La pédagogie en peinture : quelle "école" ?

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Faut voir que les sciences cognitives nous ont apportées drôlement ces dernières années sur ce qu'est l'intelligence et comment adapter nos pédagogies a ces "intelligences".

Tiens, rien qu'hier y'avait Olivier Houdé chez les Savanturiers (intervention très courte et très pertinente)

Citation :Dans son dernier livre qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob « l’intelligence humaine n’est pas un algorithme » Olivier Houdé développe la théorie qu’il défend depuis des années : l’intelligence, c’est apprendre à inhiber des idées, des croyances ou des représentations qui sont parfois fausses. 


Si on résume grossièrement les propos de Lucius et Remy, vous nous dites quoi?  Que la base, accumuler les connaissances, les renforcer en répétant les techniques jusqu’à acquérir des automatismes (d'autres l'on souligné dans leurs interventions), restera toujours la base et que de ce cote la rien n'a changé. Un bouquin écris y'a 15 ans, s'il est bien écris, restera pertinent même dans 20 ans (cf Le guide culinaire Escoffier en cuisine qui reste la base cité par tous les grands chef actuels et qui fut écrit en 1900).

Ce dont parle Rémy c'est l'autre aspect de l'apprentissage, qu'on appelle parfois le "raisonnement critique" et que Olivier Houdé qualifie de "résistance cognitive" et qui consiste a apprendre a inhiber les automatismes déjà acquis. On comprends bien que ça, la simple lecture ou le visionnage de tutoriel ne va pas vous l'apprendre.

Effectivement la multiplication de support "identique" (c'est vrai que c'est parfois a la limite du copie-colle) peut nuire a ce second aspect. C'est ce fameux  biais de confirmation (ce n'est pas exactement ça mais disons que) qui fait qu'on va toujours rechercher la même info aux même sources, sans chercher a diversifier.

Houdé l’évoque dans son intervention lorsqu'il dit que la construction des réseaux de neurones est très lies aux comportement pédagogique du professeur.
Si vous apprenez a peindre en suivant uniquement, l'application GW, les vidéos de Duncan, en utilisant les méthodes du studio Heavy Métal, c'est une évidence que vous ne pourrez jamais peindre a la Giraldez. Au final, comme bien souvent, les sciences cognitives ne font que vérifier une espèce de sagesse populaire.

Ce qu’évoque Remy c'est qu'il n'y a pas si longtemps, la débrouille était encore de mise dans le Hobby et que faute de ressources accessibles, on était de fait obligé de bidouiller, de combler les trous, bref d'inhiber ce qu'on avait acquis pour apprendre autre chose, faute de. C'est ca la fameuse génération "French Touch" dont Rémy a la nostalgie. Qui donc était sur Creafig a l’époque ou Cyril pondait ces tutos en a été témoins.

Aujourd'hui l'offre pléthorique met surtout en avant les automatismes a acquérir simplement pour une raison marketing (tel geste = tel produit). L'aspect créatif passe au second plan.

Ama pas pour les raisons qu’évoque Rémy (je n'y crois pas a cette histoire ou tous le monde chercherais a étouffer son voisin / gagner des compets/ être le meilleur dans sa catégorie) mais purement parceque le Hobby est entrée dans une phase d’économie libéral, point final.

On identifie un besoin (acquérir des automatismes pour peindre pleins de pitous) et on inonde le marché avec jusqu’à saturation.
Encore une fois, on ne peut pas vendre un moyen d'inhiber les automatismes des peintres. Par contre on peut leur vendre 15 fois la même vidéo sur comment peindre un Space Marine a-la-GW.

CQFD.

Amha et vue de ma petite lorgnette de punk qui a toujours peint dans son garage...

