Face Sombre -1-

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I





L'oreille collait contre l'acier froid de la porte blindée, l'inquisiteur Tencha épiait la rumeur de la conversation provenant de l'intérieur. Il tenait, calé entre ses deux paumes scarifiés, son pistolet bolter fétiche, une version quelque peu modifiée du pistolet utilisé par les troupes de la chambre militante de l'Ordo, compact mais efficace. Chaque fibre de son corps était tendu et attendait le moment où ses deux rénégats échangeraient l'information qui intéresser le Chasseur de Sorcières, à savoir le nom de la secte qui les avaient enrolés. Au bout d'un temps beaucoup trop long au goût de l'inquisiteur et considérant que l'information ne viendrait jamais sans un peu d'aide, il décida d'agir. Il recula d'un pas pour placer son profil gauche face a la porte, insipra doucement puis se crispa totalement en étendant sa main libre ouverte contre l'acier de la porte à double battants. Complétement recouverte d'un malliage de cicatrices rougeâtres, ses deux mains étaient incrustés sur la paume d'un petit I en obsidienne. Une scarification imposé par la lame corrompue d'un meneur de culte choatique, il y a bien longtemps, sur une planète dont il s'efforcait d'oublier le nom. Il avait longtemps essayé de cacher ses marques par deux gants, jusqu'à qu'il se rende compte que les douleurs qui lui torturaient les mains étaient en fait des manifestations de certains courants du Warp. Lui-même ne savait pas comment il l'avait découvert, simplement il en avait conscience, il en était intimement convaincu. Il avait développé ce lien, le maitrisant grâce à une volonté qui lui était jusque là restée inconnue, et utilisant la puissance de l'Immaterium pour créer des énergies destructrices depuis ses mains conductrices.


De magnifiques éclairs d'un bleu changeant s'échappèrent des cicatrices qui couturaient sa main et s'égayèrent dans toutes les directions autour de l'inquisiteur, dont un vent sorti de nulle part faisait tournoyer les pans de son long manteau noir. Un grondement sourd retentit quand la porte fut repousé violemment d'une dizaine de centimètre hors de ses gonds. Elle s'abbatit rapidement, dévoilant l'intérieur de la pièce aux yeux scrutateurs de Tencha. Eclairé par un unique soupirail recouvert d'un tissu pourpre, la pièce était petite, froide, au mur nu. Son atmosphère, surchargé de poussière de béton, était plongé dans une pénombre rougeâtre presque complète. Le seul rai de lumière qui permettait de distinguer quelque chose d'une autre chose provenait un petit trou pratiqué dans le tissu, de fait ce rayon seul détachait des ombres deux hautes silouhettes humaines. Avant d'avoir pris le temps d'identifier ses silouhettes, Tencha changeant de pied d'appui pour pouvoir braquer son pistolet et tira deux fois dans les tibias de chacunes de ses cibles. Aucun cri ne retenti, seulement un bruissement. Quatre douilles rebondirent sur le sol.


L'inquisiteur se baissa pour ramasser ses douilles, une habitude qu'il avait prise pour plus de discrétion, et qu'il effectuait quand il en avait le temps, et ici, il n'était pas préssé. Mais une chose attira son attention : prés des chemises de cuivre, le sol était jonché de brindille de paille. Il ramassa prestement ses douilles et les fourra dans une poche de son manteau, d'où il tira une petite lampe de poche. Il se releva et activa la lampe et en dirigea le faiseau le long de la piste laissée par la paille, qui le mena aux silouhettes abattues sur le sol. Il grogna. Il avait été mené en bateau, cela ne lui arrivait pas souvent et il s'en accomoderait surement jamais. Ce qu'il croyait avoir été deux simples ouvriers s'étant détournés de l'Empereur en s'engageant dans une secte anti-impérialiste étaient deux mannequins faits de tissus rembourés avec de la paille et ceints de fils pour leur donner une forme humaine. Quatre munitions gachées pour rien, Tencha renifla bruyamment son irritation. Il explora rapidement le reste de la pièce au faiseau de sa lampe. Une petite table noire qu'il n'avait pas vue occupée un coin de la pièce, un serviteur-audio posé dessus. Cela l'intrigeait et Tencha commencait à se diriger vers la table quand son Expliciteur, Iateus, apparut dans l'encadrement de la porte. Pendu au bout de son bras bionique, un marteau tonnerre à tête plate ronronnait doucement en crépitant d'énergie et le bas son trench-coat d'un vert très foncé était maculé de boue récente recouverte de poussiére de béton. Il fit passer son marteau de sa main gauche à sa droite, essaya d'enlever la boue en secouant son vêtement tout en prenant la parole :

« J'ai fait le tour du dépôt, tout est calme. Volnya couvre l'entrée principale depuis l'autre côté de la chaussé. J'ai eu du mal à l'y trouver, y'a pas à dire elle est vraiment douée ! »

Iateus s'acharna un peu plus encore a décoller la boue sans la toucher. Il recommenca à débiter son rapport de sa voix bien à lui, grave et en machant la moitié de ses mots, comme si il avait, coincé entre ses deux machoires, un des tubercules cultivés par les fermes éxtérieurs.

