Premier Sang

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Nous y voilà. Il est donc temps de commencer ce passage que beaucoup doivent atteindre, donc je vous laisse lire. Je dois préparer le prochain chapitre avec encore plus de sang et de larmes (le sang vous comprenez, les larmes, vous verrez).




Chapitre 10 : L'échiquier est en place. Les pièces bougent.

Tancrède ne pouvait pas cacher son enthousiasme. Il se tenait là, prêt au combat, immaculé du sang séché de sa victime, sa tête accrochée à sa ceinture par sa longue chevelure dorée, elle aussi souillée de sang séchée. Il se battrait pour répandre le sang, pour Shragald... Mais avant tout pour son dieu. Depuis que le seigneur de la cohorte rouge l'avait béni avec le sang de cette femme, il était prêt à le suivre où qu'il aille. Thorn, juché sur son imposant destrier, dirigerait les cavaliers maraudeurs et contournerait l'armée ennemie avec les chiens de guerre, tandis que son fils ferait parti des troupes qui mèneraient l'assaut principal. Shragald balaya du regard ses forces, pensant une nouvelle fois que le sorcier de Tzeentch avait fait un excellent travail en faisant venir à lui autant de guerriers de Khorne. Les guerriers du crâne étaient répartis en deux régiments : l'un comprenait des guerriers équipés de boucliers, l'autre des guerriers maniant chacun deux armes, mais tous avaient le même désir de faire couler le sang. La chevauchée du crâne comprenait deux fois moins de guerriers que la cohorte rouge, mais chacun d'eux était un guerrier qui avait une réputation pour le moins brutale, même au sein des désolations nordiques et des serviteurs du dieu du sang, et leurs lances avaient fait couler des rivières de liquide carmin.


« Seigneur. »


Shragald tourna son regard vers son champion personnel.


« Devons nous lancer l'attaque ? »


Le maître du meurtre se mit à sourire.


« Allez y. DU SANG POUR LE DIEU DU SANG ! »


Luthor Huss entendit les cris de guerre des barbares résonner. Il aurait bien chevauché en prenant la tête de ses flagellants, mais Heldegard lui avait conseillé, et même convaincu avec difficultés, de rester avec les cavaliers impériaux. L'un des canons avait été placé sur la colline qui surplombait les ostermarkers de Schwarzblitz, tandis que l'autre se trouvait sur le flanc droit de l'armée, à proximité des arquebusiers de Jonas, lesquels sont épaulés par une poignée de franche-compagnie. Un peu à gauche du centre de la formation se trouvait l'ensemble des ostermarkers, qui fonctionneraient de concert entre eux. A leur droite se trouvaient les épéistes et les flagellants, tandis que leur flanc gauche était occupé par les chevaliers et le prêtre guerrier. Les éclaireurs se situaient sur l'aile droite du champ de bataille, prêt à intercepter ce qui pourrait menacer le canon et les arquebusiers. Chaque soldat était prêt à jouer son rôle. Luthor Huss donna l'ordre de lancer les hostilités :


« Fils de Sigmar ! Vengez les morts, protégez vos terres, et abattez les impurs ! »


La horde sous les ordres de Shragald s'élança comme un seul homme, à l'exception notable du régiment du maître du meurtre en personne. Même si l'avantage du nombre revenait aux hommes du Vieux Monde, les guerriers du nord les surpassaient en qualités martiales et en agressivité. Bien qu'il avait le profond désir de se jeter dans la mêlée avec eux, Shargald resta en arrière avec sa cohorte rouge.


« -- Seigneur, pourquoi n'allons nous pas aussi honorer Khorne ?


-- Je tiens simplement à m'assurer que le sorcier ne nous a pas joué un mauvais tour. Il faudra bien que quelqu'un soit là pour le vider de ses tripes s'il nous a tendu un piège. En fait, il faudra le faire quelque soit l'issue de la bataille. Et même si nous ne faisons pas couler le sang nous-même aujourd'hui, nous nous permettrons de le verser à flot dès demain, et après demain également. Et ainsi de suite jusqu'à ce que tous le sang que nous pourrons faire couler soit versé. »


Shragald contenait autant qu'il le put ses envies de meurtre. Il était ici pour abattre l'icône vivante que constituait Luthor Huss, ce représentant de l'usurpateur Sigmar.


