Power Of The Blood Of The Ass-kicking Fire Demon King From The Hell Of Steel With A Hammer Of Doom

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Il aurait pu se croire sur Terre. Tout était fait pour cela. Les vastes serres hydroponiques s'étendaient sur plusieurs dizaines hectares, abritant tout l'écosystème floral et fruitier que l'on pouvait ordinairement trouver en Europe centrale. Elles assuraient une bonne partie de l'alimentation des troupes stationnées ici et des scientifiques les accompagnant. Elles contribuaient au moins autant – et à moindre coût d'entretien – à la purification de l'atmosphère de la base que les monstrueux recycleurs mécaniques. Leur rôle le plus important était de soutenir le moral du personnel.


Mais la terre n'était qu'un point parmi d'autres piqué sur la voûte étoilée. Au delà de la barrière de verre blindé de deux mètres d'épaisseur, s'étendait le désert de rouille martien.


Les installations intérieures étaient propres et sobres. Confortables dans le quartier des officiers, sans plus. « Plus » eut été considéré comme indécent au sein de l'armée impériale, et tout particulièrement au moment de la visite d'un officier de si haut rang. Le Maréchal était de la vieille école et connu pour exécrer le luxe. Il considérait indispensable que le mode de vie des officiers soit le plus proche possible de celui des simples soldats. Assis dans un fauteuil de cuir racorni, il contemplait la désolation rougeâtre qui commençait juste au delà de la baie vitrée, dix mètres devant lui. Le voyage depuis la Terre, ses phases brutales d'accélération et de décélération l'avaient certainement épuisé mais il n'en laissait rien paraître.


- « Le rapport de nos services de renseignements, vous les connaissez comme moi Général Stern. Ce que je suis venu entendre de vous, c'est votre évaluation de la situation et ce dont vous avez besoin.


Stern pointa simplement du doigt une ligne d'un rouge sombre à l'horizon.


- « Il y a seize kilomètres jusqu'à la crête rocheuse. C'est ce que nous appelons la barrière de Bormann mais les russes l'appellent : barrière de Kassiernsky. Ils ne supportent jamais qu'on découvre quelque chose avant eux. Au delà de cette barrière, on est en territoire russe. A trente kilomètres d'ici se trouve la base de Novo-Arkhengel'sk. N'est-ce pas un joli nom monsieur le Maréchal ? La nouvelle cité de l'archange où vient de débarquer toute une armée de démons. Nos satellites de surveillance ont pu prendre quelques clichés de l'opération de transbordement. Ils étaient encore dans leurs caissons cryogéniques. Les russes n'ont donc pas l'intention de les lâcher tout de suite.


- Ils savent que nous savons ?


- Ils nous ont prévenu eux-mêmes. Motif de l'arrivée de ces nouvelles troupes : défense des intérêts supérieurs du Triple Empire sur Mars. Nous n'aurons bientôt plus besoin d'espions s'ils se mettent à nous confier tous leurs petits secrets. Monsieur le Maréchal, je n'ai pas... l'intuition qu'ils aient l'intention de nous attaquer. En l'occurrence, le plus plausible est qu'ils sont sincères. Comparativement à la Terre, Mars est mal défendue dans le cas d'une attaque venant de Cerbère.


- Je partage votre avis Général mais notre travail n'est pas de penser. Le rapport que je ferai à l'Empereur dépendra de ce que j'aurai vu ici. Après quoi lui seul décidera s'il faut considérer les mouvements russes dans cette région comme une provocation.


Il reprit son observation silencieuse de la barrière de Bormann. Trente kilomètres... Trente petits kilomètres jusqu'à Novo-Arkhangel'sk. Que pouvait-il se tramer là-bas ?


- « Avez-vous déjà combattu ou seulement vu des necrospetsnaz, Général ?


- Non monsieur le Maréchal.


- C'est un cauchemar dont on ne se réveille jamais. Priez pour que les russes ne cherchent vraiment qu'à se défendre.


***


- « Au Tsar ! »


Les verres s'entrechoquèrent.


Novo-Arkhangel'sk était la plus ancienne et la plus grande ville de Mars, s'étendant sur près de quatre-vingt-dix kilomètres carrés. Sa base militaire occupait à elle seule la moitié de cette superficie. Dès ses origines, la conquête de l'espace avait eu un caractère militaire très marqué et fortes de leur ancienne expérience dans ce domaine, les armées russes y avaient rapidement pris une longueur d'avance sur leurs concurrents. Le Triple Empire avait conservé son nom mais à la Grande, la Petite et la Blanche avait été rattachée en moins de cinq décennies une quatrième Russie, celle d'outre-espace, constituée des innombrables colonies slaves sur la Lune, Mars et Vénus. A ce jour, les russes restaient les seuls à avoir tenté et réussi une expédition habitée sur Mercure et installé des bases scientifiques permanentes sur les satellites naturels de Jupiter et Saturne.


