Allez, un peu de lore :
L'Ancien Royaume
Les historiens modernes et leurs étudiants pensent que le titre du Royaume fait référence au Royaume de l'homme. C'est une erreur courante. Pourtant rien ne saurait être plus faux. Les habitants originels du Royaume l'appelaient le Royaume de Hazlia, le Pantokrator (NdT : littéralement, 'le créateur de tout'), Dieu de l'Humanité. Et ce Royaume l'accompagna dans sa chute...mais il ne périt pas pour autant.
Loin à l'Est des Cent Royaumes, par-delà les Montagnes Claustrines et les désolations arides qui s'étendent depuis leurs pieds, repose le coeur de l'ancien Royaume. Au temps jadis, c'était une puissance continentale. Les légions de l'ancien Royaume étaient assez puissantes pour menacer de faire plier l'échine aux vieilles races des Dweghom et au peuple des Spires ou du moins elles en donnaient l'impression.
Au-delà de feues les anciennes vallées giboyeuses et les fertiles plaines des Terre Cardiales, s'étendent les vallées fluviales où fut érigée Capitas, la plus grande des cités bâties de main d'hommes. Et c'est là, parmi les ruines de la cité la plus révérée par la race humaine que gisent les restes de Hazlia.
Blessé à mort mais n'en restant pas moins immortel, Hazlia est consummé par une rage dévorante suite à la trahison de ses sujets. Son désespoir et son courroux ne connaissent aucune limite. Dans son orgueil, il voulut anéantir le Royaume mais son plan échoua suite au sacrifice d'un autre membre du Panthéon : Ninuah, la Mère.
Rejeté, brisé et ayant sombré depuis longtemps dans la démence, Hazlia en appela au moindre pouvoir qui voudrait bien satisfaire son désir de vengeance et châtier la trahison dont il avait été victime...et un pouvoir lui répondit. Mort, la troisième Incarnée de Destruction, étaient emprisonnée hors de portée de toute créature, morte ou vivante. Pourtant, Hazlia se tenait au seuil des deux états et Mort put entendre son appel. Usant de toute sa puissance divine, Hazlia parvint à se frayer un chemin jusqu'à la prison de mort pendant sa Chute.
Nul ne sait ce qu'il advint dans ce lieu oublié. Cette connaissance dépasse la compréhension des mortels et des immortels mais de la fusion impie des ces deux éléments primordiaux diamétralement opposés naquit un amalgame impie : Non-Vie.
Animé mais sans vie, conscient mais dénué d'âme, un nouveau Primordial était né. Son vagissement de naissance empli de rage infusa les centaines de milliers de mort qui reposaient dans Capitas et dans tous l'Ancien Royaume d'une partie de son essence, leur accordant une non-vie effroyable. La connection spirituelle que ces défunts entretenaient avec Hazlia rendit ce transfert non seulement possible mais incroyablement aisé. En réalité, son cri de naissance fut si puissant et incontrôlable que Hazlia investit bien trop de son essence dans ces receptacles. Hazlia fut réduit à une unique directive impérieuse qui vivait en chacune de ses créations mort-vivantes : anéantir les vivants.
Hormis dans les archives les plus secrètes de l'Aube Cendrée, on ne trouve quasiment pas de chronique des massacres qui s'ensuivirent. Les quelques bribes de cette période perdurent encore dans les sombres mythes et légendes des Rus, la dernière peuplade humaine à avoir fui l'Ancien Royaume et traversé le massif des Claustrines pour gagner sa liberté. Ce sont les seuls à avoir dû faire face aux horreurs déchaînées nées de la rage de Hazlia et de son désespoir. Plusieurs siècles après, leur folklore en est encore très marqué.
Ce n'est que suite au sacrifice de la Dernière Légion et du dernier dieu restant du Triumvirat, Cleon, que les hordes de Hazlia furent brisées. Mais un pouvoir primordial aussi ancien et vaste que celui d'un Cavalier, pour aussi corrompu qu'il fût, ne peut être vaincu. Tout juste peut-on le contenir pour un temps.
C'est ainsi que la puissance et la volonté de Hazlia furent séparées. Ce que la Légion fit de sa Volonté, nul ne le sait. Il s'agit du secret le mieux gardé de l'humanité mais son pouvoir se déchaîne sans entraves depuis des siècles dans le coeur de l'Ancien Royaume. Au centre de Capitas, un gouffre titanesque bée. Il luit d'une lueur obscure qu'on peut apercevoir à des kilomètres : il s'agit d'un puissant faisceau d'une flamme noire qui projette autant d'ombres que de lumières. Il illumine la cité tout entière d'un halo infernal d'ombres dansantes. Il s'agit de l'essence déchaînée de Hazlia, le dieu déchu de l'humanité. Une source corruption comme il n'en a jamais existé auparavant, elle scande sa sombre mélopée depuis des siècles, attirant à elle les fous, les dépossédés, les désespérés et les ambitieux comme les phalènes à sa flamme.