Jonas ne perdit pas de temps et ordonna de prendre pour cible le régiment de fantassins le plus proche, à savoir les guerriers du crâne garnis d'armes de mêlée. Il ajusta lui-même ce qui fût désormais son long fusil du Hochland, et visa le champion de l'unité. Jonas fut surpris par la précision de l'arme, et espéra qu'il en serait de même pour la portée. Il adressa une courte prière à Sigmar et donna ses instructions :


« Arquebusiers ! Tirez ! »


La volée de plomb fût lancée, suivie d'un bruit de tonnerre qui déchira l'air plus assurément que les cris de guerre : les canons donnèrent de la voie sur les deux régiments de guerriers du crâne. Le projectile du long fusil atteignit le champion à la tête et Jonas put constater la gerbe de sang qui s'échappa de son casque. D'autres guerriers du crâne s'écroulèrent ou furent renversés par un boulet : le premier sang a été versé.


Les chiens de guerre s'élançaient vers les lignes impériales afin de se sustenter de leur chair. Ces bêtes féroces avaient été volontairement affamées pour qu'elles se jettent avec frénésie sur leur proie, ce qui en faisait des adversaires terrifiants. Une volée de flèches s'abattit soudainement sur la meute, et plusieurs de ses membres s'écroulèrent dans un couinement d'agonie, l'odeur de leur sang faisant réagir les autres chiens. Certaines des créatures se mirent alors à détaler afin de préserver leur existence, tandis que les autres commencèrent à dévorer les cadavres et les mourants de leur propre groupe. Thorn, qui suivait les chiens de chasse avec ses cavaliers, aperçut ainsi les chasseurs embusqués et donna l'ordre de se rabattre vers eux. Il saisit sa hache et l'envoya de toute ses forces sur l'un de ses ennemis, lequel fut projeté par la force du jet avec un craquement sinistre et le bruit d'un fruit trop mûr écrasé. Les chasseurs étaient déjà perdus.


Heldegard garda un œil sur l'unité de chevaliers en restant à proximité grâce à un sort de <i>Destrier d'ombre</i>. Inspirés par les litanies du prêtre, ils se jetèrent droit sur la cavalerie lourde de l'ennemi, avides de les envoyer dans l'au-delà. Même si la magie d'ombre n'est pas aussi destructrice que celle du feu ou de la mort, elle n'en avait pas moins ses avantages et le vieil umbramancien avait bien l'intention de le prouver.


Générer d'aussi grandes quantités d'énergie magique était très périlleux, aussi Heldegard brandit la baguette qu'il avait conservé dans sa besace. Il s'agissait d'un bâton de bois noueux, long d'environ deux pieds, et dont l'extrémité se terminait par un renflement dans lequel était incrusté une perle noire. C'est avec cet objet qu'il catalysa l'énergie d'Ulgu pour en envelopper l'unité de chevaliers. Au moindre faux pas, Heldegard recevrait un retour d'énergie qui pourrait lui être fatal.


Luthor Huss sentit la magie l'entourer. Le monde qui l'entourait commença à disparaître dans une brume surnaturelle, à l'exception de l'unité de chevaliers du chaos qui lui faisait face, et des chevaliers qui l'entouraient. L'ennemi avait ralenti en cherchant à percer le mystérieux brouillard, afin de savoir quand l'ennemi allait en sortir. Huss donna l'ordre de charger, et l'unité fut comme transportée à vive allure sur l'ennemi sous l'effet du <i>Rôdeur invisible</i>. les chevaliers du chaos furent surpris par l'apparition qu'ils avaient devant eux : Heldegard avait également gratifié l'unité du sort <i>Ombre de la mort</i>. Tandis que les chevaliers ressemblaient à des cavaliers d'un autre temps, Huss était devenu un véritable avatar de la mort, auréolé d'une lueur bleuâtre, évoquant davantage un esprit avide de vengeance ayant pris une forme physique.


Les échos de la bataille atteignaient le campement impérial, à une minute de marche d'ici. Il n'était pas possible d'assister à l'affrontement dans la vaste clairière, en raison de la forêt qui en masquait la vue, mais Erika se doutait bien qu'il y aurait beaucoup de morts aujourd'hui. Elle avait été affectée à la garde du grimoire maléfique, mais elle devait s'absenter un instant de la tente pour aller chercher de l'eau. Konrad monta alors la garde, et elle se promit de lui rapporter de l'eau. Même si le chevalier n'en avait pas besoin, c'était le geste qui comptait, et Erika espérait qu'il comprendrait ce que cela sous-entendait. Elle voulait lui plaire, et elle trouvait là une occasion de discuter avec lui.


Alors qu'elle revenait avec une outre pleine, elle commença à sentir Ulgu souffler en bourrasques, signifiant que quelque chose n'allait pas.


Les jours passent, et la fin approche... Et le destin de notre apprentie sorcière est toujours entre mes mains. C'est là que j'aurais pu émettre un petit rire sardonique, mais le fait que l'écriture soit un travail aussi délicat m'oblige à trouver un moyen de mettre fin à cette sombre histoire dans le plus grand bain de s... Mais je m'égare là [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_blink.png[/img] . Je vous laisse lire à présent.




