Morikun a raison sur l'approche marketing, on retrouve la même chez Lego et pour les mêmes visées propres à un business qui croît : nivellement au plus politically correct en donnant le moins de prise aux protecteurs des enfants, dont ce hobby GW se réfère toujours pour ses qualités éducatives (et son modèle économique).
La question ci-dessus ne concerne qu'une clientèle plus agée qui questionne le fluff et ce que ce jeu reflète de notre propre vision de la société, voire de notre bagage culturel individuel (sur lequel s'appuie toujours trop les Codices).
Ces deux approches peuvent coexister mais ne sont pas à égalité. Seule la première peut se conjuguer avec le marché quasi planétaire que s'est forgé Lenton.
Nonobstant ce prosaïque rappel, il y a quelques réflexions possibles :
40k est un simple plaquage de notre monde médiéval européen, celui des âges sombres d'après la chute de l'Empire romain, dans l'espace oukiaqueu. Ses piliers narratifs ont été pensés/érigés dans les quinze ans qui ont séparés Amstrong on the moon et la navette spatiale. Aujourd'hui encore IRL, on se demande comment faire transiter des femmes vers Mars alors que leur système hormonal ne produit pas la testostérone apte à réduire la décalcification minant un tel voyage de six à dix mois en pesanteur réduite (et on n'a toujours pas trouvé, sinon de faire ressembler les candidates aux allemandes de l'Est des jeux olympiques...). Il ne faut donc pas trop en vouloir aux premiers évangélistes de 40k.
D'autant que si on en revient à Rogue Trader First Ed. et tout le vieux fluff qui suit, le puritanisme ultraclérical de l'Imperium apparaît d'abord comme une vaste blague écrite par de jeunes types qui ont vécus les années 70 (puis le tatchérisme), qui pose ainsi le pire de l'Humanité (droit de vote aux femmes en 1945, 6000 ans après Lucy fall of tree) face à des xénos éminemment progressistes comme les Eldars qui envoient indifféremment femmes et âmes des morts au casse-pipe. Les ténèbres en valent donc d'autres.
La Garde Impériale pense également, fluffiquement, comme les poilus fd'entre 1914 et 16 (le massacre des *anglais* lors des bataille de la Somme hante évidemment plus le socle culturel de Lenton, comme Jeanne d'Arc dans Warhammer puisqu'elle bouta les *anglais* ; elle aurait bouté les chiliens, il n'y aurait pas eu de chevalière bretonnienne). Bref, pour un garde impérial, envoyer des femmes se faire étriper dans les tranchées est juste inconcevable ; Mata Hari peut par contre faire partie de l'Ordo Malleus et les Sœurs de Bataille parler directement avec l'Empereur comme leur ancêtre à toutes : la Pucelle d'Orléans.
Créer, dévier, des Space Marines femelles est alors hors-fluff, même si les anges de l'Astartés et leurs cousins déchus des légions corrompues viol(ai)ent du civil et du squat comme n'importe quel soudard du XIème siècle (ce qui est une prouesse en soi vu la complexité du système d'évacuation et de recyclage des fluides d'une armure énergétique conçue pour pouvoir combattre en tous milieux et des jours durant sans aller faire pipi).
Même chez les russes de la seconde guerre mondiale, les femmes combattent comme dans l'Ecclésiarchie : en escadrilles et en régiments composées uniquement de femmes. La mixité très récente (et très limitée) à l'occidentale n'a pas encore atteint 40k (les ghost de Gaunt ne sont qu'un aggloméré exceptionnel de rescapés d'unités disparates). Tant qu'on ne saura pas qui sont les éthérés, les Tau n'auront d'ailleurs que peu de rapport avec le communisme soviétique.
Bref, à l'auteur de l'article sus-cité, le fluff de 40k paraît aussi bizarre que des images noir & blanc de 1910 ? Ce fluff est fait pour ça !
D'ailleurs, bien d'autres archétypes sont venus se greffer sur la définition du space marine :
la légio romaine, désormais Ultramarines, qui influe donc sur la moitié de l'Astartes post-Hérésie : pas une gonzesse (juste des matrones dans les Spyres).
L'exotisme, pour des citoyens impériaux protestants enfantés dans la banlieue de Nottingham, face à ces prêtres-guerriers qui se vouent exclusivement à leur foi et ne peuvent se marier (exactement comme des catholiques, peut-être même irlandais !).
Le contrôle huxleyen par l'Administratum : aucune reproduction autonome de space marines (et encore moins par sexcrime : on écoutait Eurythmics à Lenton).
Le Sous-Monde de Nécromunda enfonce également le clou, en reproduisant une société impériale "civile" (avec ses gangs pour filles et pour garçons, comme les écoles primaires de 1910).
Bien sûr, tout ça ne tient pas dix minutes pour qui pratique les jeux et le fluff GW depuis leur origine :
Les pom-pom girls orques à Blood Bowl ne sont pas des trav' et rappellent une époque où la reproduction ork devait plus à des mégères qui donnaient des baffes à leurs boss soupirants qu'à des champigons, jusqu'à ce qu'un article de Science & Vie Junior n'informe Gav' Thorpe des bactéries extrémophiles.
L'Ordre Hospitalier des Sœurs de Bataille ne peut servir sur tous les champs de bataille de la GI.
Les cultistes du Chaos abritent forcément des nanas qui ont refusé d'être simplement mères au foyer / poules pondeuses.
Les Spyres sont remplies de guerrières MLF, comme les navires de guerre de la flotte du Secteur Gothic, comme les Chœurs de l'Astra Télépathica, et comme tous ces mondes impériaux en économie de pénurie, qui ont besoin de sang pour se défendre, et qui ont élevé le guerrier comme nous les pop-stars. La guerre du 41ème millénaire se fout du sexe des sacrifiés. Mais pas ceux qui achètent, aujourd'hui, leurs figurines.
Pourtant beaucoup parmi ceux-là sont comme les Frères Perry, curieux d'histoire et abonnés à History Channel : des Porteuses de Boucliers chez les Space Wolves remercieraient donc l'héritage scandinave glorifié à Lenton, comme d'authentiques Amazones chez les White Scars.
Mais non !
Seul le Contre-Empire permet des Aragorn ;)