Au fil des siècles des centaines, si ce n'est des milliers de mortels ont répondu à son appel. Seule une poignée d'entre eux ont survécu. Ils sont les Oints : le Prophète, le Seigneur de Guerre, le Rhéteur, le Devin, le Hurleur, le Gardien, le Stigmatisé, le Chuchoteur et le Défait. Les premiers murmures de leurs noms peuvent se faire entendre dans les terres des hommes, un murmure qui enflera bientôt pour se faire tourmente...
Les Cités États
Alors que les Cent Royaumes étaient fondés par une vague de réfugiés en proie à la violence, au désespoir et à la famine, les Cités États prospéraient déjà. Elles exploraient les plus grands secrets de l'Ancien Royaume et touchaient même du doigt les arcanes de l'archémie et du divin. De nos jours, les Cités sont les plus grands dépositaires de la connaissance humaine et les véritables héritières de la gloire passée de l'Ancien Royaume de l'Homme.
Enfin...c'est du moins la légende que les Locuteurs des Cités États aimeraient bien faire croire à tous ! Il est vrai que les Cent Royaumes sont nés de la fuite désespérée de milliers de réfugiés, les cités États avaient déjà établi les plus grands principes philosophiques, éthiques et éducatifs connus de l'humanité. En réalité, l'existence des Cités États doit tout à la présence de leur fondateur, Constantius Domulexor.
Né Platon de Chorée, il débuta sa carrière comme humble apprenti boucher avant d'accéder au pinacle du pouvoir séculier dans l'Ancien Royaume, quand il devint le Maistros du Collegia du Royaume sous le nom académique de Constantius Domulexor. Ce fut bien Constantius et son collègue, le premier Magos de Collegia (dont l'histoire n'a pas retenu le nom) qui identifièrent les premiers la folie rampante qui affectait Hazlia. Ainsi, deux des individus parmi les plus puissants et influents du Royaume, étudièrent les secrets de la divinité et du Primordial, découvrant les secrets de la nature de la divinité et de la puissance qui ont depuis heureusement disparu de la mémoire des hommes. Ils furent tous les deux profondément changés par leurs recherches et, tandis que le Premier Magos entendait user de sa connaissance et de son pouvoir pour tuer son Dieu, Constantius s'était résolu à employer le sien à protéger l'humanité du cataclysme imminent. Utilisant son véritable nom de basse extraction pour garder secrète les premières étapes de son plan, Platon s'attela à une tâche subtile mais aux conséquences gigantesques : le transfert de la somme des connaissances du Royaume.
C'est ainsi que furent établies les fondations des Cités États. Des artisans, des érudits et des ouvriers furent secrétement incités à émigrer vers l'Ouest tandis que les ouvrages des bibliothèques étaient recopiés avant de leur être confiés. Tandis que la déliquescence de l'Ancien Royaume s'accélérait, toutes précautions pour dissimuler l'entreprise furent abandonnées. Des bibliothèques entières furent pillées et d'innombrables centuries de la légion détournées pour fournir une protection aux bourgades nouvellement fondées. Il y eut même un petit nombre d'Élevés qui furent soustraits aux purges qui suivirent. Ils devinrent des membres importants des jeunes Cités États.
Sa connaissance intime du fonctionnement du divin permit à Platon d'envoyer une semence Primordiale dans chacune de ses cités afin que ses habitants puissent la vénérer : elles deviendraient autant de dieux tutélaires pour chaque cité, qui les protégeraient de l'influence néfaste de Hazlia tout en établissant involontairement les bases de la plus grande avancée technologique de l'humanité, la science archémique.
Pour s'assurer que son projet porterait ses fruits, Platon tenta ce qu'aucun mortel avant lui n'avait entrepris : il déroba un fragment modeste mais d'une importance crucial de la mante de Hazlia. Cet acte devait empêcher le dieu déchu de s'en prendre à l'humanité. Inquiet par la perspective de connaître le même destin que son Dieu, Platon s'employa à fractionner et contenir ce don. Il se ménagea une place au cœur de toutes les Cités qu'il avait fondées.
Grâce à leur population en bonne santé, un corps dévoué de Gardiens, un dieu tutélaire bienveillant, toutes les connaissances connues de l'homme depuis lors et avec lui même en tant que roi philosophe pour les guider, Platon se prit à rêver que ses chers cités deviendraient une utopie à partir de laquelle l'humanité reconquerrait la planète. Mais Platon était tellement soucieux des écueils du Divin et la nature corruptrice du pouvoir qu'il savait sien qu'il succomba finalement à un adversaire bien plus intemporel : l'hubris.