Chapitre 11 : Le vent tourne.

Les guerriers du crâne équipés de boucliers se ruèrent sur les flagellants, sans s'être rendu compte que les chevaliers du Soleil Flamboyant les avaient dépassés et qu'ils manœuvraient pour les charger de dos. Le flanc gauche des impériaux pouvait être considéré comme sécurisé. Les choses n'allaient cependant pas aussi bien sur le flanc droit, car les cavaliers de Thorn se jetaient à présent sur les artilleurs du canon. Jonas ordonna à ses arquebusiers de se reformer pour faire face à cette nouvelle menace. Une explosion dans son dos lui fit comprendre que l'autre canon avait une avarie, et ainsi explosé.


Les guerriers du crâne qui faisaient face aux épéistes ne subirent plus que quelques tirs d'arbalètes et se mirent à charger droit sur l'unité impériale, avide de massacrer leurs adversaires.




***

Konrad se raidit et dégaina son épée en voyant cette silhouette voutée s'approcher.


« -- Qui va là ?


-- Allons, allons. répondit l'étranger. Quelle raison avez-vous de dégainer cette épée face à un vieillard ? Je voudrais seulement passer.


-- N'y pensez même pas. »


Pour montrer sa détermination, Konrad se mit en position d'attaque, prêt à frapper. La silhouette, qui était vêtue d'un imposant manteau bleu au liseré mauve, émit alors un petit rire.


« Regardez un peu : un chien de garde prêt à mordre ? Un coq dressé sur ses ergots ? Quel genre d'animal pense pouvoir se dresser devant moi ? »


Konrad se jeta sur cet intrus dans l'intention de le faire taire pour de bon, mais l'inconnu fit u mouvement souple et vigoureux pour s'écarter et dévier le coup. Le chevalier commença à sentir que son épée était plus lourde, et qu'il était plus lent et plus gauche. Cette surprise lui valu un bref moment d'inattention, que son ennemi, désormais dans son dos, mit à profit pour lui passer la main droite devant son visage, à gauche du menton, et la main gauche à droite de la nuque. Et brusquement, Konrad sentit dans son cou un craquement et une vive douleur, et il eut tout juste de le temps de voir le visage de son agresseur avant de s'écrouler.




***

Thorn observait le visage impassible des arquebusiers qui lui faisaient face. Ils avaient eu a peine eu le temps de reformer leurs rangs et de mettre leurs armes en joue, que déjà une salve maladroite fut lancée. Une paire de cavaliers tomba de leurs selles, tandis que le chef ordonna l'assaut. Des cris l'interrompirent et une poignée de miliciens impériaux sortit de son abri pour se ruer sur les maraudeurs. Pris au dépourvu, ces derniers virent certains des leurs tirés de leurs selles et poignardés. Thorn lui-même fut désarçonné par un coup de crosse au visage. Son adversaire, Jonas, dégaina son couteau de chasse et mit fin aux jours du vieux guerrier nordique.




***

Le sorcier n'eut pas à chercher longtemps ce qu'il désirait. Il tenait entre ses mains un paquet, dont l'emballage, en parchemins consacrés, se mit à brûler en émettant des flammeroles mordorées. Il avait enfin trouvé l'un des neufs grimoires interdits, que son maître, Van Horstmann, lui avait donné pour mission de retrouver. Ce livre contenait des savoirs qui ferait de son possesseur un sorcier dangereux. Dire qu'il avait fait tant d'efforts pour pouvoir le localiser, puis pour pouvoir l'obtenir, alors qu'il s'était finalement retrouvé dans les mains de ce Heldegard. Il comprenait à présent pourquoi son maître lui avait demandé de convaincre Shragald à s'attaquer aux provinces de l'Empire des hommes, car c'était à ce moment que la vigilance des gardiens du grimoire était la moins forte, et qu'une occasion unique de tester son contenu se présentait.


Il fut sorti de ses pensées en entendant une lame que l'on sortait de son fourreau. Il eut à peine le temps de pivoter et de reculer, qu'une lame enchantée lui laissa une entaille superficielle dans le torse. Et cette enfant lui faisait face. Il pouvait lire dans ses yeux noirs la haine, et la détermination. Il sentit en lui la colère monter. Il n'allait pas laisser cette gamine se mettre en travers du grand destin que Tzeentch lui avait révélé. Il serait l'acteur principal de la mort de Huss, et de l'armée qui l'accompagnait. Alors qu'elle lançait un nouvel assaut, il lâcha le livre, lui saisit le poignet pour détourner la lame, et lui asséna un vigoureux coup de poing sur la tempe. Alors qu'Erika était à terre, il ramassa le volume et sortit de la tente. Le soldat qui se précipitait sur le cadavre de Konrad fut brûlé instantanément sans autre forme de procès, et la tente prit feu dans des nuances de bleu et de rose. Erika, qui était encore à l'intérieur, remuait faiblement.


