Le Grand Echiquier

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Bonjour,


Ayé, j'ai publié la dernière nouvelle que j'ai écrite. Je vous préviens tout de suite : c'est la plus longue nouvelle que j'ai écrite (17 pages word) et je fais 2 ou 3 références à mon premier récit intitulé "Le Vaisseau-Monde".


Tant que j'y pense : je n'ai pas censuré mon texte. J'ai juste mis un message d'avertissement pour les plus jeunes.


Je vais enfin avoir le temps de lire les nouvelles de KDJE et des autres !


Bien sûr, les commentaires sont les bienvenus.


<b>Edit du 15/04/2008 </b>: le site w40kaos semble abandonné par son propriétaire depuis son hackage (et je le comprends). Je recopie donc mon histoire directement sur Warmania.


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<i>Avertissement : certains passages de ce texte peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes.</i>




<b>Le Grand Echiquier</b>

<b><i>Chapitre I : Un Jeu Divin</i></b>


<b>- Le joueur blanc - </b>


Il y a bien longtemps, dans cet espace dimensionnel parallèle à l’univers matériel qu'on appelle "le Warp", un esprit est né de l’insatisfaction de leur sort de l'ensemble des êtres vivants de la galaxie. De tous les êtres qui nourrissent sont essence, les humains sont sa plus grande source de puissance. C'est l'un des rare peuple qui soit en perpétuelle insatisfaction tout en ne faisant pas grand-chose pour améliorer les choses. Pire, les humains qui n'y sont pas forcés ont tendance à se réfugier dans l’abri douillet de ce qu'ils maîtrisent déjà et se reposent sur leurs acquis. Pourtant, au fin fonds de leur esprit, tout n'est que révolte et volonté de voir changer le monde où ils vivent, hormis la bulle protectrice personnelle que chacun met des années à se forger…


Dans le Warp, un être regarde une toute petite fraction de l'univers qui n'a pas évolué depuis deux millénaires et songe à un plan. Cet être, ce Dieu n’est autre que le Grand Architecte, le Dieu Chaotique du Changement qui n’hésite pas à raser des mondes entiers pour bâtir de nouvelles civilisations. Pour lui, la stagnation est synonyme de décrépitude, tout doit évoluer et il est prêt à bien des sacrifices pour atteindre son but. C’est hélas au milieu du malheur et du désespoir que les esprits sont les plus féconds et que les peuples montrent le plus d'ingéniosité et de solidarité. Cet esprit est par sa nature contre l’ordre instauré et durable qui d'après lui, engendre la faiblesse. Ses armes principales sont la ruse et la manipulation des esprits faibles. L’Humanité qui a besoin de toujours tout codifier lui a donné un nom : Tzeentch.


Aujourd’hui, Tzeentch élabore un nouveau plan. Celui-ci est différent des autres car il peut renverser complètement l'équilibre des forces qui écrasent la galaxie comme un étau.


…………


<b>- Le joueur noir - </b>


Dans le Warp, une autre entité veille également. Cet esprit nargue les autres Dieux et est passé maître dans l’art de déjouer leurs plans et de se moquer d’eux. Il est comme le caillou dans la chaussure, comme le sable dans les yeux, comme le goût amer dans un plat. Les autres Dieux le connaissent et s’en méfient. Lui-même n’est pas dangereux, mais il est agaçant et n'a de cesse de protéger ses enfants. L’Humanité lui a donné un surnom : le Dieu Moqueur. Ses enfants de la civilisation Eldar l'appellent le Grand Arlequin.


…………


<b>- Les pions - </b>


Dans le Warp, les pièces de chaque divinité sont déplacées sur le grand échiquier du destin où les peuples de l’univers réel sont des pions utilisés avec subtilité. Les instruments de Tzeentch sont les êtres de toute race en quête de pouvoir personnel, avec une prédilection pour les sorciers qui se pensent tellement supérieurs aux autres grâce aux pouvoirs psychiques démesurés que Tzeentch remet lui-même entre leurs mains. Les pouvoirs mentaux sont à la fois une bénédiction et une malédiction pour ceux qui en possèdent : les psykers sont vus comme des marginaux et ils sont recherchés/poursuivis dans toute la galaxie. Seuls les plus intelligents et les plus rusés s’en sortent. Quoi qu’il en soit, tous servent les dessins de Tzeentch, que ce soit volontairement ou non.


Les instruments du Dieu Moqueur sont les enfants des étoiles : il s'agit ni plus ni moins de l’ensemble de la civilisation Eldar. Bien sûr, ses pièces maîtresses sont ses bien-aimés Arlequins qu'il protège de toute sa ruse face à l'appétit d'un certain Dieu Chaotique, le Prince des Plaisirs. Cependant, les Arlequins cachent et protègent toutes les connaissances ésotériques et démonologiques qui ont conduit les Eldars à leur Chute et au réveil de Slaanesh, dans un Vaisseau-Monde au fin fonds de « la Toile ». Ce Vaisseau-Monde s’appelle la « Bibliothèque Interdite ». Evidemment, tous les sorciers de la galaxie voudraient avoir accès à ces connaissances fabuleuses qui leur permettraient de soumettre les démons du Warp à leur volonté…


La partie divine est commencée, le joueur blanc joue en premier.


…………


<b><i>Chapitre II : Les pièces maîtresses</i></b>


<b>- Syrus - </b>


Syrus était un enfant doué pour son âge, bien trop doué. Dans les bas-fonds du monde-ruche où il est né sur la planète Tantos, personne ne comprenait ses idées ni sa passion dévorante pour tout ce qui touchait aux sciences occultes : il était déjà bien assez difficile de trouver de quoi se nourrir chaque jour pour se préoccuper de « choses qui n’existent que dans la tête ». Ses amis le raillaient, ses parents le battaient et sa vie faillit se terminer le jour où, pour échapper à un gang, il fit exploser la décharge industrielle qui lui tenait lieu de dortoir. Quand les Arbites arrivèrent pour enquêter sur l’explosion, Syrus n’eut d’autre alternative que d'aller courir se cacher dans les profondeurs de la ruche parmi les exclus de la société. Il n’avait alors que neuf ans. Les Arbites n’osèrent pas s’aventurer dans les bas-fonds et se dirent qu’un gosse de neuf ans ne pouvait pas faire grand mal. L’affaire fut classée.


Un chef de gang eut l'idée d'utiliser sa petite taille d'enfant pour ses raids et le prit sous sa protection. « En bas », les conditions de vies sont très différentes de la vie d'en haut et ce qui est considéré comme une tare dans les strates supérieures de la ruche est considéré comme un atout en bas. Les capacités mentales innées de Syrus furent accueillies avec enthousiasme. Il ne restait plus qu’à les développer en toute discrétion et à les utiliser pour le plus grand bien du gang. Syrus fut conduit devant un mage mercenaire engagé spécialement pour l'éduquer et modeler son jeune esprit. Le chef du gang avait de grands projets pour lui.


Syrus avait autant d’intelligence et de curiosité que de mauvais caractère. Au fil des mois, il devint évident que son maître n’était plus à la hauteur de ses attentes. Celui-ci était tellement doué et tellement avide d’apprendre, que dans un élan de fureur et de frustration, il fit exploser la tête de son mentor dans un éclair aussi foudroyant qu’assourdissant. Décidément, il était très doué avec la manipulation des énergies brutes. Il ne se rendit pas compte qu’une voix intérieure riait doucement. En fait, il était fier, très fier d'être plus fort que son professeur. D'ailleurs, il leur montrera un jour à tous ce qu'il sait faire et il deviendra lui-même leur chef.


Ce fut le début de l’élévation de Syrus parmi les gangs sur Tantos.


Vingt années se sont passées durant lesquelles Syrus ne cessa de se plonger dans les arcanes. Il avait pris connaissance du Warp et apprenais à le détecter et à en manipuler les courants qu'il ressentait dans l’univers matériel. Il en était même arrivé à invoquer des petits démons qui, à sa plus grande surprise, le poussèrent à aller encore plus loin. Comme il ne rechignait pas devant la besogne et que sa rage intérieure n'avait pas de fin, un démon lui ouvra un jour les portes d'un culte de Tzeentch. Désormais, il devint suffisamment puissant sur son monde-ruche pour attirer à nouveau l’attention de l’Adeptus Arbites : il répandait la terreur dans les bas-fonds en y lâchant des bandes de démons. Toujours sur le qui-vive concernant le danger des psykers, l’Adeptus Arbites n’aimait vraiment pas entendre parler de ce genre d’histoires. Ils n’avaient reçus qu’un seul ordre : purger l’intrusion chaotique. Sentant ses anciennes peurs refaire surface, Syrus décida de quitter ce monde devenu beaucoup trop petit et trop hostile à son goût.