Bien que les principes scientifiques qui sous-tendirent ses efforts aient été sains, l'heure de son trépas approchait : la procédure de transfert fut appliquée de manière hâtive et les réceptacles chargés de recevoir son essence bâclés. Le transfert de conscience fut incomplet et les Cités se retrouvèrent livrées à elles-mêmes, gouvernées par de pâles copies de ce que Platon avaient envisagé comme des rois philosophes conseillés par un conseil incorruptible. Handicapés par leurs propres défauts et toujours marqués par la terreur qu'ils ressentirent dans ses derniers instants quand sa science et sa technologie se retourna contre lui, les conseils régents de chaque Cité gouvernèrent du mieux possible, mais en vain.
(NdT : le texte originel VO est peu clair, j'ai l'impression qu'il manque un paragraphe ou bien cela reste volontairement allusif mais en résumé : le Platon a trouvé un moyen de se cloner pour être le souverain/roi philosophe de chaque Cités États. Sauf que la procédure a merdouillé dans les grandes largeurs, le procédure a dilué son pouvoir entre les clones. Du coup ces derniers ne sont que peu viables en tant que dirigeants).
Il ne fallut que quelques décennies pour que l'unité des Cités États volent en éclat. Alimentés par la paranoïa naissante à l'égard des Conseils, tous les efforts furent employés à sauvegarder le futur et la prospérité des Cités contre un adversaire divin qui gisait défait au lieu d’œuvrer à la sauvegarde de l'humanité. certaines Cités s'arrogèrent des ressources précieuses aux détriments de leurs voisines. Les relations entre Cités se détériorèrent rapidement.
Effrayés par tout ce qui serait de nature à bouleverser le statu quo, les Conseils proscrivirent toute forme d'innovation qu'ils ne pouvaient pas contrôler totalement : en l'espace d'une nuit, l'archémie et la mécanique devinrent les deux secteurs moteurs des Cités États. Depuis lors, elles se livrent des guerres intestines pour maintenir leur emprise et s'emparer des ressources disponibles.
Après des décennies de répression et de guerre, il n'est guère surprenant qu'environ la moitié des Cités États se sont rebellées contre leur Conseil respectifs et cela, tout particulièrment dans les Cités où les dégâts de l'échec Transfert furent les plus patents. Quelques-unes de ces cités connurent un effondrement sociétal spectaculaire. Leurs citoyens fuirent vers le nord en direction des Cent Royaumes ou bien ils migrèrent vers des Cités États plus prospères. Les Cités qui survécurent à leur chute se partagent dans deux grandes catégories : celles qui ont suivi la voie des démagogues et le fléau de la démocratie d'une part et d'autre part, celles qui sont désormais gouvernées par la poigne de fer de leur divinité tutélaire, libre de régner sans entrave.
De nos jours, les Cités perdurent. Partagées entre les Démagogues, les Conseils Militaristes et Académiques, elles dilapident leurs glorieux héritages et leur technologie avancée dans des guerres intestines ou contre toute puissance qui viendrait à contester leur suprématie.
NdT : c'est tout de même dommage d'avoir des auteurs grecs et de ne trouver comme nom de héros que 'Platon' alors qu'il y aurait sans doute eu moyen de faire une subtile allusion au destin du personnage pour les hellénistes. Par exemple Philotimos (l'Ambitieux) ou Diesparmenos (l'Éparpillé) .
Les Cours des Tisseurs
Loin à l'Ouest des Cent Royaumes, au-delà du massif des Cairn de Fiel au nord et de la Mer Amère au sud, s'étend une terre primordiale. Là, les chants des oiseaux exotiques et le bruissement incessant des frondaisons marquent la limite du domaine des hommes. Loin à l'intérieur des terres, que ses habitants ont baptisé Faerann, les Cours des Tisseurs, de lointain cousins des Spires, règnent en maître. Les Tisseurs sont divisés en quatre Cours : les Cours de l'Été, du Printemps, de l'Automne et de l'Hiver. Les Cours et les Spires, peuples exilés à l'origine commune,ne pourraient pas être plus dissemblables.
Alors que les Spires ont répudié leur pouvoir de Fileur de Vie pour le pervertir en Biomancie, les Tisseurs le révère et l'utilise dans tous les aspects de leur culture. Tandis que les Spiriens considèrent Ea que comme une étape sacrificielle dans leur plan visant à regagner sur leur Monde Mère, les Tisseurs tiennent Ea comme un don divin. Ils considèrent que leur devoir est de la protéger et de la nourrir et sont d'une diligence extrême dans l'accomplissement de cette mission.
