(17-03-2020, 23:56)SombreroDeLaNuit a écrit : @Jalikoud: oui bon courage...
Visiblement on n'en sait pas assez sur Covid-19... un article de Wired met en doute le coté non "airborne"... pour avoir bossé sur le transport aérien de nanoparticules dangereuses, j'ai également des doutes sur la règle du 1m de distance... surtout s'il y a du vent (ces maladies ne sont elles pas appelées "Kaze" ou "vent" en japonais...)
Il y a une prof du MIT (Nadia Bourgouiba je crois) qui a montré que l'on projetait des particules à 8m en éternuant... et un prof super connu dont j'ai oublié le nom qui montrait à une conf' la dispersion de postillons dans un avion: la clim' brasse tout!...
On ne sait toujours pas de façon précise comment la grippe se transmet (ni pourquoi elle s'arrête je crois)... il y a encore tant de choses que l'on ignore... je crois que l'on a vraiment sous-estimée la situation
Perso j'arrive pas à savoir si le taux de mortalité apparent si élevé (80000 cas officiellement clos, 7800 décès) est lié à une réelle létalité élevée ou à une complète sous-estimation de l'étendue de l’épidémie (si le taux est de 1% cela signifierai qu'elle est 7 fois plus grande et que le nombre de cas terminé est de 560000, le nombre de cas en cours à peut prêt pareil... en France on est à 6600 est-ce que si l'on multiplie pour obtenir le nombre de cas non détecté c'est encore arrêtable?... il faut vraiment se confiner...)
Le mode de transmission direct est aéroporté : le porteur transmet la maladie via les postillons car elle infecte les voies aériennes supérieures avant de descendre dans les bronches (je simplifie). Ce mode de transmission présente une infectiosité importante en lui-même (le R0 est d'un peu plus de deux, ce qui signifie qu'une personne infectée en contaminera au moins deux autres dans des conditions normales. Ce nombre n'a pas de limite haute théorique, il y a bien une patiente coréenne qui en attendant quelques heures dans une salle d'attente a contaminé pas loin de 200 personnes (dont certaines indirectement). Comme tu le soulignes justement la clim augmente de manière significative de ce nombre, peut-être même plus que la promiscuité. Cela c'est pour la transmission directe.
Un tier peut aussi se contaminer en rentrant en contact une surface qui aurait accueilli les projections puis en se touchant le visage ou les muqueuses (yeux, bouche, nez, etc... bonne porte d'entrées !). Surtout que les virus sont généralement assez costauds. Tout dépend de la nature de la surface mais la plupart survivent facilement 24h et parfois bien plus longtemps. Il n'est pas vrai que la chaleur tue facilement un virus (du moins pas pour tous les virus). D'où l'intérêt de bien nettoyer son plan de travail ou son bureau, ainsi que les poignées de porte, etc...
La clim d'un train pourrait contaminer tout le compartiment et celle d'un avion...je n'ose y penser.
Les symptômes sont : fièvre légère à modérée - toux d’irritation (toux sèche et quinteuse) - douleurs dans la région du pharynx (haut de la gorge). Les deux premiers semblent se rencontrer chez tous les patients vus ce jour. Il semble qu'y soit associé une agueusie (perte du goût)/dysgueusie (modification de la perception gustative) ou une anosmie (perte de l'odorat).
Le problème étant la variabilité interindividuelle: - courbatures (parfois aussi forte qu'une grosse grippe) - fatigue (inconstante) - odynophagie (douleur dans le pharynx à la déglutition, un peu comme quand on a une angine carabinée)...il y en a même qui ont une diarrhée ou des vomissements mais c'est plus rare.
Dire que le covid-19 la grippe est faux et réducteur.
D'autres n'ont rien et pouf ! sensation de souffle court puis dyspnée (difficulté pour respirer normalement).
On ne sait pas très bien pourquoi certaines personnes ont certains symptômes et d'autres pas. Ni même vraiment pourquoi ils se retrouvent en état critique alors que d'autres personnes en moins bonne conditions physiques morflent pendant plusieurs jours et puis ensuite ça va.
Pour compliquer encore un peu plus les choses, la majorité des porteurs semblent asymptomatiques, en particulier les enfants. Mais cela on ne le saurait qu'en testant tout le monde de manière préventive, ce qui n'est matériellement pas faisable.
Il y a des facteurs de gravité : l'âge (mais on ne sait pas très bien si c'est l'âge en lui-même ou bien le fait que les patients âgés ont souvent des comorbidités importantes, ce qui crée un biais statistique), les troubles métaboliques (hyper tension artérielle, diabète, obésité ou cachexie, etc...), les antécédents respiratoires, etc...
La létalité est importante passée les 75 ans (15% de décès c'est énorme et je suspecte que ça augmente de manière exponentielle avec l'âge) mais elle n'est pas négligeable non plus dans les autres tranches d'âges.
L'incubation semble prendre de 5 à 10 jours. Durée des symptomes quelques jours à beaucoup plus si forme grave. La personne excréterait le virus en une vingtaine de jours (tu restes contagieux pendant cette période).
Pour les notions d'épidémiologie (c'est lointain et je dis probablement des bêtises à ce sujet) :
- afin de disposer de données fiables sur la létalité, il faut qu'un groupe témoin significatif soit infecté à au moins 50%.
- à partir de 75% d'infection, les épidémies marquent le pas...parce que la population concernée a développé une immunité à grande échelle et (aussi, malheureusement) parce que les personnes vulnérables sont décédées.
Le but d'un confinement dur est de réduire le nombre de cas graves à traiter à un instant T pour éviter l'engorgement généralisé du système de soin, ce qui aurait pour conséquences d'entraîner plein de décès secondaires (plus de matos pour soigner les patients covid-19 sans parler des décès accidentels de patient qui présenterait un autre souci mais qu'on ne pourrait pas bien soigner comme il se doit car tout le personnel serait accaparé par les détresses respiratoires aigües). Le confinement n'arrête pas une épidémie sauf quand la létalité de cette dernière est très haute (les porteurs décèdent sans pouvoir contaminer suffisamment d'autres personnes dans ce cas).
Nos amis politiques n'ont pas pris les décisions courageuses qui s'imposaient alors qu'ils ont eu l'exemple italien littéralement sous les yeux. Pourtant bien équipés en matériel et en personnel de soins (en sus, très bon niveau technique), les Italiens se sont fait totalement déborder. Ce sera la même chose partout en Europe. Je subodore qu'aux USA les conséquences seront particulièrement dramatiques (ils ont un système de santé de mayrde !!! Sans doute l'un des pires des pays occidentaux). La Corée du Sud et Singapour ont bien réagi.
En toute logique, on va se faire balayer
genre la vague pélagique qui s'abat sur une unité de 5 gobs...surtout qu'il n'y a pas le nécessaire pour éviter que les soignants eux-mêmes soient contaminés (quand ils seront malades, il y aura un absentéisme bien compréhensible). Ils vont retourner dans leur famille et infecter d'autres personnes. Là, aujourd'hui c'était chaud mais dans 7-10 jours, ce sera l'enfer de Dante.
Mais ne vous y trompez pas : les responsables se trouvent au pouvoir depuis une trentaine d'années.
Je me doute que les gens du forum ne s'y laisseront pas prendre mais on va voir commencer à apparaître les éléments de rhétoriques générales portant sur deux points : l'irresponsabilité du vulgus pecus (qui l'aurait bien moins été si les politiques avaient fait leur taff) et les soignants geignards voire déserteurs (ce reproche-là, il viendra en seconde vague).
Si vous pouvez regardez la dernière émission d'Arrêt sur Images (en accès libre), les deux intervenants expliquent bien la situation.
Enfin sur le pourquoi que vous vous mettez pas en grève. Le refus de soin volontaire est déontologiquement inacceptable. Ou alors il faudrait avoir autant d'empathie qu'un bloc de marbre.
Imagine la scène : une personne quasi-hypoxique arrive en urgence.
'Ah non Monsieur, votre maman là on va pas la soigner parce qu'on est en grève. Vous vous démerdez. Nan, je ne vous passerais pas le matos parce que vous n'avez pas le droit de faire des actes infirmiers, vous n'êtes pas infirmier ou médecin. Si elle crève, ça servira d'exemple pour les autres mais au moins ça fera passer le message. Fallait pas se payer notre tronche depuis des années...'
Surtout que le malade comme son proche n'ont aucune part dans la politique de santé gouvernemental. Et dans le coin, les patients du CH sont souvent des gens pauvres. Ce serait stupide, irresponsable, inutile et cruel.