Châtiment

66 réponses, 18687 vues


Damas roula au sol, enveloppé par une vague de poussières et de débris. Sans perdre un instant, le légionnaire se remit sur ses pieds, le fusil laser calé contre son épaule. Les râles d’agonie des blessés se faisaient à peine entendre, sûrement à cause du désagréablement bourdonnement qui inondait ses oreilles.


Le nocturnien chercha du regard le sergent ; ce dernier semblait lui aussi complètement dépassé par les évènements. La fontaine avait complètement disparu, ne laissant qu’un monceau de gravas noirci et couvert des restes des infortunés orks qui s’étaient réfugiés derrière.


Un battement de cœur. Puis une voix aussi désagréable que connue tombant du ciel comme un ange des plus insolite.


« Grouillez-vous de monter ! Ils reviennent en force. »


Damas grimaça. Les voies de l’Empereur Dieu avaient beau être impénétrables, le choix de certains de ses apôtres laissait à désirer. Plus vif que lui, Wael attrapa le noble déchu par le bras. Bien vite, ils se retrouvèrent à avaler les marches de l’escalier dans une course effrénée. Malgré la fatigue, malgré la douleur sourde qui avait de nouveau trouvé place dans son crâne, Damas exultait de joie et d’excitation : ils avaient survécu à ces choses sans coup férir. Ils avaient une chance de s’en sortir vivant.


Devant lui, Wael fonçait aussi vite qu’il lui était possible. Là ! Higgins se trouvait dans l’embrasure d’une porte, leur criant quelque chose. Insultes, encouragements, avertissements… Damas ne comprenait rien, et il s’en moquait. La sortie vers l’étage supérieur était là.


Wael s’engouffra derrière Higgins, et Damas fit de même. Les apôtres n’étaient vraiment plus ce qu’ils étaient. Un lance-grenades à la main, ce qui sembla être jadis un cigare à la bouche, Poubelle tirait désormais sans discontinuer sur les orks en contrebas. L’Omphalien y prenait un plaisir évident, malgré les rafales qui commençaient à balayer leur position. Les orks étaient vraiment, mais vraiment de pathétiques tireurs. Pour autant, Damas ne tenait tout de même pas à rester dans les environs pour leur permettre d’améliorer leur défaillance à ce niveau.


Les autres semblaient être de son avis. Mécaniquement, Damas rechargea son fusil. Mieux valait éviter de tomber à sec devant l’un de ces colosses. Puis il se dirigea vers Dutch. Le légionnaire avait déchiré son pantalon à hauteur du genou. Ce n’était pas joli à voir. Il ne pourrait pas suivre le rythme, c’était évident. Higgins vint à côté de Damas, et à deux ils soulevèrent le noir par les épaules.


Wael ouvrait déjà la voie, s’enfonçant dans ce qui fut une galerie commerciale agitée. Aujourd’hui, ce lieu sinistre n’était occupé que par la poussière et les fantômes. Poubelle était resté en arrière, tirant une grenade de temps en temps pour couvrir leur lente retraite. Mais d’où était-il encore sorti ? Ce déchet humain était pire qu’un spectre, disparaissant et apparaissant là où on s’y attendait le moins. Là encore le camp de Paradisia semblait bien loin. Le gars qui se vidait de ses boyaux à longueur de journée n’était plus.


Wael hurla de se dépêcher. Plus facile à dire qu’à faire. Dutch serrait les dents à s’en briser la mâchoire. Mais même handicapé, il continuait à scruter les vitrines alentours ; une embuscade à ce moment là aurait été fatale.


Le sergent arriva au bout de la galerie marchande, près d’une porte de sortie d’urgence. Un tir dans le cadenas qui la bloquait, et la liberté se trouvait enfin à leur portée. Une rafale passa non loin d’eux.


Damas jeta un regard paniqué par-dessus son épaule. Poubelle courrait comme un dératé pour les rejoindre, des orks sur les talons. Le lance-grenades devait être à court de munitions ; c’est ça le problème dans la récupération songea amèrement le nocturnien.


Le sergent ouvrit le feu pour les couvrir ; mais ses tirs se révélèrent inefficace, les orks étant cette fois gagnés par une sorte de frénésie les poussant à en finir avec leurs proies.


Damas, Higgins et leur blessé atteignirent enfin la sortie. Le trio dévala l’escalier d’urgence aussi vite que le genou de Dutch le permettait. Wael et Poubelle les suivaient, les exhortant à aller toujours plus vite. A une trentaine de mètres devant eux, les ruines d’un bloc d’habitation constituaient un labyrinthe idéal pour semer leurs poursuivants. Trente mètres et la vie.


Déjà Poubelle avait atteint les couverts salvateurs. Encore quelques mètres.


Un impact sourd. Dutch fut projeté en avant, littéralement arraché des épaules de Higgins et de Damas. Du sang s’écoulait de son dos mis en charpie. Deux impacts. Deux simples balles de ces monstres avaient suffis à jeter le noir au sol à jamais. D’autres tirs.


Les deux légionnaires ne s’attardèrent pas avant de se jeter à couvert, laissant le corps sans vie de leur compagnon derrière eux. La rage au cœur, Damas se saisit de son fusil laser avant de faire volte face. Ses tirs désordonnés et inefficaces n’eurent pratiquement aucun effet. Wael se jeta à ses côtés et lui hurla des ordres qu’il ne comprenait pas. Qu’il ne voulait pas comprendre ! Higgins se joint à Wael, et tous deux tentèrent de faire bouger le noble déchu qui se débattait désespérément. Il refusait de laisser le corps du légionnaire abattu aux orks. Il refusait… il refusait…


« Il bouge ! »


Le cri de Damas immobilisa le sergent et son gorille. Devant eux, au milieu de la poussière du sol, Dutch venait de bouger le bras. Le légionnaire à l’agonie cherchait à récupérer son arme tombée non loin. Mais les orks s’approchaient déjà de lui, leurs armes aussi rudimentaires qui mortelles crachant leurs volées de plomb vers les couverts où se trouvaient Damas et ses compagnons.


