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Solelfik · Solelfik 31-10-2017, 15:58 Senior Member

Alors ramener Orelsan toujours et encore aux polémiques d'il y a dix ans... pour le réduire à des propos qu'il fait tenir à des personnages de ses chansons... même Le Monde avait fait plus juste :


Orelsan, amoureux au ban public


La sortie du nouvel album du rappeur, dont les paroles firent scandale en 2009, est perturbée par le contexte des révélations sur les violences faites aux femmes.


LE MONDE | 23.10.2017 à 06h40 • Mis à jour le 23.10.2017 à 11h17 | Par Stéphanie Binet


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Pour la sortie de son troisième album, La fête est finie, Orelsan a reporté toutes ses interviews. Publié le 20 octobre, ce disque réalisé par son complice de toujours, Skread, invite Stromae, Maître Gims, Nekfeu, Ibeyi et l’Anglais Dizzee Rascal. Le rappeur, icône d’une génération désabusée, s’y montre à la hauteur des attentes de son public. Mais son retour fait tache dans le contexte de révélations sur les violences et harcèlements dont sont victimes les femmes.


Dans son édition du 11 octobre, l’hebdomadaire Les Inrockuptibles mettait en couverture le musicien Bertrand Cantat, meurtrier en 2003 de l’actrice Marie Trintignant, un choix qui a scandalisé. Le magazine était accompagné d’un CD sur lequel figurait un nouveau titre d’Orelsan, accusé en 2009 « de provocation à la violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur sexe ». A l’époque, des associations féministes avaient porté plainte en pointant des extraits de paroles de neuf chansons de son premier album Perdu d’avance, dont Saint-Valentin et sa punchline odieuse – « (Mais ferme ta gueule) ou tu vas t’faire Marie-Trintignier ». Condamné en première instance, Orelsan a été relaxé en février 2016, la cour d’appel de Versailles rappelant que « le domaine de la création artistique parce qu’il est le fruit de l’imaginaire du créateur est soumis à un régime de liberté renforcée ».


Laurence Rossignol, ancienne ministre socialiste des familles, de l’enfance et des droits des femmes, n’a pourtant pas hésité à faire le rapprochement avec l’ex-chanteur de Noir Désir : « Réunir sur une même couverture Cantat et Orelsan… il fallait oser. » De peur d’être pris une nouvelle fois dans une polémique qui le dépasse, le rappeur a préféré, début octobre, laisser passer l’orage.

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Lire aussi : « Les Inrockuptibles » mettent Bertrand Cantat en « une », et un débat que l’on connaît bien ressurgit


Une semaine plus tard, Aurélien Cotentin – son nom à l’état civil – est confortablement assis sur le canapé de sa maison de disques, dans le 3earrondissement parisien. Le meuble, en cuir marron, évoque celui où il glandait tous les soirs, de septembre 2015 à août 2016, avec son complice Gringe (le duo a formé le groupe Casseurs Flowters) dans Bloqués, programme humoristique et court de Canal+. En décembre 2015, Orelsan a coréalisé un filmracontant leurs débuts depuis leur rencontre dans un magasin de skate à Caen. Son titre : Comment c’est loin.


Aujourd’hui, l’antihéros de province n’évite toujours pas les questions sur Saint-Valentin et Sale Pute, « ces textes écrits dans [sa] chambre, il y a plus de dix ans. » « J’ai imagé ce que je lisais dans les journaux à l’époque, commente-t-il au sujet du néologisme forgé avec le nom de Marie Trintignant. Je comprends que ça choque, c’est de mauvais goût, de la mauvaise série Z, de l’humour déplacé. Mais dans Bloqués, on a fait un sketch super cool sur le féminisme et ça, personne nous le ressort. » Avec cette série, Orelsan s’est découvert des tabous : « Je me suis rendu compte que tous les sketchs sur le cancer, la maladie, je les ai supprimés, ça me mettait mal à l’aise, je ne le sentais pas. Kyan Khojandi [un de ses coauteurs], lui, n’aimait pas les sketchs sur les communautés, alors qu’avec Gringe, ça nous faisait hurler de rire. »


