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Un rat je peux le buter, lui faire pousser une oreille sur le dos, etc. On en vend dans les magasins pour 5€ et il n'a pratiquement aucun droit
Le problème est que tu prends comme mesure étalon l'à peu près mieux (faut pas déconner, je suis pas obtus au point de penser que j'ai pas quand même un petit peu de chance d'être né à cette époque et surtout dans ce pays à cette époque), notre petit microcosme occidental privilégié (et quand tu vois les merdes qui traînent dans ce monde de privilégié, ça laisse songeur sur ce que vivent les non privilégiés), mais vendre des humains pour pas grand chose, les buter sans états d'âmes (leur faire pousser une oreille c'est plus compliqué, mais certains n'ont pas hésité à essayer, point Godwin moi aussi), c'est un peu ce qui s'est passé dans toute l'Histoire.
Je suis absolument passionné par les Celtes et les Vikings, mais c'étaient des sociétés esclavagistes qui n'hésitaient pas à réduire d'autres êtres humains à l'état d'objets, rassemblant leur cheptel avant de le vendre ailleurs. Et toutes les sociétés humaines ont pratiqué ce rapport à l'autre. Le respect de l'autre, qu'il soit animal ou humain, ne va pas de soit. Il reste d'ailleurs belles paroles la plupart du temps.
L'histoire n'est qu'une longue boucherie incessante. J'ai cherché depuis que je m'intéresse à l'Histoire une forme de société ou de culture qui n'aurait pas eu ce rapport à l'autre et au monde: je n'en ai pas trouvé. La réalité factuelle de l'Histoire humaine, c'est que malgré sa capacité à l'art, malgré ses capacités cognitives qui lui ont permis de développer la technique, la machine, qui l'a d'ailleurs en grande partie asservi, la plupart des êtres humains restent des êtres qui ne font que survivre et sont soumis à tous les impératifs de la survie tout en étant exposé à la prédation, en premier lieu celle de ses congénères.
Nous autres nous sommes donné un vernis qui nous donne l'impression d'avoir dépassé tout ça, mais que seraient nos société pacifiés et nos Etats de droit sans les légions d'esclaves qui triment ailleurs? Nous n'avons fait que délocaliser ces réalités, mais nous nous reposons toujours dessus.
D'où ma conclusion que même selon un point de vue humain, nous n'avons pour l'instant pas prouvé que nous étions différents des autres espèces: nous mettons en oeuvre toutes nos capacités pour survivre, sans se poser la question si nous ne nous menons pas nous-même à notre perte, de quel sens donner à la vie et si cette survie même a un quelconque sens dans ces conditions. Rien qui nous distingue fondamentalement des autres espèces.
Que l'évolution nous ait doté de capacités hors norme par rapport à beaucoup d'espèces pour survivre dans notre microcosme, oui, certainement, mais je ne vois vraiment pas en quoi cela crée une hiérarchie avec les autres espèces: nous faisons exactement la même chose qu'elles.
Reste l'art, qui m’interpelle. Mais on peut tout à fait le concevoir comme juste une façon de s'exprimer, de communiquer, de créer un lien social nécessaire à notre survie au même titre que trouver un abri ou à bouffer, qui ne transcende pas forcément notre condition.
Nous trouvons l'art et nos réalisations fascinantes et impressionnantes... mais parce que nous sommes des êtres humains: ces réalisations nous parlent en premier lieu, c'est à l'existence humaine qu'elles donnent un sens. Du point de vue d'une autre espèce, ça ne vaut peut-être pas mieux que la crotte du chameau demi-molle. Comme le dit très justement <a contenteditable="false" data-ipshover="" data-ipshover-target="<___base_url___>/profile/3688-petitgars/?do=hovercard" data-mentionid="3688" href="<___base_url___>/profile/3688-petitgars/">@petitgars</a>, nous sommes juges et partis.
Il me vient ce film H2G2 où une race extra terrestre de gros industriels intergalactiques fait sauter la Terre qui les gène pour faire passer une autoroute spatiale, et quand les humains hurlent leur effroi et leur incompréhension on leur répond "bah on vous avait laissé l'avis et tous les actes sur Alpha du Centaure il y a 50 ans en libre consultation, c'est pas notre faute si vous êtes pas foutu de vous intéresser à ce qu'ils se passe à côté de chez vous".
De notre point de vue, l'humanité tient une place centrale, c''est bien logique. De la même manière, nous ne pouvons individuellement nous empêcher de nous considérer chacun comme au moins un peu exceptionnel, "différent" de l'autre. Et ce pour une raison très logique: toute notre perception du monde est réduite à notre existence personnelle, finie, et à l'interface que la nature nous a donné pour percevoir ledit monde. Cette petite fenêtre est le prisme à travers lequel nous percevons tout le reste. Tout ramener à soit est donc d'une logique imparable, c'est ce que nous hurle tout notre être.
Mais c'est une perception des choses on ne peut plus étriquée, et c'est bien souvent ce qui crée la souffrance et le mal-être. D'où l'idée de prendre du recul, tâcher d'être plus humbles, tout ça...