Nous arrivons enfin à la veille de la bataille. Pour la prochaine fois, promis, il y aura du sang, des larmes, et des crânes pour le trône des crânes. Je vous publie donc un chapitre qui, selon certains, pourrait être peu intéressant. Prochainement, de la violence tout ce qu'on aime [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_wub.png[/img] (Palapa-papaaa ! [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_happy.png[/img] )
Chapitre 9 : Marche à travers l'Ostermark
L'ambiance était lourde le lendemain matin dans le temple de Sigmar. Alors que Huss présidait la messe, tous les soldats réunis dans la nef gardèrent le silence. Seuls les chevaliers du Soleil Flamboyant n'étaient pas présents, puisqu'ils se trouvaient dans le temple de leur divinité Myrmidia. Au fond, assis sur un banc à l'écart, se trouvaient Heldegard et Erika, qui ressentaient aussi la tension générale.
Erika connaissait à présent ce que pouvait ressentir un soldat avant que ne survienne la bataille. Elle trouvait cet état à présent si évident que le fait que cela ne lui soit jamais venu à l'esprit lui donnait le sentiment d'avoir été naïve.
« Ils savent qu'ils ne reviendront peut-être jamais. pensa-t-elle. C'est normal d'avoir peur en ce moment... Moi aussi j'ai peur. »
Heldegard gardait serré contre lui sa propre besace. Maintenant que le livre du chaman avait été récupéré, il ne voulait surtout pas que le sorcier de Tzeentch le récupère. Il en allait de la survie et du succès des troupes en Ostermark.
Jonas Lebhaftauge, le tireur d'élite qui avait maintenu Erika en joue la veille, avait déjà participé à de nombreuses escarmouches contre les bêtes du chaos qui sévissaient dans la région et dans le sud de l'Ostermark. Il était habitué à ce sentiment qui accompagne les soldats partant en guerre. Peut lui importait s'il reviendrait ou non : il avait déjà protégé son village à plusieurs reprises, et il savait que de toute façon, un homme qui naissait un jour était destiné à finir dans les jardins de Morr. Il était déjà d'un âge assez avancé, comme en témoignaient ses cheveux gris-blancs, secs et tombants , mais son bras ne tremblait jamais au combat.
Dans le temple de Myrmidia, Konrad Stahlblick priait avec ses frères d'armes. Même s'il allait partager le même champ de bataille avec d'autres hommes d'armes, il priait une divinité qui leur était étrangère. A une époque, il aurait souhaité partager ces moments avec ceux qui partageraient probablement sa mort bientôt. Mais il avait fini par se faire à cet écart, car il savait que la victoire, elle, se partageait avec tous les hommes victorieux, et que les morts goûteraient au même repos.
Devant l'autel de Sigmar, Luthor Huss prononça son ultime litanie, rappelant le sang des innocents versés au nom des cruelles divinités des barbares nordiques, que ces innocents avaient choisi la paix, et n'avaient eu droit au final qu'au malheur. Il leurs rappela le devoir sacré de les venger, et de protéger ceux qui pourraient subir le même sort funèbre. Il leur rappela aussi l'importance de rester unis, quelque furent les différences qui les séparaient. Il fit cette dernière réplique en posant les yeux sur Heldegard, avec lequel il avait discuté la veille, à la suite de l'incident avec le sorcier de Tzeentch. Les umbramanciens, malgré leur sinistre réputation, n'en étaient pas moins considérés comme des ascètes qui étaient recherchés par certains généraux en tant que conseillers. Avoir un tel élément dans les rangs impériaux était toujours un plus, ce qui était encore plus vrai maintenant que la menace de la sorcellerie chaotique planait au dessus de leurs forces.
« Et n'oubliez pas, termina Huss, que Sigmar peut envoyer une aide au moment où nous ne nous attendons pas toujours, comme ce fut déjà le cas en maintes occasions. »
L'armée impériale, désormais sous les ordres de Huss, se mit en route en début d'après-midi, en marche forcée. Erika et son mentor avaient une fois de plus fait appel au sort du destrier d'ombre pour pouvoir suivre les troupes, ce qui suscitait évidemment le malaise des soldats les plus proches. Erika chevauchait avec les chevaliers du cercle intérieur, et avait finalement entamé une discussion avec Konrad. Ce dernier avait un visage marqué par les années de services, et laissa transparaître de l'assurance et du sérieux. Il possédait un regard vif et sombre. Son menton carré se terminait par une barbiche noire coupée court, tandis que sa peau tannée par le soleil de dizaines de batailles arborait quelques cicatrices témoignant de la rudesse du métier d'arme. Même s'il s'était révélé agressif le soir où ils s'étaient rencontrés, il était plus ouvert aujourd'hui à communiquer avec Erika, ce qui n'était pas pour déplaire à l'apprentie.
