Beyond The Spirit.

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Bien le bonsoir,


voila la suite d'un texte écrit et posté il y a quelque mois, première et seconde partie d'une nouvelle à l'ambition assez limitée (comprendre : longueur).


J'ais remis la première partie, car elle a été modifié et corrigé.


Bonne lecture,


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I

L'oreille collée contre l'acier froid de la porte blindée, l'inquisiteur Tencha épiait la rumeur de la conversation provenant de l'intérieur. Il tenait, calé entre ses deux paumes scarifiées, son pistolet bolter fétiche, une version quelque peu modifiée du pistolet utilisé par les troupes de la chambre militante de l'Ordo, compact mais efficace. Chaque fibre de son corps était tendue et attendait le moment où ses deux renégats échangeraient l'information qui intéressaient le Chasseur de Sorcières, à savoir le nom de la secte qui les avaient enrôlés. Au bout d'un temps beaucoup trop long au goût de l'inquisiteur et considérant que l'information ne viendrait jamais sans un peu d'aide, il décida d'agir. Il recula d'un pas pour placer son profil gauche face à la porte, inspira doucement puis se crispa totalement en étendant sa main libre ouverte contre l'acier de la porte à double battant. Complètement recouvertes d'un maillage de cicatrices rougeâtres, ses deux mains étaient incrustés sur la paume d'un petit I en obsidienne. Une scarification imposée par la lame corrompue d'un meneur de culte chaotique, il y a bien longtemps, sur une planète dont il s'efforçait d'oublier le nom. Il avait longtemps essayé de cacher ses marques par deux gants, jusqu'à qu'il se rende compte que les douleurs qui lui torturaient les mains étaient en fait des manifestations de certains courants du Warp. Lui-même ne savait pas comment il l'avait découvert, simplement il en avait conscience, il en était intimement convaincu. Il avait développé ce lien, le maîtrisant grâce à une volonté qui lui était jusque là restée inconnue, et utilisant la puissance de l'Immaterium pour créer des énergies destructrices depuis ses mains conductrices.


De magnifiques éclairs d'un bleu changeant s'échappèrent des cicatrices qui couturaient sa main et s'égayèrent dans toutes les directions autour de l'inquisiteur, dont un vent sorti de nulle part faisait tournoyer les pans de son long manteau noir. Un grondement sourd retentit quand la porte fut repoussé violemment d'une dizaine de centimètre hors de ses gonds. Elle s'abattit rapidement, dévoilant l'intérieur de la pièce aux yeux scrutateurs de Tencha. Eclairé par un unique soupirail recouvert d'un tissu pourpre, la pièce était petite, froide, au mur nu. Son atmosphère, surchargé de poussière de béton, était plongé dans une pénombre rougeâtre presque complète. Le seul rai de lumière qui permettait de distinguer quelque chose d'une autre chose provenait un petit trou pratiqué dans le tissu, de fait ce rayon seul détachait des ombres deux hautes silhouettes humaines. Avant d'avoir pris le temps d'identifier ses silhouettes, Tencha changeant de pied d'appui pour pouvoir braquer son pistolet et tira deux fois dans les tibias de chacune de ses cibles. Aucun cri ne retenti, seulement un bruissement. Quatre douilles rebondirent sur le sol.


L'inquisiteur se baissa pour ramasser ses douilles, une habitude qu'il avait prise pour plus de discrétion, et qu'il effectuait quand il en avait le temps, et ici, il n'était pas pressé. Mais une chose attira son attention : près des chemises de cuivre, le sol était jonché de brindille de paille. Il ramassa prestement ses douilles et les fourra dans une poche de son manteau, d'où il tira une petite lampe de poche. Il se releva et activa la lampe et en dirigea le faisceau le long de la piste laissée par la paille, qui le mena aux silhouettes abattues sur le sol. Il grogna. Il avait été mené en bateau, celà ne lui arrivait pas souvent et il s'en accommoderait sûrement jamais. Ce qu'il croyait avoir été deux simples ouvriers s'étant détournés de l'Empereur en s'engageant dans une secte anti-impérialiste étaient deux mannequins faits de tissus rembourrés avec de la paille et ceints de fils pour leur donner une forme humaine. Quatre munitions gâchées pour rien, Tencha renifla bruyamment son irritation. Il explora rapidement le reste de la pièce au faisceau de sa lampe. Une petite table noire qu'il n'avait pas vue occupée un coin de la pièce, un serviteur-audio posé dessus. Cela l'intriguait et Tencha commençait à se diriger vers la table quand son Expliciteur, Iateus, apparut dans l'encadrement de la porte. Pendu au bout de son bras bionique, un marteau tonnerre à tête plate ronronnait doucement en crépitant d'énergie et le bas son trench-coat d'un vert très foncé était maculé de boue récente recouverte de poussière de béton. Il fit passer son marteau de sa main gauche à sa droite, essaya d'enlever la boue en secouant son vêtement tout en prenant la parole :


- « J'ai fait le tour du dépôt, tout est calme. Volnya couvre l'entrée principale depuis l'autre côté de la chaussé. J'ai eu du mal à l'y trouver, y'a pas à dire elle est vraiment douée ! »


Iateus s'acharna un peu plus encore à décoller la boue sans la toucher. Il recommença à débiter son rapport de sa voix bien à lui, grave et en mâchant la moitié de ses mots, comme s’il avait, coincé entre ses deux mâchoires, un des tubercules cultivés par les fermes extérieurs.


