Du Schéma De Couleurs

6 réponses, 3375 vues


Du schéma de couleurs.


Ceux qui ont l’habitude de trainer dans l’étrange section qu’est celle réservée au modélisme ont dû remarque un jour ou l’autre l’un de mes posts.


Or a posteriori je me rends compte qu’une expression sort toujours de mon clavier « schéma de couleurs ».


Mais qu’est-ce donc ?


Que se cache sous ce mot barbare ?


Eh bien, à mon humble avis, cela cache la notion la plus importante pour un peintre. En effet, quel que soit votre bagage technique, si vous ne savez pas maîtriser votre schéma de couleur, votre figurine sera baisée.


La notion est cependant délicate, car dépend beaucoup des affinités de chacun. Cependant, il existe un certain nombre de règles empiriques permettant d’établir un bon schéma de couleur. Cela ne veux pas dire qu’elles marchent pour tous les sujets, ni que les transgresser vous maudira, non, mais elles ont le mérite d’être un tronc d’arbre pour le peintre perdu dans l’océan déchaîné de sa créativité.


Bon, il commence à être temps d’entrer dans le vif du sujet…


Quand quelqu’un regarde une figurine d’un coup d’œil, il retiendra principalement comment les couleurs sont agencées entre elles, et formera une bonne partie de son opinion sur cet agencement. L’efficacité de vos couleurs et l’élégance avec laquelle vous les mariez garantissent le succès visuel de votre pièce, et donc l’impression générale qu’elle dégagera chez l’observateur. Cet agencement s’appelle…


Le schéma de couleurs.


Les quelques règles qui peuvent vous guider…


-L’héraldique.


Directement héritées du moyen-âge, les règles de l’héraldique sont valables pour une figurine. Celles-ci séparent les couleurs en deux familles : les émaux (rouge, bleu, violet…) et les métaux (blanc, jaune) et stipulent qu’on ne peut mettre côte à côte deux couleurs de la même famille. Ainsi un certain contraste est assuré, délimitant bien les diverses parties de la figurine. Voici donc la première notion essentielle : le contraste.


Or qui pense contraste, pense immanquablement :


-chaud et froid.


On peut séparer les couleurs en deux autres familles : les couleurs dites chaudes (rouge, jaune…) et les couleurs froides (bleu, vert…). De manière générale, il faut essayer de donner une dominante à votre figurine, soit chaude soit froide. La présence de petits détails de l’autre « température de couleur » apporte un contraste intéressant. Mélanger équitablement les deux est en général plus délicat. Une autre idée est de partir, par exemple, de couleurs de plus en plus froides à mesure que l’on descend de la tête aux pieds.


Mais aussi :


-naturel et artificiel.


Certaines couleurs sont naturelles (vert, marron…) et d’autres paraissent artificielles, ou mécanique (métalliques, fluos…) Il peut alors être intéressant de jouer sur ce contraste de couleurs pour construire votre schéma, toujours en s’aidant de l’héraldique.


-nombre de couleurs.


Il est important de savoir combien il y aura de couleurs dans votre schéma. Je parle de teintes générales, incluant leurs divers dégradés.


*1 : le monochrome. C’est souvent très efficace. On utilise une seule couleur de base dont on fait subtilement varier les nuances. Ca marche très bien sur tout ce qui est mystique ou extra-terrestre, car assez éloigné de ce que l’on connaît. Un lining maîtrisé est alors indispensable.


*2 : Les figs bicolores sont assez particulière, et il faut pleinement jouer la carte du contraste, en choisissant deux couleurs assez différentes, une chaude et une froide par exemple. C’est en général un défi mais cela peut s’avérer payant.


*3 : Certains disent qu’une fig ne peut pas paraître réaliste à l’œil avec moins de teintes. Je n’en suis pas convaincu, mais on peut constater que beaucoup de schémas fonctionnent en trois teintes. Par exemple une couleur pour la peau, une pour les habits, une pour les pièces d’armure. Ou deux pour les habits, et une autre pour les détails.


