Retour Sur Negromundheim

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Le mélange de l'économie de masse et du génocide, sous fond de squat avec une pincée d'humour noir...


Pas besoin de longs discours pour dire que j'adore positivement! Le peuple (bas du front) en redemande!


Dwarf, je peux devenir actionnaire pour combien?


Du pitoyable hameau de tôle et de sable ne montaient que les grognements amorphes des mutants. Grugni seul savait à quel abominable jeu ces monstruosités pouvaient s'adonner dans les ténèbres, se sodomisant à la ronde ou léchant en grommelant de plaisir les pieds ou les organes génitaux de leurs congénères, à moins qu'ils ne fussent simplement en train de se nourrir en gloussant de leurs propres déjections. D'immondes borborygmes dénués de sens étaient perceptibles dans la nuit encore calme, formant un écœurant concert de "gnaaaaaah", "gneuh-euuuuuh" "Agnagneuh la cébééééééé", agna ke je vé acheuté du forjouorld paske je sui tro un gooooooool", "je sui tro un faneuboye de merdrrre gneuuuuuuuh !" Une puanteur insoutenable planait au-dessus de ce hideux spectacle que, fort heureusement, les ténèbres cachaient pudiquement.


Il attendit que chacun de ses combattants, l'un après l'autre, eut lancé le signal indiquant qu'il était prêt pour l'assaut. La force d'intervention avait été divisée en six escouades mais dans une opération exigeant un tel rapport d'oblitération, l'initiative et la réactivité personnelle était une clé indispensable au succès. Cela commençait par l'obligation pour chacun de "pointer" individuellement.


Un à un, les marqueurs apparaissaient dans le champ de vision du médecin quand son récepteur radio transmettaient les messages silencieux de ses combattants à sa rétine cybernétique. Quand tous furent activés, il n'eut qu'à formuler une pensée pour répondre à tous.


"Marche".


Un déluge de feu s'abattit sur le village. Six roquettes Themis à charge thermique liquéfièrent en cœur les cabanons les plus importants. Six mitrailleuses lourdes EP-7 de fabrication Genocide Incorporated vomirent un torrent d'uranium appauvri sur celles qui constituaient les cibles les plus proches assurant les premiers points d'intrusion.


"Marche."


Aussi subitement qu'il était né, le torrent de destruction cessa. Painkiller se leva et descendit calmement la petite dune qui le séparait des premières huttes de métal et de silicate, un pistolet bolter dans chaque main et son précieux medipack enserré sur l'avant-bras gauche. Les cinq membres de l'escouade qu'il commandait personnellement – elle incluait la jeune Frydjia qui lui avait précédemment reproché son vocabulaire - l'imitèrent aussitôt. Ils savaient que partout autour de la cuvette qui délimitaient le repaire des mutants hydrocéphales, leurs compagnons formant les cinq autres escouades avaient fait de même.


Six puissantes torches électriques montées sur les canons des armes de poing des mercenaires inondèrent brutalement de lumière les ruelles de sable gris. L'instant d'après, Painkiller abattait un premier mutant. Les monstres hébétés brutalement tirés de leur torpeur n'auraient pu se ressaisir de leur surprise que si la notion même de surprise avait pu encore trouver son chemin jusqu'à leur cerveau difforme. Au lieu de cela, ils sortaient de leurs huttes d'une démarche claudicante en bavant et grognant leur interminable et horripilante logorrhée de "gnaaaah" et de "gneuuuh", vêtus de lambeaux de tissus probablement volés sur leurs dernières victimes ou complètement nus, avançant inexorablement vers les squats armés de manches de pioches, de haches, de barres de fer ou simplement de leurs griffes jaunes et acérées.


"Marche".


A l'exemple de Painkiller, les squats de l'escouade ré-ouvrirent le feu de leurs armes d'épaule chargées de bolts modifiés dont le mécanisme d'équilibrage par quatre micro-propulseurs situés au niveau de leur centre de masse avait fait l'objet d'un brevet déposé auprès de la guilde des ingénieurs par la Trollslayer Technology Ltd quelques années plus tôt. Vingt mutants furent fauchés. Vingt les remplacèrent immédiatement qui sortaient des amas de tôle comme autant d'immondes cloportes attirés hors de leur tanière par le bruit ou la simple stupidité. Ils furent sectionnés à leur tour par le rideau de métal lourd délivré par le EP-7 de l'escouade.


