Retour Sur Negromundheim

21 réponses, 8907 vues


Enfoncé dans son fauteuil de cuir craquelé par les ans et mangé par la vermine, le dominator Att-Ham O'Bone caressait de ses doigts longs et griffus l'immonde créature mutante au pelage blanc affalé sur ses genoux. Ses yeux jaunâtres étaient encore emplis de l'extase qu'il avait ressenti quand son compagnon avait longuement et consciencieusement léché les restes de matière focales qui étaient restées collées sur ses muqueuses anales au moyen de la langue reptilienne.


"Je hais ces… ssssquats… Ils sont ssssi résissstants aux agents mutagènes. Leurs organissssmes refusent la… transsssformation… Ils sssont… écoeurants…. Et ceux-là sont entrés sur les terres de Veh-Deh-Merd. Quelle…. IMPUDENCE-ssssssssssss !"


"Maîîîître, nous débarrasser d'eux ne sera pas facile."


"Ils ne ssssont qu'une… poignée..."


"Maîîîître, le docteur Jimini Painkiller est à leur tête. Mon contact à New Anadyr dit qu'on a pas affaire à un élève mais qu'on a affaire au professeur. Sur Khandle, quand l'armée montait une opération qui ne devait pas échouer, c'est à lui qu'ils confiaient l'entraînement des troupes d'accord ? C'est le genre de type qui boufferait du negromnium rien que pour vous faire choper un cancer en vous chiant dessus. Ce gars là vous pouvez le balancer sur Isisakai, au milieu de la banquise en slip de bain, sans une brosse à dents, et le lendemain vous le voyez débarquer au bord de votre piscine de vomi avec un sourire jusqu'aux oreilles et les poches bourrées de dents d'orks. S'il arrive jusqu'à la citadelle, on sautera tous et il restera plus qu'un grand trou au milieu du désert de cendres. Ce gars là est un professionnel."


"Ouiiiiii…. Qui mieux que le plus salaud des fils de putain… peut savoir ce qui se passe… dans la tête des fils de putes ? Ramenez moi ce… Painkilleeeeer."


Les yeux jaunes se révulsèrent alors que la langue reptilienne s'introduisant à nouveau dans son orifice anal.


***


"Et voici la mauvaise nouvelle numéro deux."


Painkiller observait la marée grise en mouvement. Le télémètre de ses jumelles balaya l'horizon.


"Ils se déplacent lentement mais ils seront sur nous avant que les gyrocoptères ne nous aient récupérés. Ils peuvent être… quatre ou cinq mille."


La fuite n'était pas envisageable. Où aller dans ce désert de cendres infesté de bandes de mutants ? Vers le Nord et le gouffre pour aller à la rencontre des gyrocoptères ? En admettant que la tempête qui les bloquait s'apaise. Et au risque de tomber sur d'autres armées de mutants que les squats devraient alors combattre à découvert. Veh-Deh-Merd semblait décidé à mettre le paquet ; il fallait que le negromnium leur soit réellement précieux. Il rangea ses jumelles et se retourna vers ses combattants.


"Autocartographe."


Un des mercenaires arriva, tirant de son sac trois demi-sphères de plastique noir qu'il déposa au sol à équidistance les unes des autres. Il enfila le diginode et fit un geste de l'index. Une proection holographique tri-dimensionnelles des cartes de la région se formèrent à quelques centimètres au dessus de la poussière.


"Pas de liaison satellite docteur. Je vais le calibrer à l'ancienne." Il refit quelques gestes de l'index alors que l'image se déplaçait, grossissait ou diminuait en taille. "Un millième. On est ici." Un point rouge apparut au centre de la projection.


"Elargissez. Plus. Stop. Là."


Painkiller désigna une ligne noire qui barrait la carte.


"Grossissez. Vers le Sud. Encore. Là."


Il montrait cette fois une tache noire posée sur la ligne.


Il nous faudra… quatre heures de marche pour l'atteindre. Et en allant dans cette direction, nous partons à la rencontre des mutants qui font agnagneuh. Ensuite, il nous faudra le faire venir et il est impossible de savoir combien de temps il mettra pour arriver. Si seulement il est encore alimenté… Nous n'avons pas le choix de toutes façons. Tout le monde se prépare. On décampe dans quinze minutes."