*plus… Plus le nombre de couleurs augmente, et plus votre figurine paraitra fouillie. Elle peut paraître aussi de plus en plus riche, comme ce que l’on voit chez Rackham, mais alors il faut que les teintes soient fondues les unes dans les autres, se répondant les unes les autres, et ne formant au final qu’une seule gamme de couleurs. Par contre multiplier les couleurs sans les faire jouer les unes avec les autres donne généralement un résultat clownesque et illisible.


On touche alors à la :


-notion d’homogénéité.


Cette troisième notion fondamentale est peut-être la plus importante. Il faut que votre figurine paraisse homogène. Ainsi, quel que soit le nombre de couleurs choisies et la façon dont vous voulez les agencer, il faudra toujours garder à l’idée que votre figurine se doit d’être homogène. Il faut parfois sacrifier le réalisme à l’esthétique. Ainsi il est fortement déconseillé de multiplier les couleurs pour différentes zones semblables. Ainsi il est préférable de peindre toutes les gemmes d’une fig de la même couleur.


Mais surtout, il faut traiter toutes les couleurs de la figurine de la même façon, utiliser partout les mêmes techniques de dégradés, et si possible ombre et éclairer les parties avec les mêmes couleurs, pour qu’elles se fondent harmonieusement les unes avec les autres.


Enfin il ne faut pas oublier de


-guider le regard.


Il est intéressant de forcer l’œil du public à aller sur une partie précise de la fig, généralement la tête, en la faisant ressortir par contraste, ou en l’éclaircissant un peu plus, sans trahir l’homogénéité de la pièce. Mettre une touche de chaleur au milieu d’une fig froide est assez ultime.


Ah oui, un dernier truc : proscrire les détails inutiles cassant le schéma.


Si vous avez de petits détails de fin de fig à peindre, essayez de les faire dans une couleur déjà utilisée, ou au moins de vous rapprocher de la teinte générale de la fig. Evitez sur ce genre de choses de trop gros contrastes, pour ne pas ammener l’œil de l’observaeur d’un bout à l’autre, et ainsi de le perdre.


Car le plus important reste de capter l’œil de l’observateur et de l’empêcher de quitter la pièce où vous l’avez emmené…


En résumé : contraste, restriction des teintes, homogénéité, captage du regard.


Une variante à cette problématique: le schéma d'armée.


En effet, si rater son schéma sur une seule gurine est déja rageant, le rater sur une centaine de bouts de plombs est bien pire.


Or une armée se réduit bien souvent à son schéma de couleur. En effet, quand on observe un joueur, que voit-on? Des socles avec des choses quasi-informes dessus. Seules les couleurs les plus importantes ressortent, et personne ne se rend compte du nombre de lavis appliqués.


Ainsi, si vous voulez que votre armée ressorte, la faire de façon bicolore est un bon choix, voire même monochrome. Moins il y a de couleurs, plus l'oeil est attiré, plus l'armée paraît impressionante.


Il faut donc proscrire les schémas trop complexes, trop riches, et finalement brouillons.


A l'inverse il faut rigoureusement respecter son schéma sur toute l'armée (c'est un conseil général, il y a toujours des exceptions, bien évidemment).


C'est uniquement de cette façon que le spectateur peut avoir un avis positif. Même si le niveau technique est bas, le fait d'avoir un ascpect unis et cohérent fait oublier tous les défauts. Il en va de même pour les socles.


N'hésitez pas à commenter ;)


Citation :N'hésitez pas à commenter ;)

sachant comme tu as été déçu de ne pas avoir d'avis sur ton précédent article, je vais ;-)


franchement, il n'y a rien à redire à ce quetu notes, il va être difficile d'y ajouter quelque chose, quoique...


le contraste: utilisez le sur vos figurines, mais appliquez aussi le procédé à l'armée...


utilisez donc un schéma de couleur différent sur une escouade, ou deux fera ressortir le reste de votre force...


la meilleure preuve que je puisse apporter, c'est le système de notation de peinture pour le tournoi de gravelines...