- « Les deux frères couvrent l'arrière et Aliyia est restée... heu... Maître ? »


Iateus s'arrêta car il avait bien l'impression que l'inquisiteur ne l'écoutait pas : il était penché sur la table, les mains dans le dos, et observait intensément les yeux du crâne qui avait servi à la construction du serviteur-audio. Tencha se redressa. Une minuterie ? Dans les yeux ? Mais pourquoi ? Il était incertain. La réponse, pourtant si simple, n'arrivait pas à s'imposer dans son esprit. Il remarqua un petit fil qui partait du crâne, traversait la table et tombait derrière. Il se pencha sur le côté en tordant le cou pour voir sous la table, qu'il éclaira avec sa lampe. Iateus, qui s'était rapproché, se pencha aussi pour voir. Les deux écarquillèrent les yeux et leur souffle se déroba. Un sacré paquet d'explosifs en tout genre était disposé sur le sol, bien en vue; du moment que l'on se penchait. Un "Oooh, putain..." s'échappa de la bouche de l'inquisiteur mais il resta là, figé. Son Expliciteur réagit avec plus de diligence : il saisit Tencha par le col et de toute la puissance de son bionique, il l'expédia à travers toute la pièce. Avant que le dos du Chasseur se soit écrasé contre le mur du couloir, lui avait déjà commençait à courir.


- « Il est temps de partir ! Maintenant !! » cria Iateus en dépassant l'inquisiteur et en partant sur la gauche. Tencha, quant à lui, partit vers la droite. Il pouvait s'en mordre les doigts – se qui serait un peu dangereux, remarqua-t-il -, la porte au bout du couloir était beaucoup, beaucoup trop loin avec le peu de temps qu'il lui restait, il l'avait lu dans les yeux du serviteur. La bombe explosa alors qu'il lui restait encore la moitié de la distance à parcourir. Le souffle le rattrapa bien avant la déflagration, le faisant quitter le sol et le propulsa en avant bien plus vite. Les flammes roulèrent hors de la pièce, le long des murs du couloir, se jetèrent sur Tencha. La seule chose qui le sauva fut une pensée ; celle qui activa son champ réfracteur. Une bulle irisée se déploya autour de lui au moment où les flammes l'enveloppèrent. Le champ protégea son corps des flammes mais pas ses vêtements de la chaleur. L'explosion le devança et s'écrasa contre la porte, qui fut rapidement éjectée. Moins d'une seconde après, Tencha sortit de l'entrepôt comme un boulet de canon et percuta le sol boueux quelques dizaines de mètres plus loin. Il y traça un profond sillon en laissant dans son sillage une ligne de fumée que la pluie dissipa rapidement. Les flammes s'évaporèrent peu après et le monde extérieur retrouva son calme.


L'inquisiteur était étendu en travers d'un large chemin de terre rendu boueux par la pluie incessante, au milieu d'une vaste zone de plusieurs hectares recouverte de centaines de dépôts, citernes et hangars en tout genre. Il se redressa difficilement. Ses côtes le faisaient souffrir et il sentait des coupures sur ses bras et son visage. Il inspecta rapidement son état : sa cape de voyage avait entièrement brûlée, son pantalon était en lambeau, ses bottes avaient cloqués et seul son haut était a peu près en bon état. Il arracha la lourde amulette grillée qui pendait à son cou, le générateur de champ avait subi une sérieuse surcharge. Il avait quand même bien rempli son office et Tencha se félicita de l'avoir pris. Il porta la main à son oreille et activa son communicateur :


- « A tous, ici Tencha. Je sais pas si vous m'entendez mais rejoignez tout de suite le transport. Je répète, rejoignez le transport. Terminé. »


Il commença à se diriger vers l'extérieur de la zone des entrepôts. Un bruit retenti derrière lui. Il se retourna en portant sa main à son holster resté miraculeusement intact. Il n'eut pas besoin de sortir son pistolet, il avait déjà reconnu Volnya, une de ses protégées. Vêtue d'un long manteau de fourrure et tenant à bout de bras son fusil de sniper, elle avançait d'une démarche lente en traversant le chemin. Son visage, encadré de cheveux blonds mi-longs, était aussi impassible qu'a l'accoutumé. Une ceinture de petites sacoches contenant chacune une cellule énergétique intense traversait sa poitrine et maintenait dans son dos une épaisse lame courte. D'une série de hochement de tête, il indiqua qu'il allait bien ainsi que la direction ; Volnya étant extrêmement peu bavarde – en fait, elle n'ouvrait la bouche que quand il le fallait vraiment – et Tencha et les autres s'étaient habitués à parler par signe, hochement de tête et regards. En chemin, l'inquisiteur se remémora tous les évènements et personnes qu'il l'avait conduit à cet entrepôt. Ca ne pouvait être que lui, oui, ce informateur mystérieux qui n'avait pas voulu dévoiler son nom. Seulement, il avait commis une grave erreur : il avait montré son visage, et Tencha allait lui faire regretter cette erreur. A ces côtés, Volnya la silencieuse avait calqué son allure sur celle de l'inquisiteur et avançait en ne faisant presque aucun bruit. Au bout d'une dizaine de minutes passées dans le dédale des petites allées entre les immenses entrepôts, les deux atteignirent enfin la lisière de cette forêt de métal et de plasti-béton. A deux cent mètres devant eux, au milieu d'un terrain vague, le transport personnel de Tencha, une variante modifiée du Rhino, attendait patiemment. Le Chasseur de Sorcière pouvait distinguer autour, Aliya qui triturait nerveusement son narthecium, Sarc nettoyant son lance-plasma avec expertise, Litiu appuyé sur son fuseur posé sur le sol et Iateus, essayant d'épousseter son vêtement brûlé. Tencha fut presque surpris de le voir en vie.


- « Alors ? T'es pas encore décidé à mourir ? Apostropha-t-il Iateus.


- Non pas encore, lui répondit-il après un petit rire sec, en fait y'avait une fenêtre au bout du couloir donc je suis passé à travers... ! Le pire, c'est que de l'autre côté, les deux frères ont failli me trouer la peau ! Leur est fait peur, apparemment ! »


Litiu regarda Tencha avec un sourire jusqu'aux oreilles et Sarc continua à nettoyer son arme, mais avec encore plus d'acharnement. Lorsque le regard d'Aliya croisa celui de son employeur, elle lui sourit timidement, mais il voyait bien dans le regard vert de sa Chirurgienne beaucoup de soulagement. D'un geste, il ordonna a tout son entourage d'embarquer dans le transport. Lui-même se mit à la place du passager avant et laissa à Aliya le volant. Dans un vombrissement métallique, le Rhino quitta le terrain et s'engagea sur la voie roulant où circulait déjà des dizaines d'autres véhicules.