« Il est inutile que je la tue. Les flammes de la mutation feront d'elle une enfant du chaos, et cela me laissera tout le loisir de disparaître. »


To be continued... Mouhaahahahahahahahahaha [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_biggrin.png[/img] ...


euh... c'est moi ou il y a 2 chapitre 9 ?!


c'est un montage à la Tarantino ? hur hur hur


hop on corrige


Cz


Correction effectuée, mais tu as gâché mon suspense [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_angry.png[/img] . Bon, la suite est moins gaie, c'est fait exprès [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_happy.png[/img] .




Chapitre 12 : Première victime

Tancrède et ses guerriers se ruèrent sur les impériaux, poussés par une envie irrépressible de carnage. Les Ostermarkers armés de lances maintenaient leurs position et s'apprêtèrent à recevoir la charge.


« Quoi qu'ils advienne, fils d'Ostermark, criait Kurt Schwarblitz, vous ne laisserez pas ces meurtriers voir le jour se lever de nouveau. Vous tiendrez cette position et vous les enverrez pleurer dans les jupes de leurs maudits dieux! Arbalétriers! Tirez!!! »


Une volée de carreaux s'abattit sur les maraudeurs, qui n'étaient pas aussi protégés que les guerriers du crâne. Ceux qui étaient touchés, soit s'écroulaient, soit ne semblaient pas ressentir la douleur et continuaient à foncer droit sur Kurt et ses hommes.


« Lanciers! Hallebardiers! Le moment est venu pour nous de faire couler le sang ! »


Au même instant sur le flanc droit des Ostermarkers, les épéistes de Talabheim furent engagés par les guerriers du crâne sur-armés.




***

« Au feu ! Au feu! » Il ne fallut pas longtemps pour que les soldats qui montaient la garde ramènent des seaux et fassent une chaîne humaine, mais l'un d'eux, une jeune recrue, s'était précipité dans la tente après avoir perçu des gémissements qui en émanaient. Il y trouva une jeune fille aux longs cheveux noirs emmêlés, habillée d'une robe grise passablement rapiécée et d'une écharpe mitée. A ses côtés se trouvait une épée. Il la sortit, ainsi que son arme, non sans recevoir la caresse d'une flamme sur la jambe, qui ne le brûla pas, mais lui laissa une sensation de gêne.


« -- Bon sang ! Il y avait quelqu'un à l'intérieur.


-- On dirait la gamine qui accompagnait le vieux sorcier.


-- Mais qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Réveillez-la, qu'elle raconte. »


Il ne fallu pas longtemps pour qu'Erika reprenne ses esprits. Elle était entourée par des soldats à la livrée noire et blanche d'Ostermark. Quand elle se releva, son regard se posa sur le corps inanimé de Konrad, lequel était ventre à terre mais dont le regard était tourné vers le ciel. A côté de lui se trouvait les restes d'une personne complètement brûlée, de même que la tente dont il ne restait qu'une carcasse noircie.


« -- Oh non... put-elle dire enfin. Les troupes sont en danger !


-- Comment ? demanda un soldat ventru.


-- Ben, vu qu'ils sont sur un champ de bataille et qu'ils affrontent des...


-- Mais non ! coupa Erika. Il y a un sorcier du chaos qui rôdait dans les environs et il est venu. Il a dérobé ce que je devais garder, et il va s'en servir. »


Les hommes d'armes surpris remirent à Erika son épée et se mirent en mouvement pour récupérer leurs propres armes, lorsqu'un cri de stupeur retentit : le jeune soldat qui avait sauvé Erika était tombé à terre et avait agrippé sa jambe. Lorsque quelques-uns de ses frères d'armes vinrent à son chevet, ils eurent un mouvement de recul. Sa jambe était agitée de convulsions. La jambe de ses chausses se déchirait pour laisser entrevoir une jambe hypertrophiée qui se couvrait d'écailles.


Erika comprit qu'il était marqué par le chaos, et que si rien n'était fait, il serait complètement transformé, et il risquait fort de s'attaquer à ses anciens camarades. Elle ne pouvait cependant rien faire pour l'aider, si ce n'était l'amputer.


« -- Écartez-vous !


-- Vous allez le sauver ? »


Mais après la jambe du malheureux, ce fut au tour de son bassin et de la cuisse de son autre jambe d'enfler. Il n'y avait plus rien à faire pour lui.


« C'est impossible. » répondit la jeune fille.


