Citation :Dans son dernier livre qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob « l’intelligence humaine n’est pas un algorithme » Olivier Houdé développe la théorie qu’il défend depuis des années : l’intelligence, c’est apprendre à inhiber des idées, des croyances ou des représentations qui sont parfois fausses.
tiens, enfin une définition de l'intelligence que je trouve pertinente. Et le mot "apprendre" est fondamental: tout le monde peut être intelligent (et très con...).
Sinon la lecture de ce sujet est assez édifiante.
Les propos des uns et des autres révèlent (par les réflexions et exemples donnés) quelque chose que je n'ai jamais réellement compris: le niveau de prise au sérieux que l'on peut trouver jusque dans des loisirs extrêmement ludique et "fun" à la base. Quand j'écoute ou que je lis des discussions de peinture, ça me paraît parfois plus sérieux qu'une cour d'assise (j'exagère, mais parfois c'est limite). Comme si on avait besoin de légitimer ce qu'on aime en le rendant sérieux (et chiant....).
Pour que ce soit sérieux, faut que ce soit dur, donc chiant. Et notre société adapte ça absoluement à tous les niveaux.
Attention mode my life:
Il y a une dizaine d'années, je me suis épris pour un instrument de musique et comme je me suis toujours dit que crever sans savoir jouer un minimum de la musique, ce serait con (mais bon, de toute façon une fois entre 4 planches, ce qu'on sait ou pas ça n'a plus des masses d'importance...), je me suis lancé. Ca m'a tellement plu que c'est devenu vraiment quelque chose qui me procurait un grand plaisir et beaucoup d'épanouissement (à part que j'ai jamais réussi à surmonter mon trac et que jouer en public est un vrai calvaire). J'ai fait 6 ans de conservatoire (local hein, pas le méga truc d'élite, ça veut rien dire "faire le conservatoire") et j'ai acquis un petit niveau.... Comme je m'étais méga attaché, émotionnellement autant qu'intellectuellement, au bousin, j'ai continué, continué, poussant toujours plus le machin, m’astreignant à jouer tous les jours.....etc. Et à un moment, je me suis rendu compte avec stupeur que c'était devenu une vraie corvée, y avait plus du tout le plaisir des premières années. Le Conservatoire, en musique ancienne (ledit instrument c'est du luth), même régional, ça se prenait pour je sais pas quoi, comme si c'était le truc le plus important sur Terre, où il fallait forcément que l'apprentissage passe par la pression, le stress et la contrainte. J'ai claqué la porte et je continue à jouer pour moi des petits morceaux qui me plaisent (et plus les machins à 3 voix qui demandent d'avoir des mains à 8 doigts... ou de supporter à 30 piges d'être traité comme un gamin de 11 ans qui a mal fait ses devoirs) et je m'en porte pas plus mal.
Si je raconte ma vie, c'est parce que je trouve que cet exemple illustre le fait qu'on est très très doué, jusque dans nos loisirs, dans les activités qui sont censées nous apporter joie, sérénité et épanouissement, pour transformer un truc sympa en un truc chiant dans notre culture (mentalité lié à notre passé aristocratique et élitiste m'est avis, mais passons). Pour que ce soit bien, faut que ce soit sérieux, pour que ce soit sérieux, faut en chier.... on ne conçoit pas une activité sérieuse autrement que dans la contrainte et la pression, voire la douleur (y a pt'êt bien un truc chrétien là dessous aussi).
Il n'y a qu'à voir comment toutes les disciplines et domaines du savoir et de l'art sont enfermés dans des corporatismes élitistes et à quel point il faut en chier (et pardonnez moi ma soudaine vulgarité, mais également sucer des b....), de concours en concours (où la sélection de vient telle qu'elle se fait sur des critères absurdes), de parrainages en accointances, pour y avoir accès. Et ce alors que l'art et la culture populaire qui soudaient les sociétés anciennes, notamment paysannes, sont moribonds ou au mieux méprisés.
Pas étonnant qu'on soit un des pays les plus consommateurs d'anti dépresseurs...
Et c'est un véritable gâchis: je me rend compte avec mon grand âge désormais, à quel point l'école m'a dégoûté de trucs qui sont en fait absolument stupéfiant tellement ils sont intéressants et passionnants (les sciences par exemples....).
Et ça va jusque dans des activités comme la peinture de figurines: activité ô combien ludique à la base, mais que là encore on cherche à transformer en truc "sérieux", comme si on avait besoin de ça pour légitimer le fait qu'on s'y intéresse (ce qui est absurde), alors même que c'est certainement parce que c'était à l'inverse de la prise de tête élitiste qu'on s'est tourné vers ça à la base.
D'autant que....
