Entrée Dans L'ordre Gris

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Alors voilà, ça fait un moment que je souhaitais pondre une histoire de ce genre, seulement je ne suis pas sur que ça plaira à tout le monde. Je préfère vous prévenir, mais si jamais cette histoire a de l'intérêt je posterai une suite que je suis déjà en train de travailler avec duel de sorciers (puis peut-être une autre avec champion de Khorne dans les parages). Avec le recul, je crois que ma plus grosse erreur fut d'essayer de faire un récit à la première personne car c'est un exercice difficile de se glisser dans la peau d'une personne dont on cherche à définir la personnalité. Mais assez de blabla et je vous laisse lire à présent (attention c'est assez long).


C'était pour moi une journée à Altdorf comme les autres, si ce n'est que je souhaitais aider ce jour là ma famille en l'allégeant un peu de ses problèmes. Je me nomme Erika, je suis âgée de 12 ans, et je suis la fille d'un tonnelier et d'une servante d'auberge, l'ainée de deux frères et une sœur. Cette présentation doit suffire à signifier que les revenus des mes parents, et donc nos conditions de vie, sont déplorables. C'est pour cette raison que je parcours les rues de mon quartier, à la recherche d'une opportunité, pour rapporter un peu d'argent au foyer, quelque soit l'emploi, pourvu que je rapporte ne serait ce que quelques pièces de cuivre par jour.


« Mais enfin Erika, tu n'as que douze ans! Comment veux tu trouver du travail à ton âge? Ne t'en fais pas pour çà, on trouvera une solution. »Mais peu importe ce que dira ma mère, je trouve que ce n'est pas normal de devoir élever quatre enfants quand on a à peine les moyens de s'occuper de soi.


C'est en pensant ainsi je vis autour de moi un phénomène bizarre: tout autour de moi, quelque chose commença à envelopper certaines personnes, comme une espèce de vapeur grise. J'ignorais ce que c'était, mais une chose était certaine: je me sentais méfiante vis-à-vis de ceux que ça entourait, comme si cette brume me désignait ceux qui possédaient de mauvaises intentions. Puis je m'aperçus qu'elle se concentrait aussi essentiellement autour d'un vieillard, une sorte de mendiant emmitouflé dans de larges vêtements gris: une robe recouverte d'un manteau, ainsi qu'une écharpe. En plein été, cet accoutrement aurait forcément attiré l'attention de la foule, mais personne ne semblait le remarquer. Il s'est alors aperçu que je le regardais, et il en a paru assez surpris. Nous avons continuer à nous observer un moment, puis il a sourit avant de baisser le regard. J'ai alors fait comme si de rien n'était et j'ai continué ma route à travers les rues d'Altdorf. Sur le coup, il m'avait paru bizarre, pas comme s'il avait des intentions mauvaises comme les autres, mais plutôt comme si il gardait un secret... un secret qui n'attendait qu'à être révélé.


En continuant à marcher, je me rendis compte que j'étais sortie du quartier que je n'avais que rarement quitté., et que je n'étais pas allé n'importe où. Mon père me répétais qu'il préférait ne pas me savoir aller là où je m'étais inconsciemment dirigée: droit vers un des quartiers les plus mal famés de la cité. Il n'arrêtait pas de me dire que cet endroit était le repère de nombreux brigands et truands en tout genre. Prise de panique, je regardais autour de moi pour voir si personne ne m'attaquerais.


Les rues étaient désertes ici, comme si l'endroit avait été abandonné depuis plusieurs années. Tout était silencieux. Les maisons étaient passablement délabrées, les portes et fenêtres condamnées et barricadées à la hâte, et l'endroit était envahi par la poussière et la crasse. Je n'avais qu'une envie: partir d'ici au plus vite. Mais la peur me clouais sur place. J'avais l'impression d'être épiée, et c'est alors que des volutes grises apparurent de nouveau. Elles semblaient portées par le vent et venaient se placer dans certains endroits qui s'avérèrent des cachettes idéales; une impasse, une porte dont on avait retiré les planches la condamnant, un ancien établi... Je compris alors que toutes les cachettes occupées m'étaient révélées, et qu'elles étaient peu nombreuses à l'être. Je me sentis un peu rassurée, mais si l'un de mes observateurs décidaient de s'en prendre à moi, je n'aurais aucune chance de lui résister. Je repris alors ma route en sens inverse pour essayer de revenir dans mon quartier. Mais je m'étais apparemment aventuré plus loin que je ne le pensais, car je ne retrouvais plus mon chemin. J'étais perdue dans ce quartier que je ne connaissais pas, et où je pourrais me faire agresser à chaque instant. Sauf si... Sauf si je peux éviter les agresseurs en me servant de ces vapeurs grises qui me révèleront où ils se cachent.


Et comme si mes pensées prenaient forme, la brume alla se réfugier dans certains coins obscurs des rues alentours, me révélant tout endroit où quelqu'un se cache alors. Je pus ainsi commencer à explorer les ruelles en évitant de m'approcher trop près des endroits risqués, en espérant sortir le plus tôt possible de ce quartier. Mais même si je n'en avais pas encore conscience, ce devait être ailleurs que le destin me conduirais.


Après plusieurs minutes, qui me semblaient durer une éternité, j'arrivais à une place qui semblait avoir été il y a longtemps une place de marché au vu de sa taille et des nombreux établis placés à l'abandon. L'endroit était dominé par un gigantesque bâtiment en ruines, mais malgré cela sa taille lui permettait de dominer les maisons avoisinantes, j'en fus surprise mais ce n'était pas cela qui m'avait le plus frappée: des volutes grises s'amoncelaient autour de lui, à tel point qu'il m'était difficile d'en distinguer les tours. C'était comme si on voulait dissimuler l'endroit de la vue de tous, bien que je ne voyais pas comment on pourrait y parvenir. Et puis, brusquement, dans un grincement grave, les portes de l'entrée commençaient à s'ouvrir. Quand elles furent grandes ouvertes, je me rendis compte qu'il y avais quelqu'un l'intérieur, entouré de volutes grises qui commençaient à s'évanouir. Je ne mis pas de temps à le reconnaître.


« Bienvenue au collège gris, m'accueillit le mendiant de tout à l'heure. Entre donc; les rues ne sont pas sures ici.


--Vous... Vous saviez que j'étais devant la porte, demandais-je?


-Il y a des choses que des personnes comme moi peuvent savoir aisément mon enfant. »


Il s'ensuivit alors un cours silence durant lequel j'essayais de comprendre ce qu'il venais de dire. Puis après m'avoir de nouveau invitée à entrer, je m'exécutais. Je préférais rester un moment en sa compagnie plutôt que de rester dehors avec tous les coupes-jarrets qui pouvaient passer. Il m'entraina alors dans un grand couloir, dont l'aspect était du même goût que la façade extérieure, si ce n'est que quelques mites peuplaient l'endroit.


« Je vous ai vu tout à l'heure, finis-je par dire. Vous devez donc savoir comment je pourrais rentrer? Je me suis perdue en venant par ici.


--Tu n'as donc jamais quitter ton quartier d'origine?


--Mon père préfère m'y savoir en sécurité plutôt que de trainer jusqu'à des endroits comme ce quartier. »


Nous arrivions alors jusqu'à une pièce assez vaste qui semblait être un salon, à en juger par les tables et les fauteuils qui y étaient disposés. Il s'assit me désigna un fauteuil en face de lui:


« Assieds toi. » me dit-il, ce à quoi je m'exécutai.


« As-tu besoin de quelque chose?


--Non, finis-je par répondre. » Puis, après avoir hésité un moment, je finis par lui demander:


« Excusez moi, mais qui êtes vous?


--Ha, c'est vrai que je ne me suis pas présenté! Je m'appelles Sigismund Heldegard, membre de l'ordre gris.


--L'ordre gris, qu'est ce que c'est?


--Hé bien... Par où commencer? Il est difficile d'en parler, même entre nous. La plupart des gens qui en ont eu des échos sont plutôt méfiants.


--Pourquoi donc, demandais-je en devenant moi-même méfiante?