« Il faut le sauver ! Tirez ! Tirez ! »


Higgins épaula son arme, avant de libérer rafale sur rafales. Wael hésita quelques secondes, avant de faire de même. Poubelle avait de nouveau disparu.


Un duel de tirs. Une tempête de lasers et de projectiles. Avec au centre un légionnaire agonisant, se débattant désespérément tel un poisson hors de l’eau.


Damas toucha par trois fois un ork imposant, mais ce dernier ne semblait même pas indisposé par les impacts de laser. Par l’Empereur ! Ces créatures étaient insensibles à la douleur. Damas tira encore et encore jusqu’à l’épuisement de son chargeur. Le nocturnien abaissa son arme pour la recharger, avant de se pétrifier. Là ! Sur leur gauche, l’un de leur Leman Russs venait d’apparaître ! Non. Ce n’était plus un char défendant la cause de l’Empereur, mais un blindé appartenant désormais à cette vile engeance.


Damas hésita. Ils n’avaient rien pour abattre cette menace. Pire, un seul tir de cette machine les anéantirait tous. Et inutile de compter sur l’apôtre nauséabond cette fois, les miracles n’ont pas lieu deux fois.


Wael et Higgins avaient visiblement remarqué le nouvel acteur de cette tragédie. L’imposant char allait les massacrer. Dutch était perdu. Dutch était…


Une vision d’horreur traversa l’esprit de l’ancien capitaine. Une vision d’horreur remontant aux émeutes de ruchiers sur son monde natal. Une image insupportable, où des blessés incapables de se mouvoir avaient été écrases par les chenilles implacables de leurs transports. Des ruchiers tués de la plus abominable des façons. A l’époque, cela ne l’avait même pas atteint ; les rebelles méritaient leur sort, tel était le credo qu’il avait appris depuis sa prime enfance.


Mais un de ses compagnons méritait-il ce sort ? Dutch ne semblait même pas conscient de ce qui se passait. Le blindé roulait à pleine vitesse dans sa direction. Damas se tourna vers Wael ; ils devaient faire quelque chose, ils ne pouvaient pas laisser Dutch périr ainsi.


Un trait de lumière. Le repos de l’Empereur. Damas ferma les yeux. Mais il était trop tard là encore ; à jamais il verrait le visage froid et dur comme de l’acier du sergent. A jamais il le verrait tirer un seul et unique coup vers leur camarade. La miséricorde du sergent.


Il ne se retourna pas lorsqu’il entendit le char volé passer juste devant eux, écrasant au passage le corps sans vie de Dutch. La miséricorde du sergent.


Damas s’enfonça dans le labyrinthe de décombres, suivi de près par Higgins et Wael.


Il ne se retourna même pas quand le Leman Russ se mit à bombarder leur précédent couvert.


Bon, pas mal, mais un peu flou...


Et ce pour plusieurs raisons:


-La scène de combat est trop théatrâle: "il va mourir? Non, il se relève! On va le sauver! Mais ils arrivent! Tiens, un char..." etc.


Et le Leman Russ ne peut pas les atteindre, pourtant ils le voient? Bizarre.


-La galerie commerciale me semble déplacée, et la transition avec des blocs d'habitations n'est pas très clair.


-Attention aux répétitions des mots apôtres, noble déchu, et chose pour les orks.


-Le style reste bon, ne le perd pas, parce que (c'est peut être moi) mais j'ai été un peu déçu.


Le Rat, très critique comme critique.


Citation :Le Rat, très critique comme critique.

Il n'y a pas de mauvaises critiques, que des critiques constructives.




Citation :-Attention aux répétitions des mots apôtres, noble déchu, et chose pour les orks.

J'essaye, j'essaye, mais arrive un moment où même avec tout mon vocabulaire je tombe un peu à court.^^ Je vais faire plus attention quand même. (Mais certaines répétitions sont clairement voulues.)




Citation :-La scène de combat est trop théatrâle: "il va mourir? Non, il se relève! On va le sauver! Mais ils arrivent! Tiens, un char..." etc.
Et le Leman Russ ne peut pas les atteindre, pourtant ils le voient? Bizarre.

Je sais, je sais.^^ Mais je crevais d'envie d'écrire une telle scène depuis très longtemps. En fait, le passage dans le commercia et la scène du tank viennent de deux inspirations : "L'armée des morts" (Le premier et le remake, qui sont tous deux excellents.) et un épisode de la série "Band of brothers".


Le centre commercial est celui du premier film (Référence à la fontaine avec un cadavre dedans), le passage du char qui écrase tout est une référence au second.


C'est vrai que cela fait très théatral, très cinéma. Mais en même temps c'est ce que je cherchais car il me fallait une transition aussi surfaite que violente pour pouvoir effectuer une cassure très brutale avec la suite. Cet essai est en fait destiné non seulement à m'éclater mais aussi à essayer plusieurs techniques d'écriture, pour voir comment elles s'articulent et quel effet cela a sur le lecteur. (Et les différents retours que j'ai sont parfois assez surprenant et concluant.)