Le calme et la discipline la plus stricte régnaient dans l'unité de Painkiller qui s'était déployée dans la ruelle de manière à en contrôler tous les accès. La horde de monstres peinait à se rapprocher ; Abattus rang par rang par les tirs nourris mais complètement inconscient du danger, ils poursuivaient leur marche absurde vers la mort. Painkiller ne concevait qu'un mépris absolu pour ces créatures qui avaient perdu jusqu'à leur instinct de conservation le plus élémentaire sous les couches de dégénérescence qui étouffaient leurs cerveaux rétrécis. Il n'aimait déjà pas beaucoup les humains. Non, en fait, il haïssait les humains.


Alors des humains mutants.


Il fit sauter le crâne d'une des horreurs d'un bolt bien ajusté, grimaça de dégoût en apercevant un des monstres qui avait été tranché en deux par un tir de catapulte à shurikens au niveau de l'abdomen tenter de poursuivre son avance en rampant sur ses coudes répandant ses tripes derrière lui et l'acheva de la même façon. Soudain fatigué de ce petit jeu, il dégoupilla un grenade incendiaire et la jeta dans la masse. Le flot de mutants se tarit, au moins provisoirement, dans la boule de feu.


"Marche."


L'escouade reprit son avance dans la ruelle, conservant un ordre impeccable dans la surveillance des minces allées qui s'enfonçaient dans les ténèbres. Ils durent s'immobiliser à nouveau quand un second agglomérat de monstres se forma devant eux. Ceux-là semblaient nettement plus agressifs. Leurs yeux étaient injectés de sang. Leurs mâchoires claquaient, révélant des dents longues et pointues, laissant des flots de bave noire s'écouler sur le sol.


Les psycho-brouilleurs crépitèrent soudain, avertissant d'une activité psychique. Soudain devenus fous furieux, les mutants se jetèrent sur l'escouade avec une énergie sidérante, battant l'air de leurs doigts griffus ou de leurs armes de fortunes en mouvements désordonnés. Une nouvelle fois, l'escouade ouvrit le feu mais avec une efficacité nettement moindre : la foule de leurs adversaires était devenue si compacte que les premiers rangs poussés en avant par les suivants leur formaient une armure de chair bleuâtre. A nouveau, la mitrailleuse lourde de Gugnir rugit, déchiquetant les aberrations.


"Couvrez-moi."


Painkiller fit un bond en arrière alors qu'un mutant s'effondrait à ses pieds répandant dans la mort une infecte odeur de matière fécale. Les mercenaires reculèrent en bon ordre de quelques pas, conscients qu'ils ne pourraient endiguer beaucoup plus longtemps la vague grise grognante et bavante. Un marqueur d'alarme apparut dans le champ de vision du médecin. Puis un autre. Deux autres escouades se trouvaient en difficulté elles aussi. Il rangea ses pistolets-bolters, décrocha d'une impulsion nerveuse le petit lanceur chargé d'un unique missile accroché à son pack de survie ECPM, la saisit et la pointa vers le ciel, se jurant de tordre le cou de L'Armurier si le système de guidage dont le développement avait englouti à lui seul deux années budgétaires du laboratoire de recherches privé de la Genocide Incorporated échouait à amener la charge sur sa cible.


Le missile partit dans une gracieuse flamme orangée et un panache de fumée gris. Arrivé à cent mètres du sol, il s'inclina alors que la matrice anisentropique de malepierre polarisée réagissaient aux influx chaotiques d'énergie psychique. Filtré, purifié, échantillonné, corrigé à la vitesse de la pensée, le signal aussi parlant que la lumière d'un phare dans une nuit sans nuage pour le micro-contrôleur qui transmettait en continu le résultat de ses calculs sur la rétine de Painkiller, provoqua un mouvement des ailerons. Moins d'une milliseconde plus tard, la trajectoire avait été affinée par le retour d'état. Suivant une courbe logarithmique, les ailerons pivotèrent à nouveau. Arrivé à une erreur sur leur consigne de moins d'un millionième quelques secondes plus tard, ils se figèrent. Le missile plongea en droite ligne à une vitesse inouïe vers sa cible, une large hutte située au centre du taudis. L'explosion fit voler des éclats de métal à plusieurs dizaines de mètres d'altitude et souleva un nuage de poussière et de sable suffocant.