Au hasard du passage des flottes marchandes, Syrus acheta à prix d'or une place discrète à bord d'un navire de contrebandiers qui partait vers la bordure extérieure du secteur à bonne distance des dernières bases de défense de l'Imperium.


…………


Le navire marchand approcha de sa destination : Yavaunh, petite planète en bordure de la galaxie dans un système assez isolé mais dont la plus grande des qualité est d'être ignorée par l'Imperium tant que la dîme est payée. Son nom serait d'origine Eldar paraît-il. Personne ne sait pourquoi les humains n’ont pas changé son nom.


Yavaunh est partagée entre des vallées boisées et fertiles et des sols rocheux riches en minerais et cristaux de toutes sortes. Les principales productions de Yavaunh sont les métaux et les tissus. Toutefois, la petite planète est extrêmement fière de ses deux plus grands trésors : un cristal d'une finesse et d'une pureté exceptionnelle et une soie des plus étrange. Une fois tissée, elle est capable de ressentir l'émotion de la personne qui la porte et de changer de couleur en conséquence. Le plus étonnant est que le fil de soie que fabrique l'insecte, bien que d'une qualité exceptionnelle, ne montre aucune particularité psychique !


Les habitants de Yavaunh sont des gens simples mais d'une très grande honnêteté. Le gouvernement est basé sur un système féodal s'appuyant sur un sens accru de l'honneur. Du fait de la richesse naturelle de Yavaunh, le peuple n'a connu que peu de conflits. L'artisanat et les arts ont pu se développer bien mieux que sur d'autres planètes de type féodal. Bien sûr, les artisans les plus réputés sont les maîtres verriers qui sont capables de donner au cristal toutes les formes et toutes les teintes qu'ils peuvent imaginer. L'autre artisanat le plus répandu est le Tissage des étoffes et les maîtres Tisserands gardent jalousement le secret de leur soie exceptionnelle.


Quand Syrus débarqua, il fut immédiatement séduit par la beauté sauvage de ces paysages et par l’adresse et la convivialité de ce peuple frustre et simple. Quand il découvrit la soie si particulière de cette planète, il ressentit une résonance familière dans son esprit, comme si elle établissait d'elle-même un lien avec le Warp. Intrigué, il décida de trouver le moyen de s’en procurer. Ses premières recherches se concentraient sur les cristaux. Il s’aida de ses pouvoirs pour leur donner une forme et des jeux de couleurs inconnues jusqu’alors. Cherchant à s'intégrer parmi la population, il commença une petite vie d’humble artisan en cristal. Un jour, il eut suffisamment d’argent pour s’offrir quelques centimètres du précieux tissu. Dès qu’il l’eut en main, il n’eut plus aucun doute : le tissu avait une résonance psychique qui ne pouvait provenir de l’insecte lui-même. Il se fit un devoir, grâce à de généreux cadeaux et des paroles flatteuses, de se lier d’amitié avec un Tisserand dans le seul but de contempler le métier sur lequel celui-ci fabriquait cette étoffe extraordinaire.


Quelle ne fut pas sa surprise quand il découvrit une délicate machine qui aurait plusieurs milliers d’années et qui aurait conservé une apparence et un fonctionnement comme au premier jour.


« Elle se répare toute seule » lui répondit le Tisserand avec une petite tape sur l'épaule. « Tu veux voir ? »


Le Tisserand pris une pointe de Diamant et fit une mince rayure sur le métier à tisser. En quelques secondes, la matière se reforma et la rayure disparut sous les yeux incrédules de Syrus. Il se pencha en avant et remarqua une petite rune sur le côté de l’appareil. Ces marques, cette écriture Ô combien haïe, il ne la connaissait que trop. Il devait en apprendre plus sur l’origine de cette machine.


Ce soir-là, Syrus s'exila dans sa chambre et entra en transe.


…………


Cela fait maintenant plusieurs jours que Syrus n’est pas ressorti. Il est assis en tailleur, les yeux mi-clos, nu au milieu d’un pentagramme dessiné avec le sang d’un animal sacrifié. Il cherche, il sonde chaque coin, chaque parcelle, chaque région de la planète à la recherche d’une quelconque résonance Warp et ne trouve absolument rien. Au bout de plusieurs jours, il a l’idée d'aller chercher ailleurs. « Combien de planètes il y a-t-il dans ce système déjà ? »


Il ne lui fallu pas longtemps pour la trouver. Elle était là, lumineuse dans le Warp tel un phare qui vous éblouis et c’était exactement ce qui lui arrivait ! Il ne pu soutenir l’intensité psychique dégagée par la Porte Warp. Une Porte de la Toile de ces maudits Eldars se trouvait à l’équateur de la première planète après Yavaunh en direction de l'étoile ! Il ne lui fallu pas longtemps pour mûrir un plan digne de lui.


…………


<b>- Tyrion - </b>


Il y a deux mille ans, Tyrion naquit sur la planète Miran qui n’avait connu que la paix. Comme tous les jeunes Eldars de son époque, son enfance n’avait connu que l’amour des siens, les jeux et les arts. Son esprit inspirait plus que tout à l’expression corporelle et à cultiver la beauté et l’agilité de son corps au plus haut degré de la perfection dont sa race était capable.


Il avait rejoint la principale école d’arts de sa citée et il s’épanouissait dans la danse tel une fleur au milieu d’un jardin.


Puis vint la tragédie. Un Bio-Vaisseau Tyranide isolé, certainement rescapé d’une bataille plus lointaine encore, s’en prit à sa chère planète. Il s’en suivi une préparation à la guerre dans laquelle devait s’impliquer tous les Eldars en âge de combattre. Hélas, malgré une lutte acharnée de tous les habitants de sa citée, les monstres Tyranides eurent presque raison de ses compatriotes qui se battaient à un contre cent. Comme tous les jeunes de son âge, on lui avait mis une terrible catapulte à shurikens entre les mains en lui disant de tirer sans s’arrêter si jamais une créature alien parvenait à pénétrer le dôme de cristal où il s’était réfugié avec les autres enfants et adolescents.


Aujourd’hui, il se rappelle toujours le bruit assourdissant les canons stellaires délivrant leurs messages de mort, le choc des explosions qui faisaient vibrer le sol et le dôme tout entier qui tremblait sur ses fondations. Le plus horrible fut néanmoins les cris des adultes qui mourraient par milliers. Oh oui, il a eu peur ! Oh oui, il se souvient d’avoir appelé de toutes ses forces les bras protecteurs de son père et vouloir entendre une fois encore les mots doux et rassurants de sa mère. Oh oui, il se souvient les yeux remplis de larmes, d’avoir tenu cette catapulte à shurikens si fortement que ses mains en ont été meurtries pendant plusieurs jours.


Il se souvient aussi du silence effrayant qui suivit la bataille. Le plus atroce étant quand vous ne savez pas ce qui est en train d’ouvrir la porte et que votre vie en dépend…


Quand un capitaine d’escouade entra les yeux rougis, Tyrion pu enfin donner libre court à ses angoisses, hurla le nom de ses parents et se mit à courir à leur recherche. Le spectacle qu’il vit dehors était Dantesque ! Il vit une machine humanoïde titanesque retourner une masse visqueuse aussi énorme que nauséabonde, mais surtout il vit que les collines où il aimait se promener avec ses amis avaient disparues ! A la place, de gigantesques canons dont l’air brûlant aux extrémités semblait danser sur l’air macabre des râles, des cris et des pleurs des Eldars en deuil.


Tyrion finit par retrouver ses parents qui marchaient sur la plaine le regard vide, extirpant machinalement les pierres-esprits contenant les âmes des hommes et des femmes tombés au champ d’honneur. Voir leur fils courir vers eux leur permis de reprendre quelques couleurs car il représentait leur avenir, il était tout ce qu’il leur restait. Tant que les enfants des Eldars naîtront, l’espoir de leur race existera toujours.


Les forêts étaient détruites, les ruisseaux déversaient un liquide nauséeux qu’on aurait pu difficilement qualifier d’eau, la terre elle-même avait été souillée par des spores de bile, la faune et la flore avaient quasiment été détruits. L’air lui-même semblait se modifier. Le conseil des anciens conduit par Prince Lofyr réunit la population en une assemblée extraordinaire et déclara que la planète allait devenir un immense vaisseau spatial et qu’il leur faudrait trouver une nouvelle planète d’accueil. Il a appelé ce vaisseau un « Vaisseau-Monde ».


Après la guerre, Prince Lofyr, Archonte et fils de Grand-Prophète, était partit chez les Arlequins pendant deux dizaines d’années afin de se préparer à passer les épreuves qui ont fait de lui un Grand-Prophète. Aujourd’hui, les épreuves ont été passées avec succès et Miran a un guide spirituel et politique qui permet à son peuple d’envisager l’avenir avec espoir.


