Le Retour De L'ombre

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Citation :je trouve ce texte assez bien mais je connais la suite.warzazatt tu peux nous mettre ce qui etait sur warhammer forum

Non, désolé. Si tu connais l'histoire, la suite la plus récente a été postée sur Warfo.


Bon, pour ceux d'ici qui ne connaissent pas Warfo et qui veulent la suite de ce qu'ils ont lu içi:


<b>La suite...</b>


« Je vous demandes pardon, jeune homme ? Que voulez vous dire ? »


Karl jeta un bref coup d’œil à Ulghuran. Celui-ci était immobile, le regard fixe. N’y voyant aucun signe de désapprobation, il continua. Cet homme, son père l’avait connu et le lui avait recommandé : il pouvait tout lui raconter, et c’est ce qu’il fit. Le capitaine écouta l’histoire du jeune homme attentivement, il ne cilla pas lorsque Karl lui narra la destruction du village et la disparition de sa famille. Par contre, les origines d’Ulghuran et son histoire lui firent lever les yeux vers ce dernier. Son regard trahissait une crainte respectueuse mêlée d’étonnement. Le vieux magicien restait de marbre, mais écoutait aussi avec attention. A mesure que le récit avançait, il se détendit un peu. Sûrement avait-il perçu que cela n’eut pu se passer de meilleur façon. Car, maintenant que Vannerhand connaissait le lien qui l’unissait d’une certaine manière à Karl, il les aiderait plus volontiers.


Lorsque Karl eut terminé. Vannerhand regarda les deux voyageurs et sourit.


« La mort de mon ami Johann fut un coup. Mais ainsi, son fils est vivant et de plus, il est entre les mains de l’une des personnes les plus surs et les plus puissantes de la région. C’est une bien bonne nouvelle pour moi. Lorsque nous avons atteint le village, il y a quatre jours, il ne restait que des cendres et des corps brûlés. Nous avons trouvé des survivants qui erraient dans les campagnes et ils m’ont dit que les Baker avaient tous périt. A vrai dire, il aurait pu en être ainsi sans votre aide, Ulghuran…Votre origine me surprend. Je suis un peu instruit dans les anciennes légendes car mon père était un archéologue fou d’écrits anciens provenant de Terra Lustria, il fit de nombreux voyages durant sa vie et conversa parfois avec des elfes. Il avait chez lui des tonnes de morceaux de pierre gravés. Il parlait à qui voulait l’entendre du mythe des Anciens Créateurs, des races qu’ils avaient engendrés. Pour beaucoup, c’était un illuminé, mais je pense maintenant qu’il y a peut-être du vrai dans ce qu’il disait : Un jour, il me relata une histoire : Il y a bien longtemps, les Anciens s’inquiétèrent de voir les elfes se cantonner aux côtes et aux mers. Les hommes loin sur les continents, avaient du mal à survivre. Mécontents de voir certaines de leurs créatures isolées et rester dans l’ignorance, ils créèrent un lieu dans lequel les hommes purs et pouvant manier les vents de magie pourraient trouver la force de défendre le monde qui les entouraient. Ces hommes, des sortes d’élus, se voyaient attribuer un grand savoir et une durée de vie proche de celle des elfes. Cela guidèrent les autres et permirent aux hommes de prospérer dans la lointaine région que l’on nomme maintenant Cathay. Les élus servaient le peuple, délaissant le pouvoir pour la plupart. Mais un jour, il disparurent. Mon père ne me dit la raison de leur disparition. Je n’étais qu’un enfant, et il me cachait à l’époque l’existence des Sombres Puissances du Nord. Peut-être eurent-elles une part à jouer dans cela… Alors, magicien ? Le récit que le jeune Karl me fait de vous me donne à croire que la légende n’est pas entièrement fausse. Mais peut-être suis-je seulement un homme fantaisiste, militaire encore amusé par des contes d’enfants ? Qu’en dites vous ? » Le magicien regardait maintenant le capitaine avec des yeux plissés. Puis, il chercha des yeux un flacon et but une longue gorgée. Rassasié, il la tendit à Vannerhand. Celui-ci refusa poliment d’un geste de la main. Cette réaction imprévue du magicien et son silence commençaient à l’offusquer et le militaire sentit l’impatience monter en lui. Il est vraiment étrange, se dit-il. Mais enfin, Ulghuran parla.