Le quartier général de Novo-Arkhangel'sk recevait parfois des invités de marque, membres de la famille impériale ou officiers de haut rang. En d'autres circonstances, la visite du Général Evgueni Korsnikov eut été considéré comme un honneur justifiant de préparer le meilleur thé et d'astiquer les portraits de Youri Gagarine et Serguei Korolev identiques à ceux que l'on trouvait exposés partout dans toutes les villes de la quatrième Russie. Aujourd'hui, il était entendu pour tous que cette venue était synonyme de guerre. Korsnikov venait prendre personnellement le commandement de la base, des troupes qui s'y trouvaient stationnées et de celles, très particulières, qu'il avait amenées dans ses bagages.


Korsnikov avait une réputation mitigée au sein de l'armée russe. On le disait aussi froid que les steppes de Sibérie orientale dont il était originaire et peu soucieux de ses subalternes dont il attendait tous les sacrifices. Mais ses qualités militaires étaient reconnues et les faits d'armes de sa famille impressionnaient : son grand-père avait dirigé la dernière offensive de la guerre contre les chinois pour le contrôle de l'embouchure du Fleuve Amour dans une ultime tentative de reprendre Vladivostok avant la destruction de la cité. Son père avait remporté les plus célèbres batailles de l'ère de la guerre spatiale dans laquelle les super-puissances étaient rentrées peu de temps après. Lui-même s'était illustré dans la défense des bases de Venus lors du conflit aussi bref que violent qui avait opposé le Triple Empire à la Fédération Nord-Américaine quinze ans plus tôt. Il n'avait certainement pas été envoyé ici sans une bonne raison.


- « Avons-nous une idée plus précise de la menace, Evgueni Viatcheslavovitch ?


- Non. C'est justement parce que nous n'avons aucune idée de la nature et de l'importance de cette menace qu'il faut se préparer à toute éventualité. Dans le cas de figure le plus favorable, il nous faut de toute façon renforcer les défenses des bases martiennes. Dans le cas le plus défavorable... Mars sera peut-être le premier et le dernier rempart avant la Terre.


- Et les necrospetsnaz seront parfaits pour cette tâche, n'est-ce pas ?


- Parfaits, oui.


Ils quittèrent le QG. L'ancien et le nouveau maître des lieux se séparèrent devant l'astroport.


- « Au revoir Ivan Andreievitch. Si vous devez parler au Tsar à l'occasion des festivités du quatre octobre, transmettez-lui mes respectueuses salutations.


- Je l'assurerai que Novo-Arkhangel'sk et l'ensemble des possessions du Triple Empire sur Mars sont entre les meilleures mains. Au revoir Evegueni Viatcheslavovitch.


Il n'y aurai pas de festivités du quatre octobre sur Mars. A cette annonce quelques jours plus tôt, la population civile en avait été très déçue. Depuis plusieurs mois, on s'apprêtait à célébrer en grandes pompes le deux centième anniversaire du lancement de la première fusée R7-Semiorka, création du génial Serguei Korolev qui avait pavé la route de l'espace. Deux siècles plus tard, la Semiorka n'avait pas prix une ride. Bien sûr, elle avait bénéficié des avancées technologiques réalisées dans l'intervalle et était maintenant équipées des propulseurs au gaz de silicium de dernière génération qui rendait le vol spatial infiniment plus fiable qu'alors et pour ainsi dire gratuit. Mais sa géométrie conique dont les occidentaux persistaient à se moquer et son mode de lancement rustique n'avaient pas varié. Pourquoi auraient-ils dû le faire ? Le concept était bon.


Pas de festivités parce que Novo-Arkhangel'sk passait ce jour et jusqu'à nouvel ordre sous la loi martiale du Triple Empire.


La première activité d'Evgueni Korsnikov en tant que chef des armées russes présentes sur Mars fut un passage en revue des membres du corps des spetsnaz qui eut lieu dans la gigantesque cour d'honneur de la base militaire. Il prit le temps d'arpenter lentement les lignes parfaites formées par les soldats d'élite les plus craints du système solaire autant pour leur valeurs combattantes que pour leur cruauté et leur insensibilité totale. Peu de brutes dans les rangs, peu de « monsieur muscles ». Beaucoup semblaient très jeunes. Il ne fallait pas s'y tromper. Le plus maigre de ces soldats pouvaient courir cinquante kilomètres chargé comme un baudet. Il subissaient l'entraînement le plus dur, recevaient l'endoctrinement le plus fanatique et se moquaient éperdument de la mort, la leur comme celle de leurs ennemis. La mort avait pour eux un sens très particulier.


