Départ En Spirale

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(Modification du message : 31-03-2007, 13:04 par Ingos Strakh.)

Il me semble avoir lu un autre de tes textes tout aussi étonnant.


Je dois avouer que lire un texte dont on ne peut jamais deviner le mot qui suivra est une expérience... intéressante !


En fait, je me demande quel est ton état d'esprit quand tu écris ainsi. Quelles sont les images qui te viennent dans la tête, ou plutôt est-ce que tu es vraiment là quand tu écris ou laisses-tu ton esprit vagabonder où bon lui semble ?


Même si ce texte peut paraître volontairement abscons – et il l'est –, de mon point de vue, très peu de choses sont abstraites, ou écrites pour la simple beauté de l'enchaînement des caractères.


Tout part de la volonté de décrire une situation – ou plutôt, dans ce cas, une relation – bien réelle. J'ai dans ma tête, avant de m'attaquer à la feuille, une liste de sentiments, de sensations, de situations, inspirées de cette réalité et que je veux essayer de transmettre. Généralement, je n'ai qu'une très vague idée de la chute. Quand je me mets à rédiger, je commence à vraiment avoir une vue d'ensemble : la structure approximative du texte, et surtout le "concept" – l'image globale qui inspirera le titre, et qui permettra surtout de se construire sa propre logique réunissant les éléments à première vue disparates qui y sont rassemblés.


Il y a un peu d'"errance verbale", mais j'essaye de faire en sorte que les tournures bizarroïdes ne soient pas gratuites. S'amuser un peu avec la langue, c'est le côté vraiment ludique, mais en même temps c'est le véritable effort à fournir. On s'accorde une liberté : ne pas se fatiguer à expliquer au lecteur, donc en contrepartie, le minimum, c'est de lui donner, tant bien que mal, un peu de "musicalité". Ou d'atteinte au bon goût, à vous de voir comment vous appellerez ça.


J'espère que ça répond à ta question, et merci pour ton commentaire :)


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A.K.

(Modification du message : 31-03-2007, 12:12 par Ingos Strakh.)

je ne sais pas quoi dire...


et pourtant j'ai envie de faire partager ce que j'ai lu dans ton texte.


j'ai été fasciné, je pense que c'est ce qui convient le mieux. On reste accroché à l'écran et nos pensées filent, alors que notre regards parcours chaque ligne.


Citation :je ne sais pas quoi dire...
et pourtant j'ai envie de faire partager ce que j'ai lu dans ton texte.

J'ai eu exactement le même sentiment. On voudrait faire partager aux autres ce qu'on a ressenti, mais on n'y arrive pas !


Ingos Strakh est fort. Très fort.

(Modification du message : 31-03-2007, 13:41 par Gandahar.)
C'est effectivement bien fichu comme texte qui réussit à porter des impressions sans porter une seule image (parce que j'ai beau m'appliquer en me grattant le menton et en tirant la langue, j'ai du mal à imaginer la scène.) C'est un peu trop abscon pour mes goûts mais l'exercice est joli.

C'est vrai qu'avec un peu de recul (une journée...) et au vu des divers commentaires lus çà et là, je me dis que j'ai peut-être un peu trop forcé le trait du "il n'y a rien à comprendre alors vous n'y comprendrez rien". J'ai tenté de pousser la logique "impressioniste/ surréaliste/ postmoderne/ appelez ça comme vous voulez" aussi loin qu'il m'était possible, en coupant/ reformulant des passages qui me paraissaient "trop clairs".


Maintenant, hommage à ceux qui ont inspiré la chose :


Tout d'abord, Antoine Volodine, auteur du concept de <i>romånce</i> et du petit texte en introduction. Un auteur que je n'ai découvert que très récemment, mais chez lequel j'ai trouvé un véritable echo à mes propres créations, et qui m'a donné, si je puis dire, le courage d'assumer ce genre d'écrit. Là où l'œvre de Volodine touche au génie, c'est dans sa capacité à livrer un récit infiniment plus clair que le mien, rempli à la fois d'images <i>et</i> d'impressions.


Tentez donc <i>Vue sur l'ossuaire</i> (probablement son œuvre la plus "accessible", description fascinante d'un univers totalitaire) ou encore <i>Alto Solo</i>, vous ne devriez pas être déçus.


Ensuite, Harold Pinter, grand auteur dramatique contemporain, maître du théâtre "passe-moi le sel", ou "comment créer une sensation de gouffre entre deux personnages avec des phrases d'apparence anodine, des mots de tous les jours". Pas pour rien qu'il s'est payé un prix Nobel, le monsieur.


Essayez, si vous avez l'occasion, en livre ou en spectacle, <i>The Homecoming (Le retour)</i> ou encore <i>Old Times (C'était hier)</i>. Si possible, en langue originale, même si les traductions de Kahane sont loin d'être déguelasses.


Il y a aussi les paroles du cultissime groupe de punk russe Grajdanskaïa Oborona, mais bon, faut aimer le punk garage et comprendre le russe.


Et merci beaucoup pour vos commentaires et compliments.


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A.K.