Citation :-Le style reste bon, ne le perd pas, parce que (c'est peut être moi) mais j'ai été un peu déçu.

J'essaie de maintenir un style uniforme sans aller vers la facilité. Ce qui explique parfois le décallage entre mes posts ; je reprends parfois plusieurs fois un passage pour le rendre le plus crédible possible tant sur la forme que sur le fond ; c'est pour cela que les parties traitant essentiellement de l'intrigue sont plus longues à être mises en ligne, car même si mon fil rouge est déjà établi, il me faut parfois procéder à certains réajustements pour introduire des variantes ; (En effet, le passage des tanks volés est de toi, tu m'en as donné l'idée.) pour autant, j'aimerai que tu m'explicites plus ce qui t'a déçu sur ce passage. Le cîté action, les transitions rapides basées sur un "effet cinéma", ou tout simplement l'absence d'introspection sur ces dernier passages de Damas? Ou autre. Je suis toujours preneur de ce genre de réflexion, car c'est extrêmement important.


* * *


Un silence lourd. Pesant. Damas scrutait les environs de leur nouvel abri, cherchant à distinguer quelque chose ou quelqu’un dans le paysage dévasté qui s’offrait à lui. Des carcasses refroidies de blindés calcinés, des corps brisés amoncelés, un étendard déchiré et souillé par le sang gisant sur le sol là où il avait été abandonné. Voilà tout ce qui s’offrait au regard des légionnaires survivants.


Les combats avaient cessé ici depuis plusieurs jours maintenant. Tout comme dans le reste de la cité. Le bourdonnement lointain de l’artillerie en marche avait complètement cessé. Les orks semblaient eux aussi avoir totalement déserté la cité en ruines, sûrement pour mieux poursuivre les armées du maître de guerre en déroute. Les orks avaient bel et bien gagné cette bataille, et Damas se demanda comment il pourrait quitter cette planète en vie maintenant.


Des ronflements s’élevèrent d’un coin de la pièce ; le sang-bleu se demanda comment l’Omphalien avait réussi à trouver le sommeil dans ces conditions. Même complètement épuisé, Damas ne pouvait se résigner à prendre un peu de repos, tant sa crainte était grande de ne pas se réveiller cette fois.


Quelque chose n’allait décidément pas. Eric Damas continua à scruter les environs, essayant de détecter une présence vivante, humaine peut-être, d’autres survivants éparpillés comme eux. Depuis qu’ils avaient fui le centre commercial, quelques jours auparavant, ils avaient eut l’occasion de croiser quelques groupes étriqués de combattants, la plupart blessés et le regard hagard. Mais Wael avait ordonné de rester caché et de les éviter soigneusement.


Vu leur dernière expérience, la précaution avait semblé élémentaire à Damas ; mais l’insistance avec laquelle le sergent avait semblé vouloir se cacher même aux groupes les plus restreints et visiblement inoffensifs avaient fini par avoir quelque chose de dérangeant. De plus, lui et ses deux chiens survivants avaient semblé de plus en plus agités ces derniers temps. Pas seulement à cause de la situation, mais à cause d’autre chose aussi. Damas ne pouvait même plus aller uriner tranquillement dans un coin sans sentir sur sa nuque le regard pesant de l’un ou l’autre de ses compagnons.


Même là, alors qu’il effectuait son tour de garde, le nocturnien savait que le regard de Higgins le suivait partout à travers ses paupières faussement fermées. Une désagréable sensation. Une désagréable situation.


Damas attrapa sa gourde à moitié vide, avant d’en boire une rapide gorgée. Leurs rations étaient pratiquement épuisées maintenant, et Poubelle ne semblait pas décider à partir en quête de nourriture comme il l’avait déjà fait à de nombreuses reprises. Les risques étaient sûrement trop élevés, ou alors… Ou alors il ne voulait plus se séparer du reste du groupe.


Mais pour quelle raison ? Sécurité ? L’escouade du sergent était désormais réduite à sa plus simple expression, et se séparer n’aurait fait que les affaiblir encore plus. La peur peut-être ? L’attaque dont ils avaient fait la cible, puis la fuite devant les orks, la mort de Dutch… Certains auraient craqué pour bien moins que ça. Mais cela ne collait pas, Damas commençait à saisir suffisamment l’Omphalien pour comprendre que ce dernier se moquait de tout cela comme de sa première corvée.


Ou alors… Le surveiller. Comme Wael. Comme Higgins.


Le nocturnien fit mine de se retourner pour chercher quelque chose par terre. Les chargeurs restant n’étaient plus qu’au nombre de huit, dont la moitié étaient presque vide. Cela il le savait parfaitement. Il les redisposa légèrement pour que les rares rayons de soleil à percer la couche nuageuse les touche, pour espérer les recharger un peu. Que cela soit désormais inutile, il le savait tout aussi parfaitement. Mais le mouvement furtif des yeux de Higgins ne put lui échapper. Oui, il était surveillé. Couvé même, comme une poule couvait ses œufs. Ou un voleur son trésor.


Damas se remit à son poste, son cerveau tournant en tous sens. Wael lui avait bien dis que quelqu’un voulait le sauver, et que quelqu’un d’autre voulait sa peau. Mais était-ce seulement vrai ? Damas avait présupposé qu’Alicia avait cherché à le récupérer en engageant ces hommes-là, mais maintenant il était convaincu que cela ne pouvait être.


Son amante, sans disposer de la puissance de son père, avait de nombreuses ressources à sa disposition de par sa place dans la hiérarchie de la ruche. Elle était pratiquement l’égale des chefs des différentes maisons ; nul doute qu’elle s’y serait prise différemment pour le sauver, pour le récupérer.


