Je ne m'attendais pas à reprendre l'écriture des aventures de ma sorcière bien aimée si tôt, mais je pense qu'il vaut mieux le faire alors que j'ai quelques idées qui ressurgissent du passé. J'avais envie d'abandonner un peu la Cabale, mais elle y sera encore présente sous la forme d'une excuse au récit. Donc sans plus attendre, voici les trois premiers chapitres (pour le troisième, j'ai initié un petit délire western [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_happy.png[/img] ).
Chapitre 1 : Une menace dans la nuit
Les ténèbres étouffaient la forêt, percées par un feu de camp projetant ses ombres sur un destrier apeuré, attaché à une branche par les brides. Nulle trace de son propriétaire, mais l'animal sentait que quelque chose approchait, terré dans l'obscurité. Il renâclait, frappait le sol dur de son sabot, et tirait sur ses rennes dans le vain espoir de se libérer.
Des grognements gutturaux troublaient le silence, et un gor, accompagné de trois ungors, s'approchèrent du feu de camp. La jument se mit alors à pousser un hennissement de peur, s'agitant de plus en plus. Les trois chétifs hommes-bêtes s'approchaient d'elle prudemment, avec la ferme intention de festoyer.
Leur chef massif, restant en retrait, humecta l'air. Il savait qu'un humain était dans les parages. Son immonde odeur faisait foi : il s'agissait d'un des plus méprisables ennemis qui reniait les vrais dieux. Il se terrait quelque part, mais où ?
Un bruit de tonnerre retentît, et un des ungors s'écroula. Les deux autres, apeurés, commencèrent à fuir, mais le gor émît un grondement menaçant pour les rappeler à l'ordre. Si ce n'était pas l'humain qui les tuaient, alors ce serait lui.
L'humain apparût finalement, rapide, bondissant des ténèbres, s'empara d'une branche dans le feu, et braqua son pistolet à deux coups vers le ungor le plus proche et l'abattît d'une balle en plein torse. Abandonnant son arme à feu déchargée, il prît la torche dans sa main gauche désormais vide et dégaina de sa main droite une rapière. Le ungor, voyant qu'il ne pourrait plus se servir de son arme à distance, rugît son défi et se mit à charger. Mais son adversaire n'eût qu'à faire un pas de côté pour éviter sa lance grossière et un pas en avant pour lui planter sa lame entre les deux yeux, le tuant sur le coup. Il tourna à présent son regard vers le dernier homme-bête, lequel lui lança un regard plein de haine.
Cet humain empestait le souffre et les huiles sacrées. Il portait un manteau usé par les voyages et un chapeau qui lui cachait le regard, et ce qui était visible de son visage ne laissait transparaître aucune émotion. La bête finit par pousser un rugissement avant de charger, le gourdin levé et les cornes baissées. Et l'humain portât la torche à hauteur du visage et souffla l'alcool qu'il avait en bouche. Le cuir du gor s'embrasa, et la créature se tortillât en hurlant, avant de s'effondrer.
Le répurgateur s'approcha de sa monture et attrapa les rennes. Il tentât de la ramener au sol en évitant de se prendre un coup de sabot. Une fois que cela fût fait, il lui passa une main rassurante sur l'encolure et lui murmura :
« Tout doux Esmeralde. Tout doux ma belle. C'est fini. »
Une fois qu'elle se fût calmée, il ramassa ses affaires, éteignit le feu, et se mît en selle. Il y avait probablement d'autres bêtes du Chaos dans le parages, ou bien des mutants. Il ne fallait donc pas rester.
« La route jusqu'à Middenburg est encore longue. Et nous devons nous hâter. »
Chapitre 2 : Un compagnon solitaire
Sa silhouette était discrète sur le gris de la roche. Erika marchait dans ces désolations, accompagnée uniquement par la brise matinale. Elle s'était déplacée durant la nuit, en évitant autant que possible la forêt. Sa route lui avait permise jusqu'à présent d'éviter les mauvaises rencontres.
Elle était actuellement en route vers un village nommé Middenburg, où elle était envoyée en mission pour le compte de l'Ordre Gris. C'était sa première mission en tant que compagnon-sorcière, et elle comptait bien prouver à son vieux mentor qu'elle était devenue une umbramancienne digne de ce nom.
Cela faisait deux ans à présent, depuis la bataille face aux forces de Shragald le maître du meurtre, qu'Heldegard avait repris l'entraînement de son apprentie, afin d'en faire une sorcière douée non seulement en matière d'umbramancie, la magie liée au vent Ulgu, mais aussi en escrime, en filature et en théologie sigmarienne. Erika avait désormais dix-huit ans, et elle se sentait plus que jamais apte à affronter les dangers qui se dresseraient en travers de sa route.
Elle portait une robe grise à capuche et une écharpe qui lui permettait de cacher son visage si elle le désirait. Elle avait également dans ses affaires une fausse barbe noire, ce qui avec l'écharpe faussait l'estimation de son sexe lorsqu'elle se tenait légèrement voutée, dissimulant son humble poitrine par les pans tombants de sa robe. Depuis qu'elle était passée du rang d'apprentie à celui de compagnon-sorcière, elle avait reçue de la part de son ordre un grand bâton, évoquant ceux des pèlerins, à ceci près qu'à son extrémité étaient attachées quelques plumes de corbeau, et une pierre bleue azurée y était enchâssée.