A bord du Vaisseau-Monde « Miran » la vie était très dure, très stricte et très différente de ce que les Eldars connaissaient avant. Les Exarques qui ont accepté de former de nouveaux Guerriers Aspects appliquèrent une discipline stricte à laquelle le peuple de Miran n’était pas habitué, mais qui s’avérait nécessaire à la survie du Vaisseau et de sa population. Evidemment, tous les Eldars n’étaient pas des Guerriers, mais tous les civils devaient suivre une formation militaire en tant que Gardien.


Pauvre Tyrion, à chaque fois qu’il avait une catapulte dans les mains, il se remémorait les scènes de paniques et de mort qu’il a vécu ainsi que tous les siens. Dès qu’il entendait le sifflement caractéristique du disque à haute vélocité sortir de son arme, il n’entendait que les cris d’agonie des habitants de son ancienne cité. A chaque fois, il était au bord de la crise de nerfs, si bien qu’il fut décidé qu’il serait dispensé du service actif.


Hélas pour lui, ses amis garçons et filles ne lui pardonnèrent jamais ce qu’ils considéraient comme de la lâcheté. Comment pouvaient-ils comprendre que seuls la musique, les chants et la danse suffisaient à remplir sa vie, à eux qui ne rêvaient que de mort, de vengeance et de sang ? Petit à petit, il devint le souffre-douleur de tout son entourage et il s’isola de plus en plus. Même son maître de ballet, pourtant le premier de ses admirateurs, faisait parfois des allusions à son manque de civisme qu’il prenait pour de l’irresponsabilité et de l’insouciance.


Selon le nouveau calendrier qui datait de la transformation de la planète Miran en Vaisseau-Monde, trois jours de fêtes célébraient la nouvelle année en commémoration de la victoire amère sur les rejetons de la « Grande Dévoreuse ». Chaque année, Tyrion assurait une partie du spectacle et pendant trois jours, faisait l’admiration du peuple de Miran. Prince Lofyr lui-même était à chaque fois sous le charme de ce jeune talent. De par son statut, Tyrion se vouait corps et âme à son art, n’ayant plus rien à faire d’autre sur un Vaisseau-Monde guerrier où il se sentait de plus en plus un étranger.


Un destin étrange poussa un jour un groupe d’adolescents à aller le voir une nuit dans sa chambre et à lui montrer combien il était lâche de ne pas participer à la défense de son peuple. Tyrion fut frappé, battu, ligoté puis humilié par tout un groupe d’adolescents dont certains étaient de ses amis intimes. Il en fut tellement choqué qu’il s’enferma dans un mutisme total et refusa de monter à nouveau sur une scène. Prince Lofyr eut vent de cette affaire et s’en émut.


Moins d’un mois après son agression, Tyrion fut appelé dans la salle du conseil où l’attendaient Prince Lofyr et son conseil. Sous-alimenté et en manque de sommeil, c’est tout tremblant que Tyrion s’avança vers le trône. Prince Lofyr parlait d’une voix douce et chaude :


« Mon enfant, je dois conduire notre peuple vers son avenir. Tout notre peuple sans aucune exception. Tu es notre enfant chéri et tes capacités sont incomparables. Hélas, sur ce vaisseau, ton art n’est pas suffisant pour assurer ta survie ni la nôtre.»


A ces mots, Tyrion blêmit encore plus. Son cœur battait la chamade et quelques gouttes de sueur perlaient sur son front.


« Je dois dire que ton art est inégalé et c’est avec une grande tristesse mélangée à une grande fierté que j’ai appelé des amis qui vont dorénavant s’occuper de toi et de tes talents.»


Tyrion, le cerveau en ébullition s’imaginait déjà partir en exil ou embarquer dans une flotte pirate à distraire des membres d’équipages ou pire...


« Tyrion, je te présente mon ami et mon mentor : Denaïr, chef spirituel et politique de la troupe Arlequin des « Larmes de Sang ». On l’appelle communément un « Prophète de l’Ombre ». Il s’occupera de toi et te rendra cette fierté que tu penses avoir perdu à tout jamais. Il t’aimera comme moi-même et nous aurons toujours de tes nouvelles.»


A ces mots, Tyrion perdit toute réserve, fondit en larme et courut dans les bras de son Prince. Au bout de quelques minutes de réconfort envers le jeune homme, Prince Lofyr déclama :


« J’ai visité de nombreux avenirs. Dans plusieurs d’entre eux, Tyrion a un rôle à jouer et son destin est maintenant de faire partie de la Troupe. Nous sommes déjà très fiers de lui, mais il est temps à présent qu’il entre réellement dans La Danse. »


…………


<b>- Denaïr - </b>


Denaïr est un prophète âgé de plus de six mille ans. Il a bien connu le père du Prince Lofyr et il a participé à sa manière à la défense de l’ancienne planète Miran. C’est lui qui a plongé dans l’ombre l’ensemble du champ de bataille, permettant l’intervention rapide et sûre de ses Arlequins.


Aujourd’hui, Denaïr vit à bord du Vaisseau-Monde « Ynnead » à l’une des extrémités de la Toile, hors du temps et de l’univers matériel. Comment cela fonctionne réellement, peu d’Arlequins le savent : la Toile a été tissée par les Anciens qui s’en servaient pour voyager d’un bout à l’autre de la galaxie. Les Anciens ont créé la civilisation Eldar qui utilise la Toile à son profit depuis que leurs créateurs se sont éteints. Les Arlequins et les Eldars ne font qu’utiliser la Toile, ils ignorent comment l’étendre ou la renouveler.


Grâce à des « Portes », la Toile débouche sur de nombreuses planètes jadis habitées par les Eldars, ou bien s’ouvre sur d’immenses ponts d’embarquement à bord des Vaisseaux-mondes. Peu importe où se trouve physiquement une telle porte dans le monde réel, chacune d’entre elle est reliée à la Toile par un accès qui lui est propre.


Depuis la Chute des Eldars et la catastrophe cosmique qui a accompagné l’Eveil de Slaanesh, le Prince des Plaisirs, beaucoup de ces portes débouchent maintenant sur des Mondes-Démons ou sur le vide interstellaire. Ces portes ont été scellées à tout jamais.


Peu avant la Chute, les Arlequins ont construit un Vaisseau-Monde pour y enfermer et protéger le savoir technologique, psychique et démonologique des Eldars. Certains pensent que ces connaissances permettraient de rivaliser en puissance avec les Dieux eux-mêmes. Ce Vaisseau-Monde, la « Bibliothèque Interdite », ancré au plus profonds de la Toile n’est accessible à aucun mortel qui n’y soit expressément invité par les Arlequins qui sont ses gardiens. Aucun démon n’a jamais réussit à y pénétrer. Ses plus grandes protections sont le secret de son emplacement et la complexité incommensurable de la Toile. Cependant, l’étendue complète des protections dont dispose le vaisseau est inconnue et certaines rumeurs parlent de protections magiques, invisibles même aux psykers les plus puissants.


…………


<b><i>Chapitre III : La partie</i></b>


<b>- Ouverture des blancs - </b>


Syrus multiplia ses prouesses avec le cristal et commença à intéresser la noblesse : il leur montra des morceaux gros comme le poing avec une pulsation rouge lumineuse frémissante à l’intérieur. Personne n’avait jamais rien vu d'aussi extraordinaire et Syrus commença à devenir célèbre, ce qui voulait dire également riche. Bien sûr, personne ne se doutait que l’essence de petits démons était prisonnière à l’intérieur de chaque bloc translucide. Syrus en offrit aux membres les plus influents des royaumes et aux plus grands seigneurs féodaux. Bientôt, il fut accueillit dans toutes les grandes maisons de Yavaunh.


Tout aurait été pour le mieux s’il n’y avait eu des rumeurs au sujet de paysans disparus et de villages détruits… En moins d’un mois, la panique se répandit dans les grandes villes parlant de « choses horribles » qui attaquent les villageois et qui semblent prendre du plaisir à vouloir tout saccager. Il paraîtrait même que pour un monstre mort, deux sortent de son cadavre ! Ces horreurs font des dégâts considérables et il faut trouver un moyen de les arrêter. En fait, personne ne sait d’où elles viennent ni pourquoi elles sont là.


Syrus choisit ce moment pour demander une audience à son souverain et promit de débarrasser le fief de toutes ces horreurs. Devant le doute du souverain et de ses conseillers militaires, Syrus fit une petite démonstration de ses pouvoirs : il commença par murmurer un nom secret puis s’exprima dans une langue inconnue. Les mots susurrés entrèrent en résonance avec l'air de l’immense salle du trône, si bien que tous durent se protéger les oreilles comme ils purent pour éviter d'être assourdis. Certains en eurent les larmes aux yeux et dans un grondement terrible, les plus courageux purent voir un mur de granit sortir du sol. Syrus tandis les doigts et en un éclair, fracassa le mur qui explosa et fut réduit en poussière. D’un mot, il convoqua un vent magique qui contint les débris et les rassembla en un tas au milieu de la pièce qui redevint étonnamment aussi propre qu'avant.