"Qu'est-ce que c'est docteur ?"


"Notre seule chance de salut."


***


Quand le groupe de combattants arriva en vue du poste de contrôle, la marée mutante qui avait poursuivi sa progression stupide n'était plus qu'à dix kilomètres d'eux. Aucune jumelles n'était plus nécessaire pour percevoir l'agitation hargneuse qui régnait parmi les monstres informes, signe clair qu'ils étaient dirigés par un ou plusieurs dominators. Un barbu s'approcha de Painkiller.


"Nous devrions aller examiner le poste en reconnaissance. Si vous le permettez, moi et mes gars on fera ça à notre façon."


Painkiller jeta un œil au reste de ses mercenaires. Malgré leur robustesse naturelle et leur entraînement, le manque de sommeil et la marche forcée les avaient mis à rude épreuve.


"Allez-y," fit-il. "Quinze minutes de repos pour les autres."


Son interlocuteur sourit dans sa barbe épaisse qui tombait jusque sur ses genoux. Deux autres squats aux mines patibulaires l'avaient rejoint.


"A not' façon. A l'ancienne. Ah !"


Il retirèrent leur casque de fonction pour les remplacer par des chapeaux de feutre à deux bosses tirés de leurs paquetages, placèrent sur leurs yeux de larges lunettes noires de plastique bon marché, coincèrent chacun entre leurs dents un gros cigare brun. Dusty resserrait son veston. Franck briquait le crâne métallique qui ornait sa casquette. Billy ajusta son manteau de cuir brun puis arma son fusil à pompe d'un geste sec - la crosse était en bois véritable ! - avant de cracher par terre.


"Les voleurs de bétail, chez nous, ON LES PEND !"


Billy O'Connor, Dusty McCoy et Franck Martens, devenus méconnaissables dans leur accoutrement ridicule dont seul le nez émergeait prirent le chemin de la station de béton. Painkiller les suivit à la jumelle jusqu'à ce qu'ils aient disparus à l'intérieur. Quelques minutes supplémentaires s'écoulèrent avec que la rétine cybernétique du médecin ne projette dans son champ de vision virtuel un voyant vert.


"Marche."


L'intérieur du blockhaus avait de toutes évidences servi de tanière à des mutants totalement ignorants du concept de propreté. Le réduit empestait la moisissure et la mort. Les sols et les murs étaient recouverts de vomi séché ou d'autres fluides décomposés dont il valait sans doute mieux ignorer la nature. Painkiller alla jusqu'à la salle de contrôle.


"Vous croyez vraiment que tout ça fonctionne encore docteur ?" demanda O'Connor. Assis sur un tableau de contrôle, son fusil à pompe sur les genoux, il fumait son cigare, insensible à l'odeur, ses yeux toujours cachés derrières ses grotesques lunettes noires.


Painkiller pressa un large bouton circulaire. Les écrans de contrôle s'illuminèrent.


"Oui, il existe une chance pour que ce système fonctionne encore après deux siècles d'abandon et je vais vous dire pourquoi O'Connor : il a été conçu et construit par des squats." Il effleura un écran tactile puis énonça distinctement : "Position actuelle."


Une voix désincarnée d'un genre impossible à déterminer s'éleva d'un haut-parleur crépitant.


"Trois cent vingt kilomètres Sud-Est."


"Départ. Destination : ce poste."


"Veuillez vous identifier et confirmer votre identité par la fourniture de votre code d'authentification."


"Ah merde !" rugit Painkiller en frappant la console du poing.


"Identification inconnue. Authentification impossible," reprit la voix.


"Ah, ta gueule, salope !"


"Identification inconnue. Authentification impossible."


Painkiller coupa rageusement le micro récepteur.


"Nous sommes coincés ici docteur ?" demanda Frydjia.


Painkiller inspira avant de répondre : "A moins de réussir à casser le système de sécurité de l'I.A. qui pilote le Veh-Deh-Merd Express, oui. Nous sommes morts. Et il nous reste très peu de temps. Pas assez. Un seul être dans la galaxie serait capable de venir à bout d'une telle glace et il est inaccessible. Je ne lui fais aucune confiance de toutes façons."