II




L'horloge d'ambre sonna minuit, mais Tencha ne l'entendit pas. L'eau chaude tombait dru des trous pratiqués dans le plafond et rebondissait sur la tête, les épaules et le dos de l'homme éreinté. Appuyé les bras tendus contre le mur d'en face, il laissait tomber le liquide de chaque côté de sa tête. La buée emplissait le petit espace de la douche et rendait glissant les murs carrelés de gris. Profitant de ce calme et du bienfait de l'eau chaude, il se vida l’esprit.


Aliya était rentrée dans la ruche par l'autoroute du sud, en franchissant la porte de Thor, une des nombreuses ouvertures dans le Rempart haut de quatre-vingt mètres et large d'une vingtaine. Elle avait longé ce cercle d'adamantine et de béton armé par l'intérieur pour rejoindre les quartiers extérieurs des habitats de la Manifactura. Elle avait garé le transport non loin de chez elle et tout le monde était rentré à son logement à pied ou en empreintant les rames de transports. Tencha habitait dans un appartement confortable dans les quartiers plus riches de la ruche depuis le premier jour, il y avait de ça cinq ans. A peine plus loin que les quartiers plus pauvres, mais la différence était incroyable, à tel point que qu'un mur avait été monté entre les deux quartiers. Tencha et tous ses proches collaborateurs disposaient d'un réseau de communication avancé employant des fréquences très basses inutilisées par les autres institutions impériales de la ruche. Il avait donc renvoyé chez eux son entourage, en leur intimant seulement de rester prêt. Aliya alla alors retrouver sa fille, les deux jumeaux rentrèrent chez eux et Volnya … Volnya, un mystère qui restait chaque jour aussi opaque. Même Tencha, qu’il lui confiait sa vie depuis longtemps, était bien en peine de dire qu’il la connaissait vraiment. Seul Iateus ne rentra pas chez lui, Tencha lui avait confié d’une voix fébrile et fatiguée une tache particuliére à accomplir. Il était rentré chez lui à pied, en quelques minutes, avait gravit les quelques volées de marches en foulées gymnastiques pour arriver au 4e étage d’un bloc d’habitation d’une centaine de locataires. Il avait filé directement sous la douche, traversant la pièce principale, sûrement aussi grande que deux des appartements qu’occupaient ses hommes de mains et en y semant des morceaux d’habits brûlés, à mesure qu’il les arrachaient de son corps meurtri. L’eau chaude l’avait instantanément calmé, lui avait vidé l’esprit ainsi que de ses dernières forces : il s’effondra contre le mur, à moitié conscient, tremblant comme une feuille et laissant ses entrailles s’exprimer à grands renforts de gargouillements. Bien qu’il ne voulait pas l’admettre, il savait très bien au fond de lui qu’il avait été profondément choqué ; il était passé aujourd’hui plus prés de la mort qu’aucun autre jour. Il s’en remit très vite, certes, mais d’ici là, il se sentait faible, vulnérable. Un affreux sentiment de fierté brisée s’empara de lui pendant un certain temps : il était resté sans aucune réaction, devant la bombe, comme si ses trois ans d’entrainement intensif, ses neuf années d’expériences et l’ensemble de ses rélexes et de son esprit tactique aiguisé l’avaient quittés, le laissant seul face à la mort. Il avait sourit en pensant que la seul chose qui ne l’avait pas quitté, c’était sa foi en l’Empereur. Enfin, il l’espérait …


Ses pensées glissèrent sur des souvenirs de son enfance, s’enfoncant de plus en plus profondément dans le passé : il revit la grande salle sombre de Nemesis Tessera, où il était devenu un Inquisiteur à part entière, il revit de nombreux visages, surtout ceux des gens qu’il avait vu mourir, quelques fois dans ses bras, souvent de sa main... La succesion d’image devint de plus en plus saccadée, entrecoupée de flash de lumière vive, puis sombre, puis de nouveau vive. Il lui semblait qu’une voix l’appelait, sussurant son nom, comme à son oreille, une voix cristalline mais si effrayante, de par sa douceur. Une douleur innomable, incomensurable s’empara de ses mains ; elles furent broyées, brulées, déchirées, écartelées. Des éclairs s’en échappérent et rampérent tout le long des murs, s’immiscant partout, jouant avec les gouttes d’eau. Sa vision devint noir, son corps s’arqua sous l’effet de la douleur, il perdit le contrôle de sa voix et il se mit à brailler des syllabes incompréhensibles. Tencha crut qu’il allait mourir ici, au fond de sa douche. Il l’espérait…


Puis tout à coup, aussi vite qu’elle était venue, la douleur le quitta ; la vue lui revint, brouillée, sale mais bien là ; son corps retomba au sol, calme de tout tremblement, spasme et de toute douleur. Tout le laissa pantelant, brisé et passa plusieurs minutes à aspirer de l’air à grande bouffée. Sa tête était vide. Il ne pensait pas. Un simple petit sourire se forma sur un coin de sa bouche. Il resta ainsi pendant prés d’une demi-heure. Puis, ce fut comme si son esprit réintégrait son corps. Il put enfin bouger un doigt, puis deux, toute sa main, un bras. Pas confiant, il se remit doucement assis. L’eau tombait toujours sur lui. Elle le génait. Un éclair glissa hors de sa main, se lova autour du robinet et le ferma. Enfin et au prix d’un effort surhumain, il parvint à se remettre debout. Empereur, que ce monde tournait vite ! En s’appuyant contre un mur de tout son flanc, il mit un pied devant lui, puis un autre et arriva ainsi laborieusement à la porte vitrée, quelques mètres plus loin. Celle-ci s’ouvrit avec un léger chuintement en glissant sur le côté. La vapeur d’eau s’échappa d’un coup hors de la douche et envahit le reste de la salle d’eau. Une large pièce circulaire, aux murs et plafonds couverts de pourpre encadrant un sol de marbre noir aux nervures blanches formait l’élégante salle d’eau de l’Inquisiteur. Tout en face de la douche se trouvait la double porte qui donnait sur le séjour. Le centre de la piéce était occupé par une large vasque dotée de plusieurs robinets qui, du milieu, s’ouvraient comme une fleur de métal et s’épanouissaient au dessus de la pierre. Quelques hauts miroirs tapissaient les murs et reflétaient le luxe de la pièce, discret mais bien existant. Et de chaque côté de la porte de la douche s’ouvraient deux petites penderies de peignoirs et de linges.