Une fois l’émotion passée, le souverain fut reconnaissant à Syrus d’accepter de débarrasser son fief de ces choses qui attaquent les villages. Personne n’avait remarqué que les cristaux offerts par Syrus n’émettaient plus la moindre couleur. En tous cas, personne n'avait osé s'en plaindre.


En quelques jours, toute la région était débarrassée de ce que Syrus appelait des démons, à grands coups d’éclairs tonitruants et d’effets pyrotechniques spectaculaires. Pour l’aider à débusquer les repaires de démons, Syrus fit appel à des volontaires qui se firent de plus en plus nombreux. Sa renommée grandissant, on fit appel à lui sur tout Yavaunh et grande fut leur surprise quand certains de ses suivants commencèrent eux aussi à pouvoir lancer des éclairs et cracher du feu. L’admiration commençait tout de même à se transformer en crainte.


Il ne fallut pas longtemps pour que Syrus, fort d’une armée de dix-mille hommes et d'une dizaine d’apprentis-sorciers réclama la souveraineté de Yavaunh, ce qu’on lui accorda le plus simplement du monde parce qu’il était devenu la personne la plus influente de tous les royaumes et qu'il les avait tous sauvé d'une mort certainement atroce.


Enfin seul et maître d’un monde conquis aux frontières de l’Imperium et malgré les risques encourus, Syrus commença dans le plus grand secret, les préparatifs d’un long rituel qui lui permettra de convoquer un Démon Majeur et de viser encore plus haut...


…………


<b>- Ouverture des noirs - </b>


La vision de Denaïr est agitée. Plongé dans les flux et reflux des avenirs possibles de son peuple, il écarte les avenirs parasites et improbables et fini par concentrer sa vision sur un monde féodal Mon-Keigh. Son expérience le fait rechercher des indices sur le lieu et le temps de sa vision : il voit cinq planètes en rotation autour d’une étoile de petite importance. Il y voit des humains fiers et ayant un sens aigu de l’honneur et de la loyauté, plutôt inhabituel chez cette race. La principale raison étant l’autosuffisance de cette planète et son éloignement du cœur des mondes colonisés par les Mon-Keigh.


Il ressent une très grande résonance psychique venant d’un unique humain sur cette planète. C’est un étranger qui cache ses pouvoirs afin de se fondre dans la population. Il s’est isolé et passe beaucoup de temps à sonder psychiquement tout le périmètre. Il recherche quelque chose... Non ! Il a trouvé quelque chose ! Il a trouvé une entrée sur la Toile ! ALERTE !!


Avalant sa salive à grand-peine, Denaïr essaye de ne pas succomber à la panique. Un Mon-Keigh ayant une puissance psychique phénoménale vient de détecter une entrée dans le saint des saints de la civilisation Eldar. Réunissant ses meilleurs prophètes, un conseil extraordinaire se met en transe et explore les avenirs à la recherche d'une issue possible.


…………


« Ces Mon-Keigh sont à l’âge préhistorique par rapport à nous, nous ne risquons absolument rien ! »


« Le psyker est seul. Je propose un assassinat. »


« Regardez, ce peuple est tellement naïf qu’il en fait ce qu’il veut ! »


« Ce n’est pas possible, il leur fait quelques tours de passe-passe et ils lui donnent les pleins pouvoirs. Ne voient-ils donc rien ? »


« Ca y est, il monte une armée. Compte-t-il prendre d’assaut une Porte de la Toile avec des épées et des lances ? »


« Là ! La marque de Tzeentch ! Et ici, un Démon ! »


…………


Il est maintenant évident pour Denaïr que le psyker présent sur ce monde Mon-Keigh est un suppôt de Tzeentch et qu’il sait s’y prendre pour mener les humains primitifs et naïf par le bout du nez. Il a obtenu le pouvoir par la ruse et prépare un plan pour se monter une légion armée.


…………


« Il fera semblant de monter une force primitive, puis il fera la démonstration de sa puissance en offrant des armes et des armures énergétiques aux couleurs de Tzeentch. »


« Pour lutter contre les forces démoniaques pourtant dérisoires auxquelles les humains devront faire face, le psyker leur promettra des armes enchantées, aussi auront-ils des bolters dans les mains sans même s’en étonner. Il invoquera des démons de plus en plus puissant et donnera à sa légion les armes les plus évoluées et même des véhicules lourds. »


« Ses négociations avec les démons porteront leurs fruits. Le psyker ouvrira un portail Warp et fera venir des Space-Marines Chaotiques pour entraîner et diriger sa nouvelle armée. En moins de deux ans, il se retrouvera à la tête d’une légion d’une absolue loyauté et prête à passer à l’attaque. »


« Sous la direction des Space-Marines et de Tech-Marines renégats venus en quête de pouvoir, la métallurgie et l’industrie se développeront à une allure hallucinante. Des mercenaires amèneront du matériel et des technologies extra-terrestres complèteront le tableau. En cinq ans à peine, le premier vaisseau spatial sera apte à partir à la conquête du secteur avoisinant. En l’espace de dix ans, c’est toute une flotte d’invasion qui sera prête. »


Tout à leur voyage spirituel, Denaïr et son conseil entendent un rire malsain dans une partie de leur esprit. Ils entendent aussi un rire sarcastique… Le prophète sait ce qui se passera : les premiers Spaces-Marines fouleront le sol de ce monde féodal au nom de Tzeentch. Ce n’était qu’une question de temps pour qu’une armée parfaitement entraînée soit prête à conquérir de nouveaux mondes dans ce secteur de la galaxie.


…………


« La porte de la Toile se trouve sur la planète Yavaunh dans le système Anthos III et le psyker ennemi s’appelle Syrus. Il n’a pas encore monté sa légion, mais il est déjà maître de ce monde et il a une bonne armée. Pour l’instant, ce ne sont que des primitifs, mais vous avez tous vu ce qui va se passer. Quels sont vos conseils ? »


« Je conseille l’anéantissement total de la population »


« C’est impossible. Ce monde Humain était jusque-là pacifique et nous risquerions des représailles de la Flotte Impériale des Mon-Keigh. Même s’ils sont très lents, une fois que leur flotte est en marche, peu de chose lui résiste et nous n’en avons pas la force. Au pire, se sont nos mondes Exodites qui en feront les frais. »


« Et si nous détruisions cette porte ? Après tout, nous ne l’avons pas utilisée depuis des millénaires. »


« Non. Nous n’avons plus d’autre Porte dans ce secteur de la galaxie. La fermer ou la détruire nous affaiblirait énormément. Nous devons protéger chacune de nos portes coûte que coûte ».


« Nous pourrions diriger une Waaagh Ork contre eux. Nous l’avons déjà fait ailleurs dans le passé et les Orks suivent n’importe quelle piste pourvu qu’elle les mène à un combat. »


« Non plus, la porte risquerait d’être découverte par les Orks et le remède serait pire que le mal ».


« En ce qui me concerne, je propose toujours l’assassinat. Sa légion n’est pas montée, il s’est isolé et est par conséquent vulnérable.»


« …. »


« Accepté. Préparons-nous, mes frères. »


Maintenant qu’une action est décidée, Denaïr et son conseil se replongent dans l’exploration du futur immédiat et cherchent à en savoir plus sur les agissements à court terme du psyker Syrus.


Ils retrouvent sa piste au beau milieu d’une forêt au cœur d’une île volcanique. Une grande clairière y a été creusée et une cabane de chasseur ronde, faite de rondins y a été érigée. Tout l’environnement est saturé d’énergie Warp dont l’origine se trouve quelque part dans le sous-sol.


Explorant mentalement les galeries souterraines, ils finissent par voir et par entendre le psyker parler à un Démon Majeur :


« … Apparaît Kalcifer, c’est un ordre ! »


« … Qu’y a-t-il misérable. Pourquoi oses-tu m’appeler ? »


« Avertis le Grand Architecte que MOI, son dévoué SYRUS, j’ai découvert le moyen d’entrer dans le lieu que tous les Archivistes de la galaxie recherchent depuis la nuit des temps. J’ai enfin découvert une Porte de ces maudits Eldars qui me mènera vers leur satanée Bibliothèque Interdite et ses immenses connaissances Démonologiques. Dis lui que ses légions démoniaques peuvent s’apprêter à déferler dans le monde réel et surtout dis-lui bien que je suis prêt à les commander pour la conquête de la galaxie toute entière. HA, HA, HA, HA, HA …… »


« Je lui dirais, misérable et tu as intérêt à ne pas te surestimer. Les conséquences seraient très fâcheuses et je m’occuperais alors de toi personnellement ! »


…………


Alors qu’il élabore son plan pour assassiner Syrus, l’image de la jeune recrue Tyrion vient s’imposer à la réflexion du prophète. Denaïr comprends le message : Tyrion doit faire partie du voyage.