Quand les premiers necrospetsnaz étaient apparus à la fin de la guerre contre la Chine quelque soixante-dix ans plus tôt, l'humanité avait découvert que les pires horreurs que ses guerres incessantes avaient suscitées n'étaient qu'une aimable plaisanterie au regard de ce que la technologie cybernétique avait soudain rendu possible. On racontait qu'au vingtième siècle, les stratèges avaient naïvement cru trouver dans l'arme atomique l'arme absolue, celle qui inspirait une terreur telle à l'ennemi qu'il devenait inutile de l'utiliser : il suffisait de la posséder pour que plus personne n'ose vous attaquer. A l'époque, il existait encore un semblant de loi régissant la guerre, une morale pouvant se résumer à « Une fois que la bombe a explosé, vous êtes morts. Une fois morts, plus personne ne viendra vous déranger. »


Et puis étaient apparues les premières divisions de necrospetsnaz.


L'Eglise orthodoxe russe s'était indignée – et il s'agissait d'un bien faible euphémisme; avait protesté, imploré, combattu par tous les moyens cette aberration, menacé d'excommunication tous les dirigeants politiques et militaires qui persisteraient dans cette voie abominable. Mais personne ne l'avait écoutée. La Russie manquait de soldats et se recouvrait de cadavres. Pour assurer sa survie, il fallait que les cadavres redeviennent des soldats. Placés devant le fait accompli, les popes avaient fini par accepter la plus horrible offense jamais faite au Créateur à la condition sine qua non que l'opération ne soit réalisée que sur des volontaires.


Volontaires, les spetsnaz l'étaient tous. Rejoindre le corps d'élite des spetsnaz signifiait jurer au Tsar de toutes les Russie un serment de fidélité absolue jusqu'à la mort et encore un peu au-delà. Depuis les origines, la technique avait été rodée. A moins d'être réellement mis hors-d'état par une mutilation grave, un cadavre pouvait, en une opération d'une heure à peine, recevoir l'ensemble des toxines conservatrices qui ralentissaient la putréfaction tout en conservant la mobilité des articulations et la souplesse des muscles. Une minuscule caméra fixée sur la tempe remplaçait ses yeux morts. Une puce électronique était implantée à la base de la nuque pour transmettre à la moelle épinière les informations électriques nécessaires à l'activité nerveuse. Et les morts tombés sur le champ de bataille marchaient et combattaient à nouveau, commandés à distance par une Intelligence Artifice de Pilotage. Une seule des I.A.P d'aujourd'hui suffisait à contrôler dans un rayon de trente kilomètres un bataillon entier de necrospetsnaz, créatures d'épouvante surgis tout droit du pire des cauchemars, devenus définitivement insensibles à la peur et à la douleur et qu'il fallait littéralement découper en morceaux pour stopper leur avance inexorable.


Un necrospetsnaz pouvait rester actif quelques mois sur Terre avant d'achever de pourrir sur pieds. Beaucoup plus longtemps sur la Lune ou sur Mars ou l'absence d'oxygène et de bactéries les prémunissait contre ce destin. Quand ils n'étaient pas en service, ils étaient conservés dans des caissons cryogénique. Quand un necrospetsnaz était enfin devenu inutilisable, après que son corps ait été pulvérisé par l'explosion d'une mine ou déchiqueté par une arme à fragmentation, alors seulement il recevait le droit d'être enseveli en terre consacrée. Après avoir rempli son devoir jusqu'à la mort et encore un peu au-delà.


Ils étaient parfaits pour la défense des bases martiennes. Ils n'avaient pas besoin de respirer.


Je relis le texte, et je me dis qu'il manque quelque chose. Bon, qu'il n'y ait pas beaucoupe de péripéties, normal ; la manière dont tu établis l'un de tes nouveaux protagonistes (ruskofs à zombies) me plaît même, mais au niveau de l'écriture... Non, ce n'est pas mal écrit, mais il manque un peu de ce "sarcasme narratif" qui constitue en grosse partie (àmha) la Xavier's touch. Enfin si, il y en a un peu, mais ça ne me fait pas le même effet que d'habitude.


NB pour les cancres du fond qui suivent pas, ce texte est la suite de celui-ci :


>> http://www.warmaniaforum.com/index.php?showtopic=28455 <<


Ah, et « en grande pompe » est toujours au singulier.




<i></i>
<i>En grande pompe</i><i></i>. Solennellement. <i></i><i>Les jeunes gens de Tarascon promènent, en grande pompe et beaux costumes, une carcasse de bois recouverte de toile</i><i></i> (DÉVIGNE, <i></i><i>Légend. de Fr.</i><i></i>, 1942, p.19).



>> http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfi...r=1;nat=;sol=5; <<


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(Modification du message : 24-11-2007, 12:36 par Ingos Strakh.)