[Sandgrave] Dans la mastaba, personne ne vous entendra crier...

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Un petit peu de fluff perso pour ne pas laisser ce fil prendre trop de poussière (encore que les tombeaux, c'est censé être poussiéreux non?)



[Image: 20190426-01.jpg]

–Amennakht–

« Je lui ai demandé une fois pourquoi il est venu à Horakhis. Il m’a jeté un de ces regards, j’ai cru qu’il allait me tuer ! »
— Inyotef le voleur

Le guerrier au scorpion est un personnage sinistre qui hante les ruines d’Horakhis autant que celles-ci semblent lui hanter l’esprit. Amennakht, de son vrai nom, est obsédé par une quête personnelle qui le retient dans la cité maudite depuis on ne sait combien de temps. Peut-être des années… Il cherche inlassablement quelque chose sans avoir une idée exacte de ce que c’est.

Avant d’être happé dans la folie d’Horakhis, Amennakht était un officier de l’armée, membre de la légion du Scorpion. Il était marié à Chésemtet, une femme très belle mais psychologiquement fragile. Un fils en pleine santé, baptisé Renseneb, naquit de leur union. Au fil des années, la vie coulait tranquillement comme un fleuve paisible mais Amennakht n’avait pas conscience qu’une ombre grandissait secrètement et menaçait de faucher son bonheur : sa femme Chésemtet basculait lentement dans la thanatophobie, la peur de la mort. Cette angoisse la maintenait éveillée pendant d’interminables nuits blanches et elle luttait en vain contre sa détresse mentale. Cependant, une nuit, alors qu’elle contemplait le paysage sous la lumière de la lune, elle entendit un appel lointain. Comme une voix silencieuse par-delà le désert qui l’invitait à la rejoindre.

Quelques jours plus tard, en rentrant d’un long voyage, Amennakht découvrit avec stupeur que sa femme et son fils avaient disparu. Un scribe tremblant de peur lui apporta un message de la part de Chésemtet. À travers la missive, son épouse lui révéla ses angoisses et sa crainte que la mort s’empare de leur famille. Mais elle avait découvert un remède contre la mortalité et le néant : le miracle de la mort-vie, ou l’existence éternelle. Pour cela, elle invitait son mari à les rejoindre, elle et leur fils, dans le Tombeau des Sables. Horakhis.

Amennakht sentit son cœur défaillir à la lecture de ce message. À l’évidence, sa femme avait perdu la raison et il devait la retrouver à tout prix. Il congédia ses serviteurs et partit sans attendre pour Horakhis. Il espérait rattraper sa femme sur la route avant d’atteindre la destination, mais c’était peine perdue car elle avait plusieurs jours d’avance sur lui. C’est finalement au bout d’une semaine de voyage intense qu’Amennakht parvint, épuisé et à bout de forces, dans la cité en ruine. Il eut beau hurler les noms de Chésemtet et Renseneb à travers les rues, sa femme et son fils ne lui répondirent pas. Cela lui valut seulement d’attirer des créatures hostiles et ses proches étaient introuvables…

Amennakht passa des jours à survivre dans Horakhis tout en essayant de retrouver sa femme et son fils. Parfois il se joignait à une bande de chasseurs de trésors afin de se faciliter la tâche. Il les accompagnait et les aidait à tuer des monstres. Pendant que ses associés cherchait des trésors, lui cherchait des traces de sa famille. Il avait réussi à trouver quelques-unes de leurs possessions qu’ils avaient perdues dans les ruines. Comme un vêtement de son fils et un bijou de sa femme. Mais rien de plus… Les jours passaient et les chances de les retrouver s’étiolaient.