Enfants d'un monde perdu et héritiers d'une société déchirée, les Exilés qui ont quitté les Spires sous la protection des Anciens Dragons ont choisi d'abandonner tout ce qu'ils connaissaient en laissant toutes leurs possessions derrière eux. Ils ont parcouru Ea en usant de leurs dons avec largesse pour avoir la chance de goûter aux bienfaits que la planète était disposée à leur dispenser.
Sous la férule des Dragons, qui étaient peut-être bien les seules créatures encore plus fascinées par la vie d'Ea qu'eux, les Exilés ont commencé à apprécier la complexité de l'écosystème de ce monde. Ils adoptèrent rapidement un autre nom, celui de Tisseurs, pour mieux représenter leur nouvelle vocation et ils s'employèrent à soigner les dégâts que leur race avait causé à la planète au cours de son arrivée.
En cela, ils usèrent principalement de leur don inné de Tisseur de Vie. Comme ils étaient capables de lier l'essence vitale de deux êtres différents, les Tisseurs entrèrent vite en symbiose avec la planète qu'ils entendaient secourir. Rompant avec un tabou culturel ancien, ils commencèrent à mêler leur essence avec leur environnement, adoptant ainsi les traits de la faune et la flore locale tant en lui conférant leur propre intelligence et conscience en retour.
Il est pratiquement impossible de brosser un portrait type d'un membre des Tisseurs : chaque membre des Cours des Tisseurs a complètement embrassé son don de Tisseur de Vie. Il s'est lié à au moins une autre créature vivante, ce qui l'a changé définitivement. On peut ainsi croiser une magnifique dame de la Cour de l'Automne dont les yeux sont ceux d'une biche alors que sa chevelure est un bouquet de ronces et de roses échevelé. Ses pieds gracieux sont ceux d'une chèvre. Elle converse avec un mince mâle de la Cour d'Été dont le cou et le torse sont couverts de plumes chatoyantes. Son visage comporte un bec de perroquet alors que ses jambes sont couvertes d'un fin duvet mais se terminent par des serres de rapaces. Non loin du couple, un ancien de la Cour d'Automne se tient. Il s'est lié à plusieurs reprises avec le même bosquet d'arbres, ce qui a fait de lui un humanoïde imposant couvert de mousse, d'écorce et d'humus. Sa voix est telle des centaines de branches bruissant à l'unisson.
Les membres des Hautes Cours forment un spectacle encore plus étrange. Ce sont les chefs mystiques et spirituels des Cours des Fileurs. Ils sont parvenus, on ne sait comment, à user de leur don de Tisseur de Vie pour se lier aux forces élémentaires de Ea. Certains ont la tête surmontée d'une couronne de flammes en guise de chevelure. Leurs vêtements sont faits de neige et de givre tissés. Certains peuvent arborer des écailles d'obsidienne pure. D'autres manifestations de pouvoirs étranges sont également possibles. Chaque Cour est associée à un élément particulier : l'Eau pour le Printemps, le Feu pour l'Été, la Terre pour l'Automne et l'Air pour l'Hiver.
Un nombre étonnement important de membres de la Cour de l'Été et de l'Hiver possèdent des pouvoirs de Manipulation Élémentaire, ce qui fait que les membres de ces deux Cours ont tendance à se considérer comme supérieurs aux membres de la cour de l'Automne et du Printemps. Il s'agit d'une source de querelle fréquente entre les Cours. Un observateur extérieur pourrait arriver à la conclusion que chaque Cour constitue une petite nation à elle toute seule avec ses propres coutumes, ses mœurs sociaux et ses dirigeants spécifiques. Il n'aurait pas tort. La compétition entre les Cours est farouche. Il n'est pas rare qu'elle dégénère en guerre ouverte, tout particulièrement quand des membres des Cours Supérieures sont impliqués.
Tout comme les saisons suivent un cycle établi, le pouvoir et l'influence de chaque Cours fluctuent au fil du temps. La Cour du Printemps a eu l'ascendant pendant des siècles, auréolée de gloire du fait qu'elle est parvenue à réparer les dommages causés en Faerann par la Chute, le Long Hiver et même la Brisure. Mais les temps ont changé : des siècles d'ennuis ont patîné le lustre de leurs exploits passés et les autres Cours commencent à s'agiter. Les intrigues et les complots se multiplient entre les Cours. Chacun attend de voir quelle Cour va se démarquer et quel but elle choisira de faire sien...
Désolé, y a pas encore de test pour les W'adrhun.
