Avec mes divers projets, et ma demi-flemme chronique, je prends pas mal de retard, mais cette fois, les différents éléments et les passages difficiles sont tous mis sur papier écran. Je vous laisse profiter, car bientôt, le fracas des armes résonnera et les têtes éclateront comme des fruits trop mûrs. (Mwahahahahahaha ! Hum ! Bonne lecture et au prochain chapitre).
Chapitre 8 : L'imposteur est démasqué
Le retour au campement se fit sans un mot entre Erika et son mentor. Homstedt avait laissé comme un vide en eux. Pour Erika, c'était du à l'étrange expression qu'avait pris le devin avant qu'ils ne le quittent, pour Heldegard, c'était l'approche maintenant inéluctable du combat. Mais d'autres soucis allaient les préoccuper.
Lorsqu'il atteignirent leur bivouac, Erika nota un détail qui la surprenait fort : Heldegard dormait encore devant le feu, comme si de rien n'était. Et elle se voyait elle-même à son tour de garde. Elle se tourna vers le Heldegard qui se tenait debout à côté d'elle, et celui-ci lui dit en souriant : « Voilà un sort que tu devrais pouvoir maîtriser après quelques années de pratique. » Sur, ce, il leva la main en direction du bivouac, et le feu n'était plus que braises, tandis que l'Heldegard endormi laissait place à des couvertures froissées. C'était un sort d'illusion très puissant, car même la chaleur du feu et le son de ses crépitements ont été recréés. Mais il y avait quelque chose d'autre qui avait changé : leurs sacs avaient été déplacés.
« -- Professeur, est-ce que c'est vous qui avez déplacé nos affaires avant de venir chez l'ermite ?
-- Pas le moins du monde. »
Un rapide inventaire permit de comprendre que seul le livre emballé du chaman avait été dérobé.
« Vous pensez que le pyromancien... ? » commença Erika.
« -- C'est fort probable. Il va falloir le retrouver avant qu'il ne fasse des dégâts, et vite.
-- Si c'est lui, il aura peut-être rejoint les troupes de Talabheim.
-- S'il l'a volé pour la curiosité, peut-être, mais s'il sert l'ennemi, alors il s'est probablement déjà enfui. Tu vas aller voir du côté de la garnison. Moi, je fouille les environs. »
Par précaution, Heldegard remit à son apprentie un parchemin de dissipation. Erika se dirigea alors droit vers le campement de l'armée, installé au sud de Gruyden. Les abords étaient bien gardés, mais il fallait autre chose pour stopper une umbramancienne. Elle n'eut aucun mal à pénétrer dans le campement sans se faire remarquer grâce aux quelques sorts qu'elle connaissait. Elle eut alors une pensée soudaine : étant donné qu'elle possédait une assez bonne maîtrise des sorts de base, cela signifiait qu'elle approchait peu à peu du rang de compagnon sorcier, ce qui lui permettrait de voyager dans l'Empire de façon indépendante, sans son mentor.
« Eh, c'était quoi ça ? »
Erika venait de se prendre les pieds dans un sac de provisions. Elle n'eut aucun mal à éviter les ennuis, mais maintenant les gardes seraient davantage sur leurs gardes. Elle s'écarta pour tomber sur la zone où logeaient Luhor Huss et ses flagellants, lesquels avaient entonné une funèbre litanie. Elle était finalement arrivée à l'extrémité est du campement, où les chevaliers du Soleil Flamboyant côtoyaient les épéistes de Talabheim. Elle savait que, comme les gens avaient tendance à se méfier des sorciers, ces derniers prenaient alors l'habitude de dormir à l'orée d'un campement pour rester relativement tranquilles. Elle n'avait alors qu'à se laisser guider par Ulgu pour trouver la trace du pyromancien.
Elle laissa son âme déborder de son corps et se mêler lentement au vent gris de magie. Une telle entreprise est toujours risquée, car le vents de magie sont parfois capricieux, et peuvent altérer l'esprit de façon irréversible. Erika pourrait alors basculer dans la folie et s'abandonner au Chaos, mais elle savait ce qu'elle faisait. C'est alors que le vent gris lui fit signe. Elle leva les yeux et vit que la magie était à l'œuvre : un vortex se formait dans le ciel, et s'agrandissait peu à peu. Sa source provenait des arbres, à l'extérieur du campement. Les paroles de l'ermite revinrent alors à l'esprit de la jeune sorcière : « L'ennemi, le vrai, va frapper là où il n'est pas attendu, et son coup sera le plus terrible. »
Erika ignorait ce qu'il risquait de se passer, mais elle ne voulait pas le savoir. Elle sentait qu'elle devait agir vite. Elle saisit le parchemin que lui avait laissé son mentor et se mit à le réciter. Elle commença par un murmure, avant de hausser la voix en dirigeant sa main vers le vortex, qui se referma finalement, et le parchemin entre ses mains tomba en poussière.
« INTRUS ! Un intrus dans le camp ! »
Erika aperçut un homme équipé d'une armure de plates laquée en noir, avec les bordures dorées. Il tenait une épée à la main, et un garde équipé d'une arquebuse se précipita et mit son arme en joue, prêt à tirer. Il portait la livrée rouge et verte du Hochland.
« -- Identifiez-vous sur le champ, ou j'ouvre le feu !