Le dominator éliminé, l'extermination des derniers mutants fut une formalité.


***


Le mouvement des pales du gyrocoptère à trente mètres du sol soufflait des torrents de sable gris dans toutes les directions alors que les opérateurs à son bord faisaient descendre le filin au-dessus de ce qui restait du convoi neosov : un puissant tracteur chenillé que les mutants avaient abandonné au milieu de leur campement après être arrivés à court de carburant et bien incapables d'en remplir le réservoir avec le jerricane qui se trouvait pourtant à leur disposition, accroché à l'arrière.


Le visage caché derrière son casque à visière fumée, un des mercenaires achevait de souder quatre lourds anneaux d'acier sur le caisson au moyen d'une petite torche à plasma. Quand les pièces eurent achevé de refroidir, il arrima solidement le caisson au filin et leva le pouce. Le treuil se remit en marche, soulevant doucement la précieuse cargaison. Quand elle eut disparu dans les entrailles du véhicule de transport, la trappe ventrale refermée derrière elle, le pilote reprit de l'altitude avant d'entrer en contact avec Painkiller.


"On se retrouve à NKC docteur. Au plaisir de retravailler avec vous."


Painkiller haussa les épaules et ne répondit pas. Il n'appréciait pas plus que ça de devoir travailler avec les armées du Consortium qui devaient se charger d'effectuer les dernières transactions avec les neosovs et n'avait pas l'intention de mettre les pieds à New Kansas City. Lui et ses combattants repartaient directement à New Anadyr pour empocher le paiement et quitter au plus vite cette planète malade. Les gyrocoptères de la Genocide seraient là dans moins d'une heure pour récupérer le personnel après une nouvelle opération rondement menée.


Aucune perte dans les rangs de la compagnie. On ne comptait que quatre blessés légers dont Painkiller avait soigneusement inspecté et soigné les plaies causées par les griffures des mutants qui se révélaient sans surprise être de véritables sacs à virus. Mais tout irait bien.


A dire vrai, tout allait déjà trop bien. En bon professionnel, Painkiller n'oubliait jamais qu'une opération militaire n'était complète qu'une fois que les comptes étaient soldés. Il alluma un cigare dans l'attente de la mauvaise nouvelle qui devait logiquement arriver.


"Qu'il fume, c'est un fait. Qu'il en soit déjà à trois cancers du poumon, il s'en fiche, il n'a qu'à se faire reconstruire un poumon neuf. Ses connaissances en neurologie lui permettraient en moins de quelques heures de se débarrasser de son adiction, il le sait mais s'en garde bien. Chaque fois qu'on lui a implanté un foie et un pancréas neufs, il tenait l'occasion de le faire avec un organisme nettoyé de toute toxine mais s'en moque éperdument. Peu importent les conséquences à long terme des reconstructions successives. Je crois que le docteur Painkiller est fasciné par le fait que le seul être dans l'univers qu'il n'a pas encore été en mesure de tuer, c'est lui-même."


Les paroles étaient du docteur Samuel Stone. Stone bien sûr. Ce jeune naïf. Il n'avait pas cent-soixante ans et croyait pouvoir lui donner des leçons. Bah ! Leçons qui se concluaient généralement par des répliques comme "t'es pas ma mère" – Grugni soit loué d'ailleurs : Jimini haïssait l'image de sa mère, décédée peu de temps après sa naissance - ou plus simplement "va te faire foutre".


L'aube se levait, répandant une lumière rosée malsaine sur le sable gris. Même l'aube était laide sur Negromundheim. Painkiller écrasait machinalement son cigare sous sa botte quand la mauvaise nouvelle arriva, apportée par le radio.