« Je crois que c’est à moi de vous montrer mon étonnement, capitaine. Vous en savez en effet beaucoup plus que la plupart des mortels de l’Empire sur la création du monde…Mais soit. Vous avez en parti vu juste sur mes origines. Mais les Gardiens ne sont pas tous éteints, certains survécurent à l’invasion du Chaos et ils fondèrent dès lors des monastères où notre savoir est encore enseigné selon la volonté des Créateurs »…


Le magicien resta quelques instants sans parler, se remémorant des souvenirs lointains, mais quels étaient ils, cela, personne n’aurait pu le dire.


De son côté, Karl commençait à s’endormir. Enveloppé dans une couverture, il était tassé contre un sac de toile qui lui servait d’oreiller. Vannerhand s’était assis et regardait dans le vide.


Dans le bref silence, tous trois purent écouter les bruits extérieurs. La rumeur des hommes avait disparu, remplacée seulement par le son du bois éclatant dans les flammes et le hululement d’une chouette quelque part dans la nuit noire.


Ulghuran parla de nouveau, faisant entendre une voix maintenant plus inquiète. Comme si un danger oublié avait soudain ressurgit dans son esprit.


« Capitaine. Qu’allez vous faire maintenant ? Vous savez qui nous sommes, vous savez qu’est ce que je dois faire… »


« Vous voulez dire, ce que nous allons faire. » l’interrompit le capitaine. Un sourire se dessinant sur son visage. Le magicien sourit en retour.


« Vous êtes un grand homme, capitaine Vannerhand. J’ai confiance en vous. »


« C’est réciproque, mais appelez moi plutôt Thomas, lorsque nous sommes entre nous. » dit le soldat, avant de reprendre.


« Pour ce soir, je vous propose de vous reposer ici sous la tente. Personne ne vous posera de questions. Je vous réveillerai vers la huitième heure de la nuit, bien avant l’aube pour que vous puissiez partir sans être repérés tout de suite. Vous ne pouvez en effet rester avec nous. Bientôt nous allons croiser une des patrouilles des gens de Herschelln -Thomas fit une grimace-, ce sont des chasseurs de sorciers. Ils auront entendu parler de vous sûrement et ils vous arrêteront ou vous fusilleront peut-être sans attendre. Si vous partez tout à l’heure, vous pourrez les éviter en continuant vers le sud-est. Longez la forêt de Kleinhoff, ils ne chercheront pas par-là. Mes hommes y veillent. Ils connaissent mes ordres et il n’y a pas d’espion là-bas, je peux en jurer. Je vais vous donner un laisser-passer. Il vous permettra d’atteindre Marienburg sans être retardés. Pour entrer dans la ville, je vous conseille de trouver une identité valable… Pèlerins Sigmarites serait un bon choix. Il y en parfois qui errent dans les campagnes et se rendent en ville pour passer l’hiver…Une fois en ville, allez chez moi. Ma femme et ma cousine vous y accueilleront et vous logeront, vous leur donnerez une lettre que je vais écrire. Une fois là-bas, vous serez libre d’agir et d’enquêter à vôtre guise…Je vous fais confiance en ce qui concerne la prudence…Vous pouvez approcher la bougie s’il vous plaît ? Ah, merci. » Le capitaine commençait à s’enquérir d’un parchemin et de sa plume.


« Et vous ? » dit Ulghuran.


« Moi ? Hé bien, vers la septième heure de la nuit, je me réveillerai enfin du sommeil où un vil sorcier m’aura plongé et m’apercevrai de la fuite des deux voyageurs, je sonnerai l’alerte et donnerai à mes hommes l’ordre de rechercher les deux évadés vers le nord-est. Puisque c’est dans cette direction que se trouve le col le plus proche et donc l’accès à la frontière le plus rapide pour deux magiciens en cavale. Je laisserai au camp seulement moi et quelques hommes de confiance, ainsi vous partirez sans encombres et mes ennuis avec le commandement ne devraient rester que minimes. » Le militaire finit d’écrire les deux parchemins et les remis au magicien. Ce dernier dit :


« C’est bien pensé. Vous êtes un chef efficace je pense, et homme de toutes les situations. »


« J’essaye de faire de mon mieux, quelque soit la tâche. »


Ulghuran acquiesça et porta son regard sur la silhouette endormie du jeune homme. Celui-ci était immobile mais sa respiration était constante et aisée. Aucun signe ne montrait que le jeune Karl courrait un grand péril. Le vieux magicien soupira.