(Modification du message : 04-08-2022, 15:33 par Reldan.)
L'Ancien Royaume
Les historiens modernes et leurs étudiants pensent que le titre du Royaume fait référence au Royaume de l'homme. C'est une erreur courante. Pourtant rien ne saurait être plus faux. Les habitants originels du Royaume l'appelaient le Royaume de Hazlia, le Pantokrator (NdT : littéralement, 'le créateur de tout'), Dieu de l'Humanité. Et ce Royaume l'accompagna dans sa chute...mais il ne périt pas pour autant.
Loin à l'Est des Cent Royaumes, par-delà les Montagnes Claustrines et les désolations arides qui s'étendent depuis leurs pieds, repose le coeur de l'ancien Royaume. Au temps jadis, c'était une puissance continentale. Les légions de l'ancien Royaume étaient assez puissantes pour menacer de faire plier l'échine aux vieilles races des Dweghom et au peuple des Spires ou du moins elles en donnaient l'impression.
Au-delà de feues les anciennes vallées giboyeuses et les fertiles plaines des Terre Cardiales, s'étendent les vallées fluviales où fut érigée Capitas, la plus grande des cités bâties de main d'hommes. Et c'est là, parmi les ruines de la cité la plus révérée par la race humaine que gisent les restes de Hazlia.
Blessé à mort mais n'en restant pas moins immortel, Hazlia est consummé par une rage dévorante suite à la trahison de ses sujets. Son désespoir et son courroux ne connaissent aucune limite. Dans son orgueil, il voulut anéantir le Royaume mais son plan échoua suite au sacrifice d'un autre membre du Panthéon : Ninuah, la Mère.
Rejeté, brisé et ayant sombré depuis longtemps dans la démence, Hazlia en appela au moindre pouvoir qui voudrait bien satisfaire son désir de vengeance et châtier la trahison dont il avait été victime...et un pouvoir lui répondit. Mort, la troisième Incarnée de Destruction, étaient emprisonnée hors de portée de toute créature, morte ou vivante. Pourtant, Hazlia se tenait au seuil des deux états et Mort put entendre son appel. Usant de toute sa puissance divine, Hazlia parvint à se frayer un chemin jusqu'à la prison de mort pendant sa Chute.
Nul ne sait ce qu'il advint dans ce lieu oublié. Cette connaissance dépasse la compréhension des mortels et des immortels mais de la fusion impie des ces deux éléments primordiaux diamétralement opposés naquit un amalgame impie : Non-Vie.
Animé mais sans vie, conscient mais dénué d'âme, un nouveau Primordial était né. Son vagissement de naissance empli de rage infusa les centaines de milliers de mort qui reposaient dans Capitas et dans tous l'Ancien Royaume d'une partie de son essence, leur accordant une non-vie effroyable. La connection spirituelle que ces défunts entretenaient avec Hazlia rendit ce transfert non seulement possible mais incroyablement aisé. En réalité, son cri de naissance fut si puissant et incontrôlable que Hazlia investit bien trop de son essence dans ces receptacles. Hazlia fut réduit à une unique directive impérieuse qui vivait en chacune de ses créations mort-vivantes : anéantir les vivants.
Hormis dans les archives les plus secrètes de l'Aube Cendrée, on ne trouve quasiment pas de chronique des massacres qui s'ensuivirent. Les quelques bribes de cette période perdurent encore dans les sombres mythes et légendes des Rus, la dernière peuplade humaine à avoir fui l'Ancien Royaume et traversé le massif des Claustrines pour gagner sa liberté. Ce sont les seuls à avoir dû faire face aux horreurs déchaînées nées de la rage de Hazlia et de son désespoir. Plusieurs siècles après, leur folklore en est encore très marqué.
Ce n'est que suite au sacrifice de la Dernière Légion et du dernier dieu restant du Triumvirat, Cleon, que les hordes de Hazlia furent brisées. Mais un pouvoir primordial aussi ancien et vaste que celui d'un Cavalier, pour aussi corrompu qu'il fût, ne peut être vaincu. Tout juste peut-on le contenir pour un temps.
C'est ainsi que la puissance et la volonté de Hazlia furent séparées. Ce que la Légion fit de sa Volonté, nul ne le sait. Il s'agit du secret le mieux gardé de l'humanité mais son pouvoir se déchaîne sans entraves depuis des siècles dans le coeur de l'Ancien Royaume. Au centre de Capitas, un gouffre titanesque bée. Il luit d'une lueur obscure qu'on peut apercevoir à des kilomètres : il s'agit d'un puissant faisceau d'une flamme noire qui projette autant d'ombres que de lumières. Il illumine la cité tout entière d'un halo infernal d'ombres dansantes. Il s'agit de l'essence déchaînée de Hazlia, le dieu déchu de l'humanité. Une source corruption comme il n'en a jamais existé auparavant, elle scande sa sombre mélopée depuis des siècles, attirant à elle les fous, les dépossédés, les désespérés et les ambitieux comme les phalènes à sa flamme.