Grinçant


Depuis 2012, l’ancien étudiant et veilleur de nuit habite près du quartier République, à Paris. Avec sa « meuf », à qui il dédie deux raps amoureux sur son nouvel album, Lumière et Paradis. Et il pratique toujours l’hyperbole : « Avec elle, c’est l’amour total, et je vais limite trop loin. Je parle de nazis dans une chanson d’amour : “Nos enfants donneront aux nazis l’envie d’avoir des enfants métissés”. » Dans ce même Paradis, il dit : « J’avais un p’tit diable sur mon épaule/Maintenant j’ai ta tête sur mon épaule. »


La métamorphose d’Orelsan a débuté à l’été 2011, alors qu’il s’apprêtait à publier son deuxième album, Le Chant des sirènes. Pour un clip, il veut jouer le personnage d’un superhéros masqué, décide de perdre du poids et de se laisser pousser les cheveux. La chanteuse britannique Amy Winehouse vient de mourir, le cœur épuisé par les abus d’alcool et de drogues. Cette disparition fait réfléchir Orelsan : « Je me suis alors demandé : “A quel moment tu bascules ?” ; “A quel moment, tu deviens une parodie de toi-même ?” »


Quand il se met à douter, le rappeur se lance un défi. « C’est comme ça que j’ai survécu aux neuf mois de polémique en 2009, constate-t-il, je me suis lancé dans l’écriture d’un nouvel album, puis j’ai changé de physique ». Principal compositeur de ses musiques, Skread l’a aussi poussé à sortir de l’exercice de style métrique du rap et de l’accumulation de phrases choc. « Sur Le Chant des Sirènes, raconte le partenaire d’Orelsan, je voulais qu’il essaie de développer un thème entier sur une chanson, et que ces punchlines ne soient pas qu’un puzzle de mots et de pensées. »


« Je sais mieux faire des choix entre ce que je trouve de mauvais goût et ce qui me fait bien marrer. Ce n’est pas de l’autocensure, c’est du tri », distingue le rappeur. Quelques titres sont toujours aussi grinçants comme Défaite de famille, description d’un gueuleton entre la mousse de canard et la poire au calva. Sont passés en revue chaque oncle, tante, cousin et cousine : « Quand je vois la gueule de Delphine/Qui sert à rien, à part se plaindre/J’comprends pourquoi son mec bourré/Préfère danser avec le chien. » « Les noms ont été changés », précise l’auteur – et les grands-mères prévenues.


Uppercut


Les raps de ce fils de profs et petit-fils de paysans se nourrissent toujours de la peur du conformisme et de la défiance vis-à-vis d’« une classe moyenne moyennement classe ». Mais aussi de la tendresse pour son « crachin normand », dont Orelsan loue la poésie burlesque dans Il fait beau, son remarquable duo avec Stromae. De la proximité géographique avec l’Angleterre, il a gardé le rythme rapide du grime, ce rap sale sur des beats drum and bass ou garage. Avec Maître Gims, star française de la pop urbaine, Orelsan signe aussi le très drôle Christophe (Mae) où il répète le nom du chanteur à la manière des refrains trap, cette branche du hip-hop originaire du sud des Etats-Unis. Et il en profite tout de même pour décocher un uppercut : « J’aurais pu sauver la vieille France/Aider la patrie de mon enfance/Donner aux racistes de l’espoir/Mais je fais de la musique de Noirs. »


« La fête est finie », Cinq7/Wagram. En tournée à partir du 2 février 2018.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/culture/article/20...mq7ToTg.99

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On peut en tout cas lui reconnaître un sens de l'époque, de sa génération, du flow, une capacité à bien s'entourer musicalement, une constance dans son engagement musical. Il est beaucoup plus intéressant que les caricatures qui ont été faites de lui par des gens qui ne connaissent rien au rap et l'on confondu avec le premier Booba venu.

Il n'est pas consensuel cela dit et tant mieux par contre. Pour l'apprécier il faut aussi avoir un peu de sens de l'ironie. Maintenant on peut ne pas aimer sa musique ou le rap. Mais le mépris me paraît déplacé à son sujet. Il y a du son, il y a du sens dans ses albums.

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