Tencha chancela jusqu'à la vasque, ouvrit un des robinets à fond et s’aspergea abondament le visage, en arrosant tout aussi abondament le sol. L’eau eut encore une fois un effet bénéfique : quand il se releva, il se sentit revivre. Il fit craquer une part de ses os en s’étirant avec bonheur. Il se dirigea ensuite vers les penderies, l’eau lui dégoulinant toujors de son visage, sa nudité reflétée par les miroirs. Par l’action d’un systéme automatisé, un petit coffrage situé au niveau du sol et pratiqué dans le mur s’ouvrit pour libérer un serviteur, qui alla, roulant, prés de la vasque. Un petit bruit retenti lorsque son systéme d’aspiration enleva l’eau du sol. Son travail terminé, il retourna dans son logement, avant même que Tencha ne s’eut aperçu de sa présence. Celui-ci préleva dans l’armoire de droite une courte serviette, qu’il utilisa pour s’essuyer le visage et le torse. Il l’abondonna par terre, fit quelques pas sur le côté et sorti un peignoir blanc de la haute penderie. Il l’enfila et noua la ceinture. Le fil de ses pensées revint enfin.


Il fallait qu’il retrouve ce type, l’informateur. Louche, puant, une grosse tête ignoble, une barbe de dix jours, des loques de mineur et surtout une longue balafre sur la joue gauche ; il ne devait pas être si compliqué à retrouver. Iateus ne mettrais surement pas longtemps à le traquer. Tencha n’avait jamais eu à se plaindre de son expliciteur et ami. Cette amitié les unissait maintenant depuis plus de dix ans, depuis cette rencontre dans une sous-ruche d’un monde secondaire. Il se permit un sourir au souvenir de leur premier contact. Iateus lui était littéralement tombé dessus … depuis une rampe, deux étages plus haut, alors qu’une bande de gangers commencait à se montrer assez belliqueux au titre d’Inquisiteur de Tencha. Bien qu’elle eut broyé les reins du Chasseur, cette chute leur avait finalement sauvé la vie à tout les deux ; combattant ensemble dans un ballet parfait de complémentarité de compétence, Tencha utilisant ses mains et sa tête, et Iateus, à peu prés tout ce qui lui passait sous le bionique, tesson de bouteille, barre de métal, gangers attrapés par un pied … Depuis cette nuit, Tencha avait accueilli auprés de lui cet homme d’une quarantaine d’année sans racine, ni famille, au passé sombre et mystérieux. Sous sa franche gaillardise et son accent quelque peu étrange, Iateus s’était révélé être doté d’une grande sagesse, d’un esprit militaire aiguisé et de réflexes fulgurants. Ensemble, ils avaient traversé de nombreuses épreuves, au cœur de chacunes desquelles, Iateus avait démontré une part de son génie, qu’il niait bien évidemment. Tencha ne doutait pas de sa modestie, mais il était arrivé à la conclusion que son acolyte n’avait certainement pas conscience de ce savoir, qu’il le possédait et l’utilisait en pensant qu’il en était ainsi pour tous. L’inquisiteur en vint à penser qu’il s’était passé quelque chose de proprement étrange dans la vie de cet homme, et en Chasseur de Sorcières qu’il était, la généalogie d’Iateus intéressait beaucoup Tencha. Cependant, ses recherches ne pouvait se faire sur ce monde, il fallait pour celà qu’il retrouve le monde natal de l’homme. Il s’en sentirait coupable mais il devait obtenir d’Iateus ses informations, de gré ou de force …


Il sortit de sa salle de bain, laissant les portes ciselées s’ouvrir en chuintant et fila vite à travers le séjour de son logement. Même perdu dans ses pensées, il ne put s’empêcher d’observer quelques instant le rafinement discret de cette piéce. Presque carrée, bien qu’un peu longue que large, la piéce avait ses quatre murs, recouverts d’un tapis pourpre brodé de fins fils d’or, qui étaient percées pour deux d’entre eux d’une large ouverture encadrées de bois de Tara, un bois rare originaire de cette planéte, obstruée par un lourd rideau de même couleur que les murs et qui menaient chacune vers les deux autres piéces de l’appartement, la chambre et le bureau. Il pénétra dans sa chambre, où l’atmosphére était beaucoup plus tamisé. La piéce était la plus petite de l’appartement, éclairé par l’unique fenêtre donnant sur le monde extérieur : une immense mur vitré. D’un verre épais pare balle, il était teinté du côté extérieur pour ne laisser passer la vision que depuis la chambre, témoin d’une paranoïa de la sécurité dont Tencha s’entourait de plus en plus. Il aimait à obstruer cette vitre par des bandes de tissus pourpres, qui donnait cette impression de rouge omniprésent à la piéce. Les murs, le sol et le plafond se mélaient d’un même gris. Un lit, en somme assez simple, prenait un coin de la piéce. Un haut miroir était collé contre le mur d’en face de la vitre. Mais l’essentiel de la surface des murs était occupée par deux grandes armoires, de hauteurs différentes mais de largeur égale, et faites du même bois de Tara que les encadrements des portes du séjour.