« Pauvre garçon. Qui sait quel Mal il affronte en ce moment-même ? Et dire que je ne puis l’aider. Vous voyez, Thomas. Chaque soir, je me demande si ce garçon verra le matin naître le lendemain. »


« Il est pourtant toujours en vie. » dit le capitaine.


« Oui, c’est vrai… Mais jusqu’à quand tiendra t-il ?…J’espère que l’avenir que je vois en lui pourra un jour devenir son présent… »


L’obscurité était maintenant presque totale dans la tente, la bougie faiblissait. Le soldat émit un long bâillement. Il dit ensuite :


« Allons, il est temps maintenant pour nous de dormir aussi. A tout à l’heure. »


Ulghuran sortit de son attention sur le jeune homme. « Oui, vous avez raison. Bonne nuit. »


Thomas sortit, laissant le magicien seul avec la lente et profonde respiration de Karl.


Il pensa aux journées à venir. Vu de l’obscurité envahissante de la nuit, le futur s’annonçait bien sombre pour eux…il reporta son attention sur le dormeur. Ce serait lui la clé de la victoire, il le sentait. Ce jeune garçon orphelin soulèverait un jour des montagnes et apporterait la paix…Mais encore fallait-il qu’il reste en vie.


CHAPITRE 3


…Dans son sommeil, Karl sentit que quelqu’un le secouait, la voix d’Ulghuran ne tarda pas à se faire entendre dans sa tête.


« Allez, Karl. Debout, il est temps de partir. »


Le garçon ouvrit les yeux et s’accorda un moment pour reprendre ses esprits. Il était vivant. Ce fut sa première pensée. Il s’aperçut ensuite qu’il faisait toujours nuit. Les feux semblaient éteints car aucune lueur ne filtrait à l’extérieur. Seul la flamme d’une petite bougie pulsait encore derrière le magicien. Celui-ci prit un sac sur le sol et un bâton puis sortit de la tente.


Karl mit sa cape sur ses épaules, la même qu’il portait lors de son départ pour Marienburg avec son père, et sortit à la suite du vieillard. En passant les pans de toile de la tente, un vent froid lui souffla sur le visage et lui fit rentrer sa tête dans les épaules. L’air glacial acheva de lui ôter tout envie de dormir. A présent tout à fait réveillé, il regarda autour de lui, cherchant le magicien des yeux. Il contourna la tente et la lumière d’une torche l’éblouit. C’était le capitaine des soldats qui discutait à voix basse avec Ulghuran. Il s’approcha d’eux. Lorsque Thomas le vit, il lui sourit et lui fit un signe de tête.


« Bonjour, jeune Karl. Vous allez bien? »


« Bien merci…Nous partons si tôt ? » dit-il en regardant le magicien. Mais ce fut le capitaine qui lui répondit.


« Oui en effet, vous devez partir le plus vite possible. » lui répondit Thomas.


« Merci pour votre aide, capitaine. Nous vous serons longtemps redevables. » dit Ulghuran.


« C’est moi je pense qui vous suis redevable, mage…Je vous souhaite bonne route et bonne chance ! »


« Si les Okaën le veulent, nous nous reverrons…Allons ! Il est temps. Longue est la route devant nous. » dit Ulghuran en se mettant en marche. Karl dit au revoir à Thomas et courut à la suite du vieillard.


