War 40K - Chroniques Nécrontyrs

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Ce texte est le premier d'une série visant à décrire les différentes phases de développement de la civilisation Nécrontyr, de son âge de pierre jusqu'à son allégeance aux C'tanns. J'espère que vous apprécierez, toute critique est la bienvenue! Merci d'avance.



Chapitre I - Oasis (1ère Partie)





Le soleil était levé depuis moins d’une heure mais la chaleur était déjà intense. Nikan plissa les yeux et regarda le ciel azur sans se risquer de fixer directement le soleil. Il resta un moment comme ça, comme pour se recueillir, avant de finalement recouvrir le visage de Vekh d’une roche plate. Il ne se faisait aucune illusion, sa tombe improvisée ne résisterait pas longtemps aux assauts des nhols une fois la nuit tombée mais l’important était d’honorer la mémoire de l’ancien. Celui-ci avait fini par mourir de soif après avoir donné leur dernière gourde au jeune Nikan. Après s’être recueilli une dernière fois, il versa une seule goutte d’eau en offrande. Elle se vaporisa en touchant la roche déjà surchauffée de la sépulture. Nikan se releva et après un dernier regard se décida à partir. Au fond de lui il savait que le sacrifice de Vekh n’avait fait que retarder l’inévitable et que bientôt il servirait aussi de repas à une meute de nhols en maraude. La vie était cruelle et le seul repos possible était la mort. C’est comme ça que les choses se passaient sur Nécrontyra.

Nikan était un jeune nécrontyr, à peine âgé de 7 ans mais déjà un robuste chasseur. C’est le vieux Vekh fort de presque 15 ans d’expérience qui lui avait enseigné l’art de la chasse alors que lui-même n’avait que 3 ans. Nikan ressemblait à n’importe quel nécrontyr, il était grand et avait la peau grise, ses yeux de serpent argenté et un nez sans narines surmontaient la face allongée caractéristique de son espèce. Uniquement vêtu d’un pagne en peau, ses seules possessions du chasseur se résumaient à une gourde à demi vide, un arc et des sagaies en os. Il n’avait même plus de flèches, la dernière s’était brisée dans le flanc d’un nohl qui avait essayé de les attaquer la veille.

Encore quelques mois auparavant, le jeune nécrontyr avait eu une famille, un clan, mais tous étaient morts de fatigue, de vieillesse et de faim. Il se souvenait avec rancœur aux histoires de Myrka le chamane, qui racontait que bien des générations plutôt, un grand lac permettait à de nombreux clans de vivre sur ces plaines, en chassant les troupeaux de kariks cuirassés, en débusquant les karabs dans leur nids de terre séché et même en capturant des créatures qui vivaient dans le lac. Nikan fit une grimace amère en y repensant. Son clan avait lutté toutes ces années pour trouver de l’eau et il aurait existé un temps où elle était si abondante que des animaux y auraient vécus ? Il n’y croyait pas, de toute façon Myrka avait fini par mourir, consumée par la plaie du dieu soleil, une large tâche brunâtre sur sa peau qui avait fini par la rendre folle jusqu’au jour où la chamane ne s’était pas réveillée. Le chasseur se renfrogna et partit droit devant lui, plein nord.

Après deux heures d’errance, le soleil commençait à être suffisamment fort pour lui brûler la peau. Nikan chercha un abri du regard pour s’abriter et aperçu le squelette desséché d’un karik. Il se glissa sous la carapace massive pour s’abriter du regard du soleil et fut agréablement surpris d’y trouver quelques plants de bulbes d’épines. Prenant garde de ne pas se piquer sur les plantes, il les fendit avec un de ses javelots et put se régaler du jus violacé qui les remplissait. Il se coucha ensuite dans le coin le plus éloigné de la lumière et s’autorisa un moment de sommeil. Sans personne pour assurer un tour de garde cette nuit, il n’aurait pas d’autres choix que veiller toute la nuit pour échapper aux nohls.