Il ralluma le micro.


"Situation d'urgence," énonça-t-il.


"Veuillez fournir le code d'urgence," répliqua imperturbablement la voix monocorde.


SALE PUTE !"


"Veuillez fournir le code d'urgence."


"Euh…" Painkiller réfléchissait aussi vite que possible. "Situation d'urgence. Récupération d'une cargaison de negromnium. Position : ce poste."


"Veuillez fournir le volume et la destination."


"Euh…" (S'il fournissait un chiffre trop faible, l'I.A. refuserait la situation d'urgence. S'il fournissait un chiffre trop grand, l'I.A. bloquerait le train à l'arrivée durant le laps de temps théoriquement nécessaire au chargement.) Trois tonnes. Chargement automatique. Destination : New Anadyr… Annulation ! (Il n'existait évidemment aucune ville du nom de New Anadyr dans les banques de données de l'I.A. vieille de deux siècles.) Destination : Anadyr."


"En l'absence de code d'identification, votre requête est traitée avec la priorité la plus basse."


"Départ !".


Une colonne de consignes apparut sous ses doigts, défilant de plus en plus rapidement. "Alimentation ligne gauche : OK. Alimentation ligne de droite : OK. Transmission : OK. Connexion : OK. Alimentation suspension : OK. Alimentation interne : OK. Vitesse autorisée : situation d'urgence. Destination : OK. Départ dans 5 secondes."


Painkiller n'en revenait pas. Cela ne pouvait pas être aussi simple.


"Quatre. Trois. Deux. Unité. Départ. Temps de parcours estimé : vingt-huit minutes."


O'Connor qui avait jeté un œil à la console renifla de surprise.


"Vingt-huit minutes pour parcourir trois cent vingt kilomètres ? C'est quoi cet engin docteur ?"


"Un trésor. La perle technologique de cette planète de merde. Le moyen de transport terrestre le plus fiable et le plus rapide jamais conçu. C'est pas les trois quarts de sa vitesse théorique maximale ça. Je n'ai jamais vu que des maquettes de cette machine mais si elle est à la moitié de la hauteur de sa légende, ce sera déjà un spectacle." Se retournant, il lança : "Amenez tous les paquetages au monte-charge automatique. Quand le train arrivera, l'autre connasse bloquera tout tant qu'elle y n'aura pas fourguée ses trois tonnes alors on grimpera dedans pour faire le compte. Ils en sont où dehors ?"


"Ils se rapprochent. Quarante à cinquante minutes de marche avant d'être sur nous. Docteur, vous devriez venir voir quelque chose…"


Painkiller attrapa les jumelles. Regarda. Les reposa.


"Et voici la mauvaise nouvelle numéro trois."


Messages dans ce sujet
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 27-11-2005, 15:31
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 11-12-2005, 21:43
Retour Sur Negromundheim - par Guest - 12-12-2005, 01:08
Retour Sur Negromundheim - par KDJE - 14-12-2005, 19:16
Retour Sur Negromundheim - par Gandahar - 14-12-2005, 19:52
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 18-12-2005, 01:48
Retour Sur Negromundheim - par KDJE - 18-12-2005, 12:42
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 18-12-2005, 18:16
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 03-03-2006, 00:02
Retour Sur Negromundheim - par DwarfKeeper - 03-03-2006, 02:45
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 03-03-2006, 13:18
Retour Sur Negromundheim - par Loki - 03-03-2006, 23:51
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 04-03-2006, 00:58
Retour Sur Negromundheim - par Loki - 04-03-2006, 01:05
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 04-03-2006, 01:13
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 27-05-2006, 22:42
Retour Sur Negromundheim - par Rat - 27-05-2006, 23:17
Retour Sur Negromundheim - par Grey_wolf-XIII - 27-05-2006, 23:24
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 02-06-2006, 19:55
Retour Sur Negromundheim - par Xavier - 03-06-2006, 23:36
Retour Sur Negromundheim - par Guest - 23-06-2006, 18:20