Au fil des siècles des centaines, si ce n'est des milliers de mortels ont répondu à son appel. Seule une poignée d'entre eux ont survécu. Ils sont les Oints : le Prophète, le Seigneur de Guerre, le Rhéteur, le Devin, le Hurleur, le Gardien, le Stigmatisé, le Chuchoteur et le Défait. Les premiers murmures de leurs noms peuvent se faire entendre dans les terres des hommes, un murmure qui enflera bientôt pour se faire tourmente...
Les Cités États
Alors que les Cent Royaumes étaient fondés par une vague de réfugiés en proie à la violence, au désespoir et à la famine, les Cités États prospéraient déjà. Elles exploraient les plus grands secrets de l'Ancien Royaume et touchaient même du doigt les arcanes de l'archémie et du divin. De nos jours, les Cités sont les plus grands dépositaires de la connaissance humaine et les véritables héritières de la gloire passée de l'Ancien Royaume de l'Homme.
Enfin...c'est du moins la légende que les Locuteurs des Cités États aimeraient bien faire croire à tous ! Il est vrai que les Cent Royaumes sont nés de la fuite désespérée de milliers de réfugiés, les cités États avaient déjà établi les plus grands principes philosophiques, éthiques et éducatifs connus de l'humanité. En réalité, l'existence des Cités États doit tout à la présence de leur fondateur, Constantius Domulexor.
Né Platon de Chorée, il débuta sa carrière comme humble apprenti boucher avant d'accéder au pinacle du pouvoir séculier dans l'Ancien Royaume, quand il devint le Maistros du Collegia du Royaume sous le nom académique de Constantius Domulexor. Ce fut bien Constantius et son collègue, le premier Magos de Collegia (dont l'histoire n'a pas retenu le nom) qui identifièrent les premiers la folie rampante qui affectait Hazlia. Ainsi, deux des individus parmi les plus puissants et influents du Royaume, étudièrent les secrets de la divinité et du Primordial, découvrant les secrets de la nature de la divinité et de la puissance qui ont depuis heureusement disparu de la mémoire des hommes. Ils furent tous les deux profondément changés par leurs recherches et, tandis que le Premier Magos entendait user de sa connaissance et de son pouvoir pour tuer son Dieu, Constantius s'était résolu à employer le sien à protéger l'humanité du cataclysme imminent. Utilisant son véritable nom de basse extraction pour garder secrète les premières étapes de son plan, Platon s'attela à une tâche subtile mais aux conséquences gigantesques : le transfert de la somme des connaissances du Royaume.
C'est ainsi que furent établies les fondations des Cités États. Des artisans, des érudits et des ouvriers furent secrétement incités à émigrer vers l'Ouest tandis que les ouvrages des bibliothèques étaient recopiés avant de leur être confiés. Tandis que la déliquescence de l'Ancien Royaume s'accélérait, toutes précautions pour dissimuler l'entreprise furent abandonnées. Des bibliothèques entières furent pillées et d'innombrables centuries de la légion détournées pour fournir une protection aux bourgades nouvellement fondées. Il y eut même un petit nombre d'Élevés qui furent soustraits aux purges qui suivirent. Ils devinrent des membres importants des jeunes Cités États.
Sa connaissance intime du fonctionnement du divin permit à Platon d'envoyer une semence Primordiale dans chacune de ses cités afin que ses habitants puissent la vénérer : elles deviendraient autant de dieux tutélaires pour chaque cité, qui les protégeraient de l'influence néfaste de Hazlia tout en établissant involontairement les bases de la plus grande avancée technologique de l'humanité, la science archémique.
Pour s'assurer que son projet porterait ses fruits, Platon tenta ce qu'aucun mortel avant lui n'avait entrepris : il déroba un fragment modeste mais d'une importance crucial de la mante de Hazlia. Cet acte devait empêcher le dieu déchu de s'en prendre à l'humanité. Inquiet par la perspective de connaître le même destin que son Dieu, Platon s'employa à fractionner et contenir ce don. Il se ménagea une place au cœur de toutes les Cités qu'il avait fondées.
Grâce à leur population en bonne santé, un corps dévoué de Gardiens, un dieu tutélaire bienveillant, toutes les connaissances connues de l'homme depuis lors et avec lui même en tant que roi philosophe pour les guider, Platon se prit à rêver que ses chers cités deviendraient une utopie à partir de laquelle l'humanité reconquerrait la planète. Mais Platon était tellement soucieux des écueils du Divin et la nature corruptrice du pouvoir qu'il savait sien qu'il succomba finalement à un adversaire bien plus intemporel : l'hubris.