Nikan rêva. Il rêva d’une terre recouverte d’une eau délicieusement fraiche et d’arbres auxquels pendaient des fruits gorgés de jus pourpre. Il faisait jour mais dans le ciel il n’y avait aucun trace de ce soleil qui brulait la peau et qui avait condamné sa famille. Le nécrontyr se mit à courir sur l’eau en riant, ne s’arrêtant que pour joindre ses mains et faire couler le précieux liquide sur sa tête. Il se sentait en paix… Mais soudain il y eut un grand éclat et quelque chose transperça la surface de l’eau en hurlant. C’était un nécrontyr, son visage et son corps desséchés et couverts de rides trahissaient son grand âge. Puis Nikan le reconnut, c’était son propre père, qui s’était effondré un jour pour ne plus se relever. Ses orbites creusées le fixaient avec un regard et le jeune nécrontyr prit peur. D’une voix rocailleuse son père lui dit :

« Nikan… Rejoints nous Nikan… Nous t’attendons… »

Tout en avançant, son père commença à se décharner, des lambeaux de peau et de chair tombant de son visage. Nikan voulut fuir mais d’autres nécrontyrs apparurent autour de lui, tous des membres de son clan qu’il avait vu mourir. Sa mère, ses frères et sœurs, son oncle, la vieille Myrka et le vieux Vekh, tous étaient là et tentaient de le saisir. Il se défendit comme il pouvait tandis que dans le ciel le soleil apparaissait et grossissait. L’eau disparut rapidement et le sol se craquela, complètement asséché. Les visages qui l’entouraient n’étaient plus que des visages morts, brulés par le soleil. Encerclé par les défunts, Nikan hurla.

Il se réveilla en hurla et attrapant par réflexe une sagaie, mais il n’y avait pas de morts autour de lui, juste la carapace du karik qui l’entourait. Nikan se sentit soudain très seul et resta encore un moment assis sous son abri de fortune. Après un long moment, il lui sembla que la température extérieure se rafraichissait. Il n’avait aucune idée du temps qu’il était resté à dormir là mais le soleil semblait être assez redescendu pour se remettre en route.

Il entendit alors des grognements et des bruits de pas massifs. Glissant prudemment la tête hors de sa carapace, il observa les alentours et aperçut la source de tout ce bruit. Une troupe de kariks passaient pesamment à une vingtaine de mètres de lui. Les bêtes massives, longues de plusieurs mètres, ne lui accordèrent qu’un vague regard en passant. Nikan avait beau être armé, les kariks pouvaient l’écraser aussi facilement qu’un insecte. Vekh lui avait déjà parlé de la migration des troupeaux. Quand la nourriture se faisait rare, les kariks se laissaient porter par leurs six pattes vers de nouveaux pâturages. Puis Nikan se rendit compte qu’il n’y avait pas un seul jeune ou petit qui se trainait dans l’ombre protectrice des adultes. Certains d’entre eux étaient même amaigris, la peau de leur cou devenu flasque pendant pitoyablement. Il n’y avait qu’une vingtaine de bêtes et la dernière faisait vraiment pitié à voir, ses pattes semblaient avoir du mal à la porter et elle avait le bec ouvert, haletante. Le réflexe du chasseur reprit le dessus et un instant Nikan se demanda s’il avait une chance d’abattre la créature et de s’offrir assez de nourriture pour plusieurs semaines. Mais un cri aigu le tira de sa rêverie. Il connaissait bien ce cri… Le nécrontyr les aperçut alors, malgré la distance respectable qui les séparait du troupeau. Une meute de nhols, efflanqués mais bien alertes sur leurs deux pattes, qui devaient suivre le troupeau depuis un moment. Deux d’entre eux l’aperçurent et se lancèrent vers lui. Nikan savait que ses pauvres jambes auraient du mal à rivaliser avec les pattes puissantes des reptiles lancées à sa poursuite alors il ne vit qu’une seule issue possible…

Nikan jura et parvint à éviter la patte massive qui manqua de l’écraser. Son idée avait manqué de lui couter la vie quand il s’était effondré devant un karik mais elle avait fonctionné. Il pouvait entendre les claquements de gueules des nhols frustrés. Affamés mais pas téméraires, les prédateurs n’osaient pas s’attaquer aux kariks et se contentaient de gronder en le fixant de leurs yeux pédonculés. Le nécrontyr savait qu’il n’avait pas d’autre choix que de suivre le troupeau pour survivre. Les kariks l’ignoraient complètement, c’étaient des adultes et même toute une tribu de nécrontyrs n’auraient pu en terrasser un qu’avec beaucoup de difficultés alors tant que Nikan se faisait tout petit en évitant leurs énormes pattes… La nuit venue, les kariks continuèrent sans même ralentir et Nikan dut s’adapter à leur rythme. Il comprit que le voyage qui l’attendait allait être difficile, très difficile…