Ils atteignirent la frontière de l'Ostermark à la tombée de la nuit, et le lendemain, la marche reprit. L'arrivée à Wolfenburg eu lieu à la mi-journée, et bien qu'il ne fut pas question de s'y arrêter, Luthor Huss et Heldegard y allèrent pour pouvoir avoir des nouvelles du nord. A leur retour, ils avaient la mine grave, et Erika fut la première avec une poignée de soldats à être sur eux. Le vieux sorcier prît son apprentie à part pour lui exposer la situation :
« Les forces chaotiques ne se sont pas contentées d'attaquer les villages côtiers. Elles se sont mises à se déplacer dans la Forêt des Ombres, en direction du sud. Nous devrons donc nous diriger vers l'est à grande vitesse pour les intercepter. Nous pouvons nous estimer heureux que la ville la plus importante dans la région, Salkalten, ait été ignorée. »
D'autres troupes avaient déjà quitté Wolfenburg pour se diriger vers l'est. Elles étaient dirigées par un certain Marius Schwarzblitz, réputé pour son tempérament ardent et sa résolution à ne jamais reculer devant l'ennemi, ce qui était cependant un trait commun à tous les habitants de l'Ostermark.
La marche reprit une heure plus tard, le temps entre autre d'un repas frugal. Leur destination était une vaste clairière où les forces du Chaos semblaient se diriger. Les soldats de Wolfenburg en avaient pris la direction quelques heures plus tôt, ce qui signifiait qu'il serait dur de les rattraper avant le début de la nuit. Après une longue marche ponctuée de courtes pauses, le soleil laissa sa place dans le ciel à la lueur pâle de Mannshlieb, et celle plus inquiétante de Morshlieb, la lune du Chaos. Erika et son mentor, qui avaient l'habitude des ténèbres et qui étaient partis en éclaireurs, purent localiser le campement des ostermarkers et y guider les troupes sous les ordres de Huss.
Les soldats de Wolfenburg étaient étrangement en proportions assez réduites, mais l'explication fut donnée par Kurt Schwarblitz, le frère du défunt Marius :
« Nous avons été attaqué par des hommes bêtes. Ils étaient dirigés par un guerrier du Chaos. Pour en avoir combattu à plusieurs reprises, je dirais que c'était une alliance temporaire entre différentes hordes de taille réduite. Mais quoiqu'il en soit, les résultats sont les mêmes : de nombreux soldats sont tombés, et mon frère parmi eux. »
Malgré toute sa retenue, il ne lui était pas facile de masquer sa tristesse. La perte d'un être cher ne peut laisser que des plaies, qui peuvent faire souffrir pendant de nombreuses années.
« -- Nous pensions ne plus être en mesure de stopper les nordiques, jusqu'à ce que vous arriviez.
-- Sache, fils de Sigmar, lui lança Huss, qu'Il nous enverra toujours une aide lorsque nous en aurons le plus besoin. Vous avez fait au mieux, et nous sommes malgré tout assez nombreux pour les repousser. Demain, nous laverons dans le sang l'affront fait à nos terres, et nous vengerons les innocents victimes des nordiques. »
Les survivants de l'attaque des hommes bêtes comprenaient deux groupes de lanciers, qui pouvaient constituer un régiment complet, ainsi qu'à un détachement d'arbalétriers, un autre de hallebardiers, au porteur de la Bannière du Griffon Kurt Schwarblitz, et également à deux grands canons. Les servants de ces pièces étaient sous les ordres d'un ingénieur qui avait péri lors de l'attaque. Son long fusil du Hochland fut laissé au tireur d'élite hochlander Jonas. Ce dernier transcrit alors une prière sur un parchemin qu'il cacheta sur l'arme, et la fit bénir par Huss, afin qu'elle puisse prélever la vie d'autant de nordiques que possible lors de la bataille qui s'annonçait.
Heldegard prit son apprentie à part, afin de lui parler de ce qu'il avait prévu :
« -- Écoute-moi mon enfant. Demain nous engagerons les nordiques. Ce qui va se passer est au delà de ce que tu peux supporter. C'est pourquoi je te demande de me faire une faveur : reste au campement.
-- Mais, professeur...
-- Écoute-moi bien. J'aimerais que tu restes au camp, et que tu veilles sur le grimoire. Si jamais la bataille devait mal tourner, il te faudrait l'emporter au Collège gris à Altdorf et avertir les éventuels umbramanciens qui s'y trouveraient de ce qui c'est passé. L'un d'entre eux pourra s'occuper du grimoire et terminer ton enseignement si jamais je ne revenais pas.
-- Pourquoi dites-vous ça ? Il n'est pas dit que la bataille tourne mal.
-- Mais il pourrait en être ainsi mon enfant. C'est aussi ça la guerre. »
Depuis la fois où Heldegard avait combattu le sorcier de Tzeentch Sebastian Romm, Erika n'avait plus autant senti que son mentor pouvait y laisser la vie. Cette pensée fit remonter l'inquiétude qu'elle avait ressenti dans le temple de Sigmar le jour précédent. Les choses pouvaient très mal tourner, mais le vieil umbramancien faisait en sorte à ce qu'Erika s'en sorte le mieux possible. L'apprentie accepta donc, même si elle commençait à se demander si Heldegard n'était pas, comme souvent d'ailleurs, un peu trop paternaliste. Elle fut cependant ravie d'apprendre que Konrad serait aussi affecté à la garde du campement, ainsi qu'une poignée de soldats ostermarkers.
Le lendemain, à l'aurore, Erika fut réveillée par le son de cors en airain. La bataille allait commencer.