- La première...
- La première ?
Le Général hocha rapidement la tête vers la jeune femme qui se tenait debout devant son bureau. Elle portait le treillis règlementaire mais son garde-à-vous hésitant trahissait son manque d'expérience militaire. L'officier supérieur reprit :
- Vous serez effectivement la première femme à rejoindre le 112e régiment de Nëal. Cet honneur vous a été octroyé grâce aux états de service de vos ancêtres, Sergent Vayne. Huit générations d'officiers jusqu'à votre père, que l'Empereur veille sur son âme, et vous voilà incorporée à la fine fleur de la Garde Impériale. Je suis certain que votre affectation va vous plaire, et je suis sûr que vous ne resterez pas sous-officier très longtemps. Vous avez été choisie pour mener une escouade un peu particulière...
- Particulière, mon Général ? Puis-je vous demander plus de détails ?
- Vous connaissez la ruche Eradyne Sergent ?
A la simple évocation de cet endroit, Miria fut parcourue d'un frisson d'effroi.
- Oui mon Général. C'est une petite ruche industrielle au sud de Nëal, elle doit compter dans les 50 millions d'habitants seulement. Mais c'est surtout la plus dangereuse, la guerre des gangs y fait continuellement rage. C'est un endroit maudit, osa t-elle ajouter pour conclure.
- Maudit, je ne sais pas. Mais en tous cas les Eradyns savent se battre. Et justement, vos hommes viennent tous de là-bas. On leur a laissé le choix entre une balle dans la nuque et un enrôlement chez nous.
- Mais...
- Vous allez sortir vos hommes de prison grâce à ça, coupa le Général en tendant à Miria un document scellé. Ensuite vous vous rendrez à camps Baarkan asap pour faire votre rapport au Colonel Tajaar. Des questions Sergent ?
- Et bien... Oui. Une, mon Général, souffla t-elle d'un ton mal assuré.
L'officier en chef hocha rapidement la tête pour inviter la jeune femme à poursuivre.
- Pourquoi moi, mon Général ? Je ne pense pas être la plus qualifiée pour...
- Allons allons, je suis sûr que vous trouverez le bon angle d'approche avec ces lascars, coupa à nouveau le Général Desteyar. Ils ont juste besoin de rentrer dans le rang.
- Mais, insista Miria, je pense...
- Je ne vous demande pas de penser Sergent, mais d'obéir aux ordres ! J'avais beaucoup de respect pour votre père. C'est pour cela que je vous fais l'honneur de prendre de mon temps pour vous parler en personne. Ne bafouez pas sa mémoire en pleurnichant parce que votre affectation ne vous convient pas. Serrer les dents et allez-y, point final. Rompez.
- A... A vos ordres mon Général.
Pâle comme un cadavre, Miria salua son officier, tourna les talons et sortit du bâtiment. Elle récupéra son sac et se dirigea mécaniquement vers la plate-forme de décollage des Valkyries de la base.
Mener des hommes au combat constituait déjà un défis pour une femme de Nëal. Mener des ex-gangers habitués à tuer pour le plaisir tenait du miracle.
[...]