"Les gyrocoptères sont bloqués par une tempête de sable qui s'est levée à cent kilomètres au Nord d'ici. La station météo de NKC dit qu'une telle tempête est anormale en cette saison. Ou bien les pilotes attendent qu'elle se soit apaisée ou bien ils contournent le phénomène par l'Ouest. Dans le meilleur des cas, ils ne seront là que dans une vingtaine d'heure."


"Voilà pourquoi je déteste cette planète merdique. Tout s'y passe toujours MAL."


Il soupira lourdement.


"Que les gyrocoptères contournent la tempête en la gardant sous surveillance et nous tiennent informés de leur position et de son état."


Une tempête d'une puissance "anormale en cette saison". Qu'est-ce qui était "normal" sur ce sol maudit ? A cent kilomètres au Nord, donc aux abords du Gouffre. D'autres y auraient vu l'effet d'une sorcellerie. Painkiller y voyait seulement que ça les lui brisait menues.

(Modification du message : 04-03-2006, 01:02 par Xavier.)

Toujours aussi agréable à lire.


Ta déscription des mutants me fait penser à quelque chose... Du Spinrad dans Rêve de Fer peut être... ;)


En tout cas je reste toujours aussi fan de tes écris Mr. Xavier.


Loki.

(Modification du message : 03-03-2006, 23:51 par Loki.)

Citation :Ta déscription des mutants me fait penser à quelque chose... Du Spinrad dans Rêve de Fer peut être... ;)

J'avais déjà sur-abusé du pastichage du Spinrad dans ma première nouvelle sur Negromundheim (introduisant le four fantastique), tout particulièrement à la fin de l'histoire. J'en avais la nausée en me relisant récemment. Là, je n'y suis pas allé trop fort.


Citation :J'avais déjà sur-abusé du pastichage du Spinrad dans ma première nouvelle sur Negromundheim (introduisant le four fantastique)

Je ne l'ai pas vu celle là. Y aurait il un moyen de la lire ? Hein dis monsieur Xavier...


Les histoires de cons c'est mon rayon, j'ail ut Rêve de Fer en entier. Et j'ai même aimé ça.


Steplaie Xavier...


Loki fatigué ce soir...


Citation :Je ne l'ai pas vu celle là. Y aurait il un moyen de la lire ? Hein dis monsieur Xavier...

Allons, c'est un ultra-classique de la Iron Litterature !


http://zugrub.chez-alice.fr/nouvelles/negromundheim.pdf


Au bout de deux ans, je lui ai toujours pas trouvé un nom à cette nouvelle. Elle est réellement innomable. Celle dans laquelle apparait Duchesse en est la suite, au passage.

(Modification du message : 04-03-2006, 01:14 par Xavier.)

Enfoncé dans son fauteuil de cuir craquelé par les ans et mangé par la vermine, le dominator Att-Ham O'Bone caressait de ses doigts longs et griffus l'immonde créature mutante au pelage blanc affalé sur ses genoux. Ses yeux jaunâtres étaient encore emplis de l'extase qu'il avait ressenti quand son compagnon avait longuement et consciencieusement léché les restes de matière focales qui étaient restées collées sur ses muqueuses anales au moyen de la langue reptilienne.


"Je hais ces… ssssquats… Ils sont ssssi résissstants aux agents mutagènes. Leurs organissssmes refusent la… transsssformation… Ils sssont… écoeurants…. Et ceux-là sont entrés sur les terres de Veh-Deh-Merd. Quelle…. IMPUDENCE-ssssssssssss !"


"Maîîîître, nous débarrasser d'eux ne sera pas facile."


"Ils ne ssssont qu'une… poignée..."