Bien que les principes scientifiques qui sous-tendirent ses efforts aient été sains, l'heure de son trépas approchait : la procédure de transfert fut appliquée de manière hâtive et les réceptacles chargés de recevoir son essence bâclés. Le transfert de conscience fut incomplet et les Cités se retrouvèrent livrées à elles-mêmes, gouvernées par de pâles copies de ce que Platon avaient envisagé comme des rois philosophes conseillés par un conseil incorruptible. Handicapés par leurs propres défauts et toujours marqués par la terreur qu'ils ressentirent dans ses derniers instants quand sa science et sa technologie se retourna contre lui, les conseils régents de chaque Cité gouvernèrent du mieux possible, mais en vain.
(NdT : le texte originel VO est peu clair, j'ai l'impression qu'il manque un paragraphe ou bien cela reste volontairement allusif mais en résumé : le Platon a trouvé un moyen de se cloner pour être le souverain/roi philosophe de chaque Cités États. Sauf que la procédure a merdouillé dans les grandes largeurs, le procédure a dilué son pouvoir entre les clones. Du coup ces derniers ne sont que peu viables en tant que dirigeants).
Il ne fallut que quelques décennies pour que l'unité des Cités États volent en éclat. Alimentés par la paranoïa naissante à l'égard des Conseils, tous les efforts furent employés à sauvegarder le futur et la prospérité des Cités contre un adversaire divin qui gisait défait au lieu d’œuvrer à la sauvegarde de l'humanité. certaines Cités s'arrogèrent des ressources précieuses aux détriments de leurs voisines. Les relations entre Cités se détériorèrent rapidement.
Effrayés par tout ce qui serait de nature à bouleverser le statu quo, les Conseils proscrivirent toute forme d'innovation qu'ils ne pouvaient pas contrôler totalement : en l'espace d'une nuit, l'archémie et la mécanique devinrent les deux secteurs moteurs des Cités États. Depuis lors, elles se livrent des guerres intestines pour maintenir leur emprise et s'emparer des ressources disponibles.
Après des décennies de répression et de guerre, il n'est guère surprenant qu'environ la moitié des Cités États se sont rebellées contre leur Conseil respectifs et cela, tout particulièrment dans les Cités où les dégâts de l'échec Transfert furent les plus patents. Quelques-unes de ces cités connurent un effondrement sociétal spectaculaire. Leurs citoyens fuirent vers le nord en direction des Cent Royaumes ou bien ils migrèrent vers des Cités États plus prospères. Les Cités qui survécurent à leur chute se partagent dans deux grandes catégories : celles qui ont suivi la voie des démagogues et le fléau de la démocratie d'une part et d'autre part, celles qui sont désormais gouvernées par la poigne de fer de leur divinité tutélaire, libre de régner sans entrave.
De nos jours, les Cités perdurent. Partagées entre les Démagogues, les Conseils Militaristes et Académiques, elles dilapident leurs glorieux héritages et leur technologie avancée dans des guerres intestines ou contre toute puissance qui viendrait à contester leur suprématie.
NdT : c'est tout de même dommage d'avoir des auteurs grecs et de ne trouver comme nom de héros que 'Platon' alors qu'il y aurait sans doute eu moyen de faire une subtile allusion au destin du personnage pour les hellénistes. Par exemple Philotimos (l'Ambitieux) ou Diesparmenos (l'Éparpillé) .
Les Cours des Tisseurs
Loin à l'Ouest des Cent Royaumes, au-delà du massif des Cairn de Fiel au nord et de la Mer Amère au sud, s'étend une terre primordiale. Là, les chants des oiseaux exotiques et le bruissement incessant des frondaisons marquent la limite du domaine des hommes. Loin à l'intérieur des terres, que ses habitants ont baptisé Faerann, les Cours des Tisseurs, de lointain cousins des Spires, règnent en maître. Les Tisseurs sont divisés en quatre Cours : les Cours de l'Été, du Printemps, de l'Automne et de l'Hiver. Les Cours et les Spires, peuples exilés à l'origine commune,ne pourraient pas être plus dissemblables.
Alors que les Spires ont répudié leur pouvoir de Fileur de Vie pour le pervertir en Biomancie, les Tisseurs le révère et l'utilise dans tous les aspects de leur culture. Tandis que les Spiriens considèrent Ea que comme une étape sacrificielle dans leur plan visant à regagner sur leur Monde Mère, les Tisseurs tiennent Ea comme un don divin. Ils considèrent que leur devoir est de la protéger et de la nourrir et sont d'une diligence extrême dans l'accomplissement de cette mission.