Citation :Dans une société ou l'accomplissement de soi et le besoins d'estime sont devenus prépondérants on ne voit pas comment les loisirs passeraient a cote des "normes".
Je pense qu'aujourd'hui pour la majorité des gens, l'accomplissement de soit et le besoin d'estime passent justement par les loisirs.... Franchement, qui saute de joie le lundi matin? Qui dans le monde du travail actuel (précaire, mal payé, mal reconnu, aliéné) trouve encore épanouissement et reconnaissance (si tant est qu'avant les hordes de paysans et d'ouvriers que l'on méprisait allègrement y trouvait ça...)? Y en a je n'en doute pas, mais j'ai pas l'impression que ce soit la majorité du genre.
En tous cas c'est mon cas: j'attend bien plus d'estime et de reconnaissance dans les activités liés à mes loisirs qu'ailleurs, dans les activités qui me passionnent plus que dans un boulot alimentaire pas très bien payé. C'est aussi pour ça que je traine dans les coins: y a un moment où au-delà de la quête de reconnaissance et d'accomplissement, le simple partage (mais dans quelle mesure le "simple" partage hors de toute volonté de compétition existe, y a des choses à en dire...) d'une activité qui passionne est aussi le but. Et pour ça Internet est un outil formidable, et pour moi la profusion de tuto, de blog, de forum, de chaînes youtube maintenant, est une vraie richesse. Après, oui, tout dépend de comment on utilise cette richesse, c'est toujours pareil.
En tous cas je refuse toujours que ces activités qui me passionnent, qui m'apportent évasion, sérénité, joie finissent enfermés dans les mêmes délires élitistes et conformistes qui me rebutent et qui font partie des truc qui m'ont éloigné de notre société (sans vivre en marge, j'aime bien mon isolement dans mon trou paumé). Et l'avis des autres, fuck off... Là dessus, je trouve qu'on devrait avoir un recul colossal par rapport à ce qui est généralement le cas. Faire les choses parce qu'on les aime et pas pour que les autres nous aiment....
Donc je plussoie pour la mentalité punk oui, et pas que dans la peinture sur fig....
Avec tout de même une nuance, et tout de même importante: quand une activité passionne, y a un moment où on veut quand même la creuser un peu, pas juste l'effleurer, et ça passe forcément à un moment par la contrainte. en peinture, j'ai jamais eu l'impression de me forcer: j'aime expérimenter, tester, pousser mes techniques (même si je ne cherche plus à améliorer mon niveau maintenant, juste à peindre des trucs qui m'évoquent des univers que j'aime bien). Mais dans plein d'autres activités (la musique tiens), y a un moment où faut se contraindre, et où c'est plus vraiment du plaisir. Quand ça devient une fin et non un moyen, là y a un problème. Mais y a forcément un moment où faudra se contraindre.
Et après la casquette punk, je vais mettre la casquette vieux con, mais on peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. vouloir une armée peinte et que ses fig en jettent, mais ne pas vouloir s'intéresser à la peinture et y passer du temps, ça va juste être très compliqué, même avec des produits soit-disant miracles (par contre, je trouve les techniques soit disant de "voleurs de poules", qui demandent curiosité, expérimentation et ingéniosité, ont la même place que les autres: on s'en fout.... mais vouloir que son armée soit peinte juste en y passant 5 minutes, malheureusement, ça semble vraiment pas évident). La difficulté et parfois la contrainte peuvent ouvrir de nouvelles possibilités, de nouveaux plaisirs et sources d'épanouissement.
Notre société de consommation, en même temps qu'elle est très élitiste et se prend tout le temps très au sérieux (malgré le fait qu'elle soit composée d'une horde de primates limités dans leur capacité à voir et comprendre le monde qui les entoure et qui ont une durée de vie ridicule, mais passons), encourage d'un autre côté (on est plus à un paradoxe près) au plaisir immédiat et permanent, sans contraintes. sauf que si on refuse systématiquement la difficulté et les contraintes, on ne fait qu'égratigner les choses, on ne va jamais au fond, quel que soit le domaine et c'est vraiment dommage, d'autant que surmonter ces contraintes peuvent faire naître un véritable plaisir (mais ne pas y arriver une grande frustration).
M'est avis qu'entre ces deux aspects (qui viennent en grande partie de notre culture un peu schizo), y a un juste équilibre à trouver. La contrainte et la difficulté peuvent être abordé de façon "fun", sans forcément se prendre au sérieux et élaborer des théories grandiloquente à coup de nov langues et compagnies, sans forcément que "ça fasse mal" (oublier que "si ça fait mal c'est forcément sérieux...").
en bref; on parle d'un truc aussi fondamental que la peinture sur fig: on y fait bien à peu près ce qu'on veut dans ce domaine non? Comment se fait-il que ça puisse être la source de telles considérations?