--C'est peut-être un peu trop tôt pour y répondre. Mais sache que le secret est un élément important ici, et que nos activités devant restées anonymes, nous sommes souvent soupçonnés lorsqu'il se produit des phénomènes inexplicables. La vérité, c'est que nous sommes au service direct de l'empereur lui-même.


--Vraiment? Mais alors... Pourquoi, demandais-je en regardant autour de moi, pourquoi logez vous dans des locaux aussi mal entretenus?


--Ha çà, s'exclama-t-il en riant! Hé bien pour la simple raison que le secret étant notre fondement, les premiers membres de mon ordre ont choisi cet endroit pour fonder leur collège. Au milieu d'un endroit où le commun des mortels ne nous embêterait pas, nous avions un endroit où nous réunir afin de mener nos recherches et de débattre sur les actions générales de l'ordre. Mais nos ainés avaient choisi cet endroit pour une raison bien plus importante. As tu remarqué qu'en dehors de nous, il semble n'y avoir âme qui vive? »


C'est vrai que l'endroit était silencieux. Pas un bruit, juste l'écho de la voix de monsieur Heldegard. Mais çà m'inquiétais énormément de me savoir seule avec cet inconnu. Il poursuivait:


« L'autre raison au choix de cet emplacement, c'est que nous n'y sommes présents que rarement. En effet, nos activités nous poussent à effectuer des recherches à travers tout l'empire, ce qui implique que nous sommes sans cesse en mouvement, et donc que cet endroit ne nous sert que rarement.


--D'accord, mais je crois que vous n'avez pas répondu à ma question. L'ordre gris fait des recherches, mais sur quoi, et qu'est donc exactement que l'ordre gris?


--Je constate que tu gardes ton attention, malgré l'intérêt que tu portes à mon exposé. Bien, nous arrivons à la partie la plus délicate du sujet. En venant ici, n'as tu rien remarqué? Comme une sorte de brume de nature mystérieuse?


--Oui, répondis-je, mais...


--Ha, nous y voilà, tu es donc, comme nous, capable de voir Ulgu le vent gris.


--Le vent gris?


--Oui, le vent d'Ulgu, celui dont dépend mon ordre.


--Alors, c'était çà qui vous entourait tout à l'heure? Et c'est çà qui entoure le sommet de ce collège?


--Exactement. En fait, dans ces cas précis, il sert à dissimuler.


--Mais alors, c'est pour çà que personne ne vous a remarqué à part moi?


--Tout à fait. »


S'ensuivit alors un silence durant lequel je digérais l'information. Mais en définitive, ça ne répondait toujours pas à ma question. En quoi avait-il besoin de tourner autour de la réponse sans oser me la donner directement?


« Mais qu'est ce que l'ordre gris a à voir là dedans, insistais-je? Pourquoi ne me répondez-vous pas? »


A cette question, il est resté muet. Il avait l'air de chercher une réponse adaptée, mais il finit par soupirer et par dire:


« Parce que j'ai essayé jusqu'à présent de te ménager, mais si tu tiens tant à le savoir, alors il va me falloir être plus direct. Nous sommes comme des enquêteurs qui avons pour rôle de trouver toute information susceptible d'aider l'empire dans sa lutte contre le chaos. »


Sur le coup, je suis restée interdite. Des espions, ou quelque chose d'autre? Il ne me fallu pas longtemps pour avoir une réponse plus précise:


« Le secret est notre principal outil dans l'exercice de notre fonction, poursuivit-il, mais notre mot d'ordre est la justice. C'est pourquoi nous en avons toujours sur nous le symbole. » Il se leva et extirpa des pans de sa robe une épée qu'il me présenta alors.


« Vous êtes... des guerriers, demandais-je?


--Oui... Et non. Bien que cette arme puisse nous être utile, nous nous en servons rarement, dit-il en la rangeant. Notre meilleure arme est le vent d'Ulgu. Ce n'est pas un simple brouillard dissimulateur comme tu pourrais le penser, c'est d'avantage... une réserve inépuisable dans lequel il faut savoir puiser ce dont on a besoin tout en faisant attention à ne pas en subir des conséquences néfastes. Toi, tu as su t'en servir pour arriver jusqu'ici, mais tu ne l'as pas sollicité autant que nous le faisons d'habitude, ce qui t'as préservé de son influence néfaste.


--Mais vous, si vous n'êtes pas un guerrier, alors qu'êtes vous donc?


--Je suis un umbramancien. Ou pour être plus clair, un sorcier gris. »


Cette dernière révélation ne pouvait pas me laisser de marbre. Un sorcier... J'étais en présence d'un sorcier, un des individus dont les gens étaient les plus sceptiques! Et il me révélais tout çà sans rien dissimuler.


« Mais, mais alors si le secret est comme vous le dites une de vos obligations, alors pourquoi me révélez vous tout çà?


--Parce que tu possèdes les mêmes dons que nous. Tu peux voir le vent d'Ulgu, et tu peux le plier à ta volonté. Tu as les bases nécessaires pour devenir apprentie au sein de notre collège de sorcellerie.


--Attendez. Vous voulez dire que... Que je suis une sorcière?


--Je veux dire que tu pourrais devenir une sorcière, une personne disposant du pouvoir de combattre les forces du chaos... Une personne capable de servir l'empire, sa justice, et son peuple. Mais cela dépendra de ce que tu décideras.


--Attendez, vous êtes en train de me dire que j'ai le choix alors que je suis déjà capable de voir le vent gris. Je suis déjà... quelqu'un de différent des autres.


--Si tu choisis de ne pas rentrer dans l'ordre gris, nous te ferons alors passer un rituel pour bloquer tes capacités magiques, ce qui fera de toi une personne comme les autres. C'est une obligation car ceux qui choisissent d'apprendre la magie sans l'assistance d'un magister impérial sont plus exposés à l'influence du chaos et peuvent devenir dangereux. Prends tout le temps qu'il te faudra pour y réfléchir, car à présent il va être l'heure pour toi de rentrer. Je vais te raccompagner jusqu'à l'entrée de ton quartier. »


Et c'est ainsi que s'acheva la conversation. Durant tout le trajet du retour, nous n'avions pas échangé un seul mot. Et lorsque nous fûmes arrivés, je me décidas à lui poser une ultime question:


« J'aimerais juste vous demander une dernière chose: que faisiez vous dans ce quartier tout-à-l'heure? »


Il ne me répondit pas tout de suite. C'était comme s'il se souvenait de quelque chose de triste, ou de douloureux.


« Je viens souvent dans ce quartier ces derniers temps car j'ai découvert depuis peu l'opportunité de corriger une de mes plus regrettables erreurs. »


Hélas, je ne tarderais pas à savoir de quoi il parlais.


(fin provisoire)


Voilà, fini pour le moment. A vos claviers pour la critique, et peut-être à bientôt pour la suite (si ça vous plait bien sûr).


Je sais que certaines personnes ont lu ce récit, mais j'aimerais au moins (s'il vous plait) que vous postiez des remarques. Vous pouvez me rouer de coups si ça vous chante, mais j'aimerais bien savoir si oui ou non ce texte a assez de mérite pour que je puisse faire une suite. Le fait de pas savoir si ce texte est bon ou pas me tracasse et vous, amis de la bleue contrée de warmania, êtes les mieux placés pour trancher sur la question.


C'est déjà assez pénible de trouver des idées pour que le prochain écrit soit bien (avec du sang et des larmes, parce que le fait qu'il en manque a certainement du en décevoir plus d'un), mais si je fais ça alors que ça vous plait pas, à quoi bon?


Ce texte me fait plus penser à un script de film (sans les anotations techniques) qu'à un véritable texte narratif.


Il me manque l'évocation des différents sens d'Erika (et pas seulement sa vue qui est certes magique). Et de manière générale, je trouve que ça manque de descriptions, de documentation (par exemple, le mobilier du salon, l'épée du sorcier, etc...).


Au niveau vraisemblance, je trouve que pour une citoyenne de l'empire, Erika a une réaction très zen et très cool en apprenant qu'elle est confrontée à un sorcier. Et d'autant plus cool lorsque celui ci lui avoue se battre contre le chaos. Sait elle seulement ce que c'est que le chaos ? J'en doute. Ou alors, cette jeune fille a plus de secret que le collège de magie tout entier.


Enfin, j'imagine bien Neil Gaiman écrire quelque chose dans ce goût là. Tu devrais le lire, ça te plairait.

