Citation :Et c'est intéressant de se pencher sur l'histoire de cette pratique, qui est derrière la plupart des arts martiaux japonais traditionnels. Les samouraï ont commencé cette pratique quand on leur a interdit le port du sabre...
En effet. La codification (et les codes et règles qui vont avec, dont le fameux "respect" de l'adversaire) vient effectivement quand la société se pacifie et que ces méthodes de combat deviennent une tradition pratiquée plus ou moins "pour le sport" et pour l'auto défense. Mais à l'origine, la société féodale japonaise était extrêmement violente, et les codes et règles ne sont venus que quand tout ce petit monde des daimyo et leurs samourais ont été pacifiés.
Dans le cas du Krav Maga, par exemple, art martial récent, j'ai pu constaté qu'il y avait un réel respect dans les clubs qui le pratiquent entre les gens, mais ça reste des techniques de combat ultra bourrines qui visent une efficacité maximum.... en situation "réelle", il n'y a aucun respect pour l'être humain en face.
Citation :Et bien sûr, dans les milieux inclusifs que j'évoque précédemment. La politisation de la pratique est pour moi primordiale ici. Et je suis convaincu que dans cette société où l'on t'apprend depuis le début de l'école, et même avec ton éducation parentale, à te soumettre et obéir, cette défense par le corps peut être très importante.
Là par contre je suis on ne peut plus d'accord. En tous cas ça mérite d'amples réflexions.
Je suis plutôt du genre à fuir les conflits, à m'écraser plutôt que d'en arriver aux mains, parce que dans 99% des conflits auxquels j'ai eu affaire personnellement, c'était de la querelle d'orgueil et de fierté mal placée, et c'est à l'opposé de ma mentalité de faire mal à quelqu'un au nom de ça.
Mais en étudiant l'histoire et nombre de cultures et de civilisations à travers le monde, une réflexion qui me hante quotidiennement s'est peu à peu construite:
- Tous les goupes humains, à quelques très très rares et très très minoritaires exceptions, se sont fait la guerre, quelle que soit leur organisation sociale ou politique, et ont même créé des cultures complexes autour de la guerre. Quand on finit par écarter l'idée que tous nos ancêtres à travers la planète étaient des abrutis, y compris dans des cultures capables d'un raffinement, d'une réflexion et d'une abstraction impressionnantes, ça pose question.
- On constate que la seule façon d'instaurer une paix durable, c'est un contrôle extrêmement fort d'un Etat centralisé et très puissant. A ma connaissance, c'est arrivé deux fois en Europe, pendant l'Empire Romain, et à notre époque. Et c'est sans s'affranchir de guerres sur les frontières ou à l'extérieur.
- On constate que moins il y a d'Etat, plus la violence est endémique (c'est à dire quasi permanente, potentiellement à n'importe quel moment) mais aussi paradoxalement limitée (la violence s'exprimant régulièrement, elle reste limitée dans son ampleur et sa durée. Dans ce type de société, il n'y a pas de distinction entre civil et militaire. L'arme est d'ailleurs le symbole de l'homme libre et son port est plus ou moins généralisé.
- A contrario, plus il y a d'Etat, plus, quand la violence se déchaine, elle perd toute limite et toute modération. Les deux périodes les plus violentes de l'Histoire, c'est la conquête romaine et les guerres mondiales modernes.
J'en retire que malheureusement, liberté et sécurité, voir liberté et paix, ne vont pas ensemble, que l'un empêche l'autre. Parce que les êtres humains cherchent à se dominer entre eux. Et qu'un groupe ou un individu "libre" ne se laissera pas faire. C'était d'ailleurs exactement comme ça que les Grecs anciens concevaient l'idée de liberté: l'homme vertueux est celui qui n'accepte pas une situation qui lui parait intolérable, même si ça met sa vie ou celle de ces proches en danger. Même une société (à petite échelle j'entend) qui a décidé de vivre pacifiquement devra user de violence pour garantir sa liberté et son autonomie.... à moins de mettre en place un contrôle strict des individus et surtout de l'usage de la violence en en faisant un monopole d'Etat.
Refuser l'usage de la violence comme exclusivité étatique, c'est un point fondamental au niveau des libertés individuelles... mais c'est aussi s'exposer à un climat de violences endémiques (mais on constate que dans ce cas, la violence est tout de même encadrée et limitée, notamment par tout un tas de rites et de pratiques).
Cette idée d'équilibre entre sécurité/paix, et liberté me semble assez fondamentale dans la réflexion que l'on peut avoir sur l'organisation des sociétés humaines et la place que l'individu y tient.