Denaïr est très satisfait de l’avoir enrôlé dans sa troupe. Le jeune et élégant Eldar est d’une souplesse et d’une précision tout bonnement incroyable. Avec le temps, Tyrion a pardonné à ses agresseurs car il est convaincu que tout cela a été causé par les Tyranides : ce sont eux qui ont attaqué son monde natal, ce sont eux qui les ont obligés à vivre dans un Vaisseau-Monde et à se comporter comme des barbares. Pour Denaïr, il incarne l’Arlequin parfait : il a acquis la discipline et la rigueur à bord de son Vaisseau-Monde ; les épreuves personnelles qu’il a subit ont trempées sa volonté comme de l’acier ; son habileté à la danse n’a d’égale que sa rage de combattre tout ce qui pourrait le souiller, lui ou ses compagnons et sa peur des armes s’est transformée en une soif de vengeance froide et implacable. Ses liens d’amitiés avec le jeune Tekkan, deuxième danseur de la troupe, lui ont redonné des joies et des émotions qu’il pensait avoir enfouies au plus profonds de lui-même. Tekkan et lui étaient devenus deux amis inséparables dans tous les domaines…


La Danse des Arlequins a deux facettes : l’une est strictement artistique, aidée par les nombreux pouvoirs psychiques dont disposent naturellement la plupart des Eldars, l’autre est résolument martiale. Les Arlequins ont fusionné avec une précision extrême la Danse et l’Art de la Guerre. Ils manient l'éventail et l’épée énergétique avec la même dextérité. Ils mettront la même ardeur à exécuter un saut acrobatique sur une scène qu’à ouvrir la poitrine d’un ennemi sur le champ de bataille. Réaliser un double saut périlleux tout en arrachant l’oeil d’un ennemi, puis atterrir avec souplesse sans aucun défaut d’équilibre leur provoque un sentiment de plaisir extraordinaire. Si en plus ils réussissent à couper quelques doigts dans la continuité du geste, le sentiment devient proche de l’extase. C’est ainsi que les Arlequins canalisent les pulsions extrêmes propres à l’ensemble de la civilisation Eldar.


C’est réglé : la troupe de Tyrion partira en campagne sur Yavaunh. Le voyage sera très court car ils emprunteront la Porte de la Toile présente dans ce système planétaire et enjeu du conflit à venir.


…………


<b>- Echec au Roi - </b>


Au cœur de la nuit, l'unité de transport aérien plane sans un bruit au-dessus du sol. La petite lune en orbite autour de la planète reflète de pâles rayons argentés sur le paysage, ce qui permet au pilote de voler très bas et à grande vitesse en toute sécurité. A bord, l'équipage guette le moindre signe de danger sur les écrans radars. Denaïr s’occupe à générer une zone de sommeil profond sur toute la zone survolée. Leur intervention ne peut réussir que si l'effet de surprise est total. Il s'agit d'une opération chirurgicale et délicate, seule la Troupe de dix danseurs à laquelle appartiennent Tyrion et Tekkan accompagne Denaïr cette nuit-là.


Chaque danseur a choisi ses armes avec soin et Denaïr a choisis son équipement en fonction de ses visions. L’arme favorite de Tyrion est le « baiser d’Arlequin », une arme produisant un fil de l’épaisseur d’une molécule qui s’infiltrer et se déroule dans le corps de l’ennemi à une vitesse fulgurante. Tekkan, beaucoup moins délicat, préfère le gantelet énergétique qui peut broyer tout ce qu’il attrape et assommer le reste. Un autre danseur, Amn’uil, prends toujours un lance-toile léger : cette arme piège l’adversaire dans un filet sensitif qui se resserre lorsque la personne capturée se débat. A ce sujet, une rumeur circule qu’il ne se servirait pas de son arme uniquement à la guerre… Denaïr, quant à lui, s’est équipé d’une grenade à Stase de façon à piéger le psyker dans une bulle intemporelle provisoire afin de le capturer pour interrogatoire. De base, les Arlequins portent une paire de pistolets laser ou de pistolets à shurikens et certains arborent une épée énergétique. Chaque danseur porte une ceinture anti-gravité qui permet de faire des sauts de plusieurs mètres en toute sécurité, ainsi qu’un champ de protection personnel.


Sur un lac, un pêcheur nocturne endormis dans sa barque ne voit pas la masse sombre passer au-dessus de lui et sur les berges, un couple d'amoureux sera surpris le lendemain matin assoupis dans les bras l'un de l'autre. Un oiseau nocturne pensait attraper un rongeur mais il s’endors en plein vol et s’écrase au sol sur un son mat.


La forêt entourant l’objectif est maintenant en vue. Le psyker n’a aucun moyen de se douter d’une intervention et il ne doit se méfier que des indigènes de cette planète. Pour ne pas prendre de risques inutiles, le transport aérien se pose en lisière de la forêt. Denaïr et sa troupe se fraieront un chemin et traverseront la forêt à pied. Ah les arbres ! Cela faisait longtemps que Tyrion n’avait plus vu d’arbres sauvages et ça lui manquait vraiment ! Il s’est toujours senti chez lui au milieu de ces magnifiques monuments végétaux. Activant leur ceinture anti-gravité, ils bondissent dans les branches et sautent d’arbre en arbre dans un silence total et avec une aisance naturelle venant de leurs jeux d’enfance.


Plus ils se rapprochent de la clairière, plus Denaïr ralentis l’allure et sonde psychiquement les environs à la recherche de pièges et de détecteurs. C’est alors que le jeune Tekkan aperçoit le premier le reflet cristallin dénonçant la présence d’un objet insolite incrusté dans un tronc d’arbre. Du haut de sa branche, Denaïr élargis le spectre de ses perceptions et sent une vibration désagréable venant de l’objet. Un mini démon est prisonnier à l’intérieur d’un cristal orienté de façon à surveiller la forêt sur une hauteur de deux mètres. Le démon n’ayant jamais besoin de dormir, il est la sentinelle idéale. Fort heureusement, son champ de vision à travers le cristal ne lui permet pas de voir ce qui se passe dans les branches. Apparemment, le psyker n’a pas prévu de danger venant des airs.


Par contre, l’utilisation de sentinelles démoniaques en dit long sur les capacités de la cible et sur sa volonté de se protéger. Denaïr et sa troupe reprennent leur périple à travers les arbres avec circonspection, tous sens en alertes.


Enfin ils arrivent au bord de la clairière. Ils observent en silence trois hommes en train de discuter devant la cabane de chasseur, se réchauffant les mains au-dessus d’un brasero rougeoyant. A leur maintient et à leur façon de parler, Denaïr pense qu’il s’agit de mercenaires : pas de question, pas d’explication, aucune pitié. Des humains dangereux pour leurs semblables. Leur présence autour de cette cabane lui donne la certitude d’être proche du but, surtout avec la sensation des émanations Warp venant du sous-sol.


Les Arlequins, passés maîtres dans l’art du mime et de la comédie ont mis au point un langage par signe leur permettant de communiquer sans l’utilisation de la voix, même pour les non-télépathes. Après avoir vérifié qu’aucune présence démoniaque n’était présente dans la zone, Denaïr donne l’ordre d’attaquer…


…………


« Alors Jayce, fait plutôt froid ce soir non ? Heureusement qu’on a de quoi se réchauffer un peu. »


« Ouai, ben l’autre il a intérêt à nous laisser le brasero parce que c’est pas lui qui se les gèle ici ! S’il n’est pas content, il recevra ma dague entre les côtes. On connaît not’ métier quand-même. Si quelqu’un vient ici, on sait s’en occuper nan ? Comment veux-tu qu’on soit les meilleurs si on a les doigts engourdis, hein ?»


« Ca, c’est sûr. D’ailleurs il le sait bien et c’est pour ça qu’il nous a embauché. »


« Hé, c’était quoi ça ? »


« Ca suffit Jayce, ça n’amuse que toi. Y a personne qui viendra risquer ses fesses dans ce coin paumé ! »


« Hey, j’t’assure, j’ai vu quelque chose ! HOLA, MONTREZ-VOUS ! »


« Jayce, arrête tes conneries bon sang ! »


« Mais j’vous jure que j’ai vu un truc bouger ! »


« C’est ça, c’est ça. Et même que ça volait, hein ? Et t’as bu combien de bière ce soiAAAARGH… »


Le mercenaire ne pu jamais terminer sa phrase, la pointe sanguinolente de l’épée qui sort de son cou devant certainement en être la cause. Jayce regarde les yeux de son partenaire rouler en arrière et le sang qui coule abondamment par sa bouche. D’un mouvement sec, l’épée est retirée par une personne se trouvant derrière et son compagnon d’arme tombe sur le sol tel un pantin désarticulé. Levant les yeux au ciel, il reste incrédule et bouche bée devant ce qu’il voit : une sorte d’acteur de théâtre en collant multicolore portant un masque blanc, fondre droit sur lui avec un rire terrifiant et une épée auréolée d’un halo lumineux bleutée.