(Modification du message : 12-08-2008, 16:30 par rita_morta.)

Citation :Ce texte me fait plus penser à un script de film (sans les anotations techniques) qu'à un véritable texte narratif.
Il me manque l'évocation des différents sens d'Erika (et pas seulement sa vue qui est certes magique). Et de manière générale, je trouve que ça manque de descriptions, de documentation (par exemple, le mobilier du salon, l'épée du sorcier, etc...).

J'avais peur après que ça fasse beaucoup, mais c'est noté: la prochaine fois, je fais mon texte en plusieurs chapitres et je fous plus de descriptions. Ça me permettra peut-être de trouver des idées pour la suite parce que je commence à avoir du mal à trouver de la cohérence. Et puis plus de texte à la première personne, ça me permettra de mieux mettre en scène Heldegard.


Merci pour ces remarques, ça m'avance beaucoup.


AYAIS! Je vous l'avait promis, j'ai fait une suite. J'ai suivi les conseils de rita_morta autant que possible (sauf que j'ai pas décrit le mobilier [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_tongue.png[/img] ) et j'ai stoppé le texte à la première personne, même si on partage toujours le point de vue d'Erika. Donc sans plus attendre (et désolé si c'est double post) voici la suite de (vous pouvez rire, c'est le moment [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_biggrin.png[/img] ) mon œuvre.


L'Ordre gris, suite


Chapitre 1: Un visiteur dans la nuit


Tout était calme lorsque la garde faisait sa ronde pour la nuit. Les trois hommes circulaient dans les rues d'Altdorf depuis bientôt une heures sans avoir croisé un chat et le calme n'était perturbé que par la cadence de leurs pas sur les pavés. Patrouiller ainsi par équipe était une tache ingrate, mais ainsi les voleurs et les brigands sont contraints de stopper, ou tout au moins de limiter leurs activités nocturnes. A part eux, une autre personne ne dormait pas. Erika venait de s'accouder à la fenêtre de la chambre, qu'elle partageait avec ses deux frères et sa sœur, et balayait de son regard les alentours. Âgée de douze ans, elle avait de longs cheveux noirs emmêlés qui lui tombaient jusqu'aux épaules et des yeux bruns, dont l'humidité naturelle les rendaient brillants. Du fait que ses parents s'occupaient de trois autres enfants en plus d'elle, sa famille n'avait guère les moyens pour s'alimenter convenablement et elle était maigre et pâle, mais malgré cela, son corps était en train de devenir celui d'une adulte et sa poitrine commençait à se révéler sous sa chemise de nuit usée.


Son regard s'arrêta sur un bâtiment au loin qui dépassait les toits. Son toit était parcouru par des volutes de fumée grise que seule elle et certaines personnes pouvaient voir. Plus tôt dans la journée, elle avait été confrontée à l'un d'entre eux, Sigismund Heldegard, et celui-ci lui avait révélé appartenir à un ordre de sorciers qui maîtrisaient la magie d'Ulgu, le vent gris. Dans tout l'empire, les sorciers avaient une mauvaise réputation: il fut un temps où tous ceux qui disposaient du don de sorcellerie étaient traqués, torturés et brulés. On appelait cela la purification. Mais depuis la dernière grande guerre contre les hordes du chaos, l'empereur de l'époque, Magnus le pieux, avait reconnu leur utilité pour protéger l'empire et fait fonder les collèges de magie qui forment les sorciers combattant maintenant sur de nombreux champs de bataille, assurant la sécurité de la plus grande nation humaine. Malgré tout, la populace s'en méfiait, les craignant comme admirant certaines de leurs extraordinaires capacités. Erika n'ignorait rien de ces faits, et pourtant elle ne savait plus à quoi s'en tenir. Heldegard a compris qu'elle pouvait voir le vent gris et qu'elle pourrait l'utiliser pour faire de la sorcellerie. C'est ainsi qu'il lui a proposé de rejoindre les rangs des sorciers gris, ou umbramanciens.


Elle avait beau se repasser en tête les pour et les contre, elle ne savait que choisir: si elle devenait une umbramancienne, elle quittait sa famille et devenait à son tour sujet de crainte pour les gens, mais au moins ses parents n'auraient plus à la prendre en charge. Seulement comment le prendraient-ils? Comment leurs dire qu'elle prendrait une voie qu'ils n'approuveraient sans doute pas? Tous ces doutes l'énervaient, et ce sentiment grandissait alors qu'elle avait l'impression que les volutes grises qui enveloppent le sommet du collège gris la narguaient. Erika jeta un regard derrière elle. Ses frères et sœurs dormaient paisiblement. Ils ignoraient évidemment tout des tourments que traversait leur grande sœur. Que penseraient-ils d'elle si elle devenait une sorcière? Resterait-elle une grande sœur pour eux?


Elle fut interrompue dans ses pensées par le pas cadencé de la ronde de nuit. Elle se permit alors à observer les trois soldats marcher dans la rue. Tous trois portaient une hallebarde, l'arme la plus répandue dans les armées impériales, et malgré la pénombre, Erika pouvait voir que les uniformes qui leurs ont été fournis semblaient partiellement usés et troués aux genoux et aux coudes, et l'un d'entre eux n'était même pas chaussé. Ils avaient beau cependant ne pas être particulièrement reluisants, eux avaient trois repas par jour, Erika devait souvent se contenter de deux repas assez maigres la plupart du temps. Mangerait-elle autant si elle fait partie de l'ordre gris? Le visage d'Heldegard avait certes l'air creux, son corps restait dissimulé sous d'amples vêtements gris.


Une fois que les gardes se furent éloignés, la rue redevenait calme. Et Erika commença à voir se former du brouillard dans la rue. Elle s'en doutait, c'était le vent magique d'Ulgu, qui l'avertissait que quelqu'un avec des intentions mauvaises était tout près. Dissimulée dans l'ombre du cadre de la fenêtre, sur le qui-vive, elle observait la rue et vit une silhouette sortir d'une impasse adjacente. C'était une personne de grande taille, enveloppée dans une cape noire avec la capuche rabattue sur sa tête. En l'ôtant, Erika put juger que c'était un homme. Son crâne rasé arborait des tatouages étranges en formes de flammes, et il arborait un crochet de serpent en guise de boucle d'oreille. Ses paupières inférieures étaient maquillées de noir, ce qui attirait l'attention sur son regard. Erika n'avait pas besoin de son don de double vue pour savoir qu'il était mauvais car ces yeux révélaient de la malveillance et une intelligence malsaine. C'est alors que l'inconnu promena son regard sur la façade du bâtiment qui servait de lieu de travail pour son père, tonnelier, et d'habitat pour sa famille. Et il se mit à sourire. Et Erika commença à avoir vraiment peur.


C'est alors que l'inconnu commença à psalmodier une incantation. Erika comprit aux remous d'énergies magiques autour de lui que c'était un sorcier. Que compte-il faire? Incendier la demeure? Elle savait qu'elle ne pourrait rien faire pour l'arrêter, n'étant pas elle même une sorcière entrainée. Il lui fallait appeler à l'aide. En regardant en direction du collège gris, elle vit une ombre s'élancer depuis ses tours, puis le cadre de la fenêtre fut brutalement occupé par une silhouette. L'inconnu de la rue la regardait droit dans les yeux. Prise au dépourvu, elle s'exclama en reculant de la fenêtre. Comment avait-il fait pour se retrouver à cette hauteur sans prendre prise? Il se mit alors à enjamber le cadre de la fenêtre, toujours en la fixant des yeux, et avec son sourire malsain. D'où elle était, Erika sentit une odeur de souffre. L'étranger prit enfin la parole:


« Te voilà enfin. Après toutes ces années. Ha... »


Erika savait qu'elle devait gagner du temps à présent. Elle n'avait pas d'autre choix que de discuter avec lui:


« --Qui êtes vous? Que me voulez vous?


--Ha... C'est vrai que ça va faire douze ans maintenant, répondit-il... Douze ans que je t'ai perdu et que je te cherche. Ha...


--De quoi parlez vous? Et qui êtes vous? » Insista-t-elle.