Elle se résolut alors à faire la seule chose qu'elle pouvait encore faire. Elle prit son épée à deux mains, la tendit au dessus du malheureux, qui avait compris et la regardait comme s'il l'implorait de ne pas faire ça. Après avoir hésité, elle enfonça la lame dans son torse. Les yeux du jeune homme exprimaient à présent la surprise, puis soudain se vidèrent de toute lueur.


C'était la première fois qu'Erika tuait quelqu'un. Et ce n'était pas un ennemi.




***

Shragald n'avait pas l'habitude de regarder se dérouler une bataille. Ses guerriers et lui étaient plus souvent au premier rang et il dirigeait ses troupes par l'exemple. Il souffrait de ne pas participer au combat, et le fait que Luthor Huss et les chevaliers ennemis aient réduit la chevauchée rouge et une unité de guerriers du crâne au silence l'exécrait.


« J'espère pour toi que tu ne m'as pas trompé, sorcier, ou ma vengeance te déplaira vraiment. »


Comme pour répondre à sa demande, la silhouette du sorcier apparut en haut d'une butte à l'extrémité du champ de bataille, derrière les impériaux. Il semblait tenir quelque chose, mais Shragald s'en moquait. Ce sorcier lui avait promis la victoire, mais il irait quand même la chercher.


« Élus de Khorne ! En avant ! »


Et la Cohorte rouge se mit en branle, fonçant droit sur l'unité de Huss.




***

Heldegard marqua une pause pour observer le champ de bataille. Le flanc gauche était sécurisé, mais le flanc droit risquait d'être perdu si rien n'était fait. Il pu noter que l'unité restée en arrière, et qui semblait abriter le général ennemi, s'était finalement mise en marche vers les lignes impériales.


« Cette bataille n'est pas terminée. » Pensa-t-il.


Un brusque revirement du vent l'interpela, car les vents du Chaos, qui soufflaient de façon relativement erratique sur le champ de bataille, se concentraient à présent vers une position située derrière les lignes impériales. Il put voir alors un être vêtu d'un ample manteau bleu aux bordures mauves. Son visage arborait un rictus inhumain alors qu'il récitait une formule issue du volume qu'il tenait dans sa main gauche, les vents se mêlant au dessus de sa tête. Et le ciel changea d'apparence.


Il est temps d'en finir avec cette histoire. Il est l'heure de mettre fin à ces effusions de sang, mais en en rajoutant encore (pour faire bonne mesure). Je vous laisse lire ce treizième et dernier chapitre, ainsi que l'épilogue.




Chapitre 13 : Perte de contrôle

La dépouille ensanglantée de son ennemi à ses pieds et la robe couverte de sang, Erika scruta le champ de bataille. Il y avait ça-et-là des morts, des cris, et le fracas des armes résonnait. Une unité était en retrait du gros des forces ennemies, à la tête de laquelle se trouvait un guerrier plus grand que les autres. La jeune sorcière se doutait qu'il s'agissait du général ennemi.


Un reflet lumineux attira son regard sur le cadavre du sorcier qu'elle avait abattu, et elle distingua au niveau de son col un miroir qui dépassait. Il s'agissait d'un objet magique rare dont son mentor lui avait déjà parlé : un signe d'appartenance à la Cabale de Van Horstmann pour certains de ses plus hauts dignitaires. Elle savait qu'il renfermait le pouvoir d'échanger une grande partie de la force, de l'agilité et des réflexes des adversaires avec ceux de son porteur. C'est avec ce miroir que le sorcier a eu raison de Konrad.


En jetant à nouveau un regard au champ de bataille, un plan simple, mais risqué, lui vint à l'esprit.




***

Tancrède abattit finalement son adversaire, qui se prétendait être le champion de l'unité que ses guerriers et lui affrontaient. Un rapide tour d'horizon lui fît comprendre cependant que le combat était perdu d'avance. Ses hommes sur le flanc se faisaient taillader par les hallebardiers, tandis que le capitaine, non seulement surpassait en compétences martiales les nordiques, mais en plus galvanisait ses troupes par des sermons et brandissait une bannière dont l'animal, un griffon, semblait traduire la détermination qui caractérisait ses adversaires. Il se rendit compte aussi que le maître du meurtre était loin derrière, comme s'il les avaient envoyés au massacre, juste pour achever les survivants et en tirer ce qui reste de gloire. Comme si Shragald les avaient abandonnés à leur propre sort.


Le peur commença à le tenailler, et une envie de fuir se mît à animer ses mouvements.




***

Heldegard était soulagé de voir son apprentie en vie. Il était également soulagé de s'en être sorti grâce à son aide. Mais quelque chose le tracassait. Elle restait sur la colline à regarder le champ de bataille, jusqu'à ce qu'elle se penche sur la dépouille du sorcier et qu'elle se mette quelque chose autour du cou.


