Citation :
Il y a 4 heures, Nekola a dit :
Je pense que si ils partent sur une société de figurine "à l'ancienne", cela peut se faire avec un investissement "juste honnête" de leur part !
Aujourd'hui on est juste habituer au petite maison de conception qui portent 1 ou 2 jeux maximum et qui sous traite la production de leur figurine (et donc intermédiaire et donc argent à dépensé en plus !) et on imagine moins ces sociétés de figurines un peu à la GW qui traite de A à Z (même si c'est un peu moins vrai aujourdhui) leurs productions et pourtant c'était la norme ils y a 20 ans ^^.
Aujourd'hui, avec l'évolution des techniques, de la conceptions 3D, les techniques de moulages, les nouveaux matériaux, le procédé est un peu plus accessibles si une personne compétente rejoint leur équipe.
Bref, si ils ont investi dans une presse à figurine (et le gars qui va avec), je pense que cela doit être plus qu’envisageable de produire un peu ce qu'ils souhaitent sans être tributaire d'un panda ou d'un polonais ou de la douane et de leur FdP !
Euh, non, c'est tout le contraire (et je te le dis d'expérience ;)
Il y a 20 ans, le A-à-Z était en effet réalisable car le process était artisanal :
1) on partait de croquis, soit pondus à la pelle par un Edouard Guiton sous extasy naturelle qui te posait déjà le perso en mouvement (fig "dynamique"), soit de simples sketchs agrégeant les éléments nécessaires façon blueprint (fig "plates").
2) selon la fig visée, des sculpteurs comme Aragorn (car tous ont leurs petites spécialités) prenaient la main pour réaliser les greens à l'échelle, drivés en cours de route ou par refontes manuelles post-valid, en y assortissant les contraintes minimum de moulage, et idéalement la découpe de ce premier master. Seule la cohérence d'échelle de l'armement était réalisée à part, le sculpteur "n'avait qu'à" intégrer.
3) le green était consumé dans la réalisation des moules : souple, pour parfaire le plan de moule, afin d'obtenir des exemplaires résine confiés d'un côté aux peintres de promo et de l'autre à la fonderie qui, via procédé à la cire perdue, récompensait l'œuvre d'une répétabilité de la pièce en métal (jusqu'à usure plus ou moins programmée dudit moule).
4) le package se faisait ensuite à la main, avec l'angoisse de ne pas oublier des petites pièces. Et rien qu'une colleuse de blister sur carte carton a un coût.
Aujourd'hui, dans une visée de prod plastique, le process est nécessairement numérique.
2) les sculpteurs nécessaires ont double compétences : artiste et informaticien a minima.
Les stations informatiques de travail ne peuvent être des ptits ordis portables Android à 300 E, ce sont de grosses bêtes de course, avec souris et/ou bras haptiques, des logiciels coûteux à licence annuelle.
Nonobstant, une certaine productivité peut naître de cette informatique qui ne perd rien : à mins de n'utiliser que des sculpteurs free-lance, assez vite une "banque" d'éléments se crée (armes, morceaux d'armures etc.), permettant du scratch plus ou moins rapide (à la ForgeWorld), réduisant le temps nécessaire au détriment des postures (gamme 2017 Necromunda).
3) Le fichier de sculpture est compressé via d'autres logiciels coûteux et à licence annuelle pour être imprimable 3D. Ce job est pris en charge par d'autres compétences, soit à l'interne (ce gars + l'imprimante 3D, pour ce niveau de détail, a donc aussi coûté plein de sous, sachant aussi que la résine de print contient sans doute de l'or, vu son prix ;), soit à l'externe car c'est un métier (qui demande donc sa marge).
4) A moins que le Directeur Artistique soit vraiment expérimenté à "lire" la 3D sur écran, l'impression 3D valide, ou pas, le modèle. Plusieurs prints sont souvent nécessaires, des mois à l'avance.
5) Ce master est découpé en multipart si nécessaire (et plus il y a de détail, plus c'est nécessaire) ; ça part vers moule souple ou cire perdue pour des tirages de promo, ou de prod résine ou PVC. Le multipart est évidemment plus cher (prend plus de place) qu'une monobloc.