Il ouvrit la plus haute armoire, qui révela deux étagères de vêtements, une tringle de vestes et de manteau et une collection de bottes. Tencha y choisit une chemise fine, un pantalon de tissus épais, une longue tunique beige à deux rangées de boutons et une paire de hautes bottes renforcés aux genoux. Le peignoir tomba et révela une musculature fine mais puissante, parsemée de cicatrices plus ou moins récentes. Tencha dépassait de quelques centimètres la taille de la moyenne des hommes de cette planète. Les traits de son visage étaient doux, ses pommettes sayaient peu, ses joues, légérement creusées, son nez, droit et pointu ; il avait la peau d’un marron clair peu commun, ses cheveux, qui avaient la particularité d’être complétement dépigmentés, blancs, étaient lisses, mi-long, encadrant son visage de méches à la longueur irrégulière. Une longue tresse tombait du l’arrière de son crâne jusqu'à la moitié du dos. Mais c’était ses yeux qui retenait le plus l’attention : ses iris noires étaient cerclées d’un anneau orangé, puis les pupilles devenait d’un bleu clair avant de se foncer progressivement sur les bords. Quiconque sur qui se posaient ses yeux se sentait mit à nu, pris d’une grande culpabilité , même si innocent. De cas général, on reconnaissait un inquisiteurs à ses yeux, et l’on ne pouvait douter en voyant ceux de Tencha. Il revêtit ses habits, et ceignit sa tunique avec une ceinture noire et fine munie de deux holsters dans le dos. Chacuns de ses vêtements étaient fait des meilleurs tissus de la planête ; ils avaient tous coûté une petite fortune, bien qu’ils n’en aient pas l’apparence : pas de raffinement subtil, pas de fil d’or cousus dedans. Juste une très grande résistance et une douceur incomparable. Tout ses biens et propriétés clamaient une grande richesse. Cette richesse venait tout simplement de sa famille :riches exploitants d’un agri-monde, les hommes de la famille se léguaient la charge de père en fils. Celui de Tencha l’avait renié lorsque celui-ci avait fait part de sa décision d’essayer d’intégrer la Sainte Iquisition du Dieu-Empereur. Chassé du domaine familial le jour de son appel sur Nemesis Tessera, il avait réussi à subtiliser une baguette à crédit. Ses dépenses étaient noyés par les énormes mouvements d’argent que générait l’exploitation. Son exil à l’aube de l’âge adulte avait profondément perturbé Tencha, qui ne s’était pas attendu à une telle réaction de la part de son pére et de sa famille, mais sa formation d’Iquisiteur lui avait appris à maîtriser ses émotions, à les rendrent invisibles aux yeux des autres. Les Inquisiteurs, et surtout les Chasseurs de Sorciéres étaient obligés, par la nature de leur mission, de cacher leurs émotions, à chaque instants. Un seul moment de faiblesse appelerait un châtiment immédiat, la mort … ou pire.


Un appel strident retentit dans l’appartement, suivie de prés par un second, puis un troisième. Tencha se précipita à travers le séjour, renversant une chaise. Il se jeta sur l’unité de communication du bureau, dont l’écran clignotait. Il appuya sur un bouton et le noir de l’écran fut remplacé par des oscillations vertes. La voix d’Iateus se distingua sur une pluie de parasites.


- « … l’ais retrouvé … pas compliqué … il est …


- Hein ? Iateus la communication est très mauvaise … repête ! »


Il eut des parasites pour seule réponse.


- « Iateus ? Iateus ? Qu’est-ce qui se passe ? Réponds.


Il augmenta le volume pour essayer de capter plus de son.


- « CANTINA CINQ !! »


Tencha sursauta, sa main se précipita sur le sélécteur de volume puis à son oreille pour essayer d’en chasser le bourdonnement. Il coupa la communication, Tencha n’avait pas l’habitude des politesses.


Il retourna dans sa chambre et se placa devant la grande armoire noire qu’il devérouilla avec l’empreinte de sa main droite appliquée sur un petit tableau a gel incliné. Les deux battants blindées s’écartèrent lentement, leurs faces internes révelant deux rateliers d’armes à feu en tout genre, du simple pistolet à un-coup au bolter combiné en passant par le pistolet à plasma. Un cadre portant une armure carapace segmetée et dorée était placé dans la pénombre protective de l’armoire. Chacune de ces armes et même cette armure portaient pour Tencha nombre de souvenirs. Quelques unes des armes venaient d’un arsenal de l’Ordo Herecticus, d’autres prises des cadavres ennemis ou encore, données par certains de ses nombreux collaborateurs. Mais pour Tencha, les plus chéres à son cœur étaient les eux pistolets bolters, acquis auprès d’une sœur supérieure vétéran Séraphine, de l’ordre de Notre Dame Des Martyres de l’Adepta Sororitas. Cette version compacte et très maniable gardait quand même une grande puissance pour un plus faible recul que les modéles Astartes, évitant à Tencha de se briser les poignets à chaque tir. L’armure, quant à elle, venait du Ier Régiment Royal de Terrax, régiment extrémement lié à l’Ordo et à Tencha. Cette armure l’avait en maintes fois protégé et avait été en maints endroits réparé. Les armures carapaces n’étaient pas les plus efficaces, en comparaison des lourdes armures énergétiques, mais Tencha les préférait pour leur maniabilité et leur simplicité d’entretien. Les carapaces étaient certes utiles mais pas très discrétes. L’allure générale était trop massive et trop carrée pour passer inapercue même sous un vétément. Tencha préféra ne pas la revétir, préférant la discrétion toute relative de ses habits. Il choisit tout de même ses deux pistolets bolters, qu’il glissat dans les holsters ceintures dans son dos et pris par précaution quelques chargeurs. Les quartiers de la cantina cinq n’était pas sur et Tencha était d’un naturel prudent. Il referma cette armoire et prélevant dans l’autre, il compléta sa tenue par un chapeau droit et trapu, puis par une longue cape de voyage noir qui revenait sur le devant des épaules et surmontée d’un haut col rigide et, enfin par une paire de mitaines fines. Il prenait toujours soin de cacher ses cicatrices à l’extérieur, qui mettaient les autres assez mal à l’aise en leur présence. Il considéra quelques secondes son aspect dans le grand miroir, soucieux d’une image intransigeante qu’il voulait faire paraître. Puis, il sortit de son appartement en passant la main devant un interrupteur qui éteignit toutes les lumiéres et qui enclencha le cycle de nettoyage de du logement par les serviteurs logés un peu partout.