Ce fut à ce moment là qu'une brusque bourrasque s'engouffra dans la fenêtre, puis une ombre ailée, qui disparut pour laisser place à une autre personne armée d'une épée. Erika le reconnut instantanément: c'était Heldegard. Ce dernier tenait son arme à bout portant et la jeune fille pouvait sentir d'où elle était l'épée vibrée d'énergie: elle était enchantée. L'inconnu, les yeux écarquillés et son visage laissant clairement transparaître la colère, se mit à siffler de frustration en voyant cet indésirable visiteur.


« --Sigismund, s'exclama-t-il !? Quelle surprise de te revoir. J'en suis assez frustré.


--Le sentiment est partagé Sebastian: douze ans que tu te terres dans cette cité et tu te révèles au grand jour sans crier gare. Qu'est ce qui t'a amené à commettre une pareille erreur?


--Une erreur? » Le dénommé Sebastian se mit alors à sourire à nouveau. « Ha... Parce que tu penses que j'ai commis une erreur?


--Pourquoi pas? Après tout, tu ne t'attendais pas à me voir venir.


--Cela va faire douze ans que tu m'as ôté ma proie. Ne compte pas sur moi pour connaître le même échec. »


Ce fut à ce moment précis que le père d'Erika entra en trombe dans la chambre, armé d'une herminette qu'il utilisait habituellement pour travailler. Il n'en fallut pas moins pour détourner l'attention d'Heldegard un bref instant, ce qui fut suffisant pour Sebastian. Ce dernier ne fit même pas attention au nouvel arrivant et se précipita sur la fenêtre en poussant l'umbramancien sur le côté. Il sauta par ladite fenêtre, et s'enfuit sur le disque de Tzeench qu'il avait invoqué pour monter jusqu'à la fenêtre.


Fin du premier chapitre. Comme il y a plus de description, il y a donc moins d'action, mais c'est pas grave, la suite c'est pour bientôt. J'attends vos critiques pendant que je travaille sur la suite.

Personnellement je trouve que ce récit est meilleur que le précédent (pas que ce dernier soit mauvais hein). Comme il y a plus de descriptions, on se sent plus pris par l'histoire et c'est plus agréable à lire. Tu n'en n'as pas non plus trop mis ce qui fait qu'il n'est pas non plus ennuyeux. Donc un bon récit en somme. Bonne continuation !

Citation :Donc un bon récit en somme. Bonne continuation !

Ca tombe bien, car j'ai trouvé dans l'un des suppléments de "Warhammer jeu de rôle" un descriptif qui m'a beaucoup inspiré pour la suite. Mais comme j'ai repris mes études, ce sera pas pour tout de suite.


Ayé! J'ai enfin réussi à finir le chapitre 2 (c'était quand même long et pénible), où l'on en apprend un peu plus sur le passé commun des principaux personnages (d'où texte plus long). Et le premier qui dit que j'ai copié sur Harry Potter, qu'il ose pondre un texte pour qu'on cherche dans quoi il s'est inspiré, car ce n'était pas volontaire. Pour le lexique du matériel du tonnelier, une visite au Puy du fou cet été m'a poussé en effet à faire une petite recherche (ils n'utilisent à fortiori pas de marteau). Le site où j'ai trouvé ce qu'il me fallait: http://membres.lycos.fr/fermenoel/toneli.html


Allez bonne lecture, et à la prochaine.


Chapitre 2: Révélations


Hernnst ne s'attendait pas à assister à un tel spectacle et avait observé interdit la scène, son herminette à la main. Le père d'Erika se ressaisit néanmoins et osa s'adresser au sorcier qui était resté:


« J'ignore ce que vous faites ici mais je vous conseille de quitter ma maison sur le champ! »


Heldegard se retourna pour dévisager l'impudent qui l'avait distrait alors qu'il approchait de son but. C'était un homme au physique simple, possédant une chevelure ébouriffée de couleur châtain et des yeux verts.


« Quant à moi, répondit Heldegard, ce que je vous conseille, c'est de ne pas m'énerver plus que vous ne venez de le faire » L'air autour du sorcier se distordait sous le regard d'Erika: Heldegard utilisait son pouvoir pour présenter à son père une image plus impressionnante de lui, ce qui produisait son effet. Maintenant Hernnst commençait à pâlir et ne paraissait plus aussi en colère.


« Ça suffit! » Ni Heldegard ni Hernnst ne s'attendaient à ce qu'Erika prenne alors la parole. « Ce n'est pas le meilleur endroit pour en discuter: nous allons finir par réveiller les autres. »


En effet, les frères et sœurs de la jeune fille dormaient encore, et il n'y avait pas besoin de les réveiller en plus du fait qu'un sorcier s'était permis d'entrer par la fenêtre. Et qu'un autre en soit également sorti.


« --Nous pourrions en discuter en bas, qu'en dites vous? Demanda l'umbramancien à Hernnst.


--Je me demande bien ce que signifie tout ce cirque, finit-il par répondre, ce qui semblait être une invitation à sortir de la chambre des enfants.


--Je viens avec vous.


--Non Erika, tu retournes te coucher!


--Cet individu qui s'est enfui a dit que j'étais sa proie! » A cette remarque, le père de la fillette restait interdit.


« --Elle vient aussi, dit Heldegard. Nous avons certaines choses à mettre au point, tous les trois. »


Il n'y avait que deux pièces au rez-de-chaussée: la plus grande, qui donnait directement sur la rue, servait de salle de travail pour Hernnst. C'est là, sur l'emplacement prévu contre le mur, qu'il rangea l'herminette pour le moment. Bien qu'il allait la récupérer comme à chaque soir pour être sûr d'avoir de quoi se défendre en cas de cambriolage, cette action lui permettait de s'isoler un peu de son hôte imprévu. Il balaya du regard l'atelier: ses outils étaient tous rangés sur le mur par ordre de taille: ses herminettes, ses coutres, ses planes droites et courbes, ses tires, ses bondonnières... La colombe, sorte de banc, était placée près du mur. Ici et là se trouvaient des tonnelets de diverses tailles qui n'attendaient plus que soit des clients qui en auraient besoin, soit se couvrir de poussière. Il se dirigea ensuite vers l'autre pièce, plus petite, qu'était la cuisine. Dans un coin de la pièce se trouvait l'escalier qui permettait d'accéder à l'étage, l'angle opposé étant occupé par une commode. Dans le mur du fond se trouvait une cheminée dans laquelle était suspendue une marmite dont l'odeur laissait à penser qu'elle contenait les restes d'un repas qui commence à dater. Une table ronde occupait le centre de la pièce et de vieux tabourets, voire des tonnelets pour les remplacer, permettaient de s'assoir autour. Erika et Heldegard avaient déjà pris place et attendait le maitre des lieux. Celui-ci pris place et avait Heldegard à sa gauche et sa fille à sa droite.


« Bon, commença-t-il, il est temps que vous nous expliquiez certaines choses. Tout d'abord, qui êtes-vous, et qui était cette personne qui c'est enfui par la fenêtre? » Heldagard resta d'abord silencieux, comme s'il cherchait comment répondre.


« --Je m'appelle Sigismund Heldegard, sorcier impérial au service de l'Empereur, finit-il par lâcher. Celui qui c'est enfui se nomme Sebastian Romm. Cela va faire bientôt douze ans que je le traque. C'est quelqu'un que j'ai connu... Ou plutôt que je croyais connaître. Une des plus regrettables erreurs que j'ai faite a été de lui accorder ma confiance.


--Vous vous étiez donc déjà rencontré, demanda Erika?


--Oui, je l'ai connu alors que j'étais encore un compagnon sorcier, c'est-à-dire quand j'étais devenu un sorcier autonome. C'était il y a plus de quinze ans. J'étais chargé d'une mission, dont je ne vous révèlerai rien. Sachez seulement que cela a assez mal tourné, et je me suis retrouvé poursuivi par les agents d'une secte chaotique. Comme j'étais un débutant, et que certains de mes poursuivants étaient de bon sorciers, ils avaient réussi à me coincer à Averheim, en Averland. C'est lorsque je me tenais prêt à vendre chèrement ma peau qu'il est arrivé pour me sauver. Du moins, c'est ce que la situation et l'étendue de ses pouvoirs laissait supposer: c'était un hiérophante de talent, un sorcier qui tire sa puissance dans le vent de lumière Hysh. Et depuis, ce jour, je l'ai considéré comme un ami.


