LA MORT
Une douleur lancinante me paralyse le dos. Je suis couché sur le ventre, le visage écrasé sur le marbre de ce satané mausolée en ruine. Cette fois ci ma fidèle armure a rendu l’âme. C’est terminé. Hyssscha es tu là ?
« Oui, mon Maître… »
Je te fais confiance, tu sauras bien sortir toute seule de ce merdier. Protèges le grimoire.
« Bien, mon Maître… »
Cet horrible goût dans la bouche. Infecte… Frère Thésorus, le bannis, aurait été heureux de le goûter. Ce sombre crétin a sans doute fini carbonisé par ces folles vengeresses.
Je dois avoir la rate et le foie explosés. Ma colonne est brisée. Ma vie s’en va.
Tant mieux.
Toute cette lamentable guerre n’aura été qu’une sinistre farce. Quelle ironie… je me revois encore avec Fiolan-Vie, lui expliquant longuement que le rire nous défini en tant qu’êtres conscients, bien plus que la douce caresse qu’elle m’envoyait alors en pensée. Je la ressent encore, quels fantastiques pouvoirs tu avais alors, ma fille...
Une sinistre farce, une enfant de quatre ans accusée de sorcellerie…
J’avais vécu de paisibles jours jusque là avec ta mère, sur notre monde natal, tu sais… Elle me manque terriblement, elle aurait dû fuir avec moi dans la Faille et ne pas espérer une hypothétique capture par ces fous d’esclaves-loup. Le fol espoir de te retrouver était vain.
Notre fille est morte mon amour, la rejoindre les armes à la main n’était pas une solution.
Quelle folie m’a pris alors de vous abandonner. Quelle folie… Je croyais tellement en Magnus.
Quelle utopie je me faisais alors de la vie et de notre foi envers l’humain.
L’homme est faible et fragile, son essence est mauvaise par définition.
Les voilà qui arrivent. Ces putains ecclésiastiques ne valent rien au combat. J’aurais dû détruire ce temple et la compagnie blindée qui le protégeait.
Et puis non...
Servir encore ces sinistres abrutis qui me commandent depuis si longtemps sur une quelconque orgie de destruction, de souffrance et de sang ? tellement imbus d’eux-mêmes qu’ils ne sentent même plus les puissances infernales nous diriger telles de vulgaires marionnettes ?
La voilà notre destinée ? Quel gâchis. Quel formidable gâchis…
Comme nous avons changés… Nous aimions tellement la vie… Avant…
Que sommes nous donc devenus ?
Un fuseur sur ma tempe.
« Adieu, mon Maître »
Adieu mon amie, il est temps pour toi de trouver un nouveau Porteur.
Hyssscha el’khainsssa tsu amonwyr’ra, je te libère sur l’éternité.
Quant à toi, fidèle compagne depuis tant d’années , et avant que de ta faux tu ne me fasse payer chèrement ces terribles décennies de honte, laisses moi voir une dernière fois le visage riant de ma fille…
Mille pardons Révérente Mère, une jeune apprentie un peu trop zélée vient de pulvériser le corps d’Antargos le Méta-Démoniaque, champion de la première compagnie d’Hariman.
La petite esservellée neuropate ! fille de rien ! elle sera châtiée !
Quels artefacts possédait-il ?
Sa lance démon et son célèbre recueil de magie ont mystérieusement disparus avec trois de nos sœurs... Nous n’avons rien trouvé d’autre, Révérente Mère, si ce n’est cette curieuse poupée cousue à même son thorax.
Du satanisme, de toute évidence, j’ai lu quelque chose là dessus il y a fort longtemps - de très anciens textes de Terra - une magie nécromancienne il me semble liée à un animal mythique: le bœuf doux je crois.
Envoyez tout de suite cette idole à la Révérente-Investigatrice-Nécrarque Sœur Nidan.
Par l’utérus vierge de la Sainte Sœur Maran Gor, puisse le Divine Empereur nous protéger de tels dégénérés de la vie…