Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de la naissance de l'Empereur. Antoninus enleva sa bottine et s'appliqua à décoller la chaussette de sa cheville et de son pied poites. La tradition. La chaussettte sur la cheminée, emplie de cadeaux. Antoninus tenait à la tradition. Le respect de la tradition préservait l'Imperium depuis des millénaires.
Il enfouit le mélange dans la chaussette, le vent rafraichissant la sueur crasseuse fit de la laine un baume humide sur sa main. Puis il renfila sa bottine, ferma la chaussette et ses cadeaux avec un fil de mèche prélevé sur le cadavre de l'artificier.
La cheminée hoquetait des volutes poussièreuses de suie noire. Antoninus sacrifia sa bayonnette pour y planter la chaussette, et alluma le fil en guise de bougie. La tradition devait être respectée, se félicita-t-il en retournant veiller l'artificier. Il fit un clin d'oeil à l'abhumain qui portait une prothèse en plastique sous la ceinture.
Une chanson lui revint en mémoire :
petit Empereur de Terre,
quand tu descendras du ciel,
aveeeec
tes marines par milliers...
La luciole de la bougie s'éteignit et le moteur du Colossus poursuivit la tradition en offrant à l'infanterie squat d'accompagnement des centaines de cadeaux tordus et calcinés, histoire que nombre de fils de Grungni puissent aller présenter, en personnes, leurs voeux d'anniversaire à l'Empereur.
Il fut un temps, pensa Antoninus, durant lequel les inquisiteurs du Contre-Empire n'avaient pas encore disparu sous la colère de la C'tan. Qui sait ce que certains d'entre eux auraient su inspirer en ce jour à l'inconscient de la Sandguard, à lui-même, Antoninus, qui en faisait partie ?
Bah, se consola Antoninus, il reste la tradition, et les inquisiteurs, une fois morts, ne vieillissent jamais.