--Mais s'il vous a sauvé la vie, intervint Erika, ça veut dire que c'était quelqu'un de bien autrefois, non?


--Comme je l'ai dit, ce n'est qu'en apparence qu'il m'a sauvé. Il a fallu attendre encore quelques années avant qu'il ne révèle son jeu. A une époque, je m'était mis l'idée en tête de former un apprenti, et Sebastian m'a alors fait une proposition: selon lui, il existerait dans l'empire des personnes qui possèderaient des liens particuliers avec les vents de magie. Ces personnes seraient capables de voir et un peu de manipuler un vent de façon instinctive, sans avoir à craindre de retour de flammes, car la magie est une discipline qui n'est pas sans risque. Il prétendait avoir même créé une technique de localisation aethyrique poussée, qui devait nous faciliter les recherches. Et après seulement une semaine de recherches, nous avions une piste. Il était surprenant en fait que cette piste nous fasse revenir sur nos pas, mais nous étions revenus à Altdorf alors que nous l'avions déjà fouillé de fond en comble. En arrivant dans un quartier éloigné d'ici, nous avions appris qu'une personne avait alors donné naissance à une petite fille. En me rendant sur les lieux de sa naissance, je compris pourquoi la piste aethyrique nous a fait revenir en arrière: en cette maison plus que dans le reste du voisinage, le vent gris d'Ulgu y soufflait, et j'ai alors compris que l'enfant qui était née était la personne que je cherchais. »


Même s'il n'en soufflait pas mot, Hernnst sentit qu'un doute était né en lui à propos de l'histoire d'Heldegard, et ça l'inquiétait.


« --C'est alors que la nuit même, je décida de me rendre à nouveau chez les parents de l'enfant, pour ressentir à nouveau le vent d'Ulgu souffler, pour me dire que je ne m'étais pas trompé sur le compte de cette enfant... Mais j'ai découvert qu'en fait, je m'étais complètement trompé sur celui de Romm.


--Vous voulez dire, commença Hernnst, qu'il en voulait après cet enfant?


--Oui.


--Mais alors, que c'est-il passé cette nuit là, demanda Erika? »


Heldegard ne répondit pas tout de suite. Il avait l'air grave.


« Lorsque je suis arrivé sur les lieux, reprit-il enfin, la maison brulait. Et je sentais des énergies magiques s'accumuler de plus en plus autour. Lorsque j'ai pénétré dans le bâtiment, il était là: il s'était déjà occupé des parents. » Erika ne put s'empêcher de plaquer sa main sur sa bouche, l'air choqué. « --Il était en train de pratiquer un rituel, et il tenait au dessus de sa tête un poignard, avec lequel il s'apprêtait à la tuer, probablement pour accaparer ses pouvoirs. Mais mon arrivée a perturbé son rituel, et sa perte de concentration lui a fait prendre un retour d'énergie magique. Affaibli, il n'avait alors pas d'autre choix que de prendre la fuite.


--Et l'enfant, demanda Erika?


--Elle n'avait rien, mais je ne pouvais pas rester, ni la laisser ainsi. Il aurait suffit qu'un répurgateur ramène son nez par ici pour soupçonner l'enfant d'avoir accidentellement tué ses parents avec ses pouvoirs, ou de me soupçonner moi d'avoir un lien quelconque avec une secte chaotique. »


Les répurgateurs attiraient autant la méfiance que les sorciers dans l'Empire, mais pour d'autres raisons. Bien que leur rôle de protéger la nation de l'influence du chaos était évidente, leurs méthodes consistaient parfois à purger non seulement les hérétiques et les mutants, mais aussi des innocents, des fois sans preuves fondées, pour être sûrs qu'ils ne soient pas corrompus.


« --J'ai donc décidé d'emmener l'enfant loin de son quartier de naissance, poursuivit le vieil homme, les flammes s'occupant de faire passer le meurtre des parents pour un accident. J'ai alors pris une décision difficile. Tu te souviens de ces rituels dont je t'ai parlé, pour bloquer les pouvoirs d'une personne?


--Parce que tu l'as déjà rencontré, s'emporta alors Hernnst? Erika, il me semble pourtant t'avoir déjà interdit de parler aux personnes que tu ne connaissais pas.


--Je ne suis pas sûr de lui être aussi étranger que çà, répondit calmement Sigismund. » La réflexion laissa les deux interlocuteurs surpris. « --Je t'ai déjà parler de rituels que l'on utilisait pour bloquer les pouvoirs des personnes ne souhaitant pas devenir des sorciers et qui désiraient retourner à une vie normale. Ma décision fut d'empêcher Romm d'accaparer les dons de l'enfant, et pour cela, il me fallait l'empêcher de la trouver par localisation aethyrique. J'ai alors pratiqué ces rituels, seul, dans le plus grand secret, au sein du collège gris. Une fois terminé, je l'ai emmené jusqu'au temple de Herscham* le plus proche. Et il se trouve que cet orphelinat se situe dans ce quartier même.


--Que voulez-vous dire, demanda Erika? Vous insinueriez que... Vous ne pensez tout de même pas que je serais cette enfant n'est-ce pas? Regardez, mon père est juste ici, vivant. Ça ne peux donc pas être moi, pas vrai Papa? »


Mais étrangement, son père ne disait rien. Il avait l'air... Ennuyé.


« --Non, finit-elle par lâcher... Ce n'est pas...


--Si, c'est la vérité. A cette époque, ta mère et moi, nous voulions avoir un enfant, mais on n'y arrivait pas. Nous avons alors décidé d'en adopté un. Nous nous sommes alors rendus au temple de Herscham. Après une semaine de procédures seulement, nous étions devenus tes parents.


--Mais... Mais alors... Et Hector, et...


--Deux mois après ton adoption, ta mère a eu la surprise de tomber enceinte. Il parait que ce genre de choses arrive à certains couples qui adoptent un enfant. »


Erika ressentit un grand vide en elle. Non seulement elle avait appris qu'elle était la cible d'un sorcier du chaos, mais en plus ses parents n'ont jamais été ses vrais parents, qui ont été assassinés voilà bientôt douze ans.


« --Mais, si j'ai reçu ces rituels me débarrassant de mes pouvoirs, pourquoi se sont-ils manifestés aujourd'hui?


--Attends, l'interrompit son père adoptif! Tu veux dire que tu as...


--C'est une excellente question,répondit Heldegard sans se soucier de l'intervention de Hernnst, et je vais te répondre. En fait, bien que je connaissais ces rituels, je ne les avais jamais pratiqués. Tes pouvoirs étaient simplement bloqués,tu n'en as jamais été débarrassé. Et aujourd'hui, les sceaux qui les retenaient se sont finalement rompus. Mais c'est comme çà que Romm a pu te retrouver, car la localisation aethyrique est redevenu possible, et tu es en danger maintenant. Tant qu'il désirera tes pouvoirs, il n'aura de cesse de te traquer. Je dois donc te mettre en sécurité.


--En sécurité, demanda le père de l'intéressée? Cet individu est entré par la fenêtre, en est ressorti comme s'il avait orchestré sa fuite depuis des jours, et vous dites que vous voulez la mettre en sécurité?


--Oh pas sans vous consulter, rassurez-vous: vous aussi vous êtes en danger, ainsi que votre famille. » Le détachement avec lequel il avait annoncé la chose laissa Hernnst pantois. « Il est de mon devoir de tous vous protéger. J'ai cru comprendre que vous étiez tonnelier n'est-ce pas?


--C'est exact, mais...


--Hé bien que diriez-vous dans ce cas de travailler pour des gens qui reconnaitraient votre talent? Des gens qui respectent vraiment votre travail? Parce que travailler dans une ville où la culture de boissons alcoolisées est délaissée au profit d'un marché qui permet d'en exporter n'est probablement pas la meilleure idée que vous ayez eue, je me trompe?


--Vous voulez nous faire déménager?


--L'Averland est probablement la meilleure région viticole de l'Empire, et l'art de fabriquer des fûts et d'y verser le vin est presque pour ses tonneliers une religion. Vous devriez y couler des jours heureux, non?