Tout cela sonnait faux. Son arrestation, sa déportation, ses anges-gardiens. Rien ne collait.


Rien ne collait, car Alicia n’aurait pas pu seule monter une telle opération. Evidemment, de par sa filiation, elle était un élément incontournable de la ruche, disposant entre ses mains de nombreux pouvoirs. Mais cela ne tenait au final qu’à la volonté de son père de satisfaire ou non ses désirs. Ou plutôt ses caprices.


Damas secoua la tête. Qu’est ce qu’il lui prenait désormais de considérer son amante comme une femme capricieuse ? Non, une fille capricieuse. Avec le recul, la plupart des actes d’Alicia Hozmichel semblaient être marqués du sceau du caprice et du désir infantile. C’était vrai.


Malgré ses dehors sophistiqués, sa naissance et ses manières, Alicia fonctionnait énormément au désir et au caprice. Ses pairs l’avaient constaté depuis longtemps, mais lui s’y était refusé. D’une part du fait de son amour aveugle, d’autre part parce que partager la couche de la fille unique du gouverneur de la ruche comportait un certain nombre d’avantages indéniables. Notamment le fait de pouvoir choisir certaines des missions qu’effectuait son régiment dans la ruche, par les suggestions faites au gouverneur via sa fille.


Il était toujours plus gratifiant d’effectuer les missions les plus glorieuses, tandis que celles de faibles importances étaient données à ses sous-fifres, tel le lieutenant Lore.


Mais alors… Qui voulait bien vouloir le sauver, et qui le tuer ? Si Alicia ne disposait pas du pouvoir de le sauver, son père pouvait faire jouer ses relations pour le récupérer discrètement. Mais dans ce cas, cela aurait été fait de façon bien plus subtile et sûre que via une poignée de légionnaires miteux et corrompus. Il aurait sûrement fait appel à des hommes de confiance. Comme ses voltigeurs. Que Damas et ses gardes-chiourmes avaient justement croisé dans des conditions peu claires !


Un long frisson parcourut l ‘échine du capitaine déchu.


Si les voltigeurs avaient essayé de le récupérer pour le compte de la famille Holzmichel, alors pour qui travaillaient Wael et ses gars ? Pour son père ? Pour une autre famille ? Quel était donc l’intérêt de le maintenir en vie hors de portée du gouverneur et de sa fille ?


Un éclair de lucidité traversa l’esprit de Damas. Certaines des pièces du puzzle commençaient à s’emboîter sous une nouvelle perspective.


Dans la folie qui l’avait poussé à vouloir déserter son régiment, il était devenu un élément gênant. Gênant pour la famille Damas, car il jetait dès lors le discrédit sur son père et les siens. Gênant pour le gouverneur, car ce dernier connaissait sûrement la liaison qu’il entretenait avec sa fille. Dès lors, si l’amant de cette dernière venait à déserter, lui-même aurait été éclaboussé et sanctionné par l’arbitrator Kalfon, responsable de la justice de l’Empereur sur Nocturnus jusqu’à ce qu’il fut affecté à la légion pénale de Paradisia.


Le plus simple pour son père et pour le gouverneur aurait été dès lors de le faire éliminer de façon publique : une famille honnête et un gouverneur de ruche fidèle à l’Empereur Dieu faisant eux-mêmes le ménage dans leurs rangs pour s’assurer de la fidélité de tous envers leur seul Seigneur et Maître. L’armée aurait-elle aussi été des plus satisfaite : un procès public pour l’exemple, une exécution sommaire et rapide dans la foulée. Rien de mieux pour s’assurer du maintien de la discipline dans les rangs.


Mais si une autre maison avait eut vent de ses plans, elle-aussi se serait empressée de le dénoncer, afin de déstabiliser le gouverneur et la maison Damas ; une telle occasion de jeter le discrédit sur deux éléments de la ruche pour tenter de prendre leur place ne se présentait pas tous les jours. Il s’agissait même d’une occasion inespérée. Dans tous les cas de figure, il aurait du périr. Et dès lors, jamais Holzmichel n’aurait envoyé ses voltigeurs le récupérer. D’ailleurs, en aurait-il eu seulement eu le pouvoir maintenant que le XVI° était passé sous le contrôle du maître de guerre ?


Damas se sentait de plus en plus mal à l’aise ; de la sueur commençait à perler sur son front. Le soleil se faisait de plus en plus déclinant. Encore une heure ou deux et la nuit serait là, leur permettant de bouger de nouveau vers… Mais vers où ? Où Wael les emmenait-ils depuis le début ? Il avait affirmé être son ticket de sortie, c’était donc qu’il avait un moyen de quitter la planète. Un vaisseau de transport sûrement. Mais sur un monde infesté d’ork, qui serait suffisamment fou ou audacieux pour tenter de les extraire par un moyen aussi visible.


Le nocturnien en était désormais sûr. Il n’était certes pas encore en vie par hasard, mais Wael lui mentait depuis le début. Pour autant, il s’agissait de sa seule voie de salut possible pour le moment, il était donc obligé de le suivre. Du moins jusqu’à ce qu’il trouve une autre solution. Et une réponse à ses questions.


Damas vérifia qu’il portait toujours le couteau donné par Poubelle ; il lui serait sûrement utile avant la fin.


Bien, ça s'anime.