La cantina n’étant pas très loin, Tencha avait fait le trajet à pied, filant droit et vite à travers les rues sombres et étroites. Il ne pensait pas. Arrivé aux abords de la cantina, il ralentit l’allure jusqu'à s’arrêter à un coin de bâtiment en face de la cantina. Elle ressemblait à une boite de métal rouillé posé au milieu d’une petite place. Elle était d’aspect miteuse et un brouhaha constant s’échappait des nombreux trous dans les murs. Il pleuvait toujours. Un léger bruissement retentit dans son dos et une main se posa sur épaule.


- « Iateus, appela Tencha.


- Oui, Maître ?


- Ah ! Je te l’ais déjà dit. C’est Tencha … ou au pire Votre Altesse … »


Iateus sourit et inclina la tête.


- « Il est encore là ? lui demanda Tencha.


- Oui, depuis plus de deux heures. Je crois que je n’ais jamais vu une aussi belle descente …


- Où sont les autres ? »


Iateus sourit de plus belle et deux « là », un « ici » et un claquement de talon répondirent à Tencha. Il se retourna, ils étaient tous là. Aliya, dans une robe pourpre sublimée d’un corsage étroit, Sarc et Litiu, qui étaient tous deux enroulés dans des capes en tout point semblable et Volnya, dans les mêmes fourrures qu’a l’accoutumé. Tencha remarqua qu’Aliya avait conservée son narthecium et surtout la petite lame tronçonneuse qui était fixée sous son frêle poignet, que deux bosses ponctuaient les capes des jumeaux au niveau des hanches et que Volnya ne s’était pas départie de son brand. Iateus ne portait pas d’arme apparente mais Tencha connaissait l’incroyable puissance de son bionique.


- « On y va ? »


Ils n’eurent pas besoin de répondre et Tencha n’eut pas besoin d’attendre de réponse. Il savait que tous étaient toujours prêts, même pour des opérations mineures. Ils étaient tous entraînés et le suivraient jusque dans l’Oeil de la Terreur s’il le fallait. Il marcha vers la cantina et ils le suivirent.


La première fois que la porte s’ouvrit en grinçant, l’homme à la cicatrice ne le remarqua pas, trop occupé à finir son cinquième verre de l’alcool le plus fort que l’on pouvait trouver sur cette foutue planète. Il n’entendit même pas les sifflements qui succédèrent l’ouverture. La deuxième fois que la porte s’ouvrit, l’homme à la cicatrice leva laborieusement la tête et vit entrer un homme d’une quarantaine d’année dans un trench-coat vert et dont une main ne semblait pas naturelle. Le regard de cet homme se porta instantanément sur l’homme à la cicatrice et, même imbibé d’alcool, celui-ci comprit tout aussi instantanément que quelque chose n’allait pas bien … pour lui. Il se glissa lamentablement hors de son siége et essaya de courrir dans l’allée centrale mais ne parvint qu’à tituber. Sa fuite fut promptement interrompue par la présence d’une belle et jeune femme. Il essaya de repartir dans l’autre sens mais l’autre homme avait couvert la distance en quelques puissantes enjambées et était déjà sur lui. Il attrapa l’homme à la cicatrice par l’épaule. La manche glissa, révélant un bionique dont l’homme à la cicatrice vit clairement les élèments qui s’actionnaient quand le bras lui comprima l’épaule. Il tomba à genoux, incapable de faire d’autre mouvement. Son état alcoolique le fit, malgré la gravité de la situation, considérer les courbes de la jeune femme en corsé et robe.


- « Ma p’tite dame, vous êtes bien … »


Il ne put finir sa phrase. La femme lui attrapa la tête et lui fracassa le nez sur son genou. L’homme à la cicatrice gargouillat tandis qu’un filet de sang s’échappait de son nez cassé. Quelques vivats et sifflets s’envolèrent de l’assistance misérable que cette animation sortait de leur pâle monotonie. L’homme à la cicatrice avait la vue brouillée par des larmes de douleur ; il ne vit pas que la jeune femme s’agenouillait devant lui et actionnait son narthecium, d’où une longue aiguille en sortit. Il sentit par contre celle-ci s’enfoncait dans son cou, sans aucune douceur. Pour l’homme à la cicatrice, ce fut comme un miracle : le sang cessa de couler, les effets de l’alcool qui l’imbibait commencèrent à disparaître, comme s’il s’écoulait de son corps. La clarté revint peu à peu à son esprit. Il prit conscience de la gravité de sa situation. Sa mère lui avait toujours dit que sa grande gueule le perdrait ; peut-être avait-elle enfait raison ? L’ensemble des ouvriers éreintés, habillés de guenilles, sales et rapiécées, assis à des tables de métal rouillé, buvant un alcool âcre dans des pots semblant ne pas avoir été lavés depuis bien longtemps ; tous ces hommes travaillant sans répis dix huit heures par jour dans des usines d’assemblages, des fonderies et des manufactures géantes, pour ramener juste de quoi nourrir leur famille ; tous ces hommes étaient silencieux. Ils observaient la scène sans mot dire. Des années de coups de bâton et de fouet donnés par les gardes du corps des riches qui les employaient leur avaientt appris à tenir leur langue quand cela n’était pas absolument nécessaire, de travailler et de se taire. Bien qu’ils occupaient pour la plupart des postes différents dans différentes usines, ils avaient tous en commun ces mains burinées, ces yeux éteints, le teint pâle, le dos vouté, la démarche hésitante et surtout cette effroyable maigreur qui indiquait une sous-nutrition et une malnutrition flagrante, comme tous ceux qui habitaient sous le niveau moins vingt de la ruche. La porte s’ouvrit une troisième fois ; l’homme à la cicatrice tordit le cou juste à temps pour voir rentrer un haut personnage au port altier dans son long manteau noir et au chapeau qui gardait dans l’ombre une partie de ses traits fins et légèrement métissés.