--Mais, vous vous rendez compte seulement de ce qu'implique un déménagement?


--Vous pouvez voyager sous couvert de la part de mon ordre si le cœur vous en dit, vous n'aurez ainsi rien à craindre des attaques de brigands ou d'hommes bêtes. Quant à l'accueil que pourraient vous faire ses habitants, n'ayez crainte: vous avez la profession qui va avec la réussite sociale.


--Et Erika, demanda-t-il? Que va-t-elle devenir?


--Ça dépendra d'elle et elle seule. Soit elle peut décider de vous suivre et l'Ordre gris se chargera de lui bloquer définitivement ses pouvoirs, soit elle peut intégrer la salle de cours commun des écoles de sorcellerie avant de choisir le domaine de magie qu'elle veut étudier. » Il se tourna alors vers l'intéressée pour lui demander son avis.


*Dieu humain des mendiants et des exclus (sources: http://wjrf.fr.st/)


J'adore les supplément de WJDR (warhammer jeu de rôle): on y trouve tout un tas d'inspirations qui invitent à la fantaisie, comme une balade sur le Reik. Il n'y a peut-être pas autant d'action que dans la plupart des récits publiés sur ce site, mais j'ai rajouté des trucs qui devraient plaire. Je vous laisse à votre lecture, amis de la bleue contrée de Warmanie.




Chapitre 3: Au gré des flots

Erika était accoudée, et elle regardait la rive sud du Reik, le grand fleuve qui traverse l'Empire en passant aux abords d'Altdorf. Les voyages par terre étaient des plus risqués à cause des hommes-bêtes, des bandits et des peaux vertes. Sa famille et elle voyagerait ainsi en compagnie des serviteurs de l'Ordre Gris pendant une semaine jusqu'à Nuln dans le Wissenland où ils feraient une escale. Ils reprendraient alors leur route à nouveau par voie maritime jusqu'aux abords d'Averheim.


« Est-ce que ça va? »


Heldegard vint la rejoindre et s'accouda à son tour sur la rambarde. La jeune fille fut tirée de ses pensées par son interlocuteur.


« Oui, lui répondit-elle. » Puis s'ensuivit un silence un peu gêné.


Erika avait du réfléchir longtemps avant de prendre une décision, mais elle avait fait son choix à présent. Elle n'était peut-être pas la fille de Hernnst et de sa femme, mais ceux-ci avaient voulu l'adopter et la considérer comme leur propre enfant, et maintenant qu'ils allaient emménager dans une ville où le travail serait plus rentable, elle n'avait plus à penser qu'elle était une charge pour ses parents. Mais à ce sujet, il y avait quelque chose qui la tracassait un peu.


« --J'aimerais vous demander quelque chose, demanda-t-elle à l'umbramancien.


--Je t'écoute.


--Pourquoi déménager jusqu'à Averheim? L'Averland n'est pas la seule région à exporter du vin: il y a aussi le Reikland et le Wissenland. Il aurait été plus simple de s'arrêter à Nuln ou alors de simplement se déplacer dans les environs d'Altdorf.


--Il y a plusieurs raisons qui dictent ce choix: tout d'abord, tu te souviendras sans doute que j'étais le seul sorcier au collège de l'Ordre, hors je ne suis particulièrement doué pour les rituels. Il est difficile de réunir plusieurs sorciers gris au même endroit, c'est pourquoi lors des préparatifs du départ, j'ai pris la peine de contacter quelques membres des plus talentueux pour se donner rendez-vous dans un endroit assez calme. La deuxième raison est une raison de sécurité. Tu dois comprendre pourquoi?


--Cela aurait-il un rapport avec le dôme qui nous entoure? »


Erika savait que l'étrange bulle transparente qui entourait l'embarcation était d'essence magique et que seules des personnes douées de pouvoirs occultes pouvaient la voir.


« --Tu as deviné, répondit Heldegard. Mais peux-tu approfondir?


--Je suppose que, comme ce Romm court toujours dans la nature, il fallait s'éloigner de lui le plus possible. Et cette protection qui nous entoure l'empêche de nous localiser par quelque moyen que ce soit.


--Exactement: ce dôme est une protection aethyrique qui nous isole de tout élément magique et nous rend invisible à ceux qui veulent utiliser la magie pour nous localiser avec. Il peut cependant être levé si nous utilisons de la magie.


--Je pense qu'il y a une autre raison pour laquelle nous allons aussi loin, ajouta Erika. »


Heldegard la regarda avec une certaine surprise. Aurait-elle compris autre chose? Elle se mit alors à poursuivre:


« --Il va se passer un certain temps avant que nous arrivions à Averheim, et il peut se passer beaucoup de choses durant ce voyage. Je sais que vous êtes déçu que je ne rejoigne pas l'Ordre, mais je vous soupçonne de garder espoir que je change d'avis d'ici à ce que nous arrivions. »


Elle avait deviné. Le vieil homme ne pouvait que la féliciter à sa façon:


« --Tu aurais vraiment fait une excellente umbramancienne tu sais?


--J'ai une dernière question. Si l'équipage de ce navire est, comme vous le dites, au service de l'ordre gris, alors qui sont les quatre sorciers qui nous accompagnent? J'ai cru comprendre qu'il existait plusieurs collèges de sorciers, chacun dépendant d'un vent magique spécifique, et aucun d'eux ne vous est similaire. »


Il y avait deux de ces sorciers derrière eux: l'un d'entre eux était le plus grand et arborait une barbe et des cheveux blonds dressés sur sa tête comme des flammes, lui donnant un air bizarre. Il portait une robe rouge qui lui tombait jusqu'aux chevilles et une ceinture de cuir noir d'où pendait un jeu de clefs, et il ne cessait de parler pour ce plaindre du temps à passer sur ce bateau et de l'eau, pour laquelle il semblait éprouver une très grande aversion. Il donnait à Erika l'impression qu'il pouvait exploser à tout moment. Son interlocuteur était différent: plus âgé, barbu également, mais portant une robe teinte dans des tons verts, une serpe d'or à sa ceinture et, au grand étonnement d'Erika (et de sa famille d'ailleurs), se promenait pieds nus.


« --Romm n'est pas le seul sorcier avec qui j'ai entretenu de bonnes relations, répondit Heldegard. Ces deux se nomment Boris, de l'Ordre flamboyant, et Myrdin, de l'Ordre de Jade, et les deux autres se nomment Hannah, de l'Ordre d'Améthyste, et Albrecht, de l'Ordre doré. J'ai fait appel à eux pour une raison précise: même si je suis un excellent sorcier, Romm est plus puissant que moi. Il n'en est certainement pas à sa première tentative pour s'approprier les pouvoirs d'un autre sorcier, ce qui le rend encore plus dangereux que la plupart des lanceurs de sorts qui œuvrent pour les ennemis de l'Empire, car non seulement il est plus puissant, mais aussi plus polyvalent car maitrisant des domaines de magie auxquels je n'ai pas l'habitude de me frotter. Chacun des sorciers qui nous accompagnent est doué dans l'utilisation de son vent de magie, ce qui nous permettra de lui faire face si par hasard il nous tombe dessus.


--Mais comment, avec toutes les précautions que nous avons prises il pourrait nous retrouver?


--Tu te souviens de son évasion de ta chambre à Altdorf? »


Mais la réponse allait devoir attendre, car Boris commençait à pester de plus belle:


« --Bon sang de saloperie de tonnerre de feu, ils ont failli me toucher ces salopiauds!!! »


Une flèche l'avait en effet frôlé, et elle a été tirée depuis la rive nord. Des archers, apparemment des bandits, avaient pris positions près d'un imposant saule pleureur et avaient commencer à faire feu. Myrdin, qui s'était baissé pour rester à l'abri de la rambarde, se mit alors à soupirer et dit:


« --Ils se sont placés au pire endroit possible. »


Il leva la main droite de façon à présenter sa paume en direction du groupe et se mit à prononcer des parole qu'Erika ne comprenait pas. Le dôme autour d'eux se dissipa et Erika crut percevoir des remous verdâtres se former autour des ennemis. Le saule se mit à bouger. Il commença à fouetter de ses branches les archers. Certains coups ouvrirent de profondes entailles dans leurs chairs. Ils se mirent à fuir en s'enfonçant dans la forêt.