Ses yeux noirs et brillants balayèrent la vallée en contrebas. Middenburg n'était plus très loin, et son objectif également. Elle se souvenait encore des mises en garde de son mentor lorsqu'il lui exposa sa mission :
« N'oublie pas : même s'il s'agit d'un agent dans le bas de l'échelle de la Cabale, cela ne veut pas dire que c'est un adversaire qu'il faut prendre à la légère. »
« Tiens toi prêt Schwarzrabe. » pensa Erika. « J'arrive. »
Chapitre 3 : Escale à Neue Hoffnung.
Le panneau indiqua que le prochain village, Neue Hoffnung, n'était plus qu'à un demi-mile d'ici. Sa monture avait besoin de repos, et lui aussi. Le répurgateur poussa alors sa monture de l'avant. Un repas chaud serait la bienvenue surtout après sa nuit de camping.
Lorsqu'il arriva, il pût constater que l'endroit, qui devait abriter au plus cinq-cent âmes, n'était pas particulièrement bien défendable face à une menace venue de l'extérieur : Neue Hoffnung n'était entouré en tout et pour tout que d'une surélévation de terre, complétée par un fossé. Le tout était coupé au niveau de l'axe principal qui traversait le village.
« De toute évidence, un village assez récent. Il y a encore du travail. »
Les habitants qu'il croisa détournaient le regard en le voyant approcher, non sans un sentiment de crainte pour certains. Après tout, les répurgateurs, par leurs actes souvent extrêmes dans leur lutte contre les serviteurs des puissances obscures, s'attiraient facilement l'inimitié des foules.
Son chemin le mena à une auberge, laquelle portait l'enseigne "Au coq triomphant", qui représentait un coq posté fièrement sur le crâne d'un orque. Une fois sa jument attachée à l'abreuvoir, il se désaltéra dans ledit abreuvoir, lorsqu'une brute aux larges épaules lui plongea la tête sous l'eau.
« Alors l'étranger, on a envie de se soulager le gosier avec son cheval ? Qu'est-ce que tu partages d'autre avec elle ? Hein ? Son box ? »
Et la brute, un rouquin mal rasé et portant une balafre sur la joue gauche, partit d'un rire gras. Le répurgateur, reprenant son souffle, répliqua :
« Toi, tu ne risques plus de partager une couche avec qui que ce soit. »
Et vif comme l'éclair, il lui décrocha un coup de poing dans le ventre.
***
Erika pût voir depuis sa distance le village nommé Neue Hoffnung, qui ne se trouvait plus qu'à un quart d'heure de marche. Cette étape avant Middenburg lui ferait certainement le plus grand bien : elle souhaitait prendre un bain chaud et de quoi se ravitailler. Il lui fallait arriver à pieds, ce serait plus discret que par voie aérienne.
***
L'aubergiste observa ce client inhabituel entrer dans son établissement. Sans sourciller, il continua à nettoyer sa chope tout en disant :
« -- Bien le bonjour à vous. Que voulez-vous que je vous serve ?
-- Un ragoût avec un verre de lait de chèvre. Et de l'avoine pour ma jument. »
A ce moment, la brute pénétra en trombe dans l'auberge et se précipita sur le répurgateur, dans la ferme intention de lui faire sa fête. Mais il était trop lent, et son adversaire esquiva son premier coup, avant de lui envoyer un direct du droit dans la face, l'envoyant au tapis.
« Et une dernière chose : qu'on ne me prenne pas la tête. »
Après avoir observé ébahi le duel éphémère, l'aubergiste répondit par l'affirmative en reposant sa chope, désormais propre.
Quelques minutes plus tard, le répurgateur pût se restaurer. L'aubergiste décida, malgré l'air patibulaire de son client, d'entamer la conversation :
« Et heu... Quel vent vous amène dans le coin ? »
L'intéressé leva les yeux de son assiette en lui lançant un regard méfiant. Il se décida finalement à répondre :
« Que voulez-vous qu'un répurgateur fasse ? Je mène la chasse aux serviteurs du Chaos. »
L'aubergiste frémît à la mention de ce mot.
« -- Je vais à Middenburg, continua le client, suite à de drôles de rumeurs.
-- Si j'étais vous, je ne me risquerais pas à allez jusque là-bas. Il y a en effet des rumeurs, mais pas si drôles que ça.
-- Sauf que vous n'êtes pas moi. Et qu'est-ce qui se dit ici ?
-- On raconte qu'un maléfice s'est abattu sur le village de Middenburg, et que s'y rendre, c'est aller rencontrer la mort. On faisait du commerce avec eux. On se procurait essentiellement en blé et en légumes grâce à eux, vous voyez ? Contre de la viande et du lait principalement. Seulement, depuis quelques temps, on a plu reçu de nouvelles. Et lorsqu'on a envoyé des gens pour savoir ce qui se tramait, personne n'en est revenu. »
Le répurgateur sortît alors un parchemin froissé de sa veste et le tendit à l'aubergiste :
« Vous le connaissez ? »
***
Erika parvînt finalement à l'entrée de l'allée principale, qui traversait le village sur toute sa longueur. Pour être plus discrète, elle avait lancé un sortilège mineur sur son bâton, afin qu'il ressemble à un simple bâton de voyage. Et avec son pendentif en forme de marteau et l'absence de tout autre signe ostentatoire, elle paraissait être davantage un pèlerin de Sigmar sans richesses qu'une sorcière.
Elle eût parcouru la moitié de l'allée centrale, lorsqu'un vent se mît à souffler avec vigueur. Ce qui échappa au commun des mortels, c'est que le vent fut teinté de nuances de gris. Le vent gris de magie, nommé Ulgu, indiquait à la sorcière que quelque chose se passait à l'autre bout de la ville. Elle choisît donc de se dissimuler à l'angle d'un mur, afin d'observer la sortie est de Neue Hofnung.