Et ils partirent, comme deux ombres discrètes dans la nuit froide. Ils marchèrent près de trois heures dans le noir presque total. Pendant ce temps, Ulghuran, qui ne semblait pas être gêné par l’obscurité, guidait Karl. Il lui montrait le chemin et l’avertissait des imperfections du sol. Ils n’étaient pas allé retrouver la route principale, car elle était selon Thomas beaucoup trop utilisée par les chasseurs de mages pour être sure. Au lieu de cela, ils marchaient sur un terrain composé de vallons prononcés couverts de bois au fond desquels coulaient souvent des ruisseaux paresseux qui allaient rejoindre le Reik plus loin dans le Sud ou se perdaient dans quelques tourbières à l’Est, près de l’estuaire. Le terrain était souvent difficile et ils durent faire plusieurs détours afin de contourner des fossés emplis de ronces ou des marécages incertains. Karl ne tarda pas à avoir les pieds trempés par la rosée naissante et peinait à avancer alors que le sommeil le regagnait insidieusement.


Mais à sa grande joie, l’infatigable magicien décida de faire halte. Ils s’arrêtèrent sur le flanc ouest d’une petite colline. Cependant voyant la lumière croître au dessus d’eux, ils allèrent jusque sur une crête déboisée au sommet, afin de s’orienter et d’observer le paysage alentour.


Arrivés sur le faîte, un Soleil rouge leur fit face tandis que le ciel se paraît de teintes roses, chassant la nuit à l’Est. A leurs pieds, le sol était encore couvert de brumes épaisses, laissant apparaître les collines comme des îlots aux milieu d’une mer grise qui montait ensuite à l’assaut de la masse imposante et sombre des montagnes derrière eux.


Malgré sa fatigue, Karl dévora ce spectacle des yeux. Il s’assit sur une plaque rocheuse et décida pour lui-même de ne plus bouger d’ici jusqu’au soir. Il accepta avec plaisir le morceau de pain que lui tendit le vieillard ainsi que l’outre pleine d’eau fraîche. La mastication et le liquide dans sa gorge lui éclaircir l’esprit.


Ulghuran s’assit près de lui et lui demanda :


« Alors Karl, comment s’est passée cette nuit ? »


Une ombre de douleur sembla tomber brusquement sur le garçon, Ulghuran se plongea dans les pensées tourmentées du garçon. Un long silence s’en suivit. Derrière eux, un oiseau chanta. Le monde se réveillait doucement. Mais Karl s’en fichait. Il ferma les yeux. Pourquoi avait-il fallu qu’il pose cette question…Il n’avait pas envie d’y penser. Se réveiller tôt avait été une bonne chose, il avait pu leurs échapper et les avait oublier dans l’instant où il ouvrait les yeux. Mais peut-être était ce maintenant sous le Soleil qu’il les ouvrait vraiment. La vérité s’illumina : il ne pouvait échapper à ce songe mortel. Les souvenirs de la nuit revinrent au galop dans son esprit et il ne parvint pas à les chasser. Les prêtres morts sur le sol rougie, ces plaintes langoureuses s’élevant du fond du péristyle, comme autant de cris de défis que la créature lançait au jeune prêtre, qu’elle lui lançait.


Que pouvait-il faire hormis marcher à sa rencontre. Le prêtre avançait, mais Karl le retint, agrippa sa pensée. –Non ! Je ne veux pas mourir avec toi ! Tu iras la voir seule.- Karl entendait encore les réponses du prêtre à ses suppliques : -Mais c’est aussi ton destin. Tu n’y peux rien changer. Tu vas marcher avec moi et nous allons mourir, viens.-


Non ! Non ! Je refuse !! criait le garçon en larme. Ce n’est pas mon destin ! Tu es mort depuis longtemps. Tu n’es qu’un rêve ! Jamais je ne te suivrais !- Mais Karl ! La vie est un rêve…que vaut-elle si l’on ne la vit pas ainsi ? Allons, viens. Tu DOIS me suivre.- Karl sentit ses pieds avancer vers le prêtre. Alors, rassemblant toute la volonté qui lui restait, il donna l’ordre à ses membres de s’arrêter. En réponse, une violente douleur le saisit aux jambes. Comme un millier de fines aiguilles qui s’enfonçaient dans ses mollets. Mais Karl tint bon. Alors la douleur remonta petit à petit dans tout son corps. Karl étouffait. Il allait mourir. Non, ce n’est qu’un rêve ! Tu ne vas pas mourir . lui disait une voix. Puis peu à peu, cette voix prenait forme : une femme. D’abord aussi diffuse qu’une brume légère, sa présence se fit de plus en plus sentir. Sa peau transparente se colorait, ses cheveux brillaient, ses yeux se posèrent sur Karl, le prêtre et la salle à colonnes semblèrent s’éloigner. Il connaissait cette femme. Dans un souffle, il l’avait appelé, comme pour s’assurer de sa présence.