« Les deux fréres couvrent l'arrière et Aliyia est restée ... heu... Maître ? »

Iateus s'arréta car il avait bien l'impression que l'inquisiteur ne l'écoutait pas : il était penché sur la table, les mains dans le dos, et observait intensément les yeux du crâne qui avait servi à la construction du serviteur-audio. Il se redressa. Une minuterie ? Dans les yeux ? Mais pourquoi ? Tencha était incertain. La réponse, pourtant si simple, n'arrivait pas à s'imposer dans son esprit. Il remarqua un petit fil qui partait du crâne, traversait la table et tombait derrière. Il se pencha sur le côté en tordant le cou pour voir sous la table, qu'il éclaira avec sa lampe. Iateus, qui s'était rapproché, se pencha aussi pour voir. Les deux écarquillèrent les yeux et leur souffle se déroba.


Un sacré paquet d'explosifs en tout genre était disposé sur le sol, bien en vue; du moment que l'on se penchait. Un "Oooh, putain..." s'échappa de la bouche de l'inquisiteur mais il resta là, figé. Son Expliciteur réagit avec plus de dilligence : il saisit Tencha par le col et de toute la puissance de son bionique, il l'éxpédia à travers toute la pièce. Avant que le dos du Chasseur se soit écrasé contre le mur du couloir, lui avait déjà commencait à courrir.

- « Il est temps de partir ! Maintenant !! » cria Iateus en dépassant l'inquisiteur et en partant sur la gauche. Tencha, quant à lui, partit vers la droite. Il pouvait s'en mordre les doigts – se qui serait un peu dangereux, remarqua-t-il -, la porte au bout du couloir était beaucoup, beaucoup trop loin avec le peu de temps qu'il lui restait, il l'avait lu dans les yeux du serviteur. La bombe explosa alors qu'il lui restait encore la moitié de la distance a parcourir. Le souffle le rattrapa bien avant la déflagration, le faisant quitter le sol et le propulsa en avant bien plus

vite. Les flammes roulèrent hors de la pièce, le long des murs du couloir, se jetèrent sur Tencha. La seule chose qui le sauva fut une pensée ; celle qui activa son champ réfracteur. Une bulle irisée se déploya autour de lui au moment où les flammes l'envellopèrent. Le champ protègea son corps des flammes mais pas ses vêtements de la chaleur. L'explosion le devança et s'écrasa contre la porte, qui fut rapidement éjectée. Moins d'une seconde après, Tencha sortit de l'entrepôt comme un boulet de canon et percuta le sol boueux quelques dizaines de mètres plus loin. Il y traca un profond sillon en laissant dans son sillage une ligne de fumée que la pluie disispa rapidement. Les flammes s'évaporèrent peu après et le monde extérieur retrouva son calme.


L'inquisiteur était étendu en travers d'un large chemin de terre rendu boueux par la pluie incessante, au milieu d'une vaste zone de plusieurs hectares recouvertes de centaines de dépots, citernes et hangars en tout genre. Il se redressa difficilement. Ses côtes le faisaient souffrir et il sentait des coupures sur ses bras et son visage. Il inspecta rapidement son état : sa cape de voyage avait entièrement brulée, son pantalon était en lambeau, ses bottes avaient cloqués et seul son haut était a peu près en bon état. Il arracha la lourde amulette grillée qui pendait à son cou, le générateur de champ avait subie une sérieuse surcharge. Il avait quand même bien rempli son office et Tencha se félicita de l'avoir pris. Il porta la main à son oreille et activa son communicateur :

« A tous, ici Tencha. Je sais pas si vous m'entendez mais rejoignez tout de suite le transport. Je répète, rejoignez le transport. Terminé. »

Il commenca à se dirigeait vers l'éxtérieur de la zone des entrepôts. Un bruit retenti derrière lui. Il se retourna en portant sa main à son holster resté miraculesement intact. Il n'eut pas besoin de sortir son pistolet, il avait déjà reconnu Volnya, une de ses protégées. Vétue d'un long manteau de fourrure et tenant à bout de bras son fusil de sniper, elle avancait d'une démarche lente en traversant le chemin. Son visage, encadré de cheveux blonds mi-longs, était aussi impassible qu'a l'accoutumé. Une ceinture de petites sacoches contenant chacune une cellule énergétique intense traversait sa poitrine et maintenait dans son dos une épaisse lame courte. D'une série de hochement de tête, il indiqua qu'il allait bien ainsi que la direction ; Volnya étant extrémement peu bavarde – enfait, elle n'ouvrait la bouche que quand il le fallait vraiment – et Tencha et les autres s'étaitent habitués à parler par signe, hochement de tête et regards. En chemin, l'inquisiteur se remémora tous les évenements et personnes qu'il l'avait conduit à cet entrepôt. Ca ne pouvait être que lui, oui, cet informateur mystérieux qui n'avait pas voulu dévoiler son nom. Seulement, il avait commis une grave erreur : il avait montré son visage, et Tencha allait lui faire regretter cette erreur. A ces côtés, Volnya la silencieuse avait calqué son allure sur celle de l'inquisiteur et avancait en ne faisant presque aucun bruit. Au bout d'une dizaine de minutes passées dans le dédale des petites allées entre les immenses entrepôts, les deux atteignirent enfin la lisière de cette forêt de métal et de plasti-béton. A deux cent mètres devant eux, au milieu d'un terrain vague, le transport personnel de Tencha, une variante modifiée du Rhino, attendait patiemment. Le Chasseur de Sorcière pouvait distinguer autour, Aliya qui triturait nerveusement son narthecium, Sarc nettoyant son lance-plasma avec expertise, Litiu appuyé sur son fuseur posé sur le sol et Iateus, essayant d'épousseter son vêtement brulé. Tencha fut presque surpris de le voir en vie.