"Maîîîître, le docteur Jimini Painkiller est à leur tête. Mon contact à New Anadyr dit qu'on a pas affaire à un élève mais qu'on a affaire au professeur. Sur Khandle, quand l'armée montait une opération qui ne devait pas échouer, c'est à lui qu'ils confiaient l'entraînement des troupes d'accord ? C'est le genre de type qui boufferait du negromnium rien que pour vous faire choper un cancer en vous chiant dessus. Ce gars là vous pouvez le balancer sur Isisakai, au milieu de la banquise en slip de bain, sans une brosse à dents, et le lendemain vous le voyez débarquer au bord de votre piscine de vomi avec un sourire jusqu'aux oreilles et les poches bourrées de dents d'orks. S'il arrive jusqu'à la citadelle, on sautera tous et il restera plus qu'un grand trou au milieu du désert de cendres. Ce gars là est un professionnel."


"Ouiiiiii…. Qui mieux que le plus salaud des fils de putain… peut savoir ce qui se passe… dans la tête des fils de putes ? Ramenez moi ce… Painkilleeeeer."


Les yeux jaunes se révulsèrent alors que la langue reptilienne s'introduisant à nouveau dans son orifice anal.


***


"Et voici la mauvaise nouvelle numéro deux."


Painkiller observait la marée grise en mouvement. Le télémètre de ses jumelles balaya l'horizon.


"Ils se déplacent lentement mais ils seront sur nous avant que les gyrocoptères ne nous aient récupérés. Ils peuvent être… quatre ou cinq mille."


La fuite n'était pas envisageable. Où aller dans ce désert de cendres infesté de bandes de mutants ? Vers le Nord et le gouffre pour aller à la rencontre des gyrocoptères ? En admettant que la tempête qui les bloquait s'apaise. Et au risque de tomber sur d'autres armées de mutants que les squats devraient alors combattre à découvert. Veh-Deh-Merd semblait décidé à mettre le paquet ; il fallait que le negromnium leur soit réellement précieux. Il rangea ses jumelles et se retourna vers ses combattants.


"Autocartographe."


Un des mercenaires arriva, tirant de son sac trois demi-sphères de plastique noir qu'il déposa au sol à équidistance les unes des autres. Il enfila le diginode et fit un geste de l'index. Une proection holographique tri-dimensionnelles des cartes de la région se formèrent à quelques centimètres au dessus de la poussière.


"Pas de liaison satellite docteur. Je vais le calibrer à l'ancienne." Il refit quelques gestes de l'index alors que l'image se déplaçait, grossissait ou diminuait en taille. "Un millième. On est ici." Un point rouge apparut au centre de la projection.


"Elargissez. Plus. Stop. Là."


Painkiller désigna une ligne noire qui barrait la carte.


"Grossissez. Vers le Sud. Encore. Là."


Il montrait cette fois une tache noire posée sur la ligne.


Il nous faudra… quatre heures de marche pour l'atteindre. Et en allant dans cette direction, nous partons à la rencontre des mutants qui font agnagneuh. Ensuite, il nous faudra le faire venir et il est impossible de savoir combien de temps il mettra pour arriver. Si seulement il est encore alimenté… Nous n'avons pas le choix de toutes façons. Tout le monde se prépare. On décampe dans quinze minutes."


"Qu'est-ce que c'est docteur ?"


"Notre seule chance de salut."


***


Quand le groupe de combattants arriva en vue du poste de contrôle, la marée mutante qui avait poursuivi sa progression stupide n'était plus qu'à dix kilomètres d'eux. Aucune jumelles n'était plus nécessaire pour percevoir l'agitation hargneuse qui régnait parmi les monstres informes, signe clair qu'ils étaient dirigés par un ou plusieurs dominators. Un barbu s'approcha de Painkiller.


"Nous devrions aller examiner le poste en reconnaissance. Si vous le permettez, moi et mes gars on fera ça à notre façon."


Painkiller jeta un œil au reste de ses mercenaires. Malgré leur robustesse naturelle et leur entraînement, le manque de sommeil et la marche forcée les avaient mis à rude épreuve.


"Allez-y," fit-il. "Quinze minutes de repos pour les autres."


Son interlocuteur sourit dans sa barbe épaisse qui tombait jusque sur ses genoux. Deux autres squats aux mines patibulaires l'avaient rejoint.


"A not' façon. A l'ancienne. Ah !"