L'orthographe est respecté cette fois (un edit sur prêts/près et fesait/faisait le confirmera ;)


Sur la forme, tu es toujours aussi exigeant avec le lecteur auquel tu confies d'imaginer le décor. Moi, j'apprécie (I'm a freeman, not a number), comme la succession de phrases courtes dès que l'action s'emballe, à une condition près : l'avantage des phrases courtes est qu'elles permettent d'en glisser une de temps en temps qui fait le relais/orientation descriptif. Un mot suffit souvent.


D'où peut-être la remarque de notre Rat sur la galerie commerciale, dont l'inapropos vient en fait de l'absence descriptive du décor et donc d'un retour, par defaut si l'on peut dire, sur le standard 40k de la ville gothique en ruines. Une telle ville n'a pas de galerie commerciale (mais une travée d'échoppes, un bloc d'ateliers, un forum marchand...).


Sur le fond, amha, un peu trop de rapidité :


- le capitaine Eric Damas, noble, officier, se pisse dessus quand une ombre brandit un truc indiscernable. Il est devenu émotif, le Rico.


C'est possible, je ne dis pas, l'épuisement physique et nerveux, l'inconnu, peuvent expliquer cette soudaine baisse de forme. Mais tu la traites amha trop rapidement, sans souci des conséquences : au moins rappeler que le sergent le méprise, voire la honte ressentie par Damas lui-même (ça secoue quand même un peu de se pisser dessus quand on a une bonne opinion de soi-même).


- Que le mauvais génie soit en fait un bon est un outil classique de narration, ici efficace, car demeurant mercantile (il y a du Ian Solo dans le sergent Wael). Damas est un enjeu, Wael ne lui dit pas ce que poursuit Alicia mais simplement ce qu'il sait. Le chemin du héros reste donc obscur, Damas reste donc héros.


Ce qui cloche, c'est le cadavre de l'intermédiaire en grand uniforme nocturnien. Ma première déduction fut que le fluff 40k t'a conduit à ce choix, plutôt que d'user d'un ganger dont la description explicitative aurait alourdi ton récit. L'autre possibilité (je commente ici en seule position de lecteur) est que la légion pénale qui emprisonne Damas combat, en fait, aux côtés de l'ex-régiment nocturnien de Damas dont le départ pour la Garde Impériale a débuté le récit.


Bref, tout ça pour dire qu'il manqua, lors de la découverte du cadavre du nocturnien, d'une petite déduction damasienne à l'usage du lecteur, afin que le jeu de piste reste un jeu (interactif) et pas une simple attente (incohérente avec l'exigeance citée plus haut).


<i>J'allais cliquer sur Ajouter ma réponse quand j'ai aperçu la tienne au Rat et la suite du récit. Bon, amha, la remarque ci-dessus demeure. Au vu de ces nouvelles informations, j'ajoute cependant :</i>


La piste que tu nous fais suivre est la délocalisation d'une affaire planétaire, un scandale potentiel avec des conséquences sur les puissants locaux, vers l'abri du supra-planétaire, un régiment de la Garde Impériale. Comme tu le soulignes d'ailleurs à travers les réflexions de Damas, les ponts sont difficilement maintenus entre ces deux niveaux, pas de réaction possible en simultané. La conclusion de l'exil est donc programmée depuis le début. Soumis à l'isolement spatio-temporel, Damas le sait, Wael aussi. Pourtant trois jours viennent de passer depuis la révélation de Wael sans que Damas n'ai même interrogé ses geoliers (son couteau, et son courage relatif, peuvent être insuffisants face aux trois cerbères, mais la voix...).


Ok.


Suite à des critiques concordantes, il m'apparait que je traite trop rapidement certains passages ce qui conduit à des confusions que je ne fais logiquement pas car j'ai l'ensemble des cartes en main, mais le lecteur lui ne peut pes deviner ce que je sais. Je ne peux donc pas supposer qu'il devinera certains éléments si je ne lui donne pas les pistes adéquates.


Donc il s'agit d'un gros point d'amélioration.


Après relecture des deux derniers chapitres (Pfioouuu! Il y en a quand même des fautes à corriger), il m'apparait encore plus clairement que certains passages se voulant rapides et dynamiques (La baston dans la galerie commerciale) sont non pas bâclés mais vraiment, vraiment trop rapide.


En fait, je pense que j'ai tout simplement mal traités ces passages, que j'aurais du aborder différemment. Le poser plus, pas comme une course poursuite effrénée mais peut-être comme une partie de cache chace plus tendue. (A réfléchir.)


Concernant les modifications du comportement de Damas, oui effectivement il devient émotif pour les raisons que tu cites ; cependant une fois de plus j'ai été trop hatif. Rappeler les considérations d'autrui vers mon "héros" n'aurait pas été de trop.




Citation :Ce qui cloche, c'est le cadavre de l'intermédiaire en grand uniforme nocturnien. Ma première déduction fut que le fluff 40k t'a conduit à ce choix, plutôt que d'user d'un ganger dont la description explicitative aurait alourdi ton récit. L'autre possibilité (je commente ici en seule position de lecteur) est que la légion pénale qui emprisonne Damas combat, en fait, aux côtés de l'ex-régiment nocturnien de Damas dont le départ pour la Garde Impériale a débuté le récit.
Bref, tout ça pour dire qu'il manqua, lors de la découverte du cadavre du nocturnien, d'une petite déduction damasienne à l'usage du lecteur, afin que le jeu de piste reste un jeu (interactif) et pas une simple attente (incohérente avec l'exigeance citée plus haut).

Hum... Là en revanche, je laisse plutôt la déduction logique au lecteur. Il s'agit bien évidemment de la seconde solution, la réponse ayant été donnée de façon fragmentaire tout au long du récit. --> fondation + réquisition d'une légion pénale, le tout dans le même secteur.