(11-05-2019, 08:03)Rémy Tremblay a écrit : Je dirais pour synthétiser que je pense que la masse d'information a finit par rendre les gens meilleurs dans leur pratique quelque soit l'objectif au point que l'objectif soit de devenir meilleur en soi. Et à titre personnel je trouve que ça finit à avoir un effet délétère sur l'essence du truc, c'est à dire l'amusement. Pour prendre l'exemple du jeu vidéo, OK les jeux sont objectivement mieux à tous les points de vue, du graphisme au gameplay, à l’histoire, tout...Mais j'ai pas l'impression qu'on s'amuse plus avec qu'avant, or ils sont de plus en plus casse gueule à produire, tout devient infiniment compliqué à tous les stades, et je me dis simplement mais pourquoi en arriver là, et surtout dans quel but si l'ont pose que le jeu vidéo est fait pour s'amuser. 
Le hobby me fait le même effet. Dans le cadre de mon taff tout le monde cherche  faire mieux les figurines sont de mieux en mieux à chaque fois, pas tant par choix que par nécessité, on entretient une fuite vers l'avant qui n'ira nulle part. La seule résultante est qu'on accumule des jeux auquel on a pas le temps de jouer, des pitoux qu'on a pas le temps de peindre, 1500000 de projets qui n'aboutiront jamais. En bref on se complique la vie pour pas grand chose et j'ai le sentiment que de montrer un tas de trucs aux gens les pousse dans ce sens.
Un mec qui cherche à faire de l'OSL sur ses plasma si on avait pas poussé le truc au point ou c'est tellement classe que d'une c'est inatteignable pour le commun des mortel et que 2 c'est vraiment superbe et ça donne envie de le reproduire. 

Pour continuer dans la psychologie de comptoir, je dirais que la la simple réponse au pourquoi se situe dans le fameux modèle des "besoins" identifiés pas Maslow y'a un bail (je ne parle pas de sa hiérarchie qui a priori n'est pas un modèle satisfaisant) :
  • besoins physiologique
  • besoins de sécurité 
  • besoins d'appartenance 
  • besoins d'estime 
  • besoin d'accomplissement de soi


Cette catégorisation est discutable et discutée mais l'existence d'un fond "cognitif" derrière ces besoins semble plus ou moins acquis chez l'Homo sapiens (du moins pour certains). De même on a démontrée que chez certaines personnes l’insatisfaction d'un de ces besoins peut menée a des pathologies (j'ai revient toujours aux collectionneurs qui ont clairement des comportements pathologiques). 

Pour moi la encore la place prépondérante de l’économie libéral et l'émergence des Réseaux Sociaux dans nos vies a créer de nouveaux équilibrés dans ces besoins (c'est ça qui a fait que la fameuse pyramide des besoins est aujourd'hui délaissée en faveur de modèle plus complexe).

Dans une société ou l'accomplissement de soi et le besoins d'estime sont devenus prépondérants on ne voit pas comment les loisirs passeraient a cote des "normes".

L'exemple que tu cite va d'ailleurs dans le sens de ma théorie: JBT a opté il y a bien longtemps pour un mode de vie que l'on considérait il n'y pas longtemps comme "alternatif". Il a choisit de réorganisée la hiérarchie de ces besoins, et du coup il est sortis de la norme, dans sa vie comme dans son Hobby.
Maintenant je n'oublis pas que dans ces jeunes années il avait un besoin d'accomplissement très fort, et ça tu ne pourra pas le nier   Wink .
(Modification du message : 12-05-2019, 07:40 par DV8.)

Messages dans ce sujet
RE: La pédagogie en peinture : quelle "école" ? - par Elysion - 12-05-2019, 00:58
RE: La pédagogie en peinture : quelle "école" ? - par DV8 - 12-05-2019, 06:56
RE: La pédagogie en peinture : quelle "école" ? - par Elysion - 15-05-2019, 21:53
RE: La pédagogie en peinture : quelle "école" ? - par Elysion - 16-05-2019, 21:04
RE: L'art de la miniature sur Ulule - par jon - 08-05-2019, 23:41
RE: L'art de la miniature sur Ulule - par DV8 - 09-05-2019, 07:49
RE: L'art de la miniature sur Ulule - par Elysion - 12-05-2019, 00:26