Jayce n’a entendu qu’un doux vrombissement et a juste ressentis une fine brûlure au niveau de son cou. L’Arlequin se tient maintenant devant lui, son masque horrible semblant sourire de plus belle. Jayce, tétanisé sent que son corps ne lui répond plus, ce qui en ajoute encore plus à sa terreur. L’Arlequin prends sa tête entre ses mains et lui donne un coup de genoux dans le ventre. Après un léger bruit de succion, le corps de Jayce tombe à son tour sur le sol. La tête toujours maintenue entre les mains de son assassin, son esprit mets quelques fractions de secondes à comprendre qu’il est mort.


Le troisième homme n’a pas plus de chance que les deux autres. Affolé, il cours vers son épée et se met à battre frénétiquement l’air, comme s’il combattait d’invisibles ennemis. Tekkan le vois et craint qu’il ne donne l’alerte. D’un geste souple, il dégaine son pistolet à shurikens et tire une rafale. Le mercenaire reçoit pas moins de huit disques au tranchant mono-filamentaire dans le corps et s’effondre dans l’herbe épaisse.


…………


Les Danseurs Arlequins se regroupent autour de Denaïr. Les mercenaires non préparés à une telle attaque étaient une cible facile, mais il faut maintenant entrer dans le repère du psyker. L’un d’entre eux s’approche doucement de la cabane quand Tyrion voit que quelque chose ne va pas.


« Le sang, regardez le sang ! »


Intrigués, ses compagnons se retournent vers lui, se demandant ce qu’il y a avec le sang des mercenaires morts.


« Dans l’herbe, le sang s’arrête à une zone franche comme si quelque chose l’empêchait d’aller plus loin ! »


Denaïr comprend la situation, prend son pistolet et tire une salve de shurikens vers la cabane. Au bout de quelques mètres, les projectiles semblent heurter un mur invisible et tombent sur le sol avec un cliquetis métallique.


« Un champ de force. Il faut en déterminer la hauteur ! »


Denaïr refait un tir en partant du sol vers le haut en espérant trouver la hauteur à partir de laquelle le champ de force dégénère. A son grand soulagement, les premiers shurikens traversent le champ à partir de quatre mètres de haut.


« Nos ceintures nous permettent de sauter jusqu’à six mètres. Prenez votre élan et allons-y ! ».


Les uns après les autres, chacun des onze Arlequins atterrit sur le toit de la cabane en bois. Equipés de chaussons et leur poids allégé par leur ceinture anti-gravité, l’atterrissage s’effectue dans un silence total. Un deuxième saut et ils se retrouvent tous à l’entrée de la cabane, pour apercevoir un cristal au beau milieu de la porte contenant une lumière passant frénétiquement du rouge à l’orange vif…


« Un démon ! Je ne l’ai pas détecté à cause du champ de force ! Il appelle son maître ! Tekkan, détruits-moi ça ! »


De sa main gauche équipée du gantelet énergétique, Tekkan fait éclater le cristal emprisonnant le mini-démon. Denaïr le banni du monde matériel au moment même où son essence est libérée du cristal.


« Il a appelé son maître mais celui-ci n’a pas répondu. C’est mauvais signe. C’est signe que le rituel d’invocation a commencé. »


Denaïr et sa troupe font irruption dans la cabane à la recherche d’une quelconque entrée souterraine. C’est alors que Tyrion remarque la soie qui pend au mur. Elle change de couleur au fur et à mesure des va-et-vient des Eldars.


« Maître, regardez le tissu. Il a l’air de réagir à notre présence ! »


L’œil émerveillé par la fabuleuse soierie, Denaïr fait jouer ses émanations psychiques pour vérifier ce qu’il pense déjà : la soie répond à ses pensées par des motifs aux couleurs en perpétuel changement, donnant l’impression au spectateur de contempler son âme à l’état pur.


« Ce tissu doit être très précieux. Sa présence ici est étonnante. Il doit certainement agir comme une sentinelle prévenant des intrusions dans le périmètre »


Une digression de couleur au centre du motif, étrangère aux pensées du maître le fait revenir à ses préoccupations immédiates. Dans un silence total, il donne l’ordre à ses guerriers de se mettre en embuscade autour de la soierie. Une porte est habilement dissimulée derrière la tenture, donnant accès à un passage souterrain s’enfonçant dans la roche volcanique.


Inspectant mentalement le passage, Denaïr enveloppe toute sa troupe d’un voile d’ombre masquant leur vue à tout humain qu’ils pourraient rencontrer. Il sait que le psyker n’est pas encore prêt à combattre, mais aucune précaution ne doit être négligée. Les Arlequins descendent à pas feutrés dans le noir, tous sens en alertes.


Au bout de plusieurs minutes de marche sur un sol glissant et dans le noir absolu, ils arrivent dans un espace suffisamment grand pour accueillir une vingtaine de personnes debout. Venant probablement d’une conduite menant à la surface, le courant d’air glacé mélangé à des effluves chaudes et rances leur donnent la nausée. Des psaumes étouffés et une voix sourde mais autoritaire parviennent à leurs oreilles. Pour les Eldars ayant un sens aiguisé du raffinement et du confort, se déplacer dans cet endroit est un véritable supplice.


Sans aucun avertissement, ils se retrouvent cernés par une multitude de petits monstres ricanant. Ils sont comme des énormes têtes cours sur pattes avec des énormes pieds et des bras longs et filiformes terminés par des mains démesurément grandes. Et bien sûr, ils sont … de couleur rose !


Leur apparence les aurait fait hurler de rire si leurs mains démesurées et l’ouverture qui leur sert de bouche n’étaient pas garnies de griffes et de crocs acérés. Le regard haineux, les monstruosités passent à l’attaque contre les Eldars encore sous le choc de la surprise. Les premiers hurlements se font entendre quand les griffes acérées transpercent la chair d’un Danseur qui n’a pas été assez rapide, ou simplement qui manquait de place pour esquiver dans cet espace exigu. Denaïr lève immédiatement le voile d’ombre devenu inutile et hurle son cri de guerre. Les épées coupent, les shurikens tranchent, les lasers brûlent. De temps à autre, un « Scratch » sinistre indique une partie osseuse broyée par le gantelet énergétique de Tekkan. Un pistolet à shuriken dans une main et son baiser d’Arlequin dans l’autre, Tyrion fait des ravages parmi ses ennemis, mais pour une horreur rose tuée, deux choses bleutées sortent du cadavre et attaquent de plus belle. Un autre cri déchirant et c’est un deuxième danseur qui roule à terre, des griffes lui traversant la jambe de part en part. Surpris, un autre Arlequin se retourne et un démon rose en profite pour lui planter ses crocs dans le flanc comme s’il était un sandwich. Tyrion le transforme en amas de pulpe informe grâce à son arme préférée, mais le jeune Eldar attaqué a perdu connaissance, une plaie béante sur le côté.


Le lance-toile d’Amn’uil fait des merveilles et finit par donner l’avantage aux Arlequins en emprisonnant les montres sans les tuer et donc sans les diviser. Le nombre d’attaquants baissant rapidement, le combat est plus facile et c’est avec soulagement que Denaïr peut enfin prendre le temps de bannir les démons, prisonniers des filets sensitifs, un à un.


Le Prophète de l’ombre décide de séparer son groupe en deux : les valides poursuivent avec lui, les blessés restent sur place pour protéger ceux qui ont perdu connaissance. Le petit groupe reprends sa marche vers les profondeurs du sol, jusqu’à arriver devant une porte ouvragée.


…………


<b>- Prise de pièce - </b>


Syrus était très excité. Il va enfin invoquer un Démon Majeur et lui dicter ses ordres ! Mieux, l’importance de la nouvelle le met en position de négocier avec le Démon !