Il retirèrent leur casque de fonction pour les remplacer par des chapeaux de feutre à deux bosses tirés de leurs paquetages, placèrent sur leurs yeux de larges lunettes noires de plastique bon marché, coincèrent chacun entre leurs dents un gros cigare brun. Dusty resserrait son veston. Franck briquait le crâne métallique qui ornait sa casquette. Billy ajusta son manteau de cuir brun puis arma son fusil à pompe d'un geste sec - la crosse était en bois véritable ! - avant de cracher par terre.


"Les voleurs de bétail, chez nous, ON LES PEND !"


Billy O'Connor, Dusty McCoy et Franck Martens, devenus méconnaissables dans leur accoutrement ridicule dont seul le nez émergeait prirent le chemin de la station de béton. Painkiller les suivit à la jumelle jusqu'à ce qu'ils aient disparus à l'intérieur. Quelques minutes supplémentaires s'écoulèrent avec que la rétine cybernétique du médecin ne projette dans son champ de vision virtuel un voyant vert.


"Marche."


L'intérieur du blockhaus avait de toutes évidences servi de tanière à des mutants totalement ignorants du concept de propreté. Le réduit empestait la moisissure et la mort. Les sols et les murs étaient recouverts de vomi séché ou d'autres fluides décomposés dont il valait sans doute mieux ignorer la nature. Painkiller alla jusqu'à la salle de contrôle.


"Vous croyez vraiment que tout ça fonctionne encore docteur ?" demanda O'Connor. Assis sur un tableau de contrôle, son fusil à pompe sur les genoux, il fumait son cigare, insensible à l'odeur, ses yeux toujours cachés derrières ses grotesques lunettes noires.


Painkiller pressa un large bouton circulaire. Les écrans de contrôle s'illuminèrent.


"Oui, il existe une chance pour que ce système fonctionne encore après deux siècles d'abandon et je vais vous dire pourquoi O'Connor : il a été conçu et construit par des squats." Il effleura un écran tactile puis énonça distinctement : "Position actuelle."


Une voix désincarnée d'un genre impossible à déterminer s'éleva d'un haut-parleur crépitant.


"Trois cent vingt kilomètres Sud-Est."


"Départ. Destination : ce poste."


"Veuillez vous identifier et confirmer votre identité par la fourniture de votre code d'authentification."


"Ah merde !" rugit Painkiller en frappant la console du poing.


"Identification inconnue. Authentification impossible," reprit la voix.


"Ah, ta gueule, salope !"


"Identification inconnue. Authentification impossible."


Painkiller coupa rageusement le micro récepteur.


"Nous sommes coincés ici docteur ?" demanda Frydjia.


Painkiller inspira avant de répondre : "A moins de réussir à casser le système de sécurité de l'I.A. qui pilote le Veh-Deh-Merd Express, oui. Nous sommes morts. Et il nous reste très peu de temps. Pas assez. Un seul être dans la galaxie serait capable de venir à bout d'une telle glace et il est inaccessible. Je ne lui fais aucune confiance de toutes façons."


Il ralluma le micro.


"Situation d'urgence," énonça-t-il.


"Veuillez fournir le code d'urgence," répliqua imperturbablement la voix monocorde.


SALE PUTE !"


"Veuillez fournir le code d'urgence."


"Euh…" Painkiller réfléchissait aussi vite que possible. "Situation d'urgence. Récupération d'une cargaison de negromnium. Position : ce poste."


"Veuillez fournir le volume et la destination."


"Euh…" (S'il fournissait un chiffre trop faible, l'I.A. refuserait la situation d'urgence. S'il fournissait un chiffre trop grand, l'I.A. bloquerait le train à l'arrivée durant le laps de temps théoriquement nécessaire au chargement.) Trois tonnes. Chargement automatique. Destination : New Anadyr… Annulation ! (Il n'existait évidemment aucune ville du nom de New Anadyr dans les banques de données de l'I.A. vieille de deux siècles.) Destination : Anadyr."


"En l'absence de code d'identification, votre requête est traitée avec la priorité la plus basse."


"Départ !".