Merdum, rien qu'en écrivant ça, je me rend compte que le lien logique que je fais moi-même, le lecteur ne le fera sûrement pas. Je mérite de me faire flageller par une bande de soeurs de bataille même pas en sous-vêtements pour la peine. (Ce qui rejoint le point d'amélioration cité plus haut.)




Citation :Pourtant trois jours viennent de passer depuis la révélation de Wael sans que Damas n'ai même interrogé ses geoliers (son couteau, et son courage relatif, peuvent être insuffisants face aux trois cerbères, mais la voix...).

En effet, trois jours sans questions. Puis elles surviennent. Pas comme cela, certes, mais Damas est lent au démarrage. Il lui faut du temps avant de commencer à briser ses certitudes, mais quand ça survient, ça devient bon. (Nooooonn, ce n'est pas un auto-portrait. Arrêtez de me regarder en vous marrant.)


Dwarf, la voix? Hum... va falloir que je ramène la Tour des Anges moi...


La Tour des Anges?


Boh comme tu veux, mais le troisième m'a déçu après relecture (Will devient tête-à-claque et ils trouvent des bambous dans la dimension parallèle).


Rico?


Mais Alicia n'est pas l'engagée volontaire tueuse de tyranide à la Rambo de Starship Troopers...


Bon KDJE devine juste, c'est en effet ces deux choses qui peuvent être perturbantes, voir bloquantes, pour le lecteur.


On imagine que le lecteur a un minimum de connaissances fluffiques, mais tout de même:


-Le cadavre du Nocturnien; j'ai mis un temps pour comprendre, plongé dans mon champ de stase.


-Le passage de combat dans la galerie; décidément tu es littéraires Dwarfy, l'action rapide ne te conviens pas. Prend ton temps, c'est comme ça que l'on réussi des phases d'introspection impossibles à retranscrire au cinéma.


Je suis très honoré que tu ais fais d'une modeste idée un de tes meilleurs passage (et je suis un misérable vermisseau).


La phase de questionnement est amha bien écrite. Comme tout il ne faut pas en abuser. Là ça permet au lecteur de faire le point sans être lourd.


Bon, KDJE résume bien tout ça, et les réponses me conviennent, attendons la suite.


Le Rat, question ---> réponse...

(Modification du message : 11-03-2006, 13:35 par Rat.)

Citation :(Nooooonn, ce n'est pas un auto-portrait. Arrêtez de me regarder en vous marrant.)
Désolé ;D

Citation :Désolé ;D

Je te hais. ;-)




Citation :La Tour des Anges?
Boh comme tu veux, mais le troisième m'a déçu après relecture (Will devient tête-à-claque et ils trouvent des bambous dans la dimension parallèle).

On ne parle pas de la même, "petit".




Citation :Je suis très honoré que tu ais fais d'une modeste idée un de tes meilleurs passage (et je suis un misérable vermisseau).

Appele moi Dieu. Empereur Dieu. ^^


Voilà la fin du chapitre 4.


* * *


La nuit étendait son voile sombre sur la cité en ruine ; l’heure était enfin venue de reprendre la route dans les méandres des décombres. Les couinements de Poubelle se plaignant de la mauvaise qualité du sommier parvinrent aux oreilles de Damas. Seul un agacement général répondit aux plaintes de l’Omphalien.


Higgins s’empressa de ramasser les quelques chargeurs chargés en énergie, laissant ceux vides ou endommagés sur place. Damas fit mine de ne rien remarquer, mais ce détail ne lui échappa pas ; même le plus mauvais soldat conservait les chargeurs vides dans l’espoir de les recharger à la première occasion. Les abandonner sur place ne signifiait qu’une seule chose, c’est qu’ils ne seraient plus utiles.


Ils devaient s’approcher de leur but.


Damas chercha Wael du regard. Ce dernier ne se trouvait pas dans la petite pièce dévastée. Le Nocturnien voulut se mettre à la recherche.


« Où vas-tu ?


- Pisser. »


Higgins ne le lâchait décidément pas d’un œil.


« Je n’ai pas besoin qu’on me la tienne si tu veux tout savoir. »


Un grognement. Damas aurait la paix quelques minutes. Sortant de la pièce, le sang-bleu se mit à arpenter les couloirs dévastés du bâtiment. Les lieux avaient sûrement étés des bureaux avant la guerre, même si tout le mobilier avait disparu, sûrement emporté à la va-vite par le propriétaire de l’endroit ; l’imbécile n’aurait sûrement pas le temps d’en jouir, vu le que le sort des armes était joué. Quelques cadavres en décomposition gisaient au sol ; sans eux ni les nombreux impacts de balles ornant les murs, ce lieu aurait presque pu paraître paisible.


Mais au lieu de cela, il racontait l’histoire d’une guerre urbaine perdue, où chaque couloir, chaque pièce avait été le théâtre de combats sanglants. Les corps brisés des soldats du Dieu Empereur étaient étendus là où ils étaient tombés, parfois enlacés dans un combat infini avec la dépouille d’un ork.


Mais le pire provenait de l’odeur ; ce n’était pas l’âcreté des corps pourrissant qui gênaient le Nocturnien. Non, il s’agissait plutôt de la facilité avec laquelle il s’était habitué à cette puanteur. Cela faisait un moment déjà qu’il survivait dans cet immense charnier qu’était la cité en ruines, et l’odeur des morts n’avait cessé depuis de l’accompagner. De l’entourer. En attendant peut-être que lui-même rejoigne les corps tombés pour le contrôle de ce tas de ruines.