Pour l’assister dans le rituel, Syrus a choisi comme acolytes, huit fils et filles de la noblesse de Yavaunh qui s’est sentie honorée par cette décision. De part son expérience, Syrus connaît bien la nature humaine et son but était double : d’une part il s’assurait ainsi du soutien inconditionnel des plus grandes familles du royaume et d’autre part ces jeunes gens n’ont aucune notion du mal. Dans leur tête, ils sont la pureté même, ce qui lui aurait donné la nausée s’il n’avait eu besoin d’eux. Pendant un rituel aussi risqué, Syrus ne pouvait pas prendre le risque d’avoir quelqu’un qui se met à poser des questions ou à douter. Il avait aussi posté des mercenaires dans la clairière, des fois que des nobles ou des marchands trop curieux viendraient l’espionner. Au pire, il avait toujours quelques surprises à réserver aux indélicats qui passeraient quand-même. Pour sa protection personnelle, le plus voyant est une sinistre épée démoniaque fermement attachée à son ceinturon. Bien qu’il a vérifié plusieurs fois le tracé du pentagramme protecteur, il préfère ne pas laisser la moindre chance au Démon Majeur qu’il va convoquer de le surprendre. La lame épaisse et boursouflée parait être une succession d’éclats acérés. Un observateur attentif pourrait même croire qu’elle se tord toute seule.


Syrus entre maintenant dans la salle d’invocation qu’il a lui-même modelé à partir d’une des nombreuses cavités existantes dans ce sol volcanique. La pièce éclairée par huit torches est ronde et ne mesure pas plus de trois mètres de haut avec une ouverture en son sommet pour le renouvellement de l’air. Au centre est dessiné le symbole de Tzeentch ressemblant vaguement à un croissant de lune renversé avec une étoile à huit branches en son milieu. Devant l’icône de Tzeentch est dessiné un pentagramme avec de la poussière d’or, entourant un brasero d’un mètre de long. Le pentagramme empêchera le démon d’utiliser ses sorts contre lui et de l’attaquer physiquement : il agit comme un champ de force impénétrable pour les démons. Le brasero a déjà été préparé et de grosses braises rougeoyantes déforment l’air au-dessus. Autour du symbole et du brasero est incrusté dans le sol une mosaïque composée d’un grand cercle surmonté de huit flèches, le symbole du chaos universel. Dans chaque direction se dresse un cierge monumental et chaque acolyte prend sa place à côté de l’un d’entre eux. Ils ont effectués les ablutions purificatrices, ont quitté leurs vêtements pour ne revêtir que la toge blanche aux liserés rouge et or que leur a offert Syrus. Leur âme pure et n’ont aucune idée de ce qu’ils sont venus faire ici, ni de ce qu’ils vont vivre.


Tout le monde est en place, Syrus s’est agenouillé sur le symbole de Tzeentch et d’une voix profonde, les bras écartés, commence la mélopée lancinante qui finira par l’ouverture d’un portail Dimensionnel au-dessus du brasero. A ce moment-là, il nommera le démon par son vrai nom et ce dernier sera obligé de répondre à l’invocation. Le pentagramme l’empêchera de nuire, le démon devra lui obéir !


Chaque acolyte accompagne le psyker dans son office et allume son cierge dans la séquence prévue. Au fur et à mesure, l’énergie dégagée par les flammes est magiquement transférée dans le brasero qui rougeoie de plus en plus fort. Tout à son office, Syrus failli être distrait par un démon qui essaye de le contacter, mais il réussi non sans peine à rester concentré sur son incantation. Le démon finit d’ailleurs par lâcher prise au bout de quelques instants.


Au bout d’une demi-heure de concentration et de chants, le brasero est à sa pleine puissance et le portail peut enfin être ouvert. La voix de Syrus se fait de plus en plus grave et entre en résonance avec les murs de la salle dont les dimensions ont été spécialement étudiées. Le son assourdissant fait grimacer de douleur les acolytes qui se bouchent les oreilles. Au bout de quelques minutes, le portail s’ouvre enfin et Syrus ne dissimule plus sa joie. Il reprend son souffle avant de prononcer le vrai nom du Démon, il lui faudra toute son attention pour ne pas se faire piéger par lui. C’est alors que la porte de la salle vole en éclats…


…………


Denaïr ordonne à Tekkan d’enfoncer la porte à l’aide de son gantelet énergétique. Il n’a plus que six hommes avec lui. Dans un bruit fracassant, la porte vole en éclat et une chaleur étouffante enveloppe les guerriers qui s’engouffrent dans la salle d’invocation en se jetant au sol. Ils ignorent les cris affolés des jeunes gens qui se tiennent sur les côtés car leur attention est centrée sur le personnage qui se tient devant… un portail dimensionnel ouvert ! C’est lui le psyker Syrus, et il a presque réussit son œuvre. A l’attaque !


Syrus se retourne pour faire face à ses agresseurs. Un mot de puissance, un geste de la main et toute la pièce est baignée par des vents magiques qui soulèvent les corps et désorientent les esprits. Lorsque la tempête se calme, les corps tombent au sol et les esprits hagards regardent le résultat : celui qui a donné des ordres aux autres Arlequins s’est retrouvé à terre dans le cercle intérieur de la pièce, tandis que les autres ont été projetés contre les murs. Un sourire de suffisance aux lèvres, une phrase murmurée, et c’est un mur de basalte qui s’élève dans un vrombissement et sépare le chef du reste de la bande. Un claquement de doigt et plusieurs formes sortent des ombres et encerclent les agresseurs. Les formes deviennent des créatures aux énormes becs, sans pieds et dont les membres se terminent par des excroissances tubulaires : des Incendiaires ! En une fraction de seconde, toute la zone est baignée de flammes et Denaïr doit former un champ de force pour protéger ses guerriers. Les cris des acolytes effrayés se mêlent aux râles de souffrance des Eldars qui sont transformés en torches vivantes. Instinctivement, ceux qui en ont la force vident leurs chargeurs à bout portant sur les démons incendiaires.


De l’autre côté du mur érigé par magie, Syrus dévisage profondément Denaïr tout en levant sa main. A peine le temps d’un battement de cil et un éclair assourdissant vient frapper le Prophète en pleine poitrine. Celui-ci est soulevé du sol par l’impact, et sa tête vient heurter le mur, il a peine à rester conscient. Syrus prend calmement son épée démoniaque et s’approche de Denaïr dont les yeux révulsés trahissent son incapacité à contre-attaquer. L’une de ses mains est parcourue par un tremblement incontrôlable, au bout d’un bras qui pend lamentablement. D’un large coup de pied, Syrus balaye au loin le pistolet à shuriken et l’épée de force du chef étranger. Il a déjà beaucoup puisé dans son énergie psychique et il préfère garder ses forces pour en finir avec les autres envahisseurs.


Implacablement, Syrus lève son épée et s’apprête à fendre l’Arlequin de part en part. Les doigts de Denaïr tremblent toujours comme s’ils cherchaient quelque chose à quoi se raccrocher. Syrus abat son épée juste au moment où les doigts frénétiques trouvent ce qu’ils cherchaient et tirent sur : le détonateur de la grenade à stase…


Syrus hurle sa frustration comme une bête et un sentiment de terreur parcours les acolytes qui s’étaient déjà jetés au sol depuis longtemps. Certains pleurent, d’autres voudraient ne pas être nés. La grenade à stase génère une « bulle » intemporelle sur un rayon de moins d’un mètre et retient prisonnier la plus grande partie de l’épée démoniaque de Syrus qui a été stoppée à deux centimètre au-dessus du crâne de Denaïr. A l’intérieur de cette bulle, le temps est arrêté et absolument rien ne peut altérer ce qui se trouve dans le périmètre : aucune action physique ni aucun sort ne peut le pénétrer. Il n’y a que lorsque l’énergie de la grenade sera épuisée que le champ de stase disparaîtra et que le cours du temps reprendra normalement pour Denaïr et l’épée démoniaque. De toutes façons, à moins que l’énergie cinétique accumulée dans l’épée ne soit annulée, Denaïr est condamné à une mort certaine.


Entendant des coups dans le mur, Syrus décide de revenir vers le portail dimensionnel qu’il a mis tant d’efforts à ouvrir.


…………


De l’autre côté du mur, seuls Tyrion, Tekkan et Amn’uil sont en état de poursuivre le combat. Ayant entendu un coup d’éclair puis le cri terrifiant du psyker, les jeunes guerriers prennent leur décision. Jaugeant la solidité du mur, Tekkan essaye de l’enfoncer avec son gantelet : le basalte devrait être enfoncé comme du beurre. Il frappe de toutes ses forces avant de pousser un cri déchirant. Au moment de l’impact, il a senti quelque chose de très dur au milieu du basalte et les os de son bras n’ont pas supporté le coup. Tyrion vérifie et s’aperçoit que le cœur du mur est composé d’une fine couche de granit. Ce n’est pas insurmontable pour un gantelet, mais il aurait fallu y aller par de moindres coups successifs. Hurlant sa rage, Tekkan se relève et frappe un second coup magistral dans le mur déjà fracturé, perce le granit et s’évanoui quand les os brisés de son bras lui percent les chairs et la peau.