« Elle n'a tout de même pas pris un talisman qui pourrait la corrompre ? » se dit-il.


Puis Erika se précipita vers le champ de bataille, en invoquant le Destrier d'ombre, se dirigeant ainsi droit vers...


« Mais elle est folle !? Elle fonce droit sur une unité d'élus dirigée par un champion du Chaos ! »




***

« Monseigneur ! Regardez ! »


Le champion désignât du doigt la silhouette d'Erika chevauchant une ombre, Ce qui ne manqua pas de surprendre le prêtre-guerrier. Qu'est-ce qui pouvait bien la pousser à se jeter dans la gueule du loup ? Et quel loup ! La décision de Huss, entre secourir les épéistes et attaquer l'unité du général, fut prise. Il adressa une courte prière à Sigmar et cria :


« Chevaliers ! Sus au suppôt qui dirige ces maudites troupes ! »




***

L'unité de Jonas avait du se reformer pour faire face au flanc des guerriers du crâne, car ils se mirent à poursuivre ce qui restait des épéistes. Les derniers guerriers de Talabheim qui le purent fuirent, les autres étant abattus.


« Messieurs, pour le Hochland ! »


Et une salve fût lancée, accompagnée de celle des arbalétriers qui le purent.




***

Shragald vît une ombre s'approcher à grande vitesse de lui, et fût surpris qu'il s'agisse d'une fillette presque adulte. L'enfant s'arrêta à une dizaine de mètres et elle dégaina son épée.


« Toi, fît-elle en le désignant. Bats-toi contre moi ! »


Son audace ne manqua pas de faire rire les élus alentour. Shragald, souriant sous son casque, parla alors de sa voix démoniaque, dans un excellent Reikspiel*:


« -- Je suis un guerrier qui a pris part à d'innombrables batailles. J'ai arpenté des lieux qui te feraient perdre la raison, et mon dieu m'a accordé bien plus de puissance que tu ne peux l'imaginer... Et toi, tu t'imagines peut-être m'arriver au dixième de la cheville ?


-- Je sais seulement que tu as tué des innocents qui ne voulaient que vivre en paix, et qu'à cause de cela, tu n'as même pas le dixième de l'honneur que j'ai à te défier. »


La remarque ne pouvait pas être plus insultante pour le seigneur de la Cohorte rouge, qui poussa un rugissement tel qu'Erika aurait pris les jambes à son cou si elle ne se disait pas que c'était nécessaire de rester. Son imposant adversaire avança d'un pas résolu, l'épée frémissant dans sa main griffue.


« Ne vous approchez pas vous autres ! Elle est à moi, et son crâne et son sang pour Khorne ! »


Il vît au loin l'unité de Luthor Huss s'approcher à grande vitesse. Il aurait juste le temps d'abattre cette insolente avant de l'accueillir l'épée ruisselante.


Erika n'était plus aussi sûre de ce qu'elle faisait. Si son plan ne marchait pas, elle allait y rester. Elle repensa au jeune homme qu'elle avait du occire, et au sorcier qu'elle avait tailladé. Le sang sur sa lame lui fit revivre la scène. Elle ressentait de nouveau la haine qui l'avait poussée à le frapper encore et encore. C'était quelque chose dont elle ne se rendait pas compte, mais qui risquait de la faire plonger si elle n'y prenait pas garde. Elle devait désormais se battre pour survivre.


Lorsque Shragald se fût suffisamment approché, il se mit à lui foncer dessus, et Erika eût juste le temps de révéler le miroir autour de son cou avant d'éviter le coup d'estoc de son ennemi. Elle commença à sentir une vigueur surnaturelle l'envahir : celle de son adversaire. Ce dernier, au contraire, effectua des gestes de plus en plus maladroits et lents, avant qu'Erika ne contre-attaque avec une vitesse et une maîtrise de sa lame qui l'effrayait, déviant la lame de son adversaire et frappant sans relâche au niveau de ses flancs. L'armure fût tailladée, mais elle parvînt à peine à lui entailler le côté gauche. Shragald tenta alors de porter toute son attention dans une seule attaque, qui rendit la pareille à Erika. Son flanc droit commençait à la faire souffrir, et elle dût faire de grands efforts pour surmonter sa première blessure de guerre. Sa colère contre ce champion des dieux sombres grandît, et elle pris sa lame à deux mains, et repartit à l'assaut avec une frénésie qui ne lui était pas familière, et d'un mouvement vif et puissant, elle désarma son adversaire, dont la lame vola loin de son propriétaire en hurlant sa frustration. Erika fît ensuite de grands moulinets de sa lame qui tranchèrent l'avant-bras gauche du maître du meurtre et l'envoyèrent sur le dos, son casque tombant de sa tête. Il pût voir ainsi s'approcher cette enfant au regard noir, dans lequel il pût lire sa détermination et son envie d'en finir avec lui. Aucun guerrier n'était arrivé à le mettre dans une telle posture. Il eût tout juste le temps de pousser un rugissement bestial avant de se faire décapiter, sa tête volant aux pieds de sa ce qu'il restait de sa Cohorte rouge. Tous furent impressionnés par ce qu'elle avait fait, mais ces guerriers avaient désormais envie de se battre à leur tour contre elle.