L’homme à la cicatrice écarquilla les yeux sous l’effet de la surprise, puis de la peur. Il comprit que ses ennuis ne venaient que de commencer.


Tencha retroussa le nez en entrant dans la cantina, l’odeur de sueur et de misère qui régnait dans ce lieu ne lui plaisait pas. Il s’approcha de l’homme à la cicatrice, maintenu à genoux par la poigne d’Iateus. Aliya venait de se relever, l’indignation brillait dans ses yeux. Volnya et les jumeaux étaient rentrés avec lui et attendaient prés de la porte. Tencha remarqua le sang au pied du captif.


- « J’avais dit entier, Aliya », dit-il à sa suivante avec un imperceptible sourir.


Elle lui rendit à peine un mouvement de lévres et se placa sur le côté.


- « Tu est bien sur que c’est lui ? demanda-t-il à Iateus


- Oui, Maî … Inquisiteur, répondit celui-ci en attrapant la tête de l’homme et la tournant pour montrait à Tencha la cicatrice lui balafrant la joue.


- Un homme avec une cicatrice sur la joue, qui pue l’alcool et qui est laid ! », récita ensuite Iateus.


Tencha soupira. Il contourna l’homme et se dirigea vers le comptoir, au fond. Il remarqua que le propriétaire de la cantina n’avait pas fait un seul mouvement, s’était contenté de regarder la scéne, essuyant machinalement un verre un vieux morceaux de tissus sale. Il était habitué au règlement de compte et avait appris à ne pas s’interposer. Tencha arriva près du comptoir, l’homme semblait ne vouloir sous aucun prix le regarder. Le Chasseur pris le petit symbole du « I » stylisé de l’Inquisition, accroché à sa ceinture par une chaînette de grains d’adamantium. Il posa sur le comptoir. Le barman le regarda enfin et Tencha lut de la peur dans ses yeux.


- « J’ai besoin d’un endroit isolé ! » demanda-t-il.


Une main tremblante se leva et lui indiqua le côté gauche de la cantina.


- « Merci …et ne vous inquiétez pas ! »


Cela ne sembla pas rassurer le vieil homme.


Il se dirigea vers la porte délabrée incrustée dans le mur. Les autres le rejoignirent, Iateus broyant toujours l’épaule de l’homme à la cicatrice. Il ouvrit la porte. On ne voyait rien de ce qu’il y avait derrière la porte. L’expérience avait appris à Tencha à toujours se méfier. Un petit éclair lumineux se glissat hors de sa main, serpentant dans l’air jusqu’au milieu de la pièce, qui n’était qu’un petit local servant de bureau au propriétaire ; pas de danger donc. Tencha en profitant pour appuyer sur l’interrupteur de la lumière avec l’éclair, tout en franchissant le pas. Un faible lumière s’échappa d’une vieille ampoule pendant du plafond au dessus d’un table avec deux chaises. « Parfait » pensa Tencha. D’un signe, il indiqua à Iateus de faire assoir l’homme sur une chaise, ce qu’il exécuta sans ménagement. L’Expliciteur resta derrière pour s’assurer qu’il resterait bien sur sa chaise. Tencha s’assit sur l’autre chaise, s’assurant avant de sa solidité.


- « Bien, commencons. Je m’appelle Tencha, je suis de l’Inquisition, présenta-t-il, tu comprends ce que cela veut dire ? »


Pour seule réponse, l’homme cracha par terre.


- « Hum …cela veut dire que tu as de grave ennuis. Mentir à un Inquisiteur, l’envoyer dans un piége … c’est pas génial. Pourquoi tu as fait ça ? »


Une nouvelle fois, l’homme garda le silence.


- « Bon, écoute. Tu as deux possibilités : soit tu parles maintenant, et suivant ce que tu va dire, je te laisserais peut-être partir, soit tu continues à te taire et ce seront les serviteurs de torture qui t’arracheront tous tes secrets. Imagine … imagine les doigts d’acier rouillé t’extraire un à un les organes internes, alors que tu est maintenu en vie et les yeux ouverts, forcé à regarder. Chaque centimètre de ta peau sera tenaillé, brulé, arraché, déchiré … »


L’homme ne broncha pas. « Est-il sourd ? Est-il fou ? Est-il …corrompu ? » se demanda Tencha. Il fixa les yeux de l’homme, qui se déroba. L’Inquisiteur avait besoin de voir, de savoir. Il se leva brusquement, projetant la table plus loin, attrapa la tête de l’homme et plongea son regard dans le marron de ses yeux. Avec intensité, les pupilles bleues du Chasseur sondérent l’âme du captif. Il y vit la peur, la terreur mais rien d’autre. Tencha se détourna. Suivit un long silence. Aliya, plongée dans les ténêbres d’un coin sombre, était mal à l’aise, sa conscience la travaillait ; elle ruminait une pensée douloureuse et une seule chose pouvait l’en libérée. Elle céda. Un petit grognement s’échappa de ses dents serrés. Elle jallit hors de l’ombre, se précipita sur l’homme et le jeta à terre. Elle activa sa petite troconneuse, dont les dents acérés tournèrent de plus en plus vite. Elle commenca à approchait la lame du visage de l’homme, qui blémit sous l’effet d’une peur incontrôlable. Le visage de la jeune femme était crispé, sa détermination visible dans ses yeux. Le passage de Tencha suivit de celui d’Aliya eurent raison des derniers fragments de volonté de l’homme. Il se mit à pleurer et à trembler.


- « Von Solik,cria-t-il, Von Solik ! »


Aliya désactiva son arme bien avant que Tencha ne se précipite sur elle.Elle se laissa faire et retrouna dans le coin sombre d’un pas hésitant. Tencha la considéra quelques secondes. Litiu et Sarc remirent l’homme sur sa chaise et la table à sa place. Tencha se rassit.


- « Est-tu sur de ce nom ? demanda-t-il à l’homme, sais-tu réellement qui c’est ?


- Oui … j’en suis sur, répondit celui-ci, entre deux sanglots.