Devant ce spectacle, Tyrion entre dans une rage folle et se précipite dans l’orifice pratiqué dans le mur. De l’autre côté, il aperçoit le psyker près du braséro qui s’apprête à incanter. D’un bond il VEUT le tuer, mais une partie de son esprit voit l’index de l’ennemi se diriger dans sa direction et une boule d’énergie partir. Les réflexes innés du danseur lui permettent d’effectuer un rétablissement qui lui fait éviter l’impact, mais c’est Amn’uil qui le prend en pleine poitrine derrière lui et s’effondre sur le sol. Tyrion est désormais seul avec le psyker et fait taire la furie qui était née dans son esprit, c’est maintenant une question de vie ou de mort. Syrus et Tyrion se regardent droit dans les yeux et se jaugent mutuellement. Tyrion est perturbé par le regard pénétrant du psyker qui sonde les moindres recoins de son esprit, il sent qu’il a affaire à quelqu’un de beaucoup plus puissant que lui.


Sans crier gare, le psyker fait un bon en direction d’un acolyte et relève le jeune homme d’une voix autoritaire. Il le soulève, dénude sa poitrine en déchirant la toge et dévoile à Tyrion son corps parfait. Lui tenant fermement les mains dans le dos, il propulse le fils de noble vers Tyrion qui ne sait comment réagir. Craignant un piège, Tyrion pointe son arme et tire sur le jeune homme avant qu’il ne puisse l’atteindre. Mais il n’y avait aucun piège. Le regard du garçon est un univers d’incompréhension et son âme si pure n’a qu’une question en tête : « pourquoi ? » puis ses yeux deviennent rouge sang au fur et à mesure que le mono-filament du Baiser d’Arlequin se déroule dans son corps, réduisant toute chair en pulpe informe. Les larmes qui sortent de ses yeux sont devenues rouge sombre. « Les larmes de sangs ne t’étaient pas destinées mon ami. Tu seras vengé… ». Pour la première fois, Tyrion éprouvait un chagrin incommensurable en donnant la mort. Son âme avait été touchée un esprit pur qui ne demandait qu’à découvrir les merveilles de l’univers. Tyrion vient de lui ôter la vie. Il en avait la nausée et se demandait se qui a pu se passer dans la tête du psyker en commettant un tel acte. Il se retourne vers sa vraie cible et comprends la raison du psyker.


Syrus a mis sa diversion à profit pour finir ce qu’il était venu faire : invoquer le Démon Majeur Kalcifer. A peine a-t-il projeté l’acolyte sur Tyrion qu’il murmurait le nom secret du démon. Une fois celui-ci invoqué par trois fois, le démon n’avait d’autre choix que de répondre à l’appel par le portail ouvert. Tyrion, voyant une main griffue monstrueuse et un visage hideux apparaître par le portail, déclenche sa ceinture anti-gravité, fait un bon de deux mètres au-dessus du sol, atterrit à l’intérieur du pentagramme épée levée, puis tranche le bras tendu en lâchant toute la fureur qu’il a accumulé depuis qu’il est entré dans cette salle maudite. Syrius médusé, se rend compte que si le pentagramme le pr
(Modification du message : 15-04-2008, 15:25 par Gandahar.)

Citation :Je vais enfin avoir le temps de lire les nouvelles de KDJE et les autres !
Par contre, pour écrire nos suites, c'est maintenant rapé ;)
Bon, plongeons avec délice dans les vices révélés du gandaharisme (ad'taleur), tout en notant que Môssieur Gandahar n'édite même pas à domicile (c'est dire si l'avertissement formel présage d...)


- "Hey, Noble Tekkan, ferons-nous un bras de fer ?" complimente Juan-Erik en dépassant les banquettes ouvrant la grande salle de réception. L'Arlequin sourit.


<i>Les réceptions de l'ambassadeur sont toujours une réussite</i> pense le Kan-Duk en acceptant un rocher de cacao emballé dans une feuille d'or.


"Ah, Prophète Gandahar !" salue-t-il le maître des lieux. "Je tenais à vous remercier de votre invitation, comme pour l'ouvrage que vous m'avez fait remettre et l'indication de Yavaunh qu'il contenait. Associer autrui au commerce est toujours bonne chose pour les différents partis, quoiqu'elle ait porté la mode aux collants également sur les mondes d'Ambre. Enfin, certains préfèrent le moule à la sculpture." laisse Juan-Erik acquiescer son hôte.


"Gandahar, j'aime en vous ce respect surrané des Considérations Anciennes, vous en faîtes un charme qui sut m'entraîner jusqu'à la source du mouvement de l'univers, j'y parvins sans peine, malgré l'avertissement dont l'objet presque m'échappa (suis-je donc si vieux ?), malgré même l'insolite reliure de votre éditeur dont le fond, je vous l'avoue sans malice, me piqua hélas les yeux. Comme quoi la plume sait séduire lorsqu'elle est ainsi habilement équilibrée entre récit et pause explicative, psychologie et action. L'humanité que vous décrivez est très <i>francese</i> dans son désir de tout codifier, j'ignorais également que Tzeenth dessinait..." pique le Kan-Duk cette fois avec malice.


"Une seule question, Prohète Gandahar, et une seule requête : ce monde de bordure devait-il payer la dîme, s'imposer alors astroport et tutelle, paradoxes de son isolement ? Oui, finissez, votre réponse peut évidemment attendre que ce canapé soit maché, je m'excuse même de... Hmmm, je passe donc à la requête : pour un homme de mon age et de ma condition, toujours débordé, distrait par un ordre à donner, un Contre-empire qui, lui, ne dort jamais, enfin... Disons que... C'est sûr, je pourrais commander à une Soeur, mais la spontanéïté a aussi son charme. Je veux dire par là, puisque Amn'uil n'a plus besoin de son..."


Citation :"Une seule question, Prohète Gandahar, et une seule requête : ce monde de bordure devait-il payer la dîme, s'imposer alors astroport et tutelle, paradoxes de son isolement ?

Chkronch, miamm, sluuurp, ...


Et bien très cher, la dîme est payée en nature. Essentiellement des vivres, du minerai et quelques produits de luxe. Les agents impériaux sur place ne veulent pas de conflit dans cet endroit paisible par nature et tellement éloigné des derniers vrais bastions armés de l'Imperium. En fait, ils se fondent dans la population même et n'ont pas vraiment envie de remuer ce qui n'a pas besoin de l'être. Bref, ce sont des enfants du pays et ils se font le plus discret possible.




Citation :j'ignorais également que Tzeenth dessinait...

Je suppose que le scribe l'a fait exprès. En tous cas, il est déjà attaché contre le mur de mes appartements...




Citation :C'est sûr, je pourrais commander à une Soeur, mais la spontanéïté a aussi son charme. Je veux dire par là, puisque Amn'uil n'a plus besoin de son...

Je vous le confie dès que j'en est terminé avec mon scribe ...

(Modification du message : 15-03-2006, 19:49 par Gandahar.)

Meuh non, c'est pas si long que ça ! ça se lit d'un trait.


Alors je commence par ce qui, selon moi, pourrait être amélioré.


- Je vois mal comment on peut faire des études démonologiques (et linguisques) poussés au fond d'une cité ruche. Pour ton histoire, la solution pourrait être de faire "parrainer" voire posséder le méchant par un prince-démon (personnalité ambigue et tout le toutim).


- tu badines bien avec les démons. Pour les autorités impériales, ils n'existent pas. Ceux qui savent sont tués par tu sais qui.


M'enfin les autorités peuvent toujours dire qui s'agit de monstres "naturels" voire de phénomènes hallucinatoires. Vus de loin, ça peut passer. De plus, je rappèle que les démons ne sont pas stables dans le réel hors des zones "bénies".


- Les Grands Prophètes parlent du matériel et de l'organisation de manière un peu très humaine à mon goût. Une manière plus imagée et allusive serait bienvenue


- Un démon ne laisse pas de cadavre une fois tué (sauf dans l'Oeil et les autres "Royaumes du Chaos"). En général, il "fond" avec un sang acide. Tout autre phénomène pyrotechnique est aussi envisageable.


- Est-ce bien raisonnable de laisser des témoins à l'évocation d'un démon majeur ? (sans préjugé des relations durables entre les deux peuples)...


Sinon : l'histoire est prenante et se lit d'un trait. le mode opératoire des Arlies me semble tout à fait convainquant et les personnages sont plaisants.


Je n'ai pas vu quoi que ce soit qui vaille un avertissement au jeune lecteur...


a+


Patatovitch


Citation :- Un démon ne laisse pas de cadavre une fois tué (sauf dans l'Oeil et les autres "Royaumes du Chaos"). En général, il "fond" avec un sang acide. Tout autre phénomène pyrotechnique est aussi envisageable.

A moins qu'il ne soit qu'un possédé hideusement déformé et hautement magique. Là, le corps de mutos reste.