***

Une fois son duel terminé, Erika sentit l'énergie de son adversaire la quitter, ainsi que ses envies de faire couler le sang. Elle vît les guerriers du chaos qui lui faisaient face. Ils avaient des statures de géants, ils étaient équipés d'armures et d'armes qui faisant chacun d'eux un être capable d'en écraser des dizaines. C'était ça, le visage de l'ennemi du monde : des hommes modelés dans leur chair et leur esprit pour être des guerriers ultimes, avec pour seul but de réduire le monde à l'état de cendres et de mort. Elle commença à percevoir au fond d'elle un sentiment d'impuissance. Elle n'avait battu son ennemi que grâce au miroir, et il n'y en aurait jamais assez pour s'opposer à ces adversaires.


Le miroir. Il avait transmis aussi à Erika une partie de la soif de combat de son ennemi, et comme si un voile s'était levé de son esprit, elle commença à avoir les idées plus claires.


« Mais que s'est-il passé ? pensa-t-elle. Comment en suis-je arrivée là ? »


Les chevaliers et Luthor Huss se jetèrent sur les élus, en prenant soin de contourner Erika, mais pas forcément le cadavre de Shragald.


«  Ce sang... Tout ce sang... Sur ma lame. Sur mes mains... »


Les lances percutèrent les rangs ennemis, tandis que Huss fracassa le crâne de l'aspirant-champion de l'unité.


« C'est moi ? Dans ma colère ?... C'est moi qui ait fait çà ? »


La douleur dans le flanc lui revînt, et Erika se sentît choir, mais elle ne heurta pas le sol avec choc, car elle sentît des mains la soutenir et la poser délicatement à terre. Heldegard veillait sur elle à présent.


Épilogue :


Luthor Huss attendait devant la tente de l'infirmerie. Heldegard avait demandé à parler à Erika en privé en premier, bien que la prêtresse de Shallya qui l'avait examinée se soit d'abord montrée réticente :


« Sa blessure n'est pas superficielle, mais elle est peu profonde. Elle s'en remettra, mais elle a surtout besoin de calme. Ce qu'elle a vécu... »


Mais elle avait du finalement accepter face à la prestance du vieil umbramancien et du prêtre de Sigmar.


Lorsque le vieux sorcier sortit finalement, il ne pût s'empêcher d'exprimer ses inquiétudes à Huss :


« -- C'est la première fois que je la vois dans un tel état. On croirait presque qu'elle va mourir d'une maladie incurable.


-- Qu'a-t-elle ?


-- Elle est traumatisée, voilà ce qu'elle a ! D'abord il y a eu la mort de ce Konrad Stahlblick, puis ce jeune homme qu'elle a été contrainte d'abattre à cause de ses mutations, et sur le champ de bataille, vous avez bien du voir.


-- Certes. Je suppose qu'elle n'y a jamais été préparée. »


Ce n'était pas une remarque sous-entendue, mais Heldegard ne pût s'empêcher de s'en vouloir.


« -- J'ai peut-être été trop paternel avec elle. Je m'inquiétais plus de la protéger que d'en faire une véritable servante de la nation.


-- Et vous, lui demanda le prêtre guerrier, quel est votre rôle en tant que serviteur de l'Empire ?


-- Moi ? Je suis un umbramancien. Mon rôle est de me tapir dans les ombres pour en chasser l'ennemi intérieur. Tout comme les druides du collège de Jade s'assurent de préserver l'équilibre naturel face à la corruption, les alchimistes fournissent des armes et des armures de qualités aux troupes, ou les astromanciens scrutent l'avenir pour y deviner les actions de l'ennemi. Nos actions ne prennent pas forcément de valeur sur le champ de bataille, mais vous conviendrez qu'elles sont tout aussi indispensables que les vôtres. La Grande Ennemie ne se permet pas simplement d'envoyer des guerriers nous attaquer : Elle veut aussi nous ronger de l'intérieur »


Luhtor ne lui répondit pas, mais il n'en pensait pas moins. Il était parti parce qu'il pensait que les prêtres d'Altdorf se préoccupaient trop de la politique. Mais la politique et les intrigues pouvaient être une arme dangereuse entre les mains de l'ennemi si l'on n'y prenait pas garde. Ces sorciers de l'ombre avaient apporté de la lumière là où il avait mal regardé.


