Citation : J'exagère peut-être.
Un chouilla...
Pour le Japon, il y a vraiment un vieux fond pas très glop sur la conception du pouvoir et la place de l'individu. C'est du à des facteurs culturels (et perso je comprend que la culture japonaise fascine du monde: elle est vraiment fascinante... mais on oublie un peu vite qu'elle est ultra martiale, très violente et très inégalitaire) mais le Japon a connu une période où on peut sans trop être à côté de la plaque le qualifier de fasciste (quand les militaires ont pris le pouvoir dans les années 20/30). On voit là encore ce que ça a donné (m'étant intéressé à l'histoire du Japon dans son ensemble, j'ai pas mal potassé sur le Japon dans la seconde guerre mondiale.... et franchement, ça laisse encore songeur sur la nature humaine). Et il est vrai que ce pays n'a jamais fait de travail de réflexion sur ce passé (jusqu'à Shinzo Abe qui se fait prendre en photo dans un avion de chasse numéroté 731 avec le pouce en l'air... si vous voyez pas la ref tapez "unité 731" sur Google... c'est un peu comme si Angela Merkel levait le pouce devant une pancarte "Arbeit mach frei").
Reste qu'au Japon, il peut y avoir un Miyazaki, qui apparemment gère sa boîte de façon très égalitaire entre les différents employés, avec prises de décisions collectives et dialogue à tous les niveaux, défend des idées écologistes, pacifistes et anti modernistes qu'il fait passer dans ses productions, dans un pays qui était un paradis naturel qui a largement été bétonné et qui est responsable (les autorités du moins) de certainement la plus grosse catastrophe nucléaire au monde (dont on ne mesure pas encore les conséquences). Et non seulement ce type peut mener sa barque comme il l'entend, mais en plus acquérir une notoriété internationale... Allez dire ça aux opposants chinois qui croupissent en camps de concentration.
Et sans être un grand fan de manga, nombre d'entre eux sont très subversifs. Les abus et excès du monde moderne, de l'industrialisation, du totalitarisme, du despotisme, de la guerre y sont dénoncés sans ambages et parfois avec finesse, brutalité et virulence.
Bref, c'est pas parce qu'il y a des grenouilles quand il pleut, qu'il pleut des grenouilles (pas confondre cause et corrélation): le Japon a des aspect qui NOUS paraissent relever du fascisme (mot qui recouvre une forme bien particulière d'organisation sociale et politique... attention à ne pas confondre toute forme de despotisme et de société très hiérarchisée systématiquement avec le fascisme), mais on juge un pays à la culture très différente (et d'ailleurs son aspect impérialiste et militariste à l'origine des horreurs qu'il a commises viennent en grande partie de son occidentalisation forcée au XIXème siècle... avant le Japon était un pays refermé sur lui-même qui voulait pas entendre parler du reste du monde. A part une tentative ratée de conquérir la Corée au début du XVIIème siècle, c'est un empire qui n'a jamais tenté de s'étendre... jusqu'aux années 30 et là ça a été la course à l'horreur).
Donc attention à ne pas tout mélanger et à ne pas interpréter des facteurs culturels selon notre prisme à nous.
Il y a une fascination assez chelou pour les despotismes orientaux en Europe, c'est assez étonnant. On fantasme à fond ces sociétés ultra policées et ces populations dociles (au moins dans nos fantasmes sur elles... on gobe la propagande de ces pays totalitaires c'est dingue). "eux au moins ils sont disciplinés". Ouais, ceux qui le sont pas, ils finissent les rotules brisées dans un sous sol ou en camp de concentration et on en entend à peine parler, alors tu m'étonnes...
Et justement cette idée de dévotion à un chef ou un Etat, c'est exactement ce dont nous parle 40K: c'est là où je dis qu'il ne s'adresse pas aux nostalgiques de la croix gammée pour leur dire que leur délire c'est de la merde, mais bien à nous: à Mr tout le monde qui dit "moi le fascisme, jamais!" mais qui est capable de faire l'éloge de la façon dont l'Etat chinois traite sa population, ou de dire que quand même, Poutine, au moins lui il assure, ou plus globalement de "dénoncer" l'indiscipline des gens alors qu'il n'y a aucune prise de décision collégiale et qu'on se fout de leur gueule sur toute la ligne.... ou à l'époque à une Tatcher qui a foutu les gens dans la misère en prônant que "there is no alternative". Il montre comment le désir d'ordre et de sécurité, comment la fascination pour la brutalité martiale et la dévotion à un être charismatique peuvent insidieusement conduire aux pires excès jusqu'au grotesque.
Y a une révolte dans 40K, une sorte de rage sourde (qui transparait dans l'aspect très brutal et glauque de l'univers: c'est une satire non pas seulement des Etats totalitaires, mais encore une fois de ce qu'il y a sous le vernis bienpensant de nos sociétés) face à la pusillanimité des gens, à leur passivité et au mal que cause leurs contradictions et leur hypocrisie. C'est un gros morceau de métal/punk énervé. Et c'est pour ça que je l'aime bien (au-delà de l'aspect commercial qui bien sûr n'en fait pas non plus l'objet de révolte ultime... mais quand même, y a un peu de ça).