Une voix. Damas s’immobilisa, tous ses sens en alerte. Quelques secondes s’écoulèrent, avant qu’il ne distingue la voix de Wael s’adressant à… Damas commençait à se faire une idée de la personne à qui s’adressait le sergent. Lentement, le capitaine déchu s’avança vers ‘entrée d’une pièce. La voix de Wael se faisait de plus en plus nette, tout comme le grésillement de sa radio. Une petite radio portative, sûrement cachée jusque là dans ses affaires.


Le nocturnien jeta un œil rapide par la porte ; Wael lui tournait le dos, mais il avait vu juste. Le sergent avait une radio portative devant lui, et la discussion était des plus intéressante.


Damas se raidit soudain. Cette voix… Par l’Empereur Dieu tout puissant ! Cette voix !


« Le transport vous attendra jusqu’au matin. Si vous n’y êtes pas, vous devrez faire face aux conséquences.


- Oui monsieur. Nous serons à l’heure, mais je crains que nous n’ayons quand même des difficultés à échapper à nos poursuivants. Nous aurions besoin de renforts d’urgence.


- Contentez-vous de rejoindre le transport sans discuter mes ordres, ou il vous en cuira. Notre commanditaire s’impatiente, et Darden commence à s’interroger sur l’utilisation que je fais de certains de mes transports. Alors ramenez-moi le colis en vie.


- A vos ordres mon lieutenant. »


Ses soupçons se confirmèrent. Jamais ils n’auraient pu échapper aux combats qui avaient fait rage sans la complicité d’un haut gradé ; leur collier aurait sinon explosé depuis bien longtemps, dès que leur absence eut été signalée. Wael l’avait donc éloigné sur l’ordre et avec la complicité de Khalgar. Mais que lui voulait-il ? Il était évident que le colis en question n’était autre que lui-même. Quand-aux poursuivants… Inutile d’être devin pour comprendre qu’il s’agissait de son ancien régiment, le XVI°. Le cadavre qu’il avait trouvé avant l’accrochage ayant coûté la vie à Dutch ne laissait aucun doute à ce sujet. Mais pour quelles raisons le voulaient-ils?


Damas se redressa lentement, sans faire de bruit. Il allait repartir rejoindre Higgins et Poubelle, mais un léger bruit le fit sursauter.


Le Nocturnien eut juste le temps de se retourner avant de voir un poing foncer à pleine vitesse vers son visage. L’impact le projeta contre un mur.


« Mon lieutenant, nous allons devoir changer nos plans. Le colis est au courant. »


Higgins se dressa devant Damas, au sol. Un coup de botte fit tomber le sang-bleu dans l’inconscience.


Tiens, ça ce finit encore plus mal que d'habitude.


Si tu pouvais m'en dire plus sur cette Tour des Anges, je parferai ma culture personnelle.




Citation :quelques chargeurs chargés

Très original.




Citation :même le plus mauvais soldat conservait les chargeurs vides dans l’espoir de les recharger à la première occasion.

Damas est donc pire que le plus mauvais des soldats.


Sinon, à part quelques répétitions et la "voix" inconnue qui fait durer le supsense de façon assez classique, on poursuit l'histoire dans ton style.


Tu peux quand même nous donner plus d'informations... Radins ces nains... :) (hop un smiley ichtique).


J'avais bêtement crue que Pubelle était mort (contre-assimilation à Dorden et tout).


Je finis par m'embrouiller moi.


Aussi, les bureaux: si ce sont des bureaux de l'administatum, c'est un mélange de bibliothèque et d'usine (à mon avis). Donc les bureaux "secrétariat" sont peu adaptés.


Cetre, ça ne change pas grand chose mais tout de même, on est dans le 42° millénaire (et oui, en 2006)...


Le Rat, tes dialogues tiennent sur une page.

(Modification du message : 14-03-2006, 18:44 par Rat.)

Citation :Tiens, ça ce finit encore plus mal que d'habitude.

Héhé^^




Citation :Si tu pouvais m'en dire plus sur cette Tour des Anges, je parferai ma culture personnelle.

Voir le fluff Dark Angels.^^




Citation :<blockquote data-ipsquote="" class="ipsQuote" data-ipsquote-contentapp="forums" data-ipsquote-contenttype="forums" data-ipsquote-contentid="14928" data-ipsquote-contentclass="forums_Topic"><div>quelques chargeurs chargés

Très original.

</div></blockquote>

C'est voulu.^^




Citation :Sinon, à part quelques répétitions et la "voix" inconnue qui fait durer le supsense de façon assez classique, on poursuit l'histoire dans ton style.

Tu as lu trop vite, il n'y a aucun suspens, puisque je dis à qui appartient la voix.^^


Voilà la suite.


Chapitre 5 : le pion, la tour et la reine.


Le souffle haletant de son amante se faisait de plus en plus pressant. Eric caressa les courbes sensuelles d’Alicia, couvrant chaque parcelle de son corps de ses baisers. Les doigts de la jeune femme s’enfoncèrent dans le dos brûlant du militaire, lui arrachant un soupir de plaisir.


Eric renversa Alicia sur le dos, avant de faire courir ses lèvres sur sa poitrine offerte ; la jeune femme gloussait de plaisir dans la semi-obscurité de la pièce ; la peur se mêlait à l’excitation et au plaisir, les invités du gouverneur se trouvant dans la salle contiguë. Mais Alicia avait exigé que son amant la prenne dans le bureau personnel de son père, presque au su et vu de tous. Le militaire n’avait pas refusé longtemps, juste quelques moments pour faire monter le plaisir.


