Vers Les Etoiles

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Citation :Pour être franc, j'ai du mal à comprendre "mauvaise gestion de rythme".
Désolé, Méph', la déception me rend abruptement acide.
Amha, c'est toujours dans la répartition spatiale : quel est l'enjeu de cet épisode ? La halte du groupe, le piège, le combat, la résolution du combat ? La répartition des paragraphes n'aide pas à répondre. Non pas que l'enjeu doit systématiquement être traité plus longuement, au détriment de sa préparation par exemple (faire monter la sauce, comme on dit) mais ici, qui est vraiment un nouvel épisode de la quête, une rupture, le rythme est calme, tu décris, place le paisible, on s'attend à un monologue intérieur, une réminiscence, et ça s'embrase d'un coup.


Bien, ceci surprend la lecture. Mais la fin de cette préparation, c'est "Il regardait en arrière où d'autres hommes s'approchaient."


Et tout le reste, hélas, va trop vite (sans même de retour à la ligne entre ces deux moment de ton texte).


Le point de vue est celui de Kristoff. Il saisit des bribes, OK. Mais n'oublie pas que ce point de vue de Kristoff n'est que le prétexte à capter le lecteur. Il n'a donc pas à être réaliste (c'est comme le témoignage : autant de versions que de témoins. Ici, tu as choisi une version, que tu nous livre, c'est ton privilège d'auteur. Tu as reconstitué la scène, et tu n'utilises Kristoff que pour incarner le lecteur, qui n'a plus le choix des versions. Je ne sais pas si je suis clair ?).


Il y a des prairies de toutes les tailles. Des brigands qui courent plus ou moins vite (surtout s'ils ont les yeux jaunes).


S'arrêter au centre d'une prairie, c'est se dôter d'une position de guet, d'une capacité de réaction à ce qui poindrait de la forêt, définie ici comme hostile. Tu le sais, tu encercles tes héros.


Mais c'est là le piège commun de l'écriture cinématographique : la sensation de fluidité des images ne va pas de pair avec la rapidité du texte, mais avec la fluidité des informations que le texte ne fait que porter. L'idéal étant que ces apports soient inconsciemment amenés.


Or, dans la deuxième partie de ton texte, le rythme des informations est ici hachuré, les infos sont incomplètes, et donc un sentiment de manque s'installe. Le lecteur recherche les transitions (que l'image à l'écran lui aurait donné : taille de la prairie, degré exact de pénombre, répartition spatiale des acteurs, chronologie de l'action...). Non pas que le lecteur soit exempt d'un travail d'imagination, mais le lecteur sait que tu as choisi une version et c'est celle-ci, plus que la sienne, qu'il désire d'abord trouver. S'il la perçoit incomplète, involontairement incomplète, il se sent floué, trahi, gaimouorquechopé.


Je suis sûr qu'en écrivant, tu voyais cette projection sur l'écran, mais ta transcription dans le format texte fut empreinte d'une certaine... radinerie, empressée ;)


Tu me rappelles Luke sur Dagobah (et nous les D2 qui tombent).


Salut KDJE,


Je pense avoir saisi l'origine de ta déception. Le début était posé, paisible et et l'embrasement bien utilisé...jusque là tout va bien. Le problème survient donc à la suite, lors du combat. Trop bref ? Bâclé ? Un sentiment de manque s'installe dans l'esprit du lecteur...mhhh je vois ! Pour conclure, tu te sens trahi ?


Il ne me reste plus qu'à revoir tout ça. Mieux poser le combat ? Les images ? Garder le même rythme ? Compléter les informations données ? Je vais donc retravailler tout ça :) Je tenais aussi à signaler que c'est rare d'avoir un lectorat aussi précis (maniaque ?) et intéressant de part ses remarques. Je ne m'en plains pas !


Bref, merci d'avoir pris le temps nécessaire pour m'expliquer le problème, KDJE ! A bientôt !


Méph'


Citation :précis (maniaque ?)
Le commentaire est toujours plus facile. Mais 'ttention, il demeure mon opinion perso (7 milliards d'humains, 7 milliards d'opinions persos), et en fait plus une manière de concrétiser le troc, de signaler que tu es lu. De l'interaction épistolaire à visée symbiotique mais sans obligation réciproque, comme on disait dans le temps.

Voilà la suite ! Un petit mot vite fait pour mon ami KDJE: je n'ai pas oublié que je devais encore corriger la partie précédente, le travail sera fait tôt ou tard. Bref, bonne lecture !