5.b) le "green" validé, découpé ou pas, est réimprimé grossi (échelle x3), lissé souvent à la main, pour permettre au toucher méticuleux d'une fraiseuse d'être transmis cinq axes pour creuser au laser un moule à l'échelle dans un cube d'acier (fig non-multipart).
ou
5.c) le fichier 3d est directement retravaillé sur ordi, découpé, pour être grappé selon taille du moule, plan de moule, points d'injection etc. selon consignes du mouliste (qualités du moule, de l''ABS, pression d'injection disponible, quantités prévues...), qui donc dispose du process ad hoc en réception, jusqu'au 5.b.
Là-aussi, c'est un vrai boulot, rare (il est préférable que ce grappeur 3D soit modéliste et peintre pour bien placer les points d'injection, anticiper l'ébarbage, choisir les surfaces sacrifiées (il y en toujours). La Chine n'est pas à niveau là-dessus et, durement acquis, c'est sans doute LE savoir-faire de GW, mais des free-lance touchent aussi leur bille. Plus la grappe est chargée, dense, plus la presse sera puissante, donc chère à acquérir et/ou utiliser.
6) Une fois les moules achetés, on les confie à un injecteur selon une négo par quantité, des garanties d'AQ (donc faut prévoir de quoi stocker cette masse de grappes qui vont débouler du container en attendant de l'écouler, ainsi que les moules une fois rapatriés, lorsqu'ils sont rapatriables).
7) Même investissement pour le package (son design, sa nécessaire impression en Chine...).
Bref, si tu comptes bien, ça en fait des prestataires, des fournisseurs, de la place, des outils et des gens, avant même que tu reçoivent un euro.
En ajoutant les salaires du noyau minimum (hors illustrateurs et sculpteurs payés à la pièce), tout cela demande énormément de trésorerie, car le délai de mise sur le marché du direct-to-plastic est bien plus long que la prod métal ou PVC.
Vu le marché visé (qui ne dispose pas d'études, est quasi invisible), ça demande un banquier qui aiment les niches et prend les risques qu'il n'a pas le droit de prendre ; donc il n'y a pas de banquier.
C'est pour ceci que tous les projets 'Boite inconnue vers direct-to-plastic' ont coulé, mortes-nées souvent, quel que soit le concept, ça a ruiné même R. (qui en avait, des sous, étant entré en bourse pour ça). A peine trouve-t-on des boites établies métal, qui parviennent à financer une à trois grappes pour de la gamebox d'appel pleine de doublons.
Et le miracle chinois (Dust par exemple), ie même l'expat' complète à Hong Kong, a toujours été en deça de la fiabilité financière et de la qualité de production britannique. C'est le plafond de verre qui interdit l'accès au marché de GW.
KS a seul changé cette donne. Une boite sérieuse peut auto-financer l'amont (même via une banque, suffit d'hypothéquer sa maison ;), et trouver dans le crowfunding de quoi franchir la haie (tant qu'elle est extrêmement bien préparée, selon un modèle boardgame, ie matos de Cluedo exigeant), d'où la faisabilité récente des KS kiloplastique (Sodapop, CMON... Mantic était d'abord un plasturgiste), exploitant au maximum les nouvelles technologies et coûts de production à toutes les étapes, pour un viabilité atteinte à 2000, 3000 clients pré-payeurs.
Le fluff de Parabellum est superbement immersif, mais derrière le rêve du nouvel entrant, il y a des contraintes en dur.
Je ne dis pas pour autant que le challenge direct-to-plastic est inatteignable, juste que c'est *le* challenge.
Et hors KS, quand personne ne vous connaît, quand vos figs n'ont pas toutes un effet Wouah immédiat, mais tolérées parce que la gamebox est étrangement rentable (donc décisive), faut blinder cet aspect de crédibilité (rien qu'annoncer une sortie en boutiques physiques, même résolument épaulée par une vente en ligne, demande des commerciaux plein-temps, polyglottes... Corvus Belli a déjà tout ça et ses sorties plastique sont récentes, très limitées et confinées au plastique mou de Reaper).