« --Et voilà le travail, fit Myrdin. Nous pouvons retourner à nos occupations à présent.


--Non, le coupa Heldegard. Pourquoi nous auraient-ils attaquer si ils ne pouvaient pas venir jusqu'à nous? Ce devait être une diversion. »


Tout le monde se précipita alors à tribord, mais ne virent rien, puis Boris alla voir à l'arrière du navire et s'exclama:


« --Trois embarcations! Et on ose appeler çà de la stratégie? Pitoyable! »


Il commença à réciter à son tour une incantation la main levée au dessus de sa tête, et une sphère enflammée se forma dans son creux. Quand elle eu atteint un gabarit impressionnant, il baissa le bras, et le projectile incandescent plongea droit sur la barque centrale, qui explosa dans une gerbe de feu spectaculaire. L'équipage des barques latérales paniquèrent et décidèrent qu'il était temps d'abandonner l'assaut et de regagner les rives.


« --Que c'est-il passé, demanda une femme? »


Hannah venait d'arriver sur le pont suivie d'Albrecht. Ce dernier était un homme avec des cheveux bouclés noirs grisonnants et à la peau halée, portant une robe de couleur crème et jaune, ainsi que des protections en or sur ses avant-bras et son cou. Hannah, quand à elle, était celle qui apparemment était la moins chaleureuse du groupe. Elle avait une peau pale qui contrastait avec ses yeux et ses cheveux noirs, qui étaient coupés courts et évoquaient des plumes de corbeau. Elle portait une robe pourpre serrée par un corset et portait le symbole d'une rose sur son torse.


« --Trois fois rien, répondit Heldegard, remettons en place le dôme à présent. »


Erika avait oublié sa question, mais elle aurait un jour la réponse. Et ce jour approche, car les bandits n'ont pas attaqués cette embarcation sans une bonne raison.


Plus tard, ils retrouvèrent leur employeurs et firent leur rapport:


« --Une embarcation d'environ vingt pieds de long, sur le Reik en direction de Nuln.


--Alors c'était vrai. Ha... Dit Romm, les éléments concordent. Et cela correspond avec le signal aethyrique que j'ai perçu. Bien...


--A présent que notre part du marché est accomplie, et étant donné que nous y avons perdu des hommes et du matériel, il serait peut-être temps que nous discutions de nos intérêts, et il vaudrait mieux qu'ils puissent nous dédommager convenablement.


--Mais bien sûr! Votre récompense vous attend un peu plus loin: j'ai laissé des rémunérations s'élevant à 100.000 karls d'or un peu plus loin. C'est à côté du feu que j'ai allumé là bas. »


Il indiqua la direction d'une clairière d'où provenait une lumière orangée. Sans réfléchir plus, le groupe se dirigea en direction de la lumière et, une fois arrivés, l'un de ses membre perçut un mouvement dans l'ombre, puis un autre mouvement se fit plus net. Et des choses qui semblaient flotter à la manière de plumes dans le vent se firent remarquer. On aurait dit des raies bleues et roses pourvues de cornes et d'écailles. Le banc de hurleurs de Tzeench resserrait son emprise autour de sa proie apeurée.


« Décidément mon cher Sigismund, tu pensais t'échapper aussi facilement? Ha, c'était bien stupide de ta part que de croire que l'on peut me tromper ainsi. Bientôt, je te retrouverai, ainsi que l'enfant, et je pourrais récupérer ce qui me revient. Ha... »


Comme toujours, vos critiques sont les bienvenues. Sur ce,


Téclis-19, qui va enfin se permettre de bosser durant les vacances(concours, concours [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_happy.png[/img] ).


Maintenant que le réseau ADSL a été rétabli au pater domicilia, je suis de retour pour un nouveau chapitre, et cette fois, la fin se fait sentir. Je vais faire une petite pause dans l'écriture je pense, histoire de trouver la façon dont tout cela va finir (quoique, j'ai déjà ma petite idée [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_happy.png[/img] ). Mais je parle, je parle, et le chapitre n'attend que d'être lu. Alors bonne lecture et à bientôt:




Chapitre 4: Dans les souterrains

Heldegard, Boris, Myrdin, Albrecht, tous sauf Hannah, qui regardait par la fenêtre, semblaient préoccupés par la disparition d'Erika. Elle était restée dans sa chambre toute la journée sans en sortir et personne n'était là lorsqu'elle avait disparu, cela pouvait être aussi bien il y a cinq minutes comme il y a une demi-heure, lorsque sa mère avait quitté sa chambre pour visiter les apothicaires pour sa sœur, qui commençait à tousser de plus en plus fort.


« --Comment cela a-t-il pu se produire, commença Heldegard? Nous avions prix toutes les précautions nécessaires, nous avions placé des protections à la fenêtre, nous avions mis en place des alarmes magiques. Qu'est ce qui n'a pas marché?


--Sigismund, l'interrompit Albrecht, j'ai trouvé ceci sur le bord de la fenêtre. C'est ce que l'on a utilisé pour briser les enchantements que nous avons mis en place. »


Il tendit vers lui sa main droite dont les doigts étaient maculés de cendres.


« --Ce sont les restes de parchemins de dissipation. Cela signifie que la personne qui l'a enlevé est un sorcier, et comme la chambre est située au dernier étage, il a du passé par les toits. »


Heldegard considéra les cendres tout en réfléchissant à toute vitesse.


« Non, dit-il. Il a utilisé une monture capable de léviter. La dernière fois qu'il m'a échappé, c'est comme çà qu'il s'est enfui. » Il commença alors à montrer des signes de panique. « --Il va accomplir ce qu'il a commencé il y a douze ans.


--Peut-être pas si nous intervenons à temps, lança alors Hannah, ce qui surprit les autres. Vous ne voyez rien dehors? »


Ils s'avancèrent alors jusqu'à la fenêtre et comprirent alors ce qu'elle observait: durant leur formation en tant qu'apprentis sorciers, chacun d'eux avait appris à voir et à identifier chacun des huit vents de magie, ils purent donc tous voir que trois d'entre eux commençaient à tourner en spirale au dessus d'un quartier assez éloigné de l'auberge: Hysh le vent de lumière, Aqshy le vent brulant, et Shyish le vent pourpre.


« C'est exactement la même chose qui s'est produite il y a douze ans, lâcha Heldegard. Il faut se dépêcher, vite! »


********************************************************************************


Erika se réveilla doucement. L'endroit était sombre, et sentait la terre et la moisissure, mais aussi le soufre. Elle avait mal partout, mais surtout à la tête. Elle sentit qu'elle se trouvait allongée sur une surface dure, comme de la pierre. Elles sentit que ses mains et ses pieds étaient entravés.


« Tu te réveilles enfin, susurra une voix qui lui était familière.. Ha... »


Elle se releva brusquement. Il y avait de la fumée grise partout autour d'elle. Et elle le vit, accoudé tout près d'elle. Romm la regardait avec un intérêt malsain. Il y avait des cierges tout autour, sur le sol, disposées en cercle. Il y en avait huit, et trois d'entre eux étaient allumés, mais les flammes arboraient des couleurs différentes: mauve, rouge et blanche.


« Cela aura pris le temps, mais qu'importe. J'aurais ce que je désire. Ha oui.. »


Erika aurait voulu crier, mais Romm semblait avoir deviner ses pensées:


« --Il est inutile de vouloir crier: personne ne peut nous entendre ici. La surface, où ce bon vieux Sigismund doit te chercher, est assez loin.


--Qu'est-ce que vous voulez de moi, demanda-t-elle?


--Ce que je veux? Ha... C'est une bonne question. Et je suppose que tu as déjà une petite idée de la réponse? »


Erika secoua alors la tête négativement. Elle avait déjà échafaudé un plan.


« --Allons, ne sois pas timide. Je sais que tu sais. Ce cher Sigismund a du t'en parlé, hein... Alors?


--V... Vous voulez me prendre mes capacités pour renforcer vos propres pouvoirs n'est ce pas?