Des voix, des dizaines de voix. Des éclats de rire, des paroles. Kristof pouvait les entendre malgré son mal de tête. Il osa ouvrir un œil. Les premières choses qui le frappèrent furent qu’il était au chaud et au sec, près d’un feu de camp, que sa joue reposait sur une souche, et que ses mains étaient solidement attachées.


« Alors, Sarcha, qu’est ce qu’on fait du gosse, maintenant ? »


Kristof tourna doucement la tête. Un homme roux et balafré discutait avec un autre de ses compères. Celui-ci était grand et fin, son regard maléfique pétillait à travers ses iris jaunes. C’était l’homme qui l’avait capturé, et le jeune garçon tressaillit en revoyant cet homme qui lui inspirait un profond sentiment de dégoût et de peur.


-« On attend Magnus et ses hommes, après…on verra… »


Il cracha sur une motte de terre puis continua de sa voix traînante :


-« Bien sûr, si ça ne tenait qu’à moi, cette vermine serait déjà en train de nous supplier de l’achever rapidement… »


Il éclata de rire, un rire cruel et sans culpabilité. D’autres hommes l’imitèrent également, et grâce à la lueur du feu, Kristof put même apercevoir les dents jaunâtres de son geôlier. Du sang séché se craquela sur le visage du garçon lorsqu’il remua. Sa tête lui faisait affreusement mal, ce qui n’avait rien d’étonnant, étant donné le coup qu’il avait reçu, et ses idées étaient confuses. Il se rappelait d’avoir entre aperçu Amel, Vanarek et Rafaël combattre la marée déferlante d’ennemis. Et puis ? La main de Kristof se crispa quand il pensa que ses amis étaient peut-être morts. Ensuite, il pensa que ce n’était pas possible, que ses amis avaient dû fuir. Mais alors, viendraient-ils le sauver des mains de ses ravisseurs ? Kristof se sentit mal. Il se laissa glisser sur le sol et le fixa d’un regard éteint. Ses yeux brillaient d’un éclat où la peur se mêlait à l’inquiétude.


Le crépuscule se levait, et les étoiles commençaient à miroiter. Kristof songea : « elles sont vraiment magnifiques…j’ai l’impression qu’elles m’accompagnent lors de mon périple… ». Une fois de plus, le jeune garçon se sentit abandonné et si seul dans un monde qu’il ne comprenait pas. En contemplant les astres du ciel hivernal, il pensait à ses parents et les priait de lui donner leur courage. Il ravala ses larmes et son regard croisa celui d’un gros barbu, assit non loin de la chaleur du feu. Ce dernier l’observa durant quelques secondes avant de beugler triomphalement :


-« Le petit est réveillé ! »


Kristof sentit tous ces regards se tourner vers lui, il se sentit transpercer par quelques lames invisibles. Un homme se leva alors et s’avança, sa cotte de maille scintillant sous la lune. Il resta là, interdit une seconde, avant de se pencher vers le jeune homme. C’était Sarcha, l’homme-vipère. Il passa sa langue sur ses lèvres et marmonna :


-« Bien, bien…tu as assez dormi ? »


Kristof ne répondit pas, mais il lui adressa un regard haineux, qui eut pour effet d’énerver l’autre. Sarcha l’empoigna et cria :


-« Tes chiens de parents ne t’ont pas appris les bonnes manières, à ce que je vois… »


Il sourit devant le visage, déformé par la colère, du jeune orphelin. Voyant qu’il venait de toucher un point sensible, il huma l’air et poursuivit :


« Tu dois être le fils de l’homme que j’ai poignardé…Tu as le même regard de Chien ! »


C’en était trop pour Kristof. Il asséna un violent coup de tête à la vipère et lui cracha sauvagement au visage. Il aurait tout donné pour pouvoir le mordre, le griffer, lui faire mal, le tuer.


« Pourceau ! Je vais te trancher la langue, sale serpent ! Espèce de… »


Il ne finit pas sa phrase, Sarcha lui avait brutalement décoché un coup de pied en pleine figure. La vision du garçon se brouilla, un vertige étourdissant le prit, et tout devint flou.


« Ne refais plus jamais ça ! », souffla Sarcha dès qu’il eut retrouvé ses esprits et essuyé le sang qui dégoulinait de ses lèvres.


Kristof, renversé sur le ventre, voyait son sang s’écouler de son nez sur l’herbe fraîche. Soudain, il esquissa un sourire. Il aurait juré avoir vu une ombre bouger parmi les arbres qui l’entouraient.