« Maman. »


La femme lui sourit. La douleur s’estompa dans les membres de Karl. Ses pieds lui avaient dès lors obéit. Il s’était avancé vers elle, mais elle était parti, et Karl s’était retrouvé seul. Si seul pensait t-il maintenant. Un manque, une plaie se trouvait toujours sur son âme. Et elle venait de se rouvrir cette nuit. Voilà pourquoi il ne voulait pas en parler. Enfin, il entendit la voix d’Ulghuran dans sa tête. Celui-ci était resté silencieux jusqu’alors. Comme assis dans le coin sombre d’une pièce et observant ce qui s’y dérouler. Il avait suivi les souvenirs du songe aussi bien que lui…


« Karl. N’y pense plus. Laisse tout maintenant. J’ai à te parler. »


Mais pouvait-il vraiment se confiait à ce magicien ? Après tout, que savait-il de sa mère ?


« Karl ! Allons, c’est fini. »


Karl ouvrit les yeux. Il était toujours assis sur la pierre, Ulghuran à ses côtés. Ce dernier prit la parole.


« Je suis désolé de t’avoir forcé à te souvenir du rêve de cette nuit. Je ne pensais pas qu’il t’envahirais la pensée à ce point à sa simple mention…Mais je devais savoir comment cela s’était passé…Apparemment, tu t’en est sorti de justesse. Mais tu t’en est sorti quand même, et c’est ça le plus important. C’était très bien joué de ta part que de penser à ta mère. Je pense que c’est un bon moyen pour toi de ne pas perdre pied. »


« Mais je n’est pas fait exprès de penser à elle. » dit Karl.


« En es tu sûr ? » lui répondit le magicien en plissant ses yeux bridés.


« Je…Je ne sais pas. » dit le garçon incertain.


Ulghuran soupira. Puis regarda vers l’Est.


« Allons, le soleil va bientôt grimper. Nous ferions mieux de nous remettre en route. »


Il se leva et commença à chercher le meilleur chemin pour redescendre de la colline. Pensif, Karl se leva et rejoignit le magicien. En quittant le sommet, ils arrivèrent rapidement sous un dôme de hautes branches encore touffues. L’automne dévoilait ici toute sa beauté. Les feuilles rouges et ocres prenaient des teintes dorées sous le Soleil matinal et forçaient l’admiration du voyageur. Ulghuran eu bien voulu rester plus longtemps sous ces frondaisons merveilleuses, mais la nécessité les pressait. Il lui fallait atteindre la ville au plus vite et découvrir quelle était la raison du mal de Karl…


Le capitaine Vannerhand sortit de la tente pour accueillir la patrouille qu’il avait envoyé à la poursuite de deux fuyards fantômes. Il vit approcher le lieutenant Meinlieb, un homme fidèle au commandement et qu’il connaissait depuis ses premières classes dans l’armée. Malheureusement, sa fidélité aveugle tendait bientôt à devenir de la stupidité. Il ne pouvait lui faire entièrement confiance. Lorsque celui-ci ne fut pu qu’à quelques pas, Thomas l'apostropha : « Lieutenant, au rapport ! » Malgré la fatigue, le soldat se mit au garde-à-vous de manière impeccable, le torse bombé et les jambes droites.


« Nous n’avons trouvé nul trace des fugitifs mon capitaine. » Thomas feignit de froncer les sourcils. « Ce n’est certes pas une bonne nouvelle, lieutenant. Mais le contraire m’eut étonné. Il n’est pas aisé de suivre la trace de deux magiciens la nuit…Vous pouvez disposer. Faites passer la consigne de seller les chevaux. Je veux que nous soyons prêts à partir avant que le Soleil ne passe au dessus de la cime des arbres. »


………….