nous sommes 2 à noter, une des notes concerne l'impression générale, c'est sur 5...


c'est une partie hautement subjective de la note...


mon coéquipier passe devant l'armée de waxymud, lui mets 2...


je passe 10 minutes après, je lui mets 5...


alors, on y retourne à 2 pour vérifier...


l'armée: noise marines, armure noire, un peu de mauve (épaulettes) pour faire slaneeshii, et de l'or discret(armement), donc quelque chose de bien peint, mais très sombre...


lors de son passage, lui n'a pas vu les démonettes (gris pâle et rose, tout pétant), moi oui, ils les avaient invoquées ;-)


et la touche de couleur des démonettes illumine une armée à priori trop sombre...


de la même manière, des scouts couleur "infiltrable" dans une armée de SM bleu et rouge carnaval (la mienne), c'est joli (opinion hautement subjective)...

(Modification du message : 01-11-2005, 15:00 par ghisred.)

Citation :Ainsi, si vous voulez que votre armée ressorte, la faire de façon bicolore est un bon choix, voire même monochrome. Moins il y a de couleurs, plus l'oeil est attiré, plus l'armée paraît impressionante.
Il faut donc proscrire les schémas trop complexes, trop riches, et finalement brouillons.

Hi, hi, pour une fois, je vais jouer les éléphants dans un magasin de porcelaine !!


Je ne suis ABSOLUMENT pas d'accord avec cette affirmation ! En fait, tout dépends de l'armée jouée et de l'effet visuel qu'on veut obtenir.


Genre, je comprends parfaitement qu'une armée de Space-Marines aient tous la même couleur d'armure ou que toute une compagnie de la Garde Impériale ait les mêmes couleurs de camouflage.


Par contre pourquoi imposer cela aux Eldars dont l'historique explique les différentes couleurs de chaque aspect de guerriers, aux Kroots qui mutent selon les besoins, aux Orks qui malgré les changements radicaux du fluff forment des Waaagh qui rassemblement des clans différents, aux légions chaotiques qui sont par essence ... chaotiques ?


J'ai vu une fois lors du réglement d'un tournois que l'uniformité du shéma d'armée entrait dans la note de peinture, ce qui me chagrine quelque peu.


Faire toute une armée dans les mêmes teintes m'ennuie au plus profond. Je voue même un culte aux Arlequins qui sont le summum du mélange des couleurs.


Bref, je dis HALTE à l'obligation de se restreindre à un shéma d'armée et BIENVENUE à la liberté des couleurs et du pinceau !


Le plus gênant quand je peins mes elfes cynwall rackham, c'est qu'ils ont des plaques d'armures, deux tissus différents et enfin les arabesques un peu partout. Je zappe les masques et visages, assez faciles à deviner sur le plan colorisation.


Si je veux donner une dominante noire et or à mon armée, comment faire ?


Quelle partie de la figurine considérer comme prioritairement visible (à part les armes et plumets...)


Je pense que nous rentrons dans la catégorie des exceptions pour ces exemples. Pour ma part je mitigerais les deux propos, car nous sommes actuellement dans la rubrique de peinture d'armée, et non pas de figurine.


Je vais avoir une vision vachement extrémiste d'une armée, mais pour moi on peux diviser toutes les armées en deux. Les socles, et les bouts de plombs qu'il y a dessus ( ou d'alliage machin si des puristes s'amusent à me reprendre ^ ^ ). En gros je trouve que l'on peux se permettre une certaine souplesse dans les couleurs de ses figurines du moment que les socles sont cohérents, et ainsi les armées particulièrement colorées gardent une certaine unité.


Parceque bon, d'un point de vue purement extérieur, les figurines elles sont assez loin de l'oeil, et ce qui ressort le plus c'est tout de même ce qu'il y a dessous.


Bon, je vais laisser là sur la peinture d'armée, et j'aimerais rebondir sur la notion de couleurs chaudes et froides car c'est une notion que j'apprécie particulièrement. :-) Déjà on va rajouter une troisième catégorie pour obtenir :


- Couleurs chaudes : Rouge, orange, jaune, etc...


