Dans La Vie Faut Pas S'en Faire

2 réponses, 2692 vues


Zugrub ajusta ses jumelles, ne prêtant qu'une oreille distraite aux explications de Rufgob.


- « J't'esplique Zugrub, ça c'est un truc génial; pis c'est moi qu' l'ait inventé, hein; tu vois l'canon, là. J'appuie sur l' bouton là et y a une boule de foud' qui va sur les zoms et qui les fait péter en tellement d'p'tits bouts qu'on pourra p'us les compter avec les doigts d'toutes les mains.


- L'est à l'envers ton canon.


- Hein ?


- L'est à l'envers ton canon.


- Mais non, le trou d'l'aut' côté c'est pour l'évucati... l'avécu... qu'le gaz i' parte d'là. C'est normal. Bon, c'est quoi qu'j'dois faire péter ?


- L' bâtiment là-bas. »


Zugrub agitait un doigt impérieux et vaguement agacé. La bataille durait depuis trop longtemps à son goût. Son plan génial ne s'était pas déroulé exactement comme prévu. En désespoir de cause, il avait fini par accepter que Rufgob mette en œuvre sa dernière invention – la plus révolutionnaire jamais mise en œuvre dans le Orkdom – non sans une certaine appréhension.


- «  Y a pas intérêt à c'que ça nous esplose encore à la tête », crût-il bon d'ajouter d'un air soupçonneux.


- « Bah t'inquiète Zugrub, qu'est-ce tu flipes ? »


Zugrub prit un air encore plus soupçonneux. Dans la bouche de Rufgob, le vocable « qu'est-ce tu flipes » était très généralement le signe avant-coureur d'une catastrophe imminente.


Mieux valait reculer de quelques pas.


Les servants gretchins entouraient la machine et préparaient le tir avec une ardeur et un enthousiasme à réchauffer le coeur d'un vieux wildboy tandis que Rufgob lançaient des instructions contradictoires qu'aucun d'entre eux n'écoutait, impatients qu'ils étaient tous d'atteindre le moment où le mekboy allait enfin crier « feu » et où tout allait péter.


Zugrub n'avait pas fait trois pas quand Rufgob pressa le bouton en promettant avec emphase que « si ça remplace pas l'bâtiment par un gros trou avec plein d'bouts d'zoms au fond, chuis p'us l'mekboy l'p'us malin du Orkdom ! » La flamme bleue longue de dix mètres qui jaillit du conduit d'évacuation ne manqua de mettre un terme à la glorieuse carrière du Über-Diktator d'un manière qu'il l'eut été nettement moins que parce celui-ci eut le réflexe de plonger dans la boute.


Il se releva en soupirant pour constater avec dépit que sa belle gabardine était maculée de glaise brune et que son vieux béret de laine rouge dégageait un odeur de roussi. Rufgob contemplait son canon à plasma d'un regard médusé.


- « Bah j'comprends pas ça d'vait marcher. On va r'faire un essai, ça va marcher c'coup là, t'vas voir Zugrub, ça va m... »


Zugrub était parti rejoindre les kommandos de la mort de Fester. Celui-ci inspectait minutieusement la tenue de ses boyz, vérifiant qu'il conservaient une attitude aussi martiale et humaine que possible, conformément aux instructions du chef.


- « Faut nettoyer l'bâtiment là-bas, y a des zoms là-d'dans.


- N'est prêts boss, n'y va tout d'suite boss », confirma Fester tandis que les blood axes alignés adoptaient un garde-à-vous encore plus rigide en présence du chef suprême.


- « Pis prenez le rhino. »


Constatant que les boyz ne l'écoutaient plus et couraient déjà à l'arrière de l'engin blindé lourdement customisé pour s'y entasser dans un désordre aussi subit qu'indescriptible, il ajouta dans un grondement furieux :


- « Et m'pétez pas encore une chenille !


- Bah t'inquiètes pas boss », ricana Fester, « on va en faire de la pâtée de squig des zoms, qu'est-ce tu flipes ? »


Zugrub se renfrogna. Dans la bouche de Fester, le vocable « qu'est-ce tu flipes » était très généralement le signe avant-coureur d'une catastrophe imminente.