Une colonne de consignes apparut sous ses doigts, défilant de plus en plus rapidement. "Alimentation ligne gauche : OK. Alimentation ligne de droite : OK. Transmission : OK. Connexion : OK. Alimentation suspension : OK. Alimentation interne : OK. Vitesse autorisée : situation d'urgence. Destination : OK. Départ dans 5 secondes."


Painkiller n'en revenait pas. Cela ne pouvait pas être aussi simple.


"Quatre. Trois. Deux. Unité. Départ. Temps de parcours estimé : vingt-huit minutes."


O'Connor qui avait jeté un œil à la console renifla de surprise.


"Vingt-huit minutes pour parcourir trois cent vingt kilomètres ? C'est quoi cet engin docteur ?"


"Un trésor. La perle technologique de cette planète de merde. Le moyen de transport terrestre le plus fiable et le plus rapide jamais conçu. C'est pas les trois quarts de sa vitesse théorique maximale ça. Je n'ai jamais vu que des maquettes de cette machine mais si elle est à la moitié de la hauteur de sa légende, ce sera déjà un spectacle." Se retournant, il lança : "Amenez tous les paquetages au monte-charge automatique. Quand le train arrivera, l'autre connasse bloquera tout tant qu'elle y n'aura pas fourguée ses trois tonnes alors on grimpera dedans pour faire le compte. Ils en sont où dehors ?"


"Ils se rapprochent. Quarante à cinquante minutes de marche avant d'être sur nous. Docteur, vous devriez venir voir quelque chose…"


Painkiller attrapa les jumelles. Regarda. Les reposa.


"Et voici la mauvaise nouvelle numéro trois."


*Peut faire mieux*


C'est toujours agréable à lire.


Mais décidément, tu aurais pu en rajouter.


Sur les squats texans, sur le codex d'activation qui aurait été




Citation :Ah, ta gueule, salope

Enfin, c'est des idées.


Le méchant est machiavélique et répugnant à souhait, une belle réussite de retranscrire toute l'horreur de "la nuit des lapins géants" en caractères latins.


Le Rat, j'attends les résultats de cette trépidante campagne. "Plus fort que tout Medusa V"


P.S.H.S.: personne ne s'est rendu compte que Medusa était la planète de base des Iron Hands?

(Modification du message : 27-05-2006, 23:17 par Rat.)

Citation :"Maîîîître, le docteur Jimini Painkiller est à leur tête. Mon contact à New Anadyr dit qu'on a pas affaire à un élève mais qu'on a affaire au professeur. Sur Khandle, quand l'armée montait une opération qui ne devait pas échouer, c'est à lui qu'ils confiaient l'entraînement des troupes d'accord ? C'est le genre de type qui boufferait du negromnium rien que pour vous faire choper un cancer en vous chiant dessus. Ce gars là vous pouvez le balancer sur Isisakai, au milieu de la banquise en slip de bain, sans une brosse à dents, et le lendemain vous le voyez débarquer au bord de votre piscine de vomi avec un sourire jusqu'aux oreilles et les poches bourrées de dents d'orks. S'il arrive jusqu'à la citadelle, on sautera tous et il restera plus qu'un grand trou au milieu du désert de cendres. Ce gars là est un professionnel."

Il va sans doute falloir trouver ce squat, le descendre, et on sera débarasser de ce fils de pute.


La question qui brûle désormais les lèvres de tous les fervents lecteurs des aventures du Docteur Painkiller est bien sûr : quel est cet engin mystérieux dont il parle ?


Eh bien cet engin mystérieux qui fut autrefois le joyau technologique de la couronne de Negromundheim, l'artère principale de la vie économique de toute la planète, conçu et créé pour convoyer le negromnium depuis les régions désertiques du Sud jusqu'aux villes du Nord, le transporteur que rien ne devait jamais arrêter, l'engin de transport terrestre le plus rapide et le plus fiable jamais conçu et qui va entrer en gare dans 28 minutes alors que se rapproche la mauvaise nouvelle numéro trois, c'est, ta-ta-tin, le Veh-Deh-Merd Express.


http://www.warmaniaforum.com/index.php?showtopic=17173