--Bien. Et tu sais pourquoi? »


Erika répondit à nouveau par la négative, mais elle avait ce qu'elle demandait. Romm allait lui révéler ce qu'il voulait, elle avait maintenant le temps de faire ce qu'elle désirait: manipuler le vent gris Ulgu pour révéler sa position à Heldegard. Elle concentra une partie d'elle même à cette tâche, et la fumée grise s'agrandit dans la pièce, elle passa par les fissures du plafond naturel, puis remontèrent... remontèrent...


« Mais pour la connaissance évidemment, pour le savoir. » Romm ne fit même pas attention aux volutes de fumée qui remontaient. « Tu n'imagines pas l'étendue des connaissances que représente la magie. Aucune science n'est aussi complète, et elle permet toute sorte de choses; soigner, tuer, sauver, apporter l'espoir ou le désespoir... Mais plus que tout, le savoir, c'est le pouvoir. Et cette volonté de dominer, je la dois à une seule personne: Van Horstmann, celui qui a fondé la Cabale, l'église dont je fais parti. »


********************************************************************************


« Vous n'avez rien trouvé? »


Myrdin ne supportait plus d'arpenter les rues en sandales, même si c'était nécessaire de passer inaperçu.


« --Je ne peux rien tirer d'Aqshy, répondit Boris. On ne peut ni le contrôler, ni en déduire leur localisation.


--J'ai survolé la zone, enchaina Heldegard. Impossible de les trouver comme çà également.


--Le pendentif ne donne rien, poursuivit Albrecht en dévoilant un talisman de sa manche. Aucun objet magique à part les nôtres.


--J'ai seulement croisé quelques personnes qui m'ont harcelée et que j'ai failli tuer, acheva Hannah.


-- Ce n'est pas possible, reprit Heldegard. Ils sont ici, quelque part. »


Et comme si ça répondait à sa question, il aperçut des volutes grises qui commençaient à sortir du sol.


« --Ils sont en dessous.


--Et elle appelle à l'aide, enchaina Hannah.


--Mais comment on va faire, s'emporta Boris? S'il y avait un accès pour descendre, cela prendrait du temps pour le trouver, et on ne peut pas creuser comme çà!


--Je connais une méthode pour creuser vite. »


Heldegard jeta un regard au vortex qui les surplombait: les vents vert de Ghyran et jaune de Chamon s'y étaient joint. Plus que deux vents et Romm aurait à tuer Erika pour prendre finalement le contrôle et les connaissances du vent d'Ulgu . Il s'assura alors que personne ne se trouvait aux alentours et commença une incantation très difficile.


********************************************************************************


Deux autres cierges s'étaient allumés autour d'Erika: une flamme verte et une autre jaune brillaient avec les autres. Romm se permit un sourire particulièrement mauvais mais ravi.


« --Au fait, as-tu remarqué que tu te trouvais sur un autel? »


Erika observa la pièce autour d'elle: la pierre sur laquelle elle se trouvait semblait avoir été grossièrement taillée de façon rectangulaire et se trouvait au centre d'un symbole peint sur le sol avec ce qui semblait être du sang: il s'agissait d'une étoile, composée de huit flèches qui partaient chacune vers un cierge. Elle était déjà apeurée, elle l'était encore plus.


« --Oui. Cela fait partie du rituel. Mais je te promets que ce sera bref, dit-il en sortant un poignard ondulé de sa manche. Plus que deux vents et alors nous pourrons comme... »


Mais alors qu'il parlait, l'endroit commença à trembler, puis les secousses se firent de plus en plus fortes. Puis le plafond s'ouvrit en une large fissure, et cinq sorciers atterrirent, l'un d'entre eux s'affaissant même sur le sol. Boris se releva alors en tempêtant:


« --Une méthode pour creuser vite hein? La prochaine fois que tu fais ça, fais en sorte que ce soit ta propre tombe que tu creuses!!


--Sigismund, siffla Romm avec beaucoup de colère! Comment a tu pu...?


--Cette fois c'est terminé, lança l'intéressé. Écarte toi! »


Romm, qui avait les traits tirés évoquant un chat qui crache, commença alors à se décrisper, comme s'il était en train de réfléchir, puis commença à émettre un nouveau sourire.


« --C'est comme vous voudrez »


Puis il recula jusqu'à l'un des cierges éteints et reprit:


« Dites moi. Vous ne vous êtes jamais demandé comment j'ai fait pour vous retrouvez ici? Ni comment j'ai pu t'échapper la dernière fois, mon vieil ami?Ha...? »


C'est alors qu'il ramassa le cierge à ses pieds, qui s'alluma d'une flamme bleue.


« --C'est parce que je l'avais vu. Le vent d'Azyr est le premier que j'ai contrôlé de la sorte. »


C'est alors qu'il leva la main au ciel, et que de la faille dans le plafond tomba un éclair. Heldegard avait cependant anticipé l'attaque et ce concentra pour retenir le déluge d'énergie. Boris répliqua immédiatement en prononçant une brève incantation, jetant ainsi une boule de feu sur Romm. Celui-ci tendit le bras et reçu le projectile qui s'éteignit à son contact. Mais c'était suffisant: Myrdin tendit une aiguille de ronce et Romm commença à se tordre de douleur au moment où des ronces épaisses poussèrent sur tout son corps et l'étreignirent, leurs aiguilles se plantant profondément dans sa chair. Hannah ramassa le poignard qu'il avait lâché et s'en servit pour sectionner les liens d'Erika.


Romm fit alors ce à quoi personne ne s'attendait: il rit.


« --Misérables que vous êtes, dit-il. Vous pensez vraiment que c'est avec des tours de passe-passe que vous pourrez m'avoir? Vous n'imaginez pas ce que signifie l'avenir. Vous n'imaginez pas le sens de ce que je fais, ai fais, ou ferais. Vous n'imaginez pas non plus ce que je suis appelé à devenir.


--Tu es appelé à mourir, et je vais me faire un plaisir de t'y aider, lança sèchement la nécromant.


--C'est bien ce que je disais, continua Romm. Le destin peut paraître étrange, mais quand on Le sert, Il nous révèle bien des choses. Lorsque j'étais devenu un magister, il était notre mentor à tous. Et grâce à moi, et à ces demeurés d'apprentis, Van Horstmann a acquis des pouvoirs plus puissants que tous ce que l'on peut imaginer. Il s'est alors enfui, avec Galrauch, et la plupart d'entre nous l'on suivi pour le servir et tenter d'apprendre auprès de lui les arcanes qu'il a libérées. Mais je suis resté, car je n'étai pas si naïf. J'avais deviné sa soif de contrôle, sa volonté de nous dominer. J'avais déjà prêté serment auprès de Celui seul qui pouvait devenir mon maitre. Et depuis ce jour, je sers directement... Tzeench. Ha...


--C'est bien joli de nous raconter çà, lança Boris, mais je vois difficilement ce que ça va nous apporter. »


C'est alors que Romm se releva, et tendit le bras vers Hannah. Les ronces qui l'enlaçaient devinrent cendres, et le poignard vola de la main de la nécromant à celui du serviteur de Tzeench.


« --Parce que Tzeench me parle, ha... Il me murmure des secrets. Il me révèle des voies. Et il m'a tracé un chemin grandiose, car en absorbant les pouvoirs des huit vents de magie, je pourrais plier à moi l'énergie de Dhar: la forme brute du chaos. Et je pourrais alors renverser ce pitoyable usurpateur de Van Horstmann et régner sur la Cabale. Et ce que ça va vous apporter, de vous être mis en travers de mon destin? Seulement la mort. Tu te souviens il y a douze ans, lorsque tu m'a interrompu durant mon rituel, au moment même où j'allais obtenir ce qui me revenais? Tu te souviens du retour d'énergie brute qui m'a frappé n'est-ce pas? Mon vieil ami? »


C'est alors que Romm utilisa le poignard pour faire une entaille verticale dans sa robe, qui se mit à pendre de part et d'autre de son corps, retenu simplement à la taille par sa ceinture. Et Erika se retint à grand peine de crier. Elle n'aurait jamais pu, même dans ses pires cauchemars, s'attendre à voir quelque chose de la sorte. Car après tout, que savait-elle vraiment de ce que pouvait prendre comme forme le chaos ou ses serviteurs? Que savait-elle du chaos tout simplement?


« Ce jour là, continua Romm,Tzeench m'a accordé sa bénédiction. »