Un jour, Amennakht, qui était à court de piste et d’indice, participa à une descente dans un tombeau où ses associés espéraient trouver des trésors. Ils tombèrent sur des momies vêtues de pagne ou de robe et décorées de riches bijoux. Ces morts-vivants n’étaient pas armés et avaient des mouvements lents, si bien que les aventuriers les éliminèrent sans difficulté. Alors que ses partenaires fouillaient le butin, Amennakht remarqua que les momies qu’ils avaient tuées avaient été embaumées récemment et leurs bandelettes étaient presque neuves. Comme si… Son regard s’arrêta sur l’une d’entre elles : le cartouche sur sa poitrine portait le nom Chésemtet. Pris de panique, il laissa tomber son khépesh et entreprit de démêler frénétiquement les bandelettes qui couvraient la tête de la défunte. Malgré la momification, il reconnut sans peine le visage de sa femme bien-aimée. Et non loin de là, une momie denfant, tuée par un compagnon d’armes, portait le nom de Renseneb d’après son cartouche. Son fils.

Ce qu’il s’est passé après cet instant, Amennakht ne s’en souvient plus. Il se rappelle seulement être sorti du tombeau en chancelant, ses vêtements et son arme maculés de sang frais. Quant à ses associés, ils ont disparu. Il ne sait ni comment ni pourquoi et il ne veut même pas y penser. Depuis ce jour funeste, Amennakht entend dans sa tête la même voix que Chésemtet avait entendue de son vivant : le chant silencieux d’Horakhis qui l’appelle et l’obsède, l’invitant à chercher la mort pour rejoindre sa femme et son fils.

Mais le guerrier au scorpion n’est pas complètement brisé. Pas encore. Bien qu’il soit incapable de quitter la cité et de faire son deuil, il n’a pas pour autant cédé au chant des sirènes du Tombeau des Sables. Amennakht sait que hormis les morts-vivants et les monstres sauvages, il y a quelque chose de malveillant dans la cité, probablement à l’intérieur de la Grande Pyramide. Quelque chose qui a envoûté sa femme et les a fait mourir, elle et son fils. Quelque chose qui doit être détruit à tout prix. Sinon d’autres innocents succomberont à l’appel surnaturel et tomberont dans le piège d’Horakhis…



[Image: img_1340.jpg]

Ptahmose franchit les colonnes à l’entrée du temple et traversa la vaste salle sous le regard terne des statues des dieux. Du sang frais coulait goutte à goutte du khépesh qu’il portait au poing, constellant son chemin de taches rouges. Arrivé devant l’autel, Ptahmose reposa entre deux coupelles d’encens l’ankh sacré qu’il tenait dans l’autre main. Fait d’or et serti de pierres précieuses, cet objet magique avait été dérobé quelques instants plus tôt par un voleur étranger qui n’avait pas hésité à profaner le sanctuaire malgré les hiéroglyphes d’avertissements gravés sur les murs. Heureusement, Ptahmose veillait et le voleur n’avait pas eu le temps d’aller très loin avant que le guerrier le retrouve et le passe au fil de sa lame.

Le profanateur avait été châtié et l’ankh sacré avait retrouvé sa place. L’équilibre avait été rétabli. Pourtant Ptahmose avait la curieuse impression que quelque chose clochait. Son regard se posa sur les bandelettes qui recouvraient son torse et ses membres. Il se souvint vaguement que son corps était jadis fait de chair et de sang, comme celui du voleur qu’il avait tué plus tôt. Des souvenirs anciens lui revinrent en tête : il y avait des gens dans ce temple autrefois. Mais pas seulement à l’intérieur de ces murs, il y en avait dans toute la cité. Des prêtres et des officiants, mais aussi des citoyens, des marchands, des nobles et des soldats comme lui. Des hommes et des femmes. Des enfants et des vieillards. Où étaient-ils tous passés ? Le doute l’assaillit et il commença à paniquer, mais son esprit se déroba aussitôt. La porte des souvenirs se referma et Ptahmose fut ramené au présent. Il ne devait pas rester oisif, il pouvait y avoir d’autres voleurs et profanateurs dans les parages. Il devait continuer à protéger le temple comme il l’avait toujours fait. La momie du soldat Ptahmose nettoya le sang impur sur son khépesh et repartit surveiller les alentours, répétant la même routine depuis des siècles.

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RE: [Sandgrave] Dans la mastaba, personne ne vous entendra crier... - par le Golem qui rêve - 23-10-2019, 19:21

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