Mieux valait ne pas accompagner les boyz.


- « Faut qu'je reste surveiller l'camp'ment », expliqua-t-il.


Les blood axes étaient déjà partis.


Zugrub retourna s'asseoir en soupirant aux côté du gretchin qui suçotait toujours son crayon.


- « Bon alors écris : heu... Comment le Über-Diktator a vaincu une armée de zoms à lui seul. Heu... Ouais c'est bien ça. Zugrub le magnifique s'élança dans la mêlée avec la force du squiggoth et la rapidité du face-eater squig. Heu... Alors qu'un tank Leman Russ tentait de lui barrer la route -


- C'est quoi un lmareusse ? » demanda le gretchin qui n'avait pas suivi et suçotait toujours son crayon sans avoir noté le premier mot de la rédaction.


- « Un truc qui r'ssemb' à un ékrazor. Note. Heuu... D'un coup dédaigneux de son index, Zugrub le formidable stoppa la machine et - »


La radio crépita. Zugrub abandonna le récit de ses exploits guerriers toujours à venir pour aller écouter la voix paniquée de Fester.


- « Boss on est tombés dans une embuscade ! Y a plein d'zoms partout pis i' nous tirent d'ssus !


- 'Videmment qui vous tirent d'ssus imbécile, c'est la guerre ! Faut leur tirer d'ssus aussi !


- Ben i' nous tirent p'us d'ssus qu'nous ! J'ai deux gars au tas boss pis on est coincés ! On peut p'us bouger, z'ont fait péter une ch'nille du rhino ! »


Zugrub reposa le combiné en soupirant de nouveau. La journée n'avait pas été très bonne de toutes façons.


Les bad moons de Zastrug étaient loin, de même que les goffs de Grabbits. Les inventions de Rufgob étaient indignes de confiance. Les blood axes avaient des ennuis. Qui restait-il ?


Les gretchins.


- « Bon Supur tu m'rassemb' tes gars, faut y aller ! Tu vas vers l'bâtiment là-bas, tu tapes sur les zoms, tu sors c't'imbécile de Fester de c'trou, tu r'viens et on rent' tous chez nous !


- Ouais boss, pas d'problème boss, on y va boss ! » clama Supur en bondissant sur ses pieds et en bombant le torse. « On va leur monter qu'on est les p'us forts boss ! »


Tous les gretchins du corps prestigieux des bérets verts s'empressaient de récupérer leurs armes et leur paquetage, avides d'en découdre et de prouver une valeur combattante dont personne n'avait jusqu'ici jugé bon de leur révéler qu'ils étaient les seuls à la connaître. A cet enthousiasme naturellement débordant s'ajouter l'immense fierté de savoir qu'ils s'apprêtaient à sauver d'un destin cruel leurs grands cousins orks et qu'ils en tireraient sans doute une chaleureuse reconnaissance.


- « Et tombez pas dans une embuscade vous non p'us ! » rugit Zugrub.


- « Bah t'inquiètes boss, on va les tirer d'là les boyz, » lança Supur. « Qu'est-ce tu flipes ? »


Zugrub soupira lourdement en ramassant son bolter. Dans la bouche de Supur, le vocable « qu'est-ce tu flipes » était très généralement le signe avant-coureur d'une catastrophe imminente, catastrophe qui, une fois consommée, précédait tout aussi généralement l'autre vocable « C'est pas not' faute ».


Mieux valait accompagner les gretchins.

(Modification du message : 27-06-2009, 21:44 par Xavier.)

Super tranche de vie.


L'esprit ork est bien là, j'adore. Et j'aime bien la façon dont le texte est découpé et la conclusion que ça amène.


Y a bien 2-3 fôtes qu'il serait bon de corriger, et ça serait nickel.


Minus, qu'est-ce tu flippes ?


C'est Le retour espéré de Zugrub ou ce n'est qu'un essai pour ne pas perdre la main?


D'ailleurs, Zugrub est'il vraiment mort?