- Parle-moi, dis moi ce que tu sais.


L’homme cessa de pleurer, il parut se ressaisir. Donner des informations, c’était sa vie, c’était ce qu’il faisait de mieux. Il se sentait bien maintenant.


- « Il y a quatre ou cinq jours, un des gardes du corps du marchant est venu me voir. Il savait que j’étais au courant tout ce qui ce passe dans cette ruche. Il m’a payé pour que je me renseigne sur des personnes qui commencaient à poser trop de questions, et de les envoyer à l’endroit qu’il m’a indiquée. La somme était tellement importante que je n’ai pas posé de questions … sur le moment. Mais je me suis quand même renseigné, tout en effectuant ce qu’il m’avait demandé. En fouillant un peu, j’ai entendu des rumeurs, disant qu’un marchand très riche et pris d’une soudaine paranoïa de sécurité, faisait des affaires avec deux des plus grands gangs. Et puis les combats ont commencé à cesser dans la sous-ruche. Je n’en sais pas plus mais je crois bien que Von Solik prépare quelque chose de louche avec les gangs. C’est très étrange. Ca devient trop difficile d’avoir des informations. Croyez-moi, il y a trop de secrets, c’est pas normal. »


Il avait pourtant fini d’une fébrile. Il semblait fatigué. Il reprit d’une voix faible et éteinte.


- « Voilà, je vous ais tout dit. S’il vous plaît, laissez-moi ! »


Tencha réfléchit quelques secondes ; il n’avait aucune raison de se montrer dur.


- « Merci … Bon, tout le monde dehors, allez ! »


Deux minutes plus tard, le groupe se retrouva à l’extérieur. La pluie avait cessée. Les deux lunes éclairaient les nuages qui commencaient à se dissiper. Tencha fit signe à l’homme de partir, qui hésita.


- « Allez ! », insita-t-il.


L’homme recula de deux-trois pas, puis se retourna et s’enfonca dans les ténèbres d’une ruelle, en remerciant l’Empereur d’être toujours en vie. Tencha le regarda partir. Son groupe attendait derrière.


- « Iateus, contacte Haller ! Dis-lui que je le veux, lui et son escouade, prêt, au Hall 9 dans une heure ! »


Iateus hocha la tête.


- « Allez vous préparer, tous ! On se retrouve au Hall d’ici une heure, armés !


- Et vous, maître ? demanda Iateus


- J’ai quelqu’un à qui rendre visite ! »


Les membres de sa suite commencérent à s’égayer dans la nuit, obéissant à ses ordres.


Tencha se retourna et regarda pendant quelques minutes l’immense masse de la spire principale de la ruche s’élevant de plusieurs kilomètres vers le ciel. Une montagne de métal et béton, que Tencha allait devoir, si les choses étaient aussi mal engagées qu’elles en avaient l’air, gravir à grands renforts de coups de lames et d’énergie. Un mauvais pressentiment s’emparait de son cœur, et Tencha avait appris à faire confiance à son cœur.


EDIT : version corrigée.


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V'là !

(Modification du message : 20-04-2007, 13:04 par Sebastian Akios.)
Le texte est bien écrit, avec une petite faute ici et là mais elles ne gênent pas la lecture. J'ai bien aimé l'histoire qui est prennante même si je n'ai pas bien compris l'architecture de la salle de bain. Iateus est bien un garçon ? Car quand tu racontes sa première rencontre avec l'inquisiteur, tu dis "elle". Sinon j'ai hâte d'avoir la suite.

Merci !! (enfin quelqu'un qui réponds ^^)


Et ne t'inquiétes pas, l'architecture, c'est pas très important. Je venais de finir la Curée, de Zola ! Ceux qui connaissent comprendront, pour les autres, disons qu'il m'étais impossible de ne pas faire de description aprés ca !


Par contre,




Citation :Car quand tu racontes sa première rencontre avec l'inquisiteur, tu dis "elle". Sinon j'ai hâte d'avoir la suite.

J'ais pas tout compris là !


v'la


Citation :<blockquote data-ipsquote="" class="ipsQuote" data-ipsquote-contentapp="forums" data-ipsquote-contenttype="forums" data-ipsquote-contentid="24068" data-ipsquote-contentclass="forums_Topic"><div>
Car quand tu racontes sa première rencontre avec l'inquisiteur, tu dis "elle". Sinon j'ai hâte d'avoir la suite.

J'ais pas tout compris là !

</div></blockquote>

Peut-être que ceci :




Citation :Bien qu’<b>elle</b> eut broyé les reins du Chasseur, cette chute
a été mal interprété ^^
Sinon, bah l'histoire commence à me plaire, l'est un peu bizarre comme inquisiteur le monsieur, mais ça choque pas. Vivement la suite, passque la cantina, bon, c'est du classique !


AAAH...Tu voulais une réponse (quand je pense que je l'ai lu ddès que tu l'a pondue..).Bon, plus sérieusement, ton texte est très bon. Et à part le fait que c'est trop court (veut connaitre la suite moi viiite), il y a un petit détaille qui me semble étrange. Je sais plus où, mais tu écris que Techa est devenue inquisiteur contre la volonté de ces parents, je suis pas sur que tu es vraiment le choix : l'inquisiteur passe, pense que tu es apte à être son disciple, et il te chope, et peut importe que tu sois d'accord ou non.... Enfin je crois... Je suis vraiment pas sur.


Pasiphaé, qui a un doute soudain.


Merci Pasiphaé,


La suite ? Elle est prête mais pas encore écrite ... c'est long quand même !!


Pour l'enrôlement, en fait, il n'a pas était recruté par un autre inquisiteur, il s'est présenté de lui-même, a passé une batterie de test et a été retenu.


Enfin bref, j'ai 2 autres parties pour y revenir. ^^


Pour éviter toute confusion, petite précision, si ca n'a pas été assez clair dans le texte :


Tencha, Iateus, Litiu et Sarc : hommes.


Volnya et Aliya : femmes.


" la chute " : féminin (...désolé)


V'la.


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