Et voilà, mes chers amis, la suiteuhhhhh !
-"Où allez-vous?"
Kristof venait de se reveiller brutalement, ayant entendu un bruissement de feuilles et le craquement de bois morts qui jonchaient sur le sol. Vanarek se retourna et son regard se posa sur le jeune homme désormais sorti de ses rêves. Des rêves sinistres, où il voyait son père défendre courageusement sa famille, et sa mère qui pleurait, serrant contre sa poitrine le petit Mathias. Son frère criait après lui -"Kristof, Kristof ! Au secours!"-, mais celui-ci n'arrivait pas et Mathias s'écroula finallement, incompris et innocent. Kristof suait encore et les battements de se coeur commençaient à diminuer. Il devait se montrer dur. Fort. Etre un homme.
-"Je pars chasser, je devrais être rentré d'ici trois petites heures."
Voyant le regard interrogatif du garçon, Vanarek ajouta:
-"Allons, Kristof. Tu as beaucoup crié et remué, cette nuit; il te faut donc te reposer encore un peu avant de se remettre en route."
Sur ce, l'ombre du chasseur s'évanouit dans la brume matinale, parmi les aulnes et les bosquets. Les rares rayons de soleil qui parvenaient à franchir la brume éclairaient les alentours. Kristof put donc s'apercevoir que le vieux manteau de Vanarek lui servait de couette, le réchauffant un minimum car le feu était éteint et les braises éparpillées un peu partout au pied d'un grand chêne centenaire. L'homme devait préférer son arc à son épée pour chasser; car celle-ci reposait sur une souche humide, où des centaines de fourmis grouillaient. L'épée, ou plutôt le cimeterre, était de couleur noire, fine, longue et facilement maniable. Aux mains d'un tueur, elle devait s'avérer meurtrière, fendant l'air et mordant le chair. Kristof se jura d'éclaircir ses pensées dès le retour du chasseur. Ensuite, le garçon essaya de se lever, mais à la place retentit un juron: le froid le gelait jusqu'à la moelle, ses mouvements devenaient raides et douloureux. Kristof pensa alors qu'un peu de sommeil supplémentaire ne pouvait pas lui faire de mal. Il ferma les yeux, se recouvrit du manteau, puis sombra presque aussitôt dans le monde de l'oubli.
Kristof se reveilla de nouveau brutalement, avait-il rêvé ou les bruits n'étaient en fait que le long murmure du vent ? Pourtant, le jeune orphelin se sentait épié, observé. Qui était donc en train de l'espionner? Etaient-ce les loups ou une autre bête sauvage ? Etait-ce Vanarek qui revenait, malgré que seulement deux heures se soient écoulées ? Il s'agissait, peut-être, tout simplement d'un tour de son imagination. Il essaya de se rendormir, mais cela lui était impossible. Kristof prit donc son courage à deux mains et cria dans la brume:
-"Qui va là ? Signalez-vous !"
En guise de réponse, un oiseau frustré s'envola dans le ciel encore illuminé par la lune. Le jeune garçon tremblait, mais gardait néanmoins son sang-froid. Il continua, d'une voix chevrotante, mais qu'il voulait assurée :
-"Je sais que vous êtes là ! Montrez-vous, je ne vous crains pas !"
Il avait dit ça en essayant de ne pas se montrer impressioné, après tout, il n'avait plus rien à perdre dans la vie. Il y eut alors une violente rafale de vent qui emporta un paquet de feuilles; et deux hautes silhouettes sortirent des ténèbres et s'avancèrent. A la lumière de la lune, Kristof vit qu'elles étaient bâties comme Vanarek: grandes, puissantes et fières. L'un des deux hommes avait de longs cheveux noirs, l'autre, quant à lui, possédait de magnifiques yeux bleus au regard pénétrant. Chacun avait, soigneusement rangée dans un fourreau, une longue dague et une arbalète à la ceinture. Kristof vit qu'ils continuaient à s'approcher; se sentant menacé, il sortit rapidement Carchost, l'ancienne épée de son père. Malheureusement, l'homme aux cheveux noirs se jeta violemment sur lui et attrapa avec force son poignet,celui tenant l'arme. L'autre, aux yeux bleus, se mit doucement à rire et lâcha d'une voie claire et:
-" Tu ne croyais tout de même pas faire le poids face à nous ?"
Il détourna le regard devant celui haineux et froid de Kristof, ses yeux tombèrent alors sur le cimeterre de Vanarek. Son rictus disparut aussi vite qu'il était apparut, et il dit :
-"Regarde, Amel ! Là !"
L'autre lâcha aussitôt Kristof après avoir vu l'arme aux motifs anciens. Il se releva en serrant les poings, de véritables masses osseuses qui auraient pu broyer le nez et le crâne de Kristof. Le dénommé Amel siffla:
-"Je pense que tu nous dois certaines explications, mon petit !"
Avant même que Kristof put dire ou murmurer quelque chose, une quatrième personne vint s'incruster parmi les autres. C'était Vanarek. Il ramenait un renard et deux petits putois. Le chasseur se permit un sourire radieux et déclara à Kristof:
-"Bien, je vois que tu as déjà fait connaissance avec Amel et Rafaël. C'est parfait, les choses sérieuses peuvent désormais commencer !"