Vers la troisième heure du jour, le groupe de cavaliers cheminait au trot sur la route, conservant la célérité de leur chevaux pour le cas où ils seraient attaqués. En tête de colonne, le capitaine Vannerhand vit s’approcher devant lui un éclaireur monté qu’il avait envoyé dans le Pays Perdu quelques jours auparavant. Celui-ci s’approcha et se mit au garde-à-vous, la lance droite. Tout en faisant signe à la colonne de s’arrêter, Thomas l’appela.


« Alors, soldat ? Quelles nouvelles du Nord-Est ? »


« Mauvaises, mon capitaine. Le capitaine Goghens a été repoussé il y a deux jours de l’autre côté de la rivière Ravens par une attaque de créatures mi-hommes, mi-bêtes. C’était une embuscade. »


« En quel état est son groupe ? »


« Seul un tiers de ses hommes sont encore valides. Un autre tiers est composés de blessés légers mais tous sont fatigués. »


« Comme nous tous…Et de Marienburg ? Avez vous des nouvelles ? » Thomas avait prononcé ces mots avec une teinte d’ironie…Cela faisait longtemps qu’aucun message ne venait de Marienburg. Mais à sa grande surprise, l’éclaireur répondit :


« Oui, mon capitaine… » Le soldat sortit un parchemin portant le sceau des Princes-Marchands, à cette vue, Thomas prit peur mais espérait encore que ce n’était pas pour lui. Malheureusement, les paroles du soldat vinrent confirmer ses craintes.


« Euh, mon capitaine, le message m’a été transmis ce matin il y a quelques heures au poste de garde de Kleinhoff… » Il déroula le parchemin et le lut à haute voix. Thomas resta de marbre, le souffle court. Il vit les sergents et les soldats s’approcher l’air inquiet. Mais il savait que parmi eux, l’un d’eux exultait que son message ait bien été transmis aux ordonnateurs, prévenant ses supérieurs que… « le capitaine Thomas Hinz Vannerhand s’était rendu coupable d’avoir facilité la fuite de deux magiciens potentiels et ne pas s’être dénoncé, d’avoir donné un ordre inutile et insensé à ses hommes et d’œuvrer ainsi contre les autorités Princières du Wasteland. » Le soldat fit une pause avant de continuer : « Pour les raisons sus-décrites, le capitaine Thomas H. Vannerhand est condamné à la peine capitale. Le condamné passera quarante jours dans la prison militaire de Marienburg afin d’y expier ses fautes et d’y implorer le pardon de Sigmar. Une fois cette peine expirée, le condamné sera fusillé par les hommes de son régiment, qu’il a outrageusement abusés… » S’en suivit une long discours sur les détails de la peine de Thomas, sur les privilèges qui seraient ôtés à se descendance si jamais elle entrait dans l’armée, etc. Mais Thomas n’écoutait qu’à moitié. Sa pensée était dès lors occupée par l’avenir de Karl et Ulghuran. Si les ordonnateurs avaient été prévenus à temps, c’est que le traître était parti hier au soir du camp. Peut-être étaient ils déjà capturés alors ? Cette pensée assombrit son esprit. Si ils mourraient, ce serait de sa faute. Son plan avait échoué.


Thomas entendit quelqu’un lui demander de descendre de cheval. C’était le sergent Meinlieb. Il le regarda dans les yeux et n’y lut que le mépris le plus total. Si seulement ce soldat borné savait comme on le trompait…Le capitaine sentit qu’on lui lier les poignets et les chevilles. Son uniforme lui fut ôté. Ses armes confisquées. Il n’était plus qu’un bagnard. Il y a quelques minutes seulement, il était un capitaine respecté et adoré par ses hommes, connu en ville pour être un homme de qualité…Tiens, la ville. Sa famille…qu’allait-il leur arriver ? Allaient-ils devoir le suivre dans la mort ? La justice militaire était intraitable, et celle du tyran qui régnait maintenant était encore pire…Ils les feraient pendre rien que pour divertir ses sombres hommes de main. Cette pensée acheva Thomas et il se laissa conduire par un garde comme un vulgaire bétail.


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