-- Mille excuses messieurs... »
Ne jamais révéler son identité a toujours été une règle chez les sorciers gris, mais se garder de dire que l'on était un sorcier ou une sorcière l'était encore plus du fait qu'un tir d'arquebuse ou un passage au bûcher pouvait en être la conclusion.
« -- Je ne suis qu'une mendiante. Je cherchais seulement...
-- Pas la peine de gaspiller ta salive sorcière, le coupa le chevalier. Je t'ai vu à l'œuvre. Tu as récité une formule sur un parchemin qui est tombé en poussière. »
Erika était mal partie. Il lui fallait gagner du temps pour trouver une solution.
« -- Comment es tu entrée dans ce campement ? Parle !
-- Je pense que vous souhaiteriez plutôt savoir ce que j'ai fait avec ce parchemin. » répliqua Erika avec une assurance qui suggérait quelque chose d'inquiétant. Elle devait gagner du temps, et déstabiliser ces hommes pourrait lui permettre de s'en sortir avec plus de facilité. Cela semblait marcher car les deux soldats marquèrent un instant d'hésitation avant de reprendre :
« -- N'essaie pas de jouer à ça avec nous. Qui es-tu ? Réponds !
-- Vous ne voulez vraiment pas savoir ?
-- Dernière sommation : dis-nous qui tu es ou j'ouvre le feu ! »
Et comme pour confirmer ses dires, Erika entendit le déclic de l'arme qui signifiait que l'arquebusier n'avait plus qu'à appuyer sur la détente. Sur le coup, c'était Erika qui se mit à s'inquiéter, car l'arquebusier ne bluffait certainement pas. Elle n'avait plus qu'un seul choix : mentir.
« -- Je m'appelle... Hannah. Hannah Heldegard.
-- Bien, lui répondit le tireur. Et maintenant, Frau Heldegard, vous allez me dire comment vous avez pu entré ici sans vous faire repérer par les gardes.
-- C'est très simple, répondit la jeune fille. Vos gardes ne sont pas toujours très attentifs, il me suffit alors d'un petit tour de passe-passe et j'arrive à traverser ce camp, ni vue, ni connue.
-- Et maintenant, enchaina le guerrier en armure, vous allez nous dire ce que vous avez lancé comme sortilège. Parlez !
-- Ha ! Vous voulez donc bien savoir ce que j'ai fait ? Et bien... »
Mais elle s'interrompit, car elle sentit comme une brusque absorption d'air dans son dos, ce qui la fit sursauter et se retourner. Elle était persuadée qu'Ulgu avait réagi à une incantation, et la vue d'un sorcier en robe écarlate projetée à ses pieds, puis plus loin d'Heldegard, confirma ses pensées. Son mentor avança tout en maintenant son regard sur le sorcier à terre, la main levée prête à lancer un nouveau sort, au cas où.
« Qui êtes-vous ? Répondez ou je tire. »
La nervosité était palpable dans l'intonation de l'arquebusier.
« Je suis votre sauveur, répondit Heldegard. Et je vous présente un serviteur de la Grande Ennemie. »
Le chevalier et l'arquebusier, ne sachant ce qu'il convenait de faire, ne purent que manifester leur purprise. La Grande Ennemie était une façon de nommer le Chaos. Le serviteur n'était autre que le pyromancien qu'Erika et Heldegard avaient déjà rencontré auparavant. Sa peau semblait s'être parcheminée, et de son bouc, il ne restait que quelques poils blanchâtres, et ses vêtements amarantes avaient laissé place à d'autres. Un manteau bleu pâle arborait sur ses bordures un liseré mauve, sur lequel semblait être tracé des motifs. Erika, en s'approchant précautionneusement, pensa qu'il s'agissait d'écritures dans une langue runique. Il semblerait qu'il se soit servi de magie pour dissimuler sa véritable apparence, et que l'attaque d'Heldegard ait dissipé ce déguisement. Il s'agissait donc d'un sorcier affilié à Tzeentch, le dieu du Chaos que l'on appelait aussi l'Architecte du Changement. L'imposteur ainsi démasqué avait le visage défiguré par une grimace, qui pouvait aussi bien marquer la colère que la douleur. Il était ventre à terre, et l'un de ses bras était placé sous son corps.
« Lâchez ça, ordonna Heldegard au sorcier chaotique, ou je n'hésiterai pas à vous tuez. »
L'intéressé respira deux fois de suite, comme s'il fournissait un effort, puis répondit :
« Vous voulez que je le lâche ? Alors soit ! »
Mais il se permit de jeter au visage d'Heldegard un objet sombre, que ce dernier évita de justesse avant qu'il ne reçoive la charge d'épaule de son adversaire. Le tireur ne perdit pas de temps et se remit en joue rapidement. Il envoya une balle qui effleura l'épaule du sorcier maléfique. Ce dernier disparut alors dans les ténèbres de la forêt.
La détonation attira d'autres gardes, et même un groupe de flagellants, dont un membre au crâne orné de clous commença à accuser les umbramanciens d'avoir tenté d'attaquer le chevalier et l'arquebusier, avant de prendre une pierre dans l'intention de la leur lancer. Ce geste fut interrompu par la poigne de fer d'un homme que tous reconnurent : Luthor Huss.
« Au nom de Sigmar, dites moi ce qu'il s'est passé ici. »