« Alors ? T'es pas encore décidé à mourir ? apostropha-t-il Iateus.

Non pas encore, lui répondit-il aprés un petit rire sec, enfait y'avait une fenêtre au bout du couloir donc je suis passé à travers ... ! Le pire, c'est que de l'autre côté, les deux frères ont failli me trouer la peau ! Leur est fait peur, apparamment ! »

Litiu regarda Tencha avec un sourire jusqu'aux oreilles et Sarc continua à nettoyer son arme, mais avec encore plus d'acharnement. Lorsque le regard d'Aliya croisa celui de son employeur, elle lui sourit timidement, mais il voyait bien dans le regard vert de sa Chirugienne beaucoup de soulagement. D'un geste, il ordonna a tout son entourage d'embarquer dans le transport. Lui-même se mit à la place du passager avant et laissa à Aliya le volant. Dans un vombrissement métallique, le Rhino quitta le terrain et s'engagea sur la voie roulante où circulait déjà des dizaines d'autres véhicules.
(Modification du message : 17-09-2006, 12:47 par Sebastian Akios.)

Vocabulaire précis et riche, bonnes descriptions, action bien découpée, personnages attachants, fluff préservé et détails inventifs.


J'avoue même que les deux seuls éléments qui m'ont fait tiquer (l'exclamation injurieuse de l'Inquisiteur et son absence de distinction psychique des mannequins) ont trouvé réponse à la fin : c'est un chasseur de sorcière, pas un malleus. Peut-être remonter cette précision dans le texte (pour des vieux comme moi dont la distinction de l'Inquisition en ordo de psychers et non-psychers reste dépendante d'un fluff officiel récent) ?


Pour le reste, encore quelques fautes de relecture, moins, mais encore.


Bref, une très bonne introduction, dont on aimerait tourner la page et obtenir ainsi le prolongement tout de suite.


Salut et merci beaucoup,




Citation :J'avoue même que les deux seuls éléments qui m'ont fait tiquer (l'exclamation injurieuse de l'Inquisiteur et son absence de distinction psychique des mannequins) ont trouvé réponse à la fin : c'est un chasseur de sorcière, pas un malleus.

Je crois que cette précision se trouve à la ligne 3 ! Sinon, j'essayerais de développer ce point de détail à l'avenir.


Au sujet de l'injure, comme les convictions de l'inquisiteur se trouvent sur la ligne très ténue entre le radicalisme et le puritanisme, il n'est pas aussi saint et pur que l'on s'attend d'un Inquisiteur.


Voila,


Citation :Je crois que cette précision se trouve à la ligne 3 ! Sinon, j'essayerais de développer ce point de détail à l'avenir.
Oups, en effet, avant le interesser euhère. C'est là ou, mais bon. Au temps pour moi.


Citation :Au sujet de l'injure, comme les convictions de l'inquisiteur se trouvent sur la ligne très ténue entre le radicalisme et le puritanisme, il n'est pas aussi saint et pur que l'on s'attend d'un Inquisiteur.
Pas ça que je voulais dire. La prostitution revenant à servir l'Empereur dans le contexte d'une guerre millénariste dont l'enjeu est la disparition de l'Humanité, elle n'est pas du tout péjorative dans l'Imperium et l'exclamation prend ici une tournure admirative, ce qui m'a fait tiquer.
Pour qu'elle prenne le sens fluffiquement anachronique que nous lui donnons aujourd'hui, il faut à l'Inquisiteur une extraction socioculturelle proche de notre civilisation et abritant donc un héritage dogmatique centré sur une vierge-mère, ce qui est incompatible avec le panthéon impérial (absolument dénué d'icones femelles), et rend donc impossible ce genre d'exclamation spontanée de la part d'un agent de l'Ordo.


Sauf que, depuis Vandire, l'Ecclésiarchie s'est teintée d'hérésie en implémentant du divin là où il ne pouvait y en avoir. Ton héros étant un chasseur de sorcière, l'anachronisme devient un élément descriptif.


Là-encore, au temps pour moi.