(Modification du message : 21-02-2006, 21:45 par Méphisto666.)

Pas mal.


Le héros a de la chance, et certaines choses sont un peu prévisibles.


Sinon, tu devrais revoir la scène de l'insulte, en disant que c'est Kristof qui s'énerve contre l'homme vipère, puisque là c'est un peu brouillon.


Et puis il pense à autre chose que sa survie (aux étoiles, ça permet de faire un lien avec le titre) dans un moment pareil, c'est bizarre.


Et ces copains c'est "lé plu forre", ils se sortent de la mélée et s'enfuient en le laissant seul, alors que c'est des héros, ils ne meurent jamais, c'est bien connu.


Dans les bonnes histoires, il y en a qui meurent, ça créé le doute: le héros va-t il survivre?


Le Rat, attention aux fautes: c'est quoi "reversé"?

(Modification du message : 20-02-2006, 23:14 par Rat.)

Salut à toi, Rongeur-Chasseur de fautes,


merci d'être fidèle au récit et de laisser ton avis. Attention, hein, je me permettrai juste de te rappeler que l'on est au bout de ses surprises seulement quand le récit est terminé. Bref, tu verras...(ou peut-être pas). Pour la faute, j'ai pas dû appuyé assez fort sur le "N" ! :)


Merci d'être passer, mon bon rat !


Méph'


Citation :c'est quoi "reversé"?
Versé à nouveau.
Et c'est là que ça coince, Méph', s'il est "reversé" sur le ventre, il l'était donc auparavant, ce qui l'empêche donc de fixer le sol <i>puis</i> les étoiles (ou alors il a le cou souple).


Même remarque pour "Il se laissa glisser sur le sol et le fixa d’un regard éteint. Ses yeux brillaient d’un éclat où la peur se mêlait à l’inquiétude."


Ses yeux étaient éteints ou ils brillaient ?


S'ils brillaient, dans la phrase précédente un regard fiévreux (plutôt qu'éteint) l'annoncerait avec naturel (un coup sur la tête peut entraîner de la fièvre, le lecteur est au courant du coup, donc accepte la fièvre, qui fait briller les yeux, en rougit le contour... On est proche de l'apitoiement, qui fera d'autant resplendir la révolte du héros).


Enfin, le Rat a raison de soulever le fil blanc : "ses amis étaient <i>sans doute</i> morts", ça dramatise, surtout qu'ici Kristof, malgré son inconfortable position et après un dialogue soupesant sa mort, n'a absolument pas peur de défier le chef, devant ses hommes. Kristof est donc un couillu qui s'ignore. Amha, l'abandon par ses amis vraisembablement morts (tournure plus dramatique que l'espoir qu'ils soient saufs) doit donc être nuancé, adapté à ce trait d'anti-héros du personnage.


C'est dommage, comme d'hab', 'manque vraiment pas grand'chose, un peu d'attention, une relecture au calme (tu écris dans le bus ??)


Retiens les commentaires de ton lectorat local : du pain et des jeux, du sang sur le sable. Autrement dit de la maîtrise d'oeuvre et de l'émotion possible, ou encore de la charte Qualité bovine et du coca qui pique les narines. En-ter-tain-ment ! L'écriture cinématographique à laquelle tu t'essaies se storyboarde, comme le pointillisme pictural, c'est trois qualificatifs pour chaque case, un reflet, une masse, une ombre.


Sinon, rien d'autre à commenter (le texte est trop court ;)


Citation :KDJE: Enfin, le Rat a raison

Ca je le metterai en signature un jour...


De rien Meph', tu prend le temps d'écrire, on prend le temps de dire ce qui nous gène/choque/énerve/plaît.


Pour KDJE: en effet, un cou préhensible est fort peu plosible. Mais vu le coup de tête qu'il envoie au type, alors qu'il est attaché au sol, on peut supposer que c'est un girrafoïde.


Tiens, il y a des choses qui m'ont échappées:


-Il se sent au sec. Moi, ce n'est pas ce que je remarque en premier, à moins que l'herbe fut mouillée.


-Le regard maléfique de Sacha (avec un 'R' pour le fun) pétille "à travers un iris jaune". Tu joue beaucoup avec le regard, c'est intéréssant, mais évite le grotesque...


-Il a mal à la tête, est resté accroché toute la nuit, se sent mal... C'est efficace comme surveillant le "Ta mère la chienne" du méchant.


Le Rat, rongeur-chasseur de faute de temps en temps.