Enfants d'un monde perdu et héritiers d'une société déchirée, les Exilés qui ont quitté les Spires sous la protection des Anciens Dragons ont choisi d'abandonner tout ce qu'ils connaissaient en laissant toutes leurs possessions derrière eux. Ils ont parcouru Ea en usant de leurs dons avec largesse pour avoir la chance de goûter aux bienfaits que la planète était disposée à leur dispenser.
Sous la férule des Dragons, qui étaient peut-être bien les seules créatures encore plus fascinées par la vie d'Ea qu'eux, les Exilés ont commencé à apprécier la complexité de l'écosystème de ce monde. Ils adoptèrent rapidement un autre nom, celui de Tisseurs, pour mieux représenter leur nouvelle vocation et ils s'employèrent à soigner les dégâts que leur race avait causé à la planète au cours de son arrivée.
En cela, ils usèrent principalement de leur don inné de Tisseur de Vie. Comme ils étaient capables de lier l'essence vitale de deux êtres différents, les Tisseurs entrèrent vite en symbiose avec la planète qu'ils entendaient secourir. Rompant avec un tabou culturel ancien, ils commencèrent à mêler leur essence avec leur environnement, adoptant ainsi les traits de la faune et la flore locale tant en lui conférant leur propre intelligence et conscience en retour.
Il est pratiquement impossible de brosser un portrait type d'un membre des Tisseurs : chaque membre des Cours des Tisseurs a complètement embrassé son don de Tisseur de Vie. Il s'est lié à au moins une autre créature vivante, ce qui l'a changé définitivement. On peut ainsi croiser une magnifique dame de la Cour de l'Automne dont les yeux sont ceux d'une biche alors que sa chevelure est un bouquet de ronces et de roses échevelé. Ses pieds gracieux sont ceux d'une chèvre. Elle converse avec un mince mâle de la Cour d'Été dont le cou et le torse sont couverts de plumes chatoyantes. Son visage comporte un bec de perroquet alors que ses jambes sont couvertes d'un fin duvet mais se terminent par des serres de rapaces. Non loin du couple, un ancien de la Cour d'Automne se tient. Il s'est lié à plusieurs reprises avec le même bosquet d'arbres, ce qui a fait de lui un humanoïde imposant couvert de mousse, d'écorce et d'humus. Sa voix est telle des centaines de branches bruissant à l'unisson.
Les membres des Hautes Cours forment un spectacle encore plus étrange. Ce sont les chefs mystiques et spirituels des Cours des Fileurs. Ils sont parvenus, on ne sait comment, à user de leur don de Tisseur de Vie pour se lier aux forces élémentaires de Ea. Certains ont la tête surmontée d'une couronne de flammes en guise de chevelure. Leurs vêtements sont faits de neige et de givre tissés. Certains peuvent arborer des écailles d'obsidienne pure. D'autres manifestations de pouvoirs étranges sont également possibles. Chaque Cour est associée à un élément particulier : l'Eau pour le Printemps, le Feu pour l'Été, la Terre pour l'Automne et l'Air pour l'Hiver.
Un nombre étonnement important de membres de la Cour de l'Été et de l'Hiver possèdent des pouvoirs de Manipulation Élémentaire, ce qui fait que les membres de ces deux Cours ont tendance à se considérer comme supérieurs aux membres de la cour de l'Automne et du Printemps. Il s'agit d'une source de querelle fréquente entre les Cours. Un observateur extérieur pourrait arriver à la conclusion que chaque Cour constitue une petite nation à elle toute seule avec ses propres coutumes, ses mœurs sociaux et ses dirigeants spécifiques. Il n'aurait pas tort. La compétition entre les Cours est farouche. Il n'est pas rare qu'elle dégénère en guerre ouverte, tout particulièrement quand des membres des Cours Supérieures sont impliqués.
Tout comme les saisons suivent un cycle établi, le pouvoir et l'influence de chaque Cours fluctuent au fil du temps. La Cour du Printemps a eu l'ascendant pendant des siècles, auréolée de gloire du fait qu'elle est parvenue à réparer les dommages causés en Faerann par la Chute, le Long Hiver et même la Brisure. Mais les temps ont changé : des siècles d'ennuis ont patîné le lustre de leurs exploits passés et les autres Cours commencent à s'agiter. Les intrigues et les complots se multiplient entre les Cours. Chacun attend de voir quelle Cour va se démarquer et quel but elle choisira de faire sien...
Désolé, y a pas encore de test pour les W'adrhun.