choix dans l’univers. 




 




Malheureusement pour lui, çà ne plaît pas à papy qui est conscient que la réponse « dieu » limite le potentiel de l’humanité et qu’il ne s’est pas fait chier à éradiquer les religions pour lancer la sienne.  L’Empereur répond à la question de vie par « pour dominer l’univers et non pour être dominé par lui ».  En somme papy nous dit que l’homme doit se concevoir comme étant lui-même un « dieu » (dans le sens dominant l’univers) et qu’il répondra ainsi à son angoisse de vie. 




 




Lorgar ne peut accepter cette réponse car elle implique d’être seul, de se prendre en main sans placer la charge de l’angoisse entre les mains d’un être supérieur réel ou fantasmé.  Lorgar n’a tout simplement pas les couilles pour cela, contrairement à de nombreux primarques (Roboute en tête).  En pleine crise existentielle, Lorgar est alors facilement séduit par le warp qui se présente à lui sous une forme « divine » que Lorgar est tout prêt à accepter.   




 




Bref, Lorgar est un faible, incapable de gérer par lui-même son angoisse de vie et en cela, il est très humain.


(Modification du message : 04-01-2018, 11:58 par Alias.)

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Les primarques : Mortarion, Magnus et Lorgar - par Alias - 02-01-2018, 13:55