- Couleurs froides : Bleu, vert, violet...


- Couleurs neutres : Noir, Blanc, etles gris colorés au centre du disque chromatique.


C'est pas tellement plus compliqué hein ? Eh bah si, parceque c'est complétement faux ! ^ ^


Le rouge classé dans les couleurs chaudes est un raccourci un peu rapide car on tuilise généralement le rouge dans cet optique. Néanmoins, il est parfaitement possible de refroidir le rouge en le faisant tendre vers du violet. Dans des couleurs clairs le résultat sera rose, et non plus rouge, mais pour des rouges sombres, le rouge devient froid et passe très bien avec d'autres teintes traditionellement froides :-)


Le bleu couleur froide ? Sauf qu'un joli bleu clair sous un éclairage jaune ça le réchauffe de suite ( typiquement, un sultan en tenue légère ).


Ces deux exemples me semblent plutôt représentatifs de couleurs détournées de la classification de température usuelle. En gros ma théorie toute personelle se formerais sur le contexte dans lequel elles sont utilisées. Si les couleurs ne sont pas travaillées, donc pour de la peinture d'armée par exemple, alors la classification classique ressort. Dans le cas d'une figurine un peu plus aboutie, le contexte casse un peu cette classification. Le contexte le plus travaillé dans les figurines de peintres, c'est l'éclairage, mais on peux aussi compter le fond, le socle, etc...


Bon, fin pour cette théorie, je reviens sur ce que je classe comme couleurs neutres. Ce sont tous les mélanges de noir et de blanc, colorés ou non. Ces couleurs sont là pour... combler la figurine. Comme l'a dis Apo, on cherche généralement à attirer l'oeil sur une partie particulièrement intéressante de la figurine, pour en quelque sorte guider le regard du chalant. Bien entendu un visage chaud particulièrement travaillé ne ressortira pas vraiment si avec ça on a un beau thee shirt bleu ciel et un pantalon pomme. Dans ce cas on utilise un gris pour ne pas attirer l'attention. Un gris simple est souvent triste et aussi fade que les couleurs primaires, donc pour ma part j'essaye d'utiliser des gris colorés ( marrons, gris orage, etc... ) pour combler ces parties de la figurine,surtout que l'on peux les travailler de manière assez variées :-)


Bon, comme la notion de gris coloré est générallement utilisée par les coloristes dessinateurs, voici un exemple figuriniste de figurine dans ces tons. Pour moi, il n'y a que du gris sur cette figurine :-)


[Image: tanath.jpg]


Et maintenant une figurine aux couleurs difficilement classifiables en chauds et froids. Par exemple le socle est à dominante chaude, mais les ombres vertes et les marrons neutres atténuent cet effet. D'un autre coté, la peau est un violet marron chaud intéressant, et l'or couleur traditionallement chaude est ternie de manière froide. Bref un vrai casse tête pour classifier, mais assez instructif :-)


[Image: brosagasek(1).jpg]


Rendons à Jérémie ce qui appartient à Jérémie, ces images proviennent de la page perso de JB :


Bragon Art


J'avais regardé ces figurine hier soir, et en cherchant des exemples j'y ai logiquement pensée car récentes :-)


Bonne journée à tous, et merci à Apo d'avoir déterré un sujet intéressant...qui m'étais complétement passé sous le nez :-(


++


Teddy


Enfin des réponses^^.




Citation :Bref, je dis HALTE à l'obligation de se restreindre à un shéma d'armée et BIENVENUE à la liberté des couleurs et du pinceau !

Evidemment, il y a des armées pour laquelle la multitude de couleurs est agréable, mais je trouve que de façon générale, une armée au schéma très uni est un atout.


Pour ce qui est des coueurschaudes et froides, bah j'en parle surtout pour poser un contexte, mais après évidemment les variations sont infinies et renverser des banalités de ce genre donne un résultat magnifique (je suis un grand fan du boulot de Bonamant, bien qu'auparavant il était grand adepte du contraste bête et méchant).