Alicia défit d’une main sûre les boutons de l’uniforme de son amant. Bientôt, le torse nu et puissant du jeune homme se colla à celui de son aimée, renforçant leur plaisir mutuel. Eric attendait ce moment depuis très longtemps ; celui où il pouvait conquérir définitivement la jeune femme à son rival, qui tomberait bientôt en disgrâce. Cet obscur capitaine disparaîtrait de la vie d’Alicia, le laissant seul maître de ses nuits.


Des râles de plaisir s’échappèrent des lèvres brûlantes de la jeune femme, alors que Damas se penchait sur elle, désireux de prendre ce qui lui était offert. Désireux de connaître le corps de la jeune femme et de s’assurer par-là de son avenir.


Alicia repoussa son amant au dernier moment, un sourire énigmatique sur le visage. Le jeune noble se releva, étonné et curieux de savoir où voulait en venir la séduisante jeune femme. Mais sous les yeux ébahis d’Eric, Alicia se rhabilla, avant de se diriger vers la sortie. « Peut-être plus tard » furent les seuls mots qu’elle prononça. Jamais le militaire ne se sentit aussi ridicule et frustré…


* * *


Damas se réveilla, son crâne complètement endolori. Il voulut bouger, mais il se rendit bien vite compte que ses mains étaient attachées dans le dos. Puis tout lui revint en mémoire ; la conversation, Higgins… Et son rêve. Avec un sourire frustré sur le visage, Damas pensa que le point commun entre ces deux situations venait du fait qu’il s’était à chaque fois « fait baisé. »


Et comme un bleu. Des vagues de douleur déferlèrent dans sa tête. Le légionnaire ne l’avait pas raté. Un coup d’œil autours de lui lui fit comprendre qu’ils avaient bougé ; combien de temps il était resté dans inconscient, il n’en savait rien. Il ne savait pas non plus pourquoi ils s’étaient arrêtés, la seule chose dont il était sûr était de la direction du canon du fusil. Juste vers son front.


« La belle aux bois dormant vient de se réveiller. Il ne fallait pas être si curieux mon gars. »


Poubelle. Encore et toujours lui. Le visage méchant et satisfait de l’Omphalien irrita profondément le Nocturnien. Plus que le fait de se retrouver prisonnier.


« Dommage pour toi, tu aurais mieux fait de rester tranquille plutôt que de fouiner. »


Wael cette fois. Le sergent se trouvait là, lui aussi. Seul manquait Higgins. Sûrement parti en reconnaissance. Damas se fustigea de s’être montré aussi imprudent.


« Vous n’êtes pas là pour me faire sortir libre de cette planète.


- Bien sûr que non, répondit le sergent. Il t’en a fallu du temps pour comprendre.


- J’avais déjà compris depuis un moment, mais j’avais besoin de savoir qui commanditait cette opération. »


Le sergent s’assit sur une chaise en bois usagée. Encore une nouvelle planque, une petite chambre cette fois. Pas le même bâtiment. Une faible luminosité traversait les volets fermés de la pièce ; la nuit n’était apparemment pas encore très avancée. Il avait du rester inconscient une ou deux heures tout au plus.


« Je veux bien te croire. Tu as beau être stupide, il était évident que tu finirais par saisir quelque chose. Mais de toutes façons, il est trop tard pour toi.


- Et pour vous aussi. Une fois que Khalgar m’aura, vous mourez tous pour qu’il n’y ait aucune trace.


- Bien essayé, mais non. Nous sommes les partenaires. Khalgar et nous sommes partenaires sur cette opération, et notre commanditaire… Enfin, tu n’as pas besoin de savoir tout cela.


- Pourquoi suis-je toujours en vie ?


- Toujours curieux hein ? Transporter un cadavre est encombrant, et on a besoin de toi vivant. Pour un petit moment encore. »


Tout en posant ses questions, Damas cherchait à toute vitesse un moyen de s’échapper, de se libérer de ses entraves pour fuir le plus loin possible. Ou éliminer ses nouveaux geôliers. Mais il était solidement attaché, et ses armes lui avaient bien évidemment été confisquées. Le Nocturnien se résigna à attendre une opportunité. En espérant qu’elle survienne.


Mais en attendant, il devait en savoir plus.


« Pourquoi Hozmichel a besoin de moi en vie ? »


Poubelle tourna son visage surpris vers le sergent. Ce dernier fronça les sourcils. Sans répondre. Mais la réaction de l’Omphalien avait été riche en enseignements.


« Hozmichel vous a payé pour me ramener en vie. Pour que je lui serve à quelque-chose. Sûrement à faire pression sur mon père, non ? Peut-être est-il trop gênant ? Non, il est sûrement trop gênant. C’est évident. Et je suis le parfait moyen de pression. »


Le visage du sergent s’empourpra. Damas sut qu’il avait visé juste. Un coup de botte l’atteignit en plein foie. Le sang-bleu se plia en deux, le souffle coupé. Décidément, donner des coups à tout bout de champ était la mode.


« Ce que le gouverneur veut de toi, tu le sauras bientôt. »


Un sourire narquois illumina le visage de Damas malgré la douleur. Wael regarda son prisonnier, surpris. Le ricanement qui s’échappa des lèvres du Nocturnien finit par faire réaliser à Wael son erreur. Ce dernier se défoula sur son prisonnier, le frappant à coup de pieds, libérant sa fureur.


Malgré les coups, Damas ne pouvait s’empêcher de se sentir satisfait ; jamais il n’avait précisé à quel Hozmichel il faisait allusion. Le père ou la fille… Il tenait désormais la réponse.