« -- Une aide peut venir là où on l'attend le moins.


-- Vous dites ? demanda Heldegard.


-- J'aimerais vraiment parler à votre apprentie. Je voudrais la remercier, au nom de tous, et aussi lui redonner la foi. »


Le vieux sorcier lui céda le passage. Une fois que Huss fût entré, il commença à se dire qu'Erika, en quatre ans, était devenue une excellente élève.


« Je pense que lorsqu'elle ira mieux,il sera temps d'en faire un compagnon-sorcier valable. »





***


La nuit était à son apogée. L'ombre qui planait au dessus du champ de bataille se posa finalement sur la colline où gisait la dépouille du sorcier du chaos.


« Calme, Baudros. Calme. »


Van Horstmann descendit de sa monture et s'approcha du cadavre méconnaissable. Il avait l'intention de récupérer ce qui avait valu qu'il envoie un pion le chercher : le grimoire. Mais alors qu'il s'approchait, le sang noir, encore liquide, se mit à luire puis à brûler. Et la silhouette d'un duc du Changement bicéphale en émergea. Ses quatre yeux, bien qu'aveugles, fixaient Van Horstmann.


« -- Kairos...


-- Oui... Répondirent en chœur les deux têtes. »


Puis la tête la plus inclinée parla seule :


« Je vois tout ce qui s'est passé depuis l'aube des temps, mais du passé récent seulement, je vais te parler. »


Et il se mit à parler du commencement, il y a 16 ans, lorsqu'est née Erika, et continua jusqu'au moment où elle choisit de rejoindre l'Ordre Gris.


« -- Et quelle raison vous a amené à me rappeler ce que je sais dans les grandes lignes ?


-- Pour te parler de l'avenir, répondit l'autre tête, qui s'est dessiné à partir de ce moment. »


Et ainsi fût révélé le proche avenir de l'enfant, et le récit continua jusqu'à cette conclusion :


« Et donc, à moins qu'elle ne te rejoigne, cette enfant pourrait causer la perte de ta Cabale... Et la tienne ne saurait alors tarder. »


Le grimoire se mit à léviter, et il fût pris par l'une des serres griffues du démon à deux têtes.


« -- C'est là l'objet de tes convoitises actuelles, mais tu ne t'es pas montré digne de le recevoir jusqu'alors...


-- Si tu t'en montres digne, alors il sera tiens »


Et le démon s'évanouit, laissant Horstmann à ses réflexions. Il se dirigea vers sa monture.


« Il est temps de rentrer Baudros. »




***

Tancrède courût. Peu lui importait que les branches basses lui fouettaient le visage. Il courait, comme si cela pouvait chasser ses sentiments. Il avait fui, et ainsi trompé non pas la confiance que Shragald aurait eu de lui, mais celle de Khorne. Il s'attendait à ce que son cerbère apparaisse à ses trousses, prêt à l'emporter, mais il était prêt à l'accepter. Soudain, ce ne fût pas des aboiements qu'il entendit, mais des cris gutturaux, et deux gors l'attaquèrent. Ses réflexes de guerrier lui permirent cependant d'abattre l'un de ses agresseurs, avant de se ruer sur l'autre. Un coup de hache bien placé lui coupa le bras, avant qu'il ne tue son adversaire.


Sa progression l'amena finalement à une clairière, au centre de laquelle se tenait un obélisque souillé de sang. Au nord de celui-ci se trouvait un amoncellement de crâne, et un guerrier du Chaos, aux couleurs de Khorne, l'accueillit en ces termes :


« Bienvenue au Phare du Sang. Je vois que tu as été introduit auprès du dieu du sang, mais cette façon d'errer dans la forêt ne te permettra pas de trouver facilement d'adversaires dignes. »


De nombreux hommes-bêtes, ainsi que quelques humains, tous couverts rituellement de sang comme Tancrède, vinrent alors. Le nordique y vît alors un signe. Ce guerrier ignorait son méfait et semblait l'inviter parmi les siens. Tancrède avait là un choix : soit il acceptait de rejoindre cette bande, et de tenter de se repentir auprès de Khorne, soit il choisissait de le défier, et de voir son crâne rejoindre le Trône des crânes. Sa décision fût prise...


J'espère que cette histoire vous a plu, et que vous aurez eu autant plaisir à la lire que j'en ai eu à l'écrire. Je pense que l'histoire d'Erika n'est pas prête de s'arrêter, mais pour l'heure, je ne me vois pas reprendre l'écriture. Bon je vous laisse, j'ai presque plus de batterie.

Magnifique juste ... magnifique je me réjoui de lire la suite [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_biggrin.png[/img]