Les kariks marchaient jour et nuit, sans jamais s’arrêter pour se reposer, ils avançaient même sous l’implacable soleil du milieu de la journée, forçant Nikan à se réfugier dans leur ombre pour pouvoir les suivre. Ici et là, on pouvait apercevoir les vestiges d’un temps où la plaine était plus fertile, des troncs desséchés indiquaient les anciennes sources, des squelettes d’animaux tués par la sécheresse et de grandes tours de terre séchés qui marquaient l’emplacement des colonies abandonnées de karabs. Partout où Nikan posait le regard il ne voyait que des marques de mort. Le karik affaibli finit par s’effondrer, mort d’épuisement et les nhols se jetèrent sur le cadavre. Nikan avait eu le temps de trancher la langue du karik avant de retourner se réfugier dans le troupeau. Un regard en arrière lui permit de voir que la meute comptait moins de membres que le premier jour, les nhols aussi devaient souffrir du manque d’eau et de nourriture.

Au bout de trois jours, Nikan n’en pouvait plus, ses jambes lui faisaient souffrir le martyr et la soif commençait à se faire sentir. Il n’avait pas pu prendre un instant pour dormir ou même pour reposer ses membres douloureux. Sous ses pieds la terre desséchée était devenue poussière puis sable. Et le soleil… Sa peau brûlée commençait à se cloquer en plusieurs endroits. De plus en plus, il semblait au jeune nécrontyr apercevoir des silhouettes et entendre des voix, celles de son cauchemar.

« Rejoins-nous… Rejoins-nous… » Répétaient-elles sans fin et Nikan était de plus en plus tenté.

Pourquoi ne se contentait-il pas de s’allonger là sur le sable et d’attendre la mort ? La peur de celle-ci qui le poussait depuis des jours avait presque disparu, il ne lui restait qu’un profond épuisement. Le jeune nécrontyr comprit qu’il ne tiendrait plus longtemps à ce rythme…

Vers la fin du quatrième jour, Nikan se maintenait à grand peine au sein du troupeau. Deux kariks commençaient à montrer à leur tour les signes d’un extrême épuisement et les autres ne semblaient pas non plus en grande forme. Mais le nécrontyr n’osait pas trop les regarder car entre leurs pattes il ne voyait que sa famille morte dont les membres tendaient leurs bras décharnés vers lui. Sa tête était remplie de leurs gémissements et de leurs promesses de repos.

« Rejoins-nous… ».

Seuls les claquements furieux des nhols à nouveau affamés venaient troubler les murmures lancinants.

« Viens avec nous… ».

Nikan se mit à tituber, les morts se rapprochèrent.

« Viens mon enfant… » Souffla la voix de sa mère.

Il tomba à genoux et leva les bras vers le ciel, lâchant d’une voix rauque : « Venez… venez me chercher… ».

Enfin prêt à s’abandonner à la mort, il entendit vaguement les pas rapides des nhols qui se rapprochaient de lui, toujours couvert par les voix des défunts mais aussi par un… sifflement ? Il n’eut le temps d’ouvrir les yeux que pour voir un gigantesque mur de sable venir à sa rencontre. En un instant le sifflement était devenu un hurlement et un vent chargé de sable vint fouetter son corps. Nikan se recroquevilla sur lui-même pour se protéger de la piqure du sable mais il ne portait qu’un petit pagne. Déboussolé, il tenta de gagner un abri. Il entendait vaguement des barrissements et des rugissements. Karik ? Nhol ? Ou un monstre du désert en quête d’une proie ? Il ne savait pas, la violence de la tempête couvrait tout et même les voix des morts s’étaient tues. Il partit droit devant lui, cherchant vainement un endroit abrité du sable sans le trouver. Après ce qui lui sembla